Blog: Marianne2.fr | le site de l'hebdomadaire Marianne

Date :: 23/3/2012 12:00:02 (Mettre à jour)
Interrogé récemment par la télévision nationale belge RTBF, le patron de Dexia n'a pas pu s'empêcher d'éclater de rire quand une journaliste a évoqué un parachute doré de 3000 euros : «On n'est pas à la RTBF ici !», a plaisanté Axel Miller qui touchera plus de 3 millions en pleine crise financière. Tordant, effectivement.
Mais Axel Miller n'a pas rigolé bien longtemps : le 3 octobre au matin, le ministère de l'Economie annonçait qu'il avait dû renoncer à son parachute. Christine Lagarde en avait fait l'une des conditions de la recapitalisation de Dexia. Eh oui, les millions, finalement, c'est bien comme les parachutes : quand on n'en a pas, on s'écrase…
Mis à jour le 3 octobre à 11 heures 26
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La justice oblige l’opérateur à verser 3.000 euros à chacun des trois couples riverains plaignants du Rhône, à titre de dommages et intérêts pour leur exposition au risque sanitaire. Cette application du « principe de précaution » relance le débat sur les nuisances potentielles des ondes électromagnétiques émises par les antennes-relais.

Coup de théâtre dans la téléphonie mobile. Bouygues Telecom vient d'être condamné par la justice à démonter une antenne-relais dans le Rhône pour « risque de troubles » à la santé. Le jugement rendu le 18 septembre par la 8e chambre civile du tribunal de grande instance (TGI) de Nanterre a donné raison à trois couples de Tassin-la-Demi-Lune. Ils avaient saisi la justice pour « trouble anormal de voisinage ». En clair, des antennes-relais installées depuis 2006 sur un pylône en forme d'arbre à proximité de leurs habitations. Sans doute par souci d'« intégration paysagère » ! Celle-là même vantée sur le site internet de l'Association française des opérateurs mobiles (AFOM), le service de communication officiel d'Orange, SFR et Bouygues.
La justice condamne aujourd'hui Bouygues Telecom à démonter l'installation dans un délai de 4 mois après la signification du jugement sous astreinte de 100 euros par jour. Et oblige l'opérateur à verser 3.000 euros à chacun des trois couples riverains de l'antenne incriminée, à titre de dommages et intérêts pour « leur exposition au risque sanitaire ». « De manière générale, on ne commente pas une décision de justice », rappelle d'emblée Bouygues Telecom. Une chose est sûre, l'opérateur fera « appel de ce jugement prochainement ». Avant d'ajouter que « cette décision concerne une seule antenne-relais sur un réseau Bouygues Telecom qui en compte 13 500 à peu près ! » Une manière de minimiser la portée du jugement ?
Un risque sanitaire pour les riverains ?
Et du côté des associations ? « C'est une très bonne nouvelle », se réjouit Stéphen Kerckhove d'Agir pour l'environnement. Avant de regretter que « cette décision mette en relief l'absence de la réglementation ». Plusieurs associations alertent depuis longtemps sur les niveaux d'exposition trop élevés des ondes électromagnétiques émises par les antennes : le Criirem (Centre de Recherche et d'Information Indépendantes sur les Rayonnements ElectroMagnétiques), Priartem (Pour une réglementation des implantations d'antennes-relais de téléphonie mobile), Robin des toits et Agir pour l'environnement.
Y a-t-il un risque pour la santé des riverains ? Le TGI de Nanterre n'a pas tranché le débat sur les liens éventuels entre les troubles sanitaires et les champs électromagnétiques des antennes-relais. Il estime que « la discussion scientifique reste ouverte » sur ce sujet. En août 2007, le Rapport Bioinitiative, publication d'une quinzaine de chercheurs internationaux, établit la preuve des effets des divers types de champs électromagnétiques sur toutes les formes du vivant. Pour sa défense, Bouygues Telecom, comme les autres opérateurs, se réfère « aux travaux des scientifiques collaborant à l'Organisation mondiale de la santé (OMS), qui concluent à l'innocuité des appareils de téléphonie mobile ». Les associations reprochent, quant à elles, des conflits d'intérêts entre certains scientifiques et des opérateurs de téléphonie mobile.
