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Date :: 23/3/2012 12:00:02 (Mettre à jour)
Au plus fort du scandale du lait frelaté, un étrange discours circule sur le net chinois. Celui de la chef du réseau de distribution de produits alimentaires sécurisés, réservés aux vieux cadres du Parti. La sinologue Marie Holzman l’a traduit pour Marianne2.fr. Edifiant.

Le 24 septembre, s'appuyant sur les informations du dissident chinois Cai Chongguo, Marianne2.fr révélait l'existence en Chine de réseaux de production et de distribution alimentaires réservés aux seuls hauts fonctionnaires du régime. Qualifiés de « centres de la distribution spéciale des produits alimentaires du conseil des affaires d'État », ils disposent de bases de production spéciales dans les 13 provinces du pays.
Pour Marianne2.fr, la sinologue Marie Holzman (1) a traduit le discours prononcé le 19 août 2008 par Zhu Yonglan, la chef du centre de distribution de la province du Shandong lors de la cérémonie de remise de certificat de fournisseur officiel à l'entreprise KR bio (Le nom de l'entreprise en transcription du chinois est : Ke'er Shengwu yiyao keji kaifa youxian gongsi. « Société à capitaux limités de prospective scientifique de produits naturels K.R. »). Le texte montre l'attention toute particulière portée à l'alimentation des vieux cadres : de l'agriculture biologique de grande qualité, des marques célèbres, des produits sélectionnés dans les meilleures provinces et surtout rigoureusement testés au point que « les entreprises qui fournissent des produits qui ne rencontrent plus les normes fixées par le centre de distribution, sont immanquablement supprimées de la liste des fournisseurs ». Bref, on ne plaisante pas avec la santé des vieux cadres du Parti…
Ce texte circule actuellement sur Internet en Chine, mais il a été effacé du site de l'entreprise depuis la mi-septembre, et le début du scandale du lait frelaté à la mélamine.

« Messieurs, Mesdames les dirigeants, honorés invités, chers amis et camarades de longue date :
Bienvenue ! Je suis très heureux de participer à cette cérémonie et de représenter ici le centre d'approvisionnement de denrées alimentaires réservées aux organes nationaux du Conseil des Affaires d'Etat et du Gouvernement Central.
Le centre d'approvisionnement de denrées alimentaires réservées aux organes nationaux du Conseil des Affaires d'Etat et du Gouvernement Central a été créé en avril 2005. Il s'agit d'une coopérative chargée de la distribution de produits biologiques créée par le centre d'animation des vieux cadres du Conseil des Affaires d'Etat. Son but est de fournir des aliments biologiques fiables et d'excellente qualité aux vieux cadres des 94 ministères et commissions nationales, grâce au centre d'approvisionnement du Conseil des Affaires d'Etat qui est alimenté par les fermes d'Etat du département de surveillance du Gouvernement central, des centres d'approvisionnement de la police armée chargée de la surveillance des frontières et des centres de production éparpillés dans les régions autonomes, les municipalités ayant rang de province, ainsi que treize villes et provinces. Notre centre a les pleins pouvoirs pour représenter les intérêts du centre d'animation des vieux cadres du Conseil des Affaires d'Etat pour sélectionner, évaluer, et même produire (ou faire produire) les produits réservés spécialement à la consommation des vieux cadres des organes nationaux du Conseil des Affaires d'Etat et du Gouvernement Central.
