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Date :: 23/3/2012 12:00:02 (Mettre à jour)
Le parti écologiste sur le point de rompre ? Tant mieux, se réjouit Djif. Pour ce Mariannaute, la mascarade d'une écologie politique groupusculaire a assez duré et les écologistes se doivent de semer sa réflexion dans tous les terreaux politiques où elle pourra pousser... c'est à dire pas chez les libéraux !

Les Verts devraient se faire harakiri pour ne plus revenir. On ne peut pas fonder une politique uniquement sur la réflexion écologique qui doit, par ailleurs, s'imposer à tous les courants de pensée. Je pense donc qu'un parti écologique n'a aucune chance de sortir de l'état groupusculaire qui n'a jamais cessé d'être le sien. C'est au sein des autres partis que les écologistes doivent faire entendre leur voix, en regagnant les formations qui leurs sont les plus proches et non pas en fédérant des ambitions personnelles sans cohérence politique.
Je pense enfin, qu'aucune politique écologique ne pourra être mise en oeuvre sans contrainte ce qui écarte d'emblée l'option libérale. Les débats avec Nicolas Hulot, lors de la présidentielle, l'ont bien montré, comme le montrent les atermoiements des grands pays à l'échelle planétaire incapables de se mettre d'accord sur des objectifs quantifiés et adaptés aux responsabilités de chacun à un terme raisonnable.
Cette semaine, c’est l’annonce surprise du mode de financement du RSA qui a suscité le plus d'interrogations de la part des mariannautes. Près de deux cents commentaires pour débattre de la pertinence de la mesure : effet d’annonce, coup politique, rustine médiatique. Si le principe de la mesure est plutôt bien accueilli, son mode de financement et son efficacité sont largement discutés.

«Le RSA fait bouger les lignes» estime l'auteur de l'article. Certes. Reste à savoir dans quel sens. Prudent, Yves estime tout de même que « si on est encore loin du compte (…) admettons tout de même qu'entre le financement par suppression de la prime à l'emploi et la nouvelle mouture, il y a de l'amélioration ». S'étonnant lui même de soutenir le président de la République.
De son côté, Jdif estime que si l'instauration du RSA est certainement une mesure justifiée sur le plan social comme sur le plan économique, « en revanche, le financement du dispositif est à l'évidence aussi critiquable sur le plan social que sur le plan économique. Au plan social, il fera porter la charge sur les revenus moyens depuis que les hauts revenus en seront exonérés par le jeu du plafond fiscal; on dit que les revenus du capital ont plus augmenté que ceux du travail; c'est globalement exact, puisque la part du travail dans la valeur ajoutée n'a cessé de diminuer depuis de nombreuses années. Au plan économique, ce dispositif réduira le revenu disponible des contribuables et pourrait donc avoir des conséquences négatives sur une consommation qui n'a pas besoin de cela en période de stagnation de la croissance ».
Le RSA, caution de rentrée sociale de Sarkozy
L'article a souvent été perçu comme trop bienveillant à l'égard de cette mesure : « Non, le RSA ne fait pas bouger les lignes! » écrit égo, « Il est simplement la caution de rentrée sociale de Sarkozy, mis au courant par ses cellules surveillance élyséennes de la paupérisation de la population et du mécontentement croissant des classes moyennes. Il choisit un échappatoire, bien relayé dès ce midi par TF1, pour faire croire qu'il s'intéresse aux pauvres, avec une fois de plus un discours écrit par.... dont il ne restera pas grand chose quand les évaluations honnêtes seront rendues publiques ».