Application du « principe de précaution »
Si un doute subsiste sur les liens entre troubles sanitaires et antennes-relais, le jugement fait état d'un « risque de troubles » en application d'un principe de précaution. Stéphen Kerckhove ne décolère pas : « La justice comble les carences de l'Etat. Il est dommage que les riverains soient obligés de se tourner vers elle pour faire appliquer le principe de précaution. »
Ce n'est pas la première fois qu'un tribunal juge une affaire liée à la téléphonie mobile en se référant au « principe de précaution ». Une notion souvent « oubliée » par les politiques. « Dans une démocratie digne de ce nom, c'est à l'Etat, et donc aux législateurs de protéger les citoyens », insiste Stéphen Kerckhove. Pourtant le principe de précaution est inscrit dans l'article 5 de la Charte de l'environnement, qui a valeur de loi constitutionnelle. La Charte, adoptée le 28 Février 2005 par le Parlement réuni en Congrès, est même consultable sur le site internet du ministère de l'Ecologie
Une épine de plus dans le pied de Bouygues Telecom ? Une famille de Chevreuse (Yvelines) a récemment déposé une plainte au pénal contre l'opérateur pour « administration de substances nuisibles ». Réponse gênée de l'opérateur : « Pas de commentaire. » Affaire(s) à suivre.
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Sociologue à la Sorbonne, Didier Lapeyronnie a enquêté pendant 4 ans dans les banlieues. Il en dresse un constat inquiétant : abandonnées en province, elles sont le lieu d’un malaise que politiques, médias et collectivités locales ont décidé d'ignorer.

Ghetto urbain, ségrégation, violence, pauvreté en France aujourd'hui, l'ouvrage de Didier Lapeyronnie est paru aux éditions Robert Laffont, collection Le monde comme il va, en septembre 2008.
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Dans un rapport de 2007 passé inaperçu, la Cour des comptes dénonce une fois de plus «l’opacité des circuits» empruntés par l’argent de cotisations professionnelles agricoles gérées, notamment, par la FNSEA.

À peine ouvert le procès de l'ancien président de la FNSEA, Luc Guyau, et de sept autres prévenus accusés de détournements de fonds, qu'une autre affaire ayant pour décor le syndicat agricole semble se profiler.
Une fois de plus, c'est la Cour des Comptes - déjà à l'origine de l'affaire jugée actuellement - qui, dans un rapport de février 2007 sur les cotisations professionnelles agricoles, pointe les bizarreries de gestion du syndicat.
300 millions d'euros sont brassés chaque année par les interprofessions agricoles
En 2005 et 2006, la Cour a contrôlé le fonctionnement d'une taxe, les cotisations volontaires obligatoires (CVO). Cette taxe finance les interprofessions agricoles, c'est-à-dire des associations qui regroupent les producteurs, les distributeurs et les transformateurs d'un même secteur et gèrent les cotisations pour assurer la promotion de leurs produits. Dans la plupart des interprofessions, c'est la FNSEA qui représente les agriculteurs. La Cour des comptes s'est donc intéressée de très près aux 300 millions d'euros brassés chaque année par ces interprofessions. Ses conclusions sont sans équivoque, comme l'indique le titre du troisième chapitre du rapport :«Des fonds peu contrôlés, dont l'emploi est parfois discutable.»