Il y a plus d'une dizaine de marques célèbres qui ont été sélectionnées comme fournisseurs spéciaux des organes du pouvoir central dans les domaines de l'alimentation comme le thé, les alcools et d'autres secteurs. Leur production a été rigoureusement sélectionnée selon les normes les plus strictes des produits biologiques. Pour les entreprises déjà sélectionnées plus tôt, les produits sont régulièrement testés, améliorés et la discipline de l'entreprise est encouragée à se renforcer. Quant aux entreprises qui fournissent des produits qui ne rencontrent plus les normes fixées par le centre de distribution, elles sont immanquablement supprimées de la liste des fournisseurs. A l'heure actuelle, le riz de première qualité vient du Nord-Est, les produits de la pisciculture viennent de la région de Wuhan ; les plantations de thé se trouvent au Yunnan et les élevages destinés à fournir de la viande de bœuf et de mouton sont en Mongolie intérieure. D'autres régions connues pour la qualité de leurs produits font également partie des fournisseurs de marchandises de toute première qualité. »
Des résidus toxiques dans les produits laitiers ? Oui, mais pas pour les cadres
« Nos critères de sélection sont extrêmement rigoureux, et le cœur de nos exigences concerne à la fois la sécurité et la valeur nutritive des aliments. A l'heure actuelle, les produits issus de l'agriculture biologique font partie des aliments les plus sûrs. Nous allons même jusqu'à rechercher un véritable retour à l'état naturel. Tout le monde sait qu'à l'heure actuelle l'agriculture classique utilise de grandes quantités de pesticides et d'engrais chimiques, que dans les élevages sont fréquemment administrés toutes sortes d'antibiotiques et d'hormones, que l'eau douce ou les produits de la pisciculture sont massivement pollués par toutes sortes de produits toxiques. Il va sans dire que des résidus de tous ces produits se retrouvent en quantité dans tous les légumes, viandes et produits laitiers et présentent des dangers pour la consommation humaine. Nos produits biologiques en revanche se développent naturellement dans un environnement dépourvu de pollution, d'engrais chimiques ou de conservateurs. Nous avons ainsi sélectionné des produits de qualité « AA » qui correspondent en tous points aux exigences de l'agriculture biologique. Tout produit qui ne correspondrait pas à ces normes ne serait pas retenu par notre centre de distribution réservé aux organes du pouvoir central.
Venons-en aux qualités nutritionnelles de nos produits. Parce qu'ils sont dénués de toute trace de pollution, de tout conservateur, nos produits gardent leur valeur nutritive intacte. Ils ont ainsi plus d'impact sur l'organisme que les produits issus des circuits classiques. Ils sont plus riches en vitamines, en oligo-éléments et en sels minéraux. Leur apport alimentaire, et leur traçabilité, sont soigneusement analysés, notés et évalués par les centres de recherches biologiques, et nos propres analystes. »
Des produits rigoureusement testés : ni pollution, ni produits chimiques !
« Pour satisfaire les besoins et la santé de nos vieux cadres dans les organes des pouvoirs centraux, nous prêtons une attention toute particulière aux qualités supérieures des produits que notre centre de distribution sélectionne. En ce qui concerne la sécurité alimentaire, nous soumettons nos produits à des analyses chimiques effectuées dans des centres spécialisés dans ce genre de vérifications. Les produits doivent tous être testés au préalable sur des animaux et leur environnement est aussi vérifié pour qu'on n'y retrouve nulle trace de pollution ou de produits chimiques. Les fortifiants sont soumis à des contrôles de type ISO 9000 et l'on recherche autant la sécurité que l'efficacité des composants. Nous exigeons que les tests soient effectués par des sommités en la matière, qui y mettent toute leur expertise. Ce n'est qu'après ces démarches effectuées que nos propres spécialistes donnent le feu vert aux produits sélectionnés par notre centre.
Deux organismes sont compétents pour sélectionner les aliments de santé distribués par notre centre : le centre de distribution spécialisé dans les produits issus de l'agriculture biologique destinés aux organes du pouvoir central et du Conseil des Affaires d'Etat, et le centre de vérification de la qualité environnementale de Chine. Plusieurs milliers de compléments alimentaires sont passés au crible de ces deux centres qui vérifient six grandes catégories de critères : la sécurité, l'efficacité, le service après vente, le packaging, la marque, et les systèmes de contrôle de la qualité. Parce qu'elle a passé avec succès tous les contrôles en fonction de ces six critères, la société K.R. bio vient d'être sélectionnée depuis un semestre.