Emilie du Châtelet s'indigne. : « En effet, ce sont les classes moyennes, une fois de plus qui vont payer. Et bien sûr pour effectivement créer ou renforcer un nouveau marché aux esclaves. Ils y sont arrivés ! Ceux qui ont un travail ont tellement peur de le perdre qu'ils ne se syndiquent plus ou acceptent de perdre tous leurs avantages pour le garder. Ceux qui n'en n'ont pas, sachant que leurs indemnités sont précaires, acceptent eux aussi n'importe quel boulot, à n'importe quelles conditions. Quand allons nous nous réveiller et d'un même élan refuser d'aller plus loin dans cette déchéance ? »
Domie refuse de se contenter de ce qu'elle qualifie de rustine médiatique : « Voilà encore un cache-misère, un écran de fumée, une rustine médiatique ! Mais qui va payer les pots cassés ? les chômeurs qui ne trouverons pas d'emplois ? les RMistes ? 1,4 milliards c'est insuffisant pour financer une véritable aide au retour à l'emploi, surtout qu'il aurait fallu un véritable plan pour sécuriser le parcours professionnel et mettre en place un accompagnement et des formations professionnelles dignes de ce nom !! Bref, Nicolas Sarkozy mécontente son camp et les patrons et mécontente également l'opposition parce que son « geste » est largement insuffisant ! Il veut encore nous faire prendre de l'eau tiède pour du champagne ! ».
Santé quand même…
C’est le petit événement de l’université d’été du PS à La Rochelle : une vaste convergence de forces se dessine autour de Martine Aubry. Une même motion pourrait rassembler ceux qui ne veulent ni de Bertrand Delanoë ni de Ségolène Royal, des fabiusiens aux partisans de DSK, et plus si affinités.

La nuit dernière, c'était règlement de compte sur le vieux port. Dans le rôle du flingueur, Jean-Christophe Cambadélis. Sa cible : Pierre Moscovci. Et ce matin, la victime, touchée, donnait une conférence de presse pour dire « même pas mal »… Rasé de frais depuis une semaine, « Mosco » avait tout de même les traits tirés en arrivant à l'Hôtel de la Monnaie, « fatigué des rubix cubes et des mécanos » qui tiennent lieu de débat politique à l'université d'été des socialistes. Le rubiks cube – comprendre l'art des combinaisons prêté au chevronné Cambadélis - est devenu le passe-temps préféré des orphelins de Dominique Strauss-Kahn, éclatés en trois chapelles, qui derrière Delanoë, qui derrière Martine Aubry, et qui derrière Moscovici.
Le député du Doubs pratique la méthode coué : « Hier soir, ce qui a été affirmé, c'est un soutien à ma candidature. Ma détermination est totale ». Quitte à en rajouter : « Les strauss-kahniens et Jean-Christophe Cambadélis m'ont signé un contrat d'exclusivité jusqu'en 2011. Peut-on imaginer un contrat qui ne durerait que 12 heures ? »
La veille, dans une salle surchauffée éloignée du centre ville, les strauss-kahniens, réunis à huis-clos, ont entériné la stratégie impulsée depuis Washington par Dominique Strauss-Khan, favorable à la création d'un pôle majoritaire incluant les barons régionaux… mais ce qu'oublie de dire Pierre Moscovici, c'est que ce pôle s'articule autour de Martine Aubry ! Pire : Aubry et Cambadélis se sont rendus ce matin à la réunion de courant de Laurent Fabius, affirmant ainsi que le périmètre du rassemblement s'était élargi. Et qu'ils n'avaient que faire des états d'âme de Mosco, qui a répété tout l'été qu'il ne voulait pas faire alliance avec Fabius.
« Nous avons décidé qu'il n'y aurait pas d'ostracisme a l'égard de Fabius, mais pas non plus de contact privilégié », tente de relativiser Moscovici, les dents serrées. Jusqu'au moment de vérité : « Cambadélis est en train de trahir la décision prise hier soir. Si ce qu'il a fait ce matin est un acte politique, c'est un problème », lâche-t-il. C'est peut-être surtout son problème.
Comme à chaque rentrée littéraire, les journaux choisissent leurs « chefs d’oeuvre ». Au Monde, l’ouvrage est signé Christine Angot. Et c’est peu dire que côté promotion, le quotidien de référence a mis les petits plats dans les grands.
La rentrée littéraire pullule d'événements et de non-événements. Les livres de Christine Angot relèvent désormais de la seconde catégorie.