La Cour des comptes dénonce la gestion opaque d'une association gérée par le président de la FNSEA
Qu'a-t-elle découvert ? Qu'il arrive fréquemment qu'une interprofession finance le syndicat contre une mission. Un financement qui n'est pas illégal, mais qui, selon le rapport, est «souvent sans fondement» et qui «mériterait d'être précisément contrôlé pour éviter que les cotisations ne s'avèrent des cotisations syndicales de fait». En d'autres termes, le rapport incite explicitement l'Etat à mettre son nez dans la gestion de cette taxe. Jean-Paul Jamet, directeur du CNIEL - l'interprofession de l'industrie laitière - de 1995 à 2006, confirme que la FNPL (Fédération nationale des producteurs de lait, affiliée à la FNSEA) a bien reçu des forfaits de l'interprofession laitière «pour rembourser le déplacement des producteurs aux réunions.» Des pratiques qui auraient depuis cessé, «sur injonction de la Cour», assure-t-il.
Une autre association est dans le viseur de la Cour des Comptes : le CNPA (Centre national pour la promotion des produits agricoles et alimentaires), qui regroupe cinq interprofessions et brasse 6,1 millions d'euros par an. Manque de chance, le CNPA est dirigé par… Jean-Michel Lemétayer, le président de la FNSEA.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que la Cour des Comptes est sévère avec l'association : «Le CNPA est un exemple d'emploi discutable des cotisations. (…) L'action du CNPA tend à opacifier les circuits qu'empruntent les cotisations volontaires obligatoires». La Cour décrit ainsi une des pratiques du CNPA: «Le CNPA a consenti des aides à des entreprises pour favoriser leurs investissements commerciaux. Le montant modeste de ces concours, qui n'excède pas 24 000 euros par bénéficiaire, autorise à douter de l'intérêt économique de cette pratique».
L'actuel secrétaire général du CNPA, auditionné par la 7ème Chambre de la Cour des Comptes, précise cependant : «Lors de mon audition, la Cour pensait en effet que qu'il existait des financements parallèles. Je lui ai garanti que pas un centime n'avait fini dans les poches du FNSEA».
Des syndicats agricoles s'appêtent à porter plainte contre la FNSEA
Comme il ne s'agit pas d'argent public, la Cour des comptes ne peut que se contenter de pointer les dysfonctionnements. Mais d'autres organisations syndicales agricoles, celles qui ne participent pas à ces interprofessions, se sentent flouées par l'utilisation opaque des cotisations mise en lumière par le rapport et envisagent d'intenter un procès à la FNSEA. Un de plus…
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Non seulement Michel Rocard a déclenché l’ire des socialistes en expliquant que Sarkozy était un « homme de droite ouvert », mais en plus il est évoqué comme probable successeur de Jean-pierre Jouyet aux Affaires européennes. Face au tollé, il met les points sur les i…

Vous avez dit le plus grand bien de Nicolas Sarkozy. Comment l'expliquez-vous ?
J'ai dit que Nicolas Sarkozy était un homme de droite - ce qui n'est pas un compliment dans ma bouche - comme le démontre, par exemple, le paquet fiscal et l'odieuse politique d'immigration qu'il mène. Il n'est pour autant ni dogmatique, ni sectaire, comme le prouve sa volonté d'ouverture. Pourtant quelques socialistes m'intiment l'ordre de dire qu'il l'est. C'est idiot. Sarkozy mène une politique dangereuse, mais l'attaquer sans nuance, c'est se comporter en faibles, en vaincus.
On vous a quand même entendu défendre le RSA ! Vous oubliez parfois que vous êtes dans l'opposition ?
Le RSA est une idée née au PS. Il permet de sortir de l'interdiction de travailler qu'imposait le RMI, que j'avais créé à une époque où l'on pensait qu'il serait temporaire. Or, la récession européenne de 1993 a frappée et le RMI est devenu un outil de gestion d'un stock de gens en constante augmentation. Il fallait changer cela. A l'époque, Dominique Strauss-Kahn était prêt à le faire. Mais il a été remplacé au gouvernement par Laurent Fabius, qui a préféré créer la Prime Pour l'Emploi.