Pour cela, permettez-moi de féliciter la Société K.R. bio de la province du Shandong de la part du centre de distribution des produits spéciaux destinés aux organes des pouvoirs centraux ! »
(1) Son dernier ouvrage : Ecrits édifiants et curieux sur la Chine du XXIe siècle (Marie Holzman et Chen Yan aux éditions de l'Aube).
Judicieuse idée que d’installer les élèves de la Star Academy dans un hôtel particulier en plein cœur de Paris! Des militants des Verts, des membres de Jeudi Noir et de Génération Précaire ont décidé de saluer cette initiative en leur offrant, ce vendredi à 20 heures au départ de la mairie du 3e arrondissement, une petite manif’ de droite! Vous ne voyez pas à quoi cela peut ressembler ? Regardez cette vidéo qui date de 2003…
Le chef de l'État a réouvert hier soir le chantier des collectivités territoriales. Après avoir rejeté en janvier dernier l'une des 316 propositions de la commission Attali, qui préconisait la suppression de l'échelon départemental, il a finalement ouvert la voie à une fusion du département et de la région. La controverse ne fait que commencer.

Beaucoup en avaient parlé, il veut le faire. Nicolas Sarkozy a promis, jeudi soir à Toulon, de mener à bien le vaste chantier de la simplification de la carte des collectivités locales. Celle-ci est particulièrement complexe en France, d'où un surcoût que le chef de l'Etat voudrait supprimer.
De la commune, cellule de base de l'organisation du territoire, à l'État, il y a les regroupements intercommunaux (communautés de communes, communautés d'agglomération, communautés urbaines), les départements, les régions. C'est la fréquente confusion entre les compétences de ces deux derniers qui a conduit hier le président de la République à estimer que «le temps est venu de poser la question des échelons de collectivités locales, dont le nombre et l'enchevêtrement des compétences sont une source d'inefficacité et de dépenses supplémentaires». Et fixé l'ouverture solennelle de ce grand chantier à janvier 2009.
Cette relance du chantier des collectivités territoriales, véritable «serpent de mer» de la Ve République, n'est pas étonnante. Bien qu'il ait rejeté l'idée de la commission pour la libération de la croissance française (CLCF), présidée par Jacques Attali, de supprimer le département, en janvier dernier, le chef de l'État était revenu sur sa position le 15 juillet, lors d'un déplacement à Limoges. Comme à son habitude, Nicolas Sarkozy avait attendu que s'apaise la controverse pour revenir à la charge. Jean-François Copé, président du groupe UMP de l'Assemblée nationale, a préparé le terrain. «Mon idée, c'est que nous députés avec les sénateurs UMP, avec les députés centristes de François Sauvadet, nous proposions une réforme qui rejoigne départements et régions», a-t-il précisé sur la chaîne LCP annonçant même que «tout ça peut aller très vite, ça peut se faire en 18 mois».
Cette quasi-suppression du département sera cependant loin d'être consensuelle. D'abord parce qu'il est doté d'une forte charge symbolique, en raison de sa création par la Constituante, en 1790. À l'époque, les révolutionnaires avaient dessiné les départements selon un principe de proximité : un citoyen, depuis le point le plus éloigné de son chef-lieu de département, devait pouvoir se rendre à la préfecture en une journée de cheval. À l'ère de la voiture, les quelque 96 départements métropolitains semblent étriqués.
Et, notamment dans le cadre de la construction européenne, c'est l'échelon régional qui est souvent présenté comme le plus pertinent par les partisans de la suppression de l'échelon départemental.
Proximité
Mais c'est pourtant la proximité du département qui continue d'être avancée par ses défenseurs. Claudy Lebreton (Parti socialiste), président de l'Assemblée des départements de France et du Conseil général des Côtes d'Armor, estimait ce matin sur les ondes de RMC que «les départements [...] sont les collectivités de proximité par excellence». Comme l'illustre le cas de Claudy Lebreton, la controverse sur la suppression du département est renforcée par la volonté d'un gouvernement de droite de fusionner deux collectivités très majoritairement contrôlées par la gauche. Le chef de l'État devrait donc choisir une solution concertée. Une nouvelle commission devrait ainsi être confiée à Édouard Balladur, déjà président de la commission à l'origine de la réforme des institutions, votée en juillet dernier.