Des non événements littéraires qui donnent lieu à un véritable matraquage médiatique sous couvert de pseudo-polémiques stériles « pro-Angot » contre « anti-Angot », montées en épingle afin de justifier le simple fait d'y consacrer autant de place…
Pour son dernier livre, Le marché des amants, et comme à chaque fois qu'elle sort un nouvel ouvrage, Christine Angot a donc décroché le pack « matraquage » du journal Le Monde.
Critique littéraire ou contorsionniste ?
Une grossière opération de relations publiques qui comprend une double page d'entretiens avec Catherine Millet, une longue lecture de son livre en vidéo sur le site du journal, une critique –qui n'en a que le nom- signée de sa première admiratrice, la journaliste Josyane Savigneau. Last but not least, un entre filet dans la rubrique Les livres dont on parle. Logique puisque Le Monde en parle.
Bref, une promotion lourdingue, peut-être même contre-productive tant elle relève de la seule occupation du terrain médiatique.
«Christine Angot a choisi la voie étroite des écrivains qui ne peuvent pas susciter l'assentiment social. Elle s'y tient, et c'est heureux. Mais elle doit affronter l'hostilité grandissante que cela provoque » écrit Josyane Savigneau.
L'idée est d'anticiper et expliquer les critiques d'un des livres les plus commentés de la rentrée, voire un éventuel échec commercial de l'ouvrage, par le caractère trop subversif du propos alors même que l'auteur est une habituée des plateaux télés. Refuges réputés pour les dissidents et les rebelles de tous poils...
Roland Hureaux pointe l'imprudence de la politique des dirigeants occidentaux à l'égard de la Russie. Cette grande puissance ne pouvait pas ne pas réagir à certaines initiatives malheureuses. Notre chroniqueur plaide en faveur d'une nécessaire modération vis à vis de la Russie.

Dès l'entrée des troupes russes en Géorgie, les Etats-Unis, après avoir émis de vigoureuses protestations, ce qui ne coûte rien, ont fait savoir qu'ils excluaient une riposte proprement militaire dans le Caucase. Vu de Moscou, c'est là le plus important. Les « sanctions » qu'envisage de prendre l'Europe occidentale, si dépendante de la Russie pour ses approvisionnements énergétiques, ne sauraient, en tout état de cause, avoir qu'un caractère symbolique.
De telles positions peuvent choquer. Elles ne devraient pas nous surprendre. Parmi les motifs qui poussèrent, en son temps, le général de Gaulle à construire une force de dissuasion indépendante, se trouvait sa conviction, maintes fois exprimée, qu'à partir du moment où l'URSS s'était dotée d'une force nucléaire, jamais les Etats-Unis ne risqueraient un affrontement direct avec une autre puissance nucléaire pour assurer la protection de l'Europe occidentale. C'est dans cette logique que Washington inventait, dès 1956, la théorie prudente de la « riposte graduée ». Et il était alors question de la protection de la France et de l'Allemagne, pas de la Lituanie et de la Géorgie !
Ce qui surprend en revanche est que les Etats-Unis et certains de leurs alliés aient, depuis plusieurs années laissé croire si inconsidérément aux petits pays d'Europe de l'Est, les anciennes démocraties populaires aussi bien que les ex-républiques soviétiques, qu'ils leur apportaient une garantie si sérieuse de sécurité qu'ils pouvaient se risquer à provoquer allègrement leur grand voisin russe.
Non seulement les Etats-Unis, malgré les réticences de la France et de l'Allemagne, ont poussé à l'entrée de l'Ukraine et de la Géorgie dans l'OTAN, mais ils ont apporté une assistance militaire importante à la Géorgie, contribuant même à ce qu'il semble, au travers de la fourniture d'un armement ultramoderne et de quelques centaines d'instructeurs, à préparer l'imprudent coup de force du président Saakatchvili contre l'Ossétie du Sud. Comment ce dernier n'aurait-il pas été convaincu, au vu d'un appui technique aussi sensationnel, que les Américains enverraient des troupes pour le soutenir ? Avec autant de légèreté, l'Ukraine menace d'exclure les Russes de la base navale de Sébastopol.