Nicolas Sarkozy aurait l'intention de rappeler certains anciens ministres pour constituer un gouvernement de crise. Votre nom circule…
Jamais ne n'accepterai d'entrer dans un tel gouvernement. Est-ce qu'il offrirait la majorité à la gauche parce qu'elle a intellectuellement raison face à la crise ? Je ne le crois pas. La crise économique dans laquelle nous sommes me rend plus social-démocrate que jamais. Je suis toujours un homme de gauche !
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Avec France Inter, la chronique de Bernard Maris, journaliste et écrivain. Les chantres de la dérégulation, ces adorateurs du « marché qui a toujours raison », réclament aujourd'hui une intervention publique pour renflouer les banques déficitaires. Autres temps, autres mœurs ?

En ces temps de panique boursière et financière, les thuriféraires du marché, les chantres de la dérégulation, les apôtres du laissez-faire et les adorateurs « du marché qui a toujours raison » sont un peu plus discrets, et certains même en appellent à de nouvelles règles, et dénoncent les excès de la finance folle. Et les mêmes qui se réjouissent de dégraisser l'Etat et de baisser les impôts réclament des interventions publiques et des nationalisations. Parmi les plus dogmatiques en Europe, Monsieur Barroso (président de la Commission européenne, NDLR), le grand évangéliste de la concurrence toujours bienfaisante et de l'Etat toujours malfaisant. L'Union européenne s'est dotée de règles extrêmement strictes concernant les participations publiques ou les fusions acquisitions.
Par exemple, les Anglais nationalisent la banque Bradford and Bingley, les Belges et les Néerlandais nationalisent la banque Fortis, et l'Etat fédéral allemand nationalise la banque privée Hypo Real Estate en mettant au pot, excusez du peu, 35 milliards d'euros. Et les Belges et les Français avancent quelque 6 milliards pour sauver Dexia. Et pour la Banque Fortis comme pour la banque allemande Hypo Real Estate, la Banque centrale européenne, l'intouchable BCE, sourde de par son statut aux chants des sirènes politiques, (vous savez qu'il est statutairement interdit à Monsieur Trichet de recevoir tout avis politique de quiconque) a mis la main à la poche.
M. Barroso, ventriloque des milieux d'affaires européens inquiets ?
Apparemment, Monsieur Barroso est d'accord pour ne plus dire la messe en latin. Je cite : « Vous avez vu comme les règles de concurrence n'ont pas été un obstacle à des mesures d'urgence ? Les règles que nous avons en Europe nous permettent d'avoir la flexibilité nécessaire. » A bon entendeur salut : quand il s'agira d'appliquer la concurrence à La Poste française, on lui rappellera sa flexibilité. Et si Monsieur Barroso, héraut de la concurrence, n'était que le ventriloque des milieux d'affaires européens, inquiets soudain pour leurs patrimoines ?
Il y a quelques jours, Monsieur Seillière, patron des patrons européens, grand riscophile tantôt et pourfendeur des riscophobes, peureux, fonctionnaires, assistés et planqués de l'arrière, tandis que lui se battant au grand vent de la compétition, réclamait une énergique intervention publique pour renflouer si besoin était nos braves banques qui avaient été... trop riscophiles précisément... Il faut rassurer les marchés. Et le marché, c'est toute l'histoire du capitalisme qui n'est jamais tant rassuré que par l'argent public.
La phrase : « C'est quand la mer se retire que l'on voit ceux qui nageaient tout nu. » Warren Buffet, milliardaire et génie de la finance.
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L'Etat français s'est porté au secours de Dexia, la banque franco-belgo-luxembourgeoise. Et pas pour un petit montant: un milliard d'euros ! Or, fort curieusement, Paris a payé la même somme que Bruxelles alors que la France est très minoritaire dans le capital de cette banque.