De nouvelles informations montrent que le scandale de la mélamine ne concerne pas les seuls produits laitiers. Certains journalistes évoquent une pratique systématique dans l'industrie agro-alimentaire… parfaitement connue des autorités chinoises depuis avril 2007.

Après les révélations sur le scandale du lait frelaté qui secoue la Chine depuis plusieurs jours, une question reste en suspens : la contamination de produits par la mélamine relève-t-elle de la simple maladresse ou de la malveillance de quelques fermiers ? Dans ce cas, pourquoi alors le lait chinois serait-il contaminé aux quatre coins du pays? C'est désormais une hypothèse plus grave qui semble la plus vraisemblable. Celle d'une pratique systématique des industriels, couverte aveuglément par le pouvoir chinois.
Plusieurs informations récentes laissent à penser que la Chine est face à une crise sanitaire majeure. Les chiffres officiels évoquent 54.000 bébés victimes de calculs rénaux mais ils seraient largement sous-évalués. Selon le correspondant en Chine du Nouvel Observateur, « dans certains hôpitaux du Sichuan, la moitié des nouveaux-nés testés est touchée ».
Des produits non laitiers également contaminés
Sur le plan de la sécurité alimentaire, d'autres indices montrent que la Chine fait face à un scandale de grande ampleur. Ainsi, les autorités de Singapour ont annoncé mercredi avoir détecté des traces de mélamine dans cinq nouveaux produits alimentaires fabriqués en Chine, dont, et c'est une première, des produits non-laitiers intégrant du lait parmi leurs ingrédients.
Selon l'Autorité vétérinaire agro-alimentaire (AVA), des traces du produit toxique ont notamment été détectées dans des échantillons de biscuits et de boules de riz soufflé.
Les autorités de Macao ont également rapporté jeudi avoir découvert des quantités excessives de mélamine dans des biscuits fourrés au chocolat fabriqués en Chine.
Les autorités du territoire chinois précisent dans un communiqué que les biscuits sont produits par la société Lotte China Foods.
Le gouvernement chinois avait été alerté
Sur son blog, Bruno Birolli affirme que depuis environ un an et demi l'utilisation de « cette substance chimique qui entre dans l'alimentation des bovins, des porcs, des volailles et des poissons et sert à manipuler les teneurs en protéines des aliments était un secret de Polichinelle à Pékin ». La mélamine est une substance relativement facile à trouver en Chine et Bruno Birolli n'hésite pas à parler de pratique systématique mettant en cause, certes, toute une industrie mais surtout le gouvernement chinois « qui ne peut prétendre avoir été pris de court ».
En avril 2007, suite à la découverte aux Etats-Unis et au Canada de gluten importé de Chine et trafiqué à la mélamine, une délégation de l'US Food and Drug Administration s'était déjà rendue à Pékin pour informer l'Administration centrale de la supervision de la qualité, de l'inspection et de la quarantaine. En août 2007, le gouvernement chinois déclarait bannir cette pratique adoptant alors une loi qui garantissait la sécurité alimentaire. C'était il y a tout juste un an. Il est loin le temps des Jeux et des flammes olympiques, annonciateur d'une Chine nouvelle…
Le sénateur de l'Orne a beau appartenir à la majorité, il n'idolâtre pas vraiment la politique économique et budgétaire du gouvernement. Et le discours de Nicolas Sarkozy à Toulon n'a pas réussi à le faire chavirer.