Accepter sur leur sol des éléments du bouclier antimissile américain, dont on aura du mal à faire comprendre aux Russes qu'il n'est pas dirigé contre eux, est tout aussi aventuré de la part de la Pologne et de la Bohême, alors même que l'OTAN ne comporte aucune obligation de solidarité militaire en cas d'agression.
Tout à leur rêve américain, ces pays ont dans la période récente réécrit l'histoire des années trente de manière fantasmagorique. A les en croire, les Etats-Unis auraient volé à leur secours en 1939, en 1956, en 1968 ou en 1981 ! Forts de cette protection supposée, ils croient pouvoir narguer non seulement la Russie mais l'Union européenne (à qui on ne s'est jamais soucié de demander son aval pour recevoir le bouclier antimissile). Certes la France et la Grande-Bretagne ne s'illustrèrent pas en 1938 pour défendre la Tchécoslovaquie et n'eurent pas non plus la stratégie la plus avisée pour protéger la Pologne (1). Mais enfin, la France a risqué son existence en faisant jouer la solidarité avec celle-ci. Les Etats-Unis, eux, faut-il encore le rappeler ? ne bougèrent que deux ans plus tard, à la suite de l'attaque de Pearl Harbour, pour ensuite les lâcher à Yalta. Quelle que soit la détermination du président Reagan ( beaucoup plus prudent que Bush, père et fils, dans ses engagements militaires), c'est d'abord à leurs propres efforts que les Polonais, les Tchèques - et les Russes eux-mêmes (2) - doivent d'avoir secoué le joug du communisme.
Tous ceux qui aujourd'hui évoquent Munich à tort et à travers, devraient en outre se souvenir qu'une des grandes leçons des années trente est qu'on ne bafoue pas ou ne laisse pas bafouer impunément le droit international. Même si les conséquences funestes d'une rupture de l'ordre juridique n'apparaissent pas immédiatement, toute entorse ouvre la boite de Pandore. Or qui ne se souvent de l'euphorie avec laquelle Américains et Européens l'ont piétiné, au nom des droits de l'homme, en agressant la Serbie en 1999 puis, plus récemment en reconnaissant l' indépendance du Kosovo. Le consensus des grandes démocraties, disait-on avec une inconcevable légèreté, vaut toutes les résolutions du Conseil de sécurité ! Il est douteux que le reste du monde l'ait vu de cette façon. Moscou en tous cas n'a pas oublié. Les avertissements pourtant clairs par lesquels la Russie a signifié que la reconnaissance du Kosovo constituait un affront grave à son égard (3), ont été négligés. En Géorgie, où elle viole à son tour le droit international (mais ni plus ni moins que nous au Kosovo), elle nous rend la monnaie de notre pièce. La pente est assurément dangereuse.
La nouvelle politique du « cordon sanitaire » signifiée par un élargissement indéfini de l'OTAN vers l'Est était doublement absurde. Elle négligeait le fait pourtant capital que depuis 1990 la Russie ne cherchait plus à exporter aucune idéologie. Elle promettait aux pays concernés un appui qu'en réalité, dès le départ, aucun Occidental n'était prêt à apporter.
Doit-on aujourd'hui se contenter de contempler le désastre ? Il est des imprudences qui ne se rattrapent guère : on peut craindre que celles qui ont été commises dans les Balkans en fassent partie. Mais les « Occidentaux » (on se demande à quoi correspond encore cette expression depuis la chute du communisme ! ) doivent aujourd'hui clairement admettre que la paix en Europe ne proviendra pas de l'écrasement d'un camp , si camp il y a, par un autre, par une réduction de la Russie à l'état de pays de seconde zone, ce que l'immense espace dont elle dispose interdit de toutes les façons , à moins d'y rappeler les Tartares.