Pour la première fois depuis la déconfiture du Crédit lyonnais, l'Etat renfloue une banque. Un milliard d'euros doivent être versés dans les quinze jours à la banque franco-belgo-luxembourgeoise Dexia. Les finances publiques pourraient bien, dans cette affaire, assurer les fin de mois de la Belgique. Car Paris met la même somme que Bruxelles, alors qu'au capital de Dexia, les intérêts français, représentés par la Caisse des dépôts et consignation, étaient très minoritaires, environ 11,5%. En injectant 3 milliards (2 milliards pour la CDC et 1 milliard pour l'Etat), la partie française fait beaucoup plus que « son devoir d'actionnaire », comme on dit dans la profession. D'ailleurs, les Français sont désormais à 28% du capital, soit une minorité de blocage, selon le droit belge.
Du côté de la CDC on explique, un peu gêné, que la parité des niveaux de participation (1) est le fruit d'une « négociation d'Etat à Etat », en clair de Nicolas Sarkozy avec Yves Leterme, le Premier ministre blege. A Bercy, on reconnaît que « les Belges sont de rudes négociateurs ». En fait, les Français ont eu la trouille : Dexia fournit des prêts à la moitié des collectivités locales et des hôpitaux français (héritage de l'ex-Crédit local de France). Le geste français arrange bien l'Etat belge encore plus impécunieux que la France avec une dette publique proche des 100% du PIB, lui qui, le week-end précédent, venait de faire un chèque de 4,5 milliards d'euros. Pour renflouer Fortis, la grande banque belgo-néerlandaise. Là aussi à parité avec les Pays-Bas, bien plus riches. Décidément, les Belges sont divisés, mais pas manchots.
Mais où diable le ministère des finances va-t-il trouver 1 milliard d'euros ? Normalement la somme devrait être puisée dans le compte d'affectation spécial, qui recueille le produit des privatisations. Pas de chance, comme les marchés boursiers sont au plus bas, l'Etat n'a pas pu vendre cette année les 5 milliards d'actifs publics prévus. Du coup, il faudra certainement emprunter. Et il faut le culot d'enfer d'Eric Woerth, ministre des comptes publics totalement dépassé, pour prétendre qu'« emprunter sur les marchés à long terme un milliard d'euros, ça ne joue pas dans les déficits publics », alors que la dette publique sera l'an prochain d'au moins 66% du PIB, un record inégalé !
(1) sur les 6,5 milliards d'augmentation de capital, 3 sont à la Charge des Belges, 3 des Français et 0,5 du Luxembourg
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Selon un journaliste chinois, les premiers cas de bébés contaminés à la mélamine étaient connus des autorités chinoises et des médecins dès juillet. Mais à quelques jours des JO, le parti a préféré bloquer l'information.

Nombre d'indices le laissaient supposer. Le journaliste chinois Fu Jianfeng le confirme sur son blog : le gouvernement chinois était au courant du scandale du lait contaminé bien avant les Jeux Olympiques, mais a étouffé l'affaire. Dès le 16 juillet, un bébé est mort après avoir bu du lait contaminé à la mélamine le jour même de sa naissance.
Une enquête sur le lait contaminé censurée en juillet
Fu Jianfeng raconte que l'un des reporters de son journal, le Southern Week end (nanfang zhoumo, un magazine réputé pour ses enquêtes, au point d'en hérisser parfois le PCC ) a été informé dès la fin juillet qu'une vingtaine de bébés avaient été hospitalisés dans la province du Hebei pour des calculs rénaux après avoir consommé du lait en poudre de la société Sanlu. « Mais pour des raisons que tout le monde connaît, nous n'avons pas eu les moyens d'enquêter. L'atmosphère était à l'unité nationale. En tant que rédacteur en chef, j'étais très inquiet et j'ai compris que l'on touchait là un vrai problème de santé publique. Mais je n'ai pu envoyer personne pour enquêter ». En clair, l'enquête a tout bonnement été censurée.