Le sénateur de l'Orne, Alain Lambert, se présente comme «le plus sarkozyste» des candidats à la présidence du Sénat. C'est surtout un homme aux convictions libérales trop affirmées pour être toujours tendre avec la politique économique et budgétaire du gouvernement. En juillet dernier, il avait publié sur son blog une vidéo dans laquelle Gilles Carrez, le rapporteur général de la commission des finances, accusait Christine Lagarde et Eric Woerth de brader le budget de l'Etat en cédant à tous les lobbies. Et l'on ne peut pas dire que le discours du chef de l'Etat à Toulon l'ait emballé. La seule chose qui semble finalement trouver grâce à ses yeux: le fait qu'aucun impôt et qu'aucune nouvelle taxe n'aient été annoncés!
Marianne2.fr : La première partie du discours de Nicolas Sarkozy rappelait Jean-Paul II disant aux Français «N'ayez pas peur». Est-ce que vous-même vous avez trouvé ses mots rassurants?
Il a parlé aux petits épargnants, aux petites retraites, qui peuvent être impressionnés par la situation actuelle. Ça fait partie du rôle du président que de se porter en dernier garant des citoyens. Moi, je suis quelqu'un de beaucoup trop averti pour croire que le président peut changer le destin financier de la planète.
N'est-il pas démagogique d'expliquer ne pas vouloir accepter «qu'un seul déposant perde un seul euro parce qu'un établissement financier se révèlerait dans l'incapacité de faire face à ses engagements»?
C'est un peu éloigné du droit qui régit la matière! Parce que si l'Etat garantit l'épargne des gens, au final, qui va payer? Ce sont les contribuables…
En revanche, il a dû vous faire plaisir, en confirmant la suppression de 30 600 postes de fonctionnaires et le lancement d'une « réforme des échelons territoriaux » pour l'an prochain?
La réduction des effectifs est une bonne chose. Pour ce qui est de la réforme des collectivités, j'ai moi-même fait une proposition dans le cadre de ma candidature à la présidence du Sénat pour que ce soit les parlementaires qui la conduisent : la charge de redessiner notre paysage doit nous revenir. Mais la formulation utilisée par Nicolas Sarkozy laisse entendre que c'est le gouvernement qui va conduire cette réforme. C'est ennuyeux…
Son insistance à vouloir financer le RSA en taxant le revenu financier et la défense du système du bonus-malus ont dû aussi vous agacer?
Le RSA, ce n'est vraiment pas pour me satisfaire. Sur cette question, Nicolas Sarkozy a décidé d'engager un bras de fer avec le Parlement. C'est un jeu très dangereux dans lequel il s'est lancé. Quant au bonus-malus, ce n'est pas un système convaincant puisqu'un impôt écologique est en soit un impôt biodégradable : une fois son but atteint, il disparaît !
Entre la version écrite et le discours prononcé, Sarkozy s'est permis des improvisations très révélatrices : une suppression « à terme » de la taxe pro, de nombreux sursauts pour défendre le gouvernement, se rapprocher des Français et montrer qu'il est toujours le patron.

« Seul le prononcé fait foi » : la formule type est imprimée en bas de chacune des 12 pages distribuées une demi-heure avant le discours présidentiel de Toulon. Et la précision n'est pas inutile : si le début du discours n'a souffert que d'écarts minimes par rapport à la version initiale, l'arrivée du mot «crise» dans la bouche de Nicolas Sarkozy a entraîné quelques improvisations.
Se rapprocher par les « je », les « nous », les « vous »
Sur la forme, tout d'abord : le président a semé du «je» et du «nous» tout au long d'un discours initialement beaucoup plus impersonnel. «La crise financière» est ainsi devenue «La crise financière que nous connaissons aujourd'hui, mes chers compatriotes». La simple «récession» s'est changée en «une récession que nous n'accepterons pas !» Tous dans la même galère, en somme.
Nicolas Sarkozy en a aussi rajouté une couche sur les « plus vulnérables » pour qui la vie « est déjà pas facile sans la crise mais qui devient insupportable avec ». La formule empathique n'était pas prévue.