« Aujourd'hui je me sens profondément coupable (…). Notre rédacteur sur place a suivi l'évolution de la situation dans les hôpitaux. Les médecins étaient déjà très méfiants et recommandaient aux familles qui amenaient leurs bébés malades de cesser de leur donner du lait de marque Sanlu » termine le rédacteur en chef du Southern Week-end.
80% des chinois sans sécurité sociale
Les autorités de la ville de Shijiazhuang ont, de leur côté, reconnu avoir été informées par la société Sanlu de problèmes sanitaires liés à la présence de mélamine dans ses produits dès le 2 août, mais ont attendu le 9 septembre pour faire remonter l'information au niveau provincial.
Elles aussi disent aujourd'hui regretter leur attitude. Le maire de la ville a aussitôt démissionné. Le correspondant en Chine du Nouvel Observateur, Bruno Birolli, livre sur son blog un témoignage édifiant sur la mort de Caichong, le premier bébé victime et surtout le seul dont l'histoire a été racontée dans un journal chinois. On y découvre la détresse des familles : i[« 80% des chinois ne possèdent pas de sécurité sociale. Ne pouvant plus payer les frais d'hospitalisation de son bébé, [son père] le retire de l'hôpital. Caichong meurt en route ».]i
Les journaux attendent le « feu vert » des autorités pour livrer d'autres témoignages. Car ils révèlent autant l'état piteux du système sanitaire chinois que la « consanguinité » malsaine entre politiques et industriels qui règne dans les provinces. Ainsi c'est par exemple « le gouverneur du Hebei, un des 300 hommes les plus puissants, qui nomme le PDG de Sanlu. Ces entreprises sont également de gros contributeur aux finances régionales. Leurs profits assurent le train de vie de la nomenklatura régionale et la promotion des cadres via les chantiers de prestige que cet argent finance » selon Bruno Birolli.
Le Parti joue l'apaisement et contrôle les médias
Aujourd'hui, du côté du pouvoir, l'heure est à l'apaisement, le Premier ministre a assuré que les autorités i[« avaient fait face de manière franche [au problème] et posé les bases pour le résoudre ».]i
Reste à s'entendre sur ce que recouvre cette manière dite franche: le renforcement des contrôles sanitaires ou une réponse à l'urgence par le camouflage des problèmes? Car selon l'organisation China Human Rights Defenders (CHRD, défense des droits de l'homme), le gouvernement « a resserré son contrôle sur la liberté des médias, pour endiguer la montée de l'indignation nationale ».
Selon le New York Times, détenteur d'un rapport réalisé par une association canadienne et un groupe de chercheurs spécialisés dans la sécurité, même les conversations des utilisateurs via la messagerie instantanée Skype seraient surveillées. Le groupe de chercheurs aurait ainsi découvert la présence de plus d'un million de messages censurés dans un réseau de 8 ordinateurs localisés en Chine. A partir de ces messages, ils ont pu reconstituer une liste de mots « interdits » et étroitement surveillés par Pékin.
Ainsi, les messages faisant référence au Falun Gong (une mouvance spirituelle interdite en Chine), à l'indépendance de Taiwan, au parti communiste chinois, ou encore les mots « démocratie », « tremblement de terre » seraient immédiatement repérés. Plus récemment, l'expression « poudre de lait » aurait été ajoutée à cette black-list. On n'échappe pas à ses vieux réflexes.
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Les «CV-vidéos» se multiplient. Ridicules ou créatifs, ils montrent surtout jusqu'où les nouveaux chômeurs sont prêts à aller pour se faire remarquer d'un éventuel employeur.

Stéphane a la trentaine sympa, un diplôme de l'Ecole supérieure de publicité, des expériences de création de sites dans des grandes entreprises, dont la BNP. Mais Stéphane n'a plus de boulot et, pour en retrouver un, il a publié une vidéo d'un tour en roller de ses anciens employeurs, sur le site Dailymotion.
CV vidéo en roller !