Le président entend aussi donner l'image d'un homme responsable. « Je vous dois la vérité, a-t-il rajouté après avoir évoqué la réforme des administrations. Ça fait trop longtemps qu'on en parle. Maintenant on doit agir. »
La suppression de la taxe pro : de l'impro
Le président a aussi improvisé sur le fond. La suppression de la taxe professionnelle n'était pas prévue. Il devait simplement parler i[« de nouveaux investissements [qui] seront exonérés de la taxe professionnels »]i. Pas de « la disparition à terme de la taxe pro » ! Elément révélateur : c'est la seule vraie nouvelle mesure annoncée. Voilà qui nous renseigne sur le type de Français que Nicolas Sarkozy voulait rassurer : les patrons.
Sur la question de la fiscalité, Sarkozy se lâche et ne suit plus du tout son texte. Il rappelle ainsi la « discrétion quand le gouvernement a supprimé les taxes et les cris un peu excessif au moment du RSA » et insiste sur le fait que le gouvernement ne doit pas être « prisonnier des lobbys. »
Grosse improvisation sur les questions écologiques
Sur les questions écologiques, il passe carrément en mode «roue libre» : « Y'a tout ceux qui nous conseillent de ne pas prendre les mesures difficiles et de les laisser à nos successeurs. Si le général de Gaulle avait agit ainsi, nous n'aurions pas la chance d'avoir le parc nucléaire que nous avons. »
Puis c'est l'apothéose : le TGV Est pas construit assez vite, le gouvernement qui rebondira sur la crise… « L'Etat a trop dépensé dans le passé pour la gestion et n'a pas assez investi », s'excite-t-il là où il était censé dire sobrement : « J'ai la certitude que nos réformes en porteront leurs fruits. » Et d'en faire des tonnes sur ses certitudes, sa volonté d'agir, et surtout sa capacité à le faire. Sarkozy rappelle qu'il est toujours sarkozyste. Sa mission était de convaincre qu'il était toujours aux commandes. Ses écarts ont montré qu'il cherchait aussi à s'en convaincre lui-même.
Le président de la République n'a pas caché la gravité de la situation ce soir à Toulon. Il s'en est pris durement à un capitalisme financier qui mériterait enfin d'être régulé. Mais, curieusement, il en a tiré la conclusion que la France devait accélérer le train des réformes libérales.

Sacré Nicolas Sarkozy ! Voilà un homme capable de proclamer, dans un même discours, que « le laissez-faire, c'est fini » dans le monde et que la France, elle, doit « accélérer le rythme des réformes » d'inspiration libérale. Curieux propos que celui tenu hier soir à Toulon par le chef de l'État : visiblement inspiré par Henri Guaino, la première partie de son intervention semblait prendre la mesure de la gravité des événements actuels. S'il met en garde contre la peur, Sarkozy reconnaît que le monde fait face à une « crise sans équivalent depuis les années trente ». Découvrant que « l'idée de toute-puissance des marchés » était une « idée folle », il proclame haut et fort « la fin du capitalisme financier » débridé. Bref, il serait urgent d'imposer de « nouvelles règlementations »
On retient alors son souffle. Hélas, peu de propositions concrètes accompagnent cet audacieux diagnostic. Sur la même longueur d'onde que le Medef, Sarkozy promet la fin des « parachutes dorés ». Le président de la République menace les patrons d'une « loi avant la fin de l'année » s'ils ne se mettent pas d'accord pour en finir avec la distribution d'actions gratuites ou les rémunérations qui ne sont pas liées aux performances économiques réelles des entreprises. Il est aussi question d'imposer de nouvelles règles au système bancaire. Mais Sarkozy n'entre guère dans les détails. Il demeure également flou lorsqu'il en appelle à mettre un terme au « désordre des monnaies » en se référant aux fameux accords de Bretton Woods.
Des mesures, quelles mesures ?
La deuxième partie du discours sera plus décevante. Quelle politique les pouvoirs publics choisiront-ils pour répondre à la récession économique qui menace le pays ? Sarkozy se contente de promettre, la main sur le cœur, qu'aucun épargnant ne perdra « un euro » de ses économies déposées dans les banques. Il s'engage, sans plus de précision, à ce que l'État intervienne si la nouvelle donne du crédit privait de financement l'économie française. « Je n'hésiterai pas à prendre des mesures » si la récession l'emporte, proclame le chef de l'État. On n'en saura pas plus.
Sarkozy est curieusement plus précis lorsqu'il s'engage à poursuivre et même amplifier le « changement » conduit depuis son élection. Après avoir noté que la crise actuelle légitime l'intervention de l'État dans l'économie, le voilà qui fait applaudir de nouvelles et massives réductions d'emplois publics. Il annonce également une réduction du nombre d'échelons des collectivités locales pour faire quelques économies. Le fait que ces collectivités soient aujourd'hui souvent dirigées par la gauche durcira la bataille qu'un tel projet provoquera inévitablement. Pour le reste, Sarkozy s'est limité à un plaidoyer pro domo vantant la politique conduite depuis son élection. Le monde change, la France est sommée de changer, mais Sarkozy demeure égal à lui-même.
Intégralement encadré par la préfecture du Var, le discours présidentiel de Toulon est loin du «meeting ouvert» promis : 4000 spectateurs, triés sur le volet priés de se tenir à carreau pour une allocution policée. La reprise en main est aussi celle des militants.

Noyé par les photographes qui demandent d'innombrables angles de prise de vue, un des organisateurs agite les bras : « Vous vous mettez sur le côté ou en face de la tribune, c'est pas un meeting ici. » Le Zénith de Toulon ne dément pas la formule. Présenté comme un « rassemblement ouvert », le discours présidentiel consacré à l'économie ce 25 septembre ressemble plus à un panel de figurants qui se pressent depuis 15 h 30 devant les portes.
Sur les 12000 cartons envoyés pour l'événement, un peu plus de 4000 personnes ont répondus présentes, choisies pour leur appartenance à l'UMP, leur qualité d'élu… En dehors de la préfecture, personne n'a eu son mot à dire sur la liste. « Je n'attends rien de particulier de lui, il n'a pas de baguette magique mais il bosse énormément : il a besoin de notre soutien ! », sourit une militante venue de Toulouse. Tous n'ont pas sa patience et beaucoup attendent des mesures même s'ils sont conscients de participer à « un spectacle pour rassurer les Français ».
Pas de supporter, pas de banderoles
Pour rassurer les Français, Sarkozy semble s'être inspiré de son passage au ministère de l'Intérieur : toute l'organisation a été confiée à la préfecture du Var. « Je me suis garé où on m'a dit de le faire, explique François Truçy, sénateur du cru. La préfecture quadrille tout ! » Les jeunes mêmes ont été mis en coupe réglée : « On nous a interdit de mettre en place un carré pour les jeunes au premier rang comme pour le meeting de Toulon, regrette Benoît Pelletier. Ni banderole, ni drapeau… On préfère les ambiances festives, mais ce n'est pas un meeting de campagne. »
Sonorisé façon une musique d'ascenseur, le Zénith s'est rempli aux deux tiers à 18 h 00. Les premiers rangs se remplissent des notables locaux et des cadres de la Chambre de commerce et d'industrie, qui espèrent du nouveau sur les taxes réservées aux entreprises, et des parlementaires de la région PACA. Aux ministres de Bercy et à Jean-Louis Borloo s'est greffée au dernier moment Christine Boutin, qui a fait un détour depuis Cannes où se tenait l'Union sociale pour l'habitat : même les ministres ont été triés sur le volet.
Le discours durera 50 minutes et débutera à 18 heures 30 « précise ! », l'organisation y tient. Le président ne devrait pas s'attarder, apparaître au cocktail donné avec les élus et notables locaux, auquel se mêleront les fidèles Jérôme Chartier et Frédéric Lefebvre. Pas de bain de foule pour Nicolas Sarkozy?