Il n'est pas le seul à proposer ses services en images. De plus en plus de demandeurs d'emploi se mettent au CV Vidéo pour se faire remarquer parmi la masse des candidatures. Alors que la France s'est enrichie, au mois d'août, de 41000 chômeurs supplémentaires, ces mini clips ont de beaux jours devant eux.
Des CSP+ se donnent en spectacle
Ces actifs en recherche d'emploi ont sur le web des CV garnis et des profils CSP+ : ils cherchent des jobs dans le marketing, l'audiovisuel, les ressources humaines…
CV video
Les clips sont à l'avenant : bluffants pour certains, comme celui de Jonathan qui intègre des effets 3D à un vidéo faite à la maison, désespérés pour d'autres, comme celui de Jocelin, mal à l'aise face à la caméra, hésitant malgré ses 14 ans d'expérience à EDF.
Le site YouJob, qui recense par dizaines les CV vidéos, annonce le leitmotiv de cette nouvelle façon de se promouvoir via le web : « La motivation ne s'écrit pas, elle se voit. »
Cv video de m.chirat
Parmi les plus gros scores de Dailymotion, Héloïse Morel, qui a misé sur une réalisation proche du clip musical : « en dix jours, j'ai reçu une dizaine de coups de fil, explique-t-elle. J'ai mis la vidéo en ligne en juillet et, deux mois après, j'avais un employeur qui me convenait. » Coup de bol, Héloïse cherchait sa voie dans l'audiovisuel, et la reprise de son CV par des sites spécialisés (notamment Chauffeurs de buzz) a joué en sa faveur auprès des employeurs auxquels elle l'a fait parvenir.
Recrutement : le buzz ou la mort
Mettant à disposition son mail personnel, elle a par ailleurs reçu de nombreux messages d'encouragement et d'autres qui l'interrogeaient sur le succès de sa vidéo auprès des employeurs.
CV vidéo Héloïse Morel
Car si l'image glamourisée, scénographiée de la jeune femme correspond aux critères des boîtes de production audiovisuelle, certaines tentatives plus hasardeuses jouent clairement contre les postulants : vue plus de 25000 fois au total, le CV de Mathieu Vaidis a fait du jeune cadre dynamique un looser superstar du web malgré lui, desservant durablement sa réputation auprès de n'importe quel employeur qui aurait le malheur de taper son nom dans Google (plus de 3000 entrées).
Mathieu Vaidis : un CV vidéo culte qui humilie à jamais son auteur
Une mauvaise lettre de motivation ne sera jamais retrouvée dans une poubelle alors qu'une vidéo publiée sur Dailymotion, si elle est assez ridicule, circulera indéfiniment sur le web, associant la personne et son parcours à sa propre image: « change de nom et de visage », suggère Gonzague Dambrincourt au malheureux Mathieu Vaidis, devenu l'objet de multiples parodies et le symbole de ces jeunes diplômés de prestigieuses écoles prêts à risquer leur réputation pour trouver du boulot. Quitte à réaliser une contre performance. Car si le ridicule ne tue pas, il risque d'en laisser plus d'un au chômage.
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La suite de notre feuilleton sur les ventes illégales d'armes en Angola, dont le procès s'ouvre lundi. Aujourd'hui, focus sur deux hommes sans qui rien de tout cela n'aurait été possible : Charles Pasqua et Jean-Christophe Mitterrand.