Marianne2.fr publie le texte intégral des six motions soumises au vote de militants pour le congrès de Reims qui se déroulera du 14 au 16 novembre. Les mots disent le socialisme de Martine Aubry, Ségolène Royal, Bertrand Delanoë, Benoît Hamon et de quelques autres.

En politique, les textes ont plus d'importance que ne le croient beaucoup de commentateurs. A la condition de lire entre les lignes, ils en disent pas mal sur l'identité de leurs auteurs. C'est pourquoi ceux qui s'intéressent à l'avenir du PS devraient avoir le courage – il en faut – de lire le texte des différentes motions proposées pour le congrès de Reims (14-16 novembre). Nous publions ci-dessous, sous format PDF, le texte des six motions soumises au vote des militants en attendant de présenter une analyse comparative de ces textes.
Martine Aubry veut « Changer à gauche pour changer la France ». Gérard Collomb et Ségolène Royal brandissent « l'espoir à gauche » et proposent à leurs camarades d'être « fier(e)s d'être socialistes ». Bertrand Delanoë se place sous le triptyque « Clarté, Courage, Créativité » et suggère « une gauche conquérante pour redonner espoir à la France ». Benoît Hamon promet « un monde d'avance » à condition de « Reconstruire l'espoir à gauche ». Le « Pôle écologique se prononce… « Pour un Parti socialiste résolument écologique » et la motion Utopia préconise le triple mot d'ordre « Socialistes, Altermondialistes, Ecologistes ». Bonnes lectures.
Le plan Paulson veut donner des pouvoirs extraordinaires à l’administration du Trésor. Pour sauver ses banques, l’Amérique perdrait-elle son âme ?

En France, tout le monde applaudit l'ambition du plan Paulson, destiné à sauver les banques grâce à l'achat par l'argent public de 700 milliards d'euros de créances « toxiques », des subprimes, mais aussi d'autres produits comme des swaps, dont actuellement personne ne veut. Formidable, se dit-on.
Quelle audace, quelle résolution, ces Américains ! Mais personne ne fait attention aux détails du projet de loi que le secrétaire au Trésor, banquier d'affaires de profession, a présenté. S'il était adopté en l'état (ce qui n'est pas sûr, grâce à la majorité démocrate au Congrès), le secrétaire d'Etat (quel qu'il soit) serait doté de pouvoirs tout à fait extraordinaires : possibilité d'embaucher qui il veut, notamment ses amis de Goldman Sachs, de passer des contrats avec des entreprises privées hors du code des marchés publics, le tout sans contrôle, puisque le texte précise que son action ne serait susceptible ni d'une commission d'enquête, ni d'une cour de justice. Une sorte de dictature, au pays de la séparation des pouvoirs et du contrôle étroit de l'exécutif par la justice et le Congrès, succéderait à la dictature des marchés.
De la dictature en Amérique
Tocqueville doit se retourner dans sa tombe ! On comprend mieux pourquoi l'administration tient à prendre des gages juridiques, si l'on sait que la somme de 700 milliards de dollars apparaît aux yeux de nombres d'économistes comme bien supérieure à ce qui est nécessaire pour dégager les banques de l'ornière.
Ce qui signifierait que le Trésor américain compterait reprendre les actifs pourris des établissements financiers sans décote ou avec une très faible décote, alors qu'aujourd'hui ils valent entre 0 et 20% de leur prix facial. Une énorme boite à scandales politico-financiers serait ainsi mise en œuvre.
Evidemment, les membres du Congrès traînent des pieds pour adopter une pareille loi et veulent négocier des amendements, alors que Paulson et Ben Bernake, le président de la Fed brandissent la menace d'un énorme krach boursier si le plan n'est pas voté très rapidement.
La réponse est maintenant dans les mains du Congrès et des deux candidats McCain et Obama, dont l'accord est nécessaire à un consensus entre républicains et démocrates, aujourd'hui inexistant. De ce qui sortira des pourparlers, on saura si la crise du capitalisme financier est enrayée. Mais peut-être l'Amérique aura-t-elle perdu un peu de son âme.