Pierre Falcone est un marchand d'armes en paix avec lui-même. Certes il a vendu des canons, des mortiers, des kalachnikovs, des mines… Mais il a « aussi organisé pour l'Angola des livraisons de médicaments, de camions et surtout de vivres. » Au journal Le Point qui est allé à Pékin recueillir sa première plaidoirie, il déclare même sans gêne avoir « parachuté de l'eau potable sur les villes » et «racheté en urgence une cargaison de riz déjà en route vers la Côte d'ivoire »… Et à ceux qui ne seraient pas totalement convaincus par sa générosité, il ajoute que lui, au moins, vendait des engins de mort « au gouvernement légal » d'Eduardo Dos Santos pendant que d'autres, à la même époque, dans le gouvernement français, soutenaient « la livraison clandestines d'armes à l'Unita » la rébellion militaire angolaise. L'allusion, sans finesse, vise François Léotard, ministre de la Défense d'Edouard Balladur entre 1993 et 1995, partisan déclaré de Jonas Savimbi, leader de l'Unita, mais jamais impliqué dans une affaire de trafic d'armes…
L'histoire remonte au milieu des années 1990. A l'époque, la guerre civile fait rage en Angola et l'ONU prône une résolution pacifique du conflit avec un embargo sur les armes à destination de l'Unita. Mais les responsables politiques français ne se conforment pas aux résolutions internationales. Interrogé par le juge Courroye, Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères du gouvernement Balladur entre 1993 et 1995, puis Premier ministre de Jacques Chirac (1995-1997) déclare : « Il y avait dans le paysage politique français des gens qui soutenaient plutôt un camp que l'autre, mais la ligne officielle du gouvernement était de rechercher une solution pacifique. Il ne s'agissait pas d'armer un camp plutôt que l'autre. » Egalement entendu comme témoin, Edouard Balladur est clair: « Dans ce contexte, des ventes d'armes vis-à-vis de l'Angola étaient exclues ».
Et pourtant, des personnalités françaises vont jouer un rôle déterminant dans l'acheminement de matériel militaire au pouvoir angolais. L'enquête du juge Philippe Courroye a établi deux niveaux de responsabilités dans la vente d'armes.
D'abord celui de Jean-Christophe Mitterrand.
Selon Jean-Bernard Curial, un militant socialiste intermédiaire dans de multiples dossiers africains : « sans lui il n'y aurait pas eu de contrat (…) C'est lui qui m'a donné le nom de M. Falcone. ». Un associé du fils de l'ancien Président de la République ajoute devant le juge d'instruction : « Jean-Christophe Mitterrand m'a souvent dit que Falcone lui devait beaucoup car c'est lui qui l'avait introduit auprès de Dos Santos (…) Il est clair qu'il demandait de le rétribuer pour l'avoir mis dans l'orbite du président Dos Santos. »
Ensuite Charles Pasqua et ses amis.
Si Charles Pasqua ne cache pas son amitié pour Eduardo Dos Santos, son dévoué Jean-Charles Marchiani ne conteste pas avoir noué des liens étroits avec Pierre Falcone. Marchiani se rend d'ailleurs à de multiples reprises à Luanda. Interrogé par le juge Courroye il reconnaît même être au courant des ventes d'armes à l'Angola par la société ZTS Ozos de Falcone et Gaydamak. Il prétend en revanche que les services de l'Etat français avaient « su tout de suite » qu'un contrat de ventes d'armes avait été conclu avec l'Angola.
Une version totalement démentie sur procès-verbal par Edouard Balladur, qui jure n'avoir « en aucun cas été informé de la signature et de l'exécution des contrats de ventes d'armes à l'Angola.»
Alain Juppé a expliqué pour sa part, non sans perfidie : « Concernant les déclarations de Jean-Charles Marchiani, je pense qu'il vise le ministère de l'Intérieur (alors dirigé par Charles Pasqua, Ndlr) lorsqu'il indique que cette opération était connue des autorités. »
Pierre Falcone et Arcadi Gaydamak n'ont pas manqué de récompenser les interventions de Jean-Christophe Mitterrand, Charles Pasqua, Jean-Charles Marchiani et de tous les réseaux d'influence qui ont favorisé les ventes d'armes, présumées illicites, au régime du président Dos Santos.
Téléchargez le procès verbal de déposition de témoin d'Alain Juppé (voir ci-dessous)
Prochain épisode : Des réseaux d'influence bien rémunérés.
Retrouvez le premier volet de la saga de l'Angolagate : Des hommes d'influence
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