La paix en Europe ne proviendra que d'un compromis fondé sur la modération, la reconnaissance du partenaire et un minimum d'égards pour ses préoccupations.
Peut-être même faudrait-il passer de nouveaux accords d'Helsinki. Sur quelles bases ? Sans doute l'intangibilité des frontières, ce qui supposerait qu'on ne reconnaisse, si c'est encore possible, ni le Kossovo, ni l'Abkhazie (ni demain la Flandre !). Il faut aussi s'interroger sur l'avenir de l'OTAN qui de fait protège si peu et, ressentie comme une menace par les Russes, n'est plus pour ses membres européens qu'un moyen de les contrôler. La Russie n'a sans doute pas le droit d'attenter à la souveraineté de ses voisins, anciennes républiques soviétiques comprises. Mais pas plus que la France ne supporterait que quelque puissance lointaine vienne exciter la Belgique ou le Luxembourg contre elle, on peut comprendre qu'elle exige d'eux en échange une certaine neutralité. Qu'elle ne souhaite pas que la Géorgie, pays natal de Joseph Staline ou l'Ukraine, berceau historique de la Russie, lui deviennent antagonistes, est après tout compréhensible. A des degrés divers, que cela leur plaise ou non, la sécurité des pays de l'Europe centrale et orientale - et celle de l'Europe en général - passe par une forme ou une autre de modération vis-à-vis du grand voisin de l'Est.
1. Mais au moins n'avaient-ils pas encouragé ces pays à provoquer l'Allemagne !
2. Et les Afghans !
3. La Russie pouvait estimer être impliquée dans les Balkans à un double titre : comme protecteur traditionnel des Chrétiens orthodoxes et comme membre permanent du Conseil de sécurité.
Malakine explore la face cachée du Revenu de solidarité active. Chacun salue l'aide apportée aux bénéficiaires de minima sociaux qui reprennent du travail. Mais le RSA fonctionnera en réalité comme un complément de salaire public aux travailleurs à temps partiel. Une manière d'en finir avec le SMIC ?

Depuis plusieurs mois, le débat sur le revenu de solidarité active de Martin Hirsch se focalise sur les modalités de son financement. Son principe même fait en revanche consensus, à droite comme à gauche et chez les éditorialistes. Tout le monde se félicite de cette réforme d'inspiration sociale, d'autant plus maintenant qu'elle va être financée par un prélèvement sur les revenus du capital.
Il y a pourtant quelque chose dans son principe qui dérange et qui semble lourd d'effets pervers, beaucoup moins "sociaux". Comme l'idée généreuse du revenu minimum s'est transformée en trappe à inactivité, le RSA, qui cible les travailleurs pauvres, risque d'encourager le développement des petits boulots mal payés en habituant les entreprises à l'idée que l'Etat à vocation à compléter des salaires insuffisants pour vivre. Ce faisant, le RSA annonce, ni plus, ni moins, que la suppression du SMIC !
La réforme prend appui sur le travers historique du RMI qui cumulait indifféremment revenus du travail et revenu d'assistance pour la définition du revenu minimum. Ainsi, lorsqu'un RMIste retrouvait un travail, le montant de son nouveau salaire était déduit de son allocation, ce qui incitait peu à la reprise d'emploi, surtout lorsque celle-ci est accompagnée de dépenses nouvelles.
L'idée de base du RSA était donc de permettre un certain cumul entre revenus du travail et revenus d'assistance, de manière à ce qu'une reprise d'activité, même pour un petit boulot, se traduise par un surcroît effectifs de revenus. Présentée de manière dynamique, dans le cadre d'une trajectoire de retour à l'emploi, la réforme semble inspirée par le pur bon sens et parfaitement incontestable.
Le problème, c'est que le RSA n'est pas qu'une allocation temporaire destinée à accompagner le retour à l'emploi. C'est une allocation universelle qui a vocation à se substituer aux minimas sociaux. Elle s'appliquera à donc tous, aux anciens RMIstes comme aux travailleurs pauvres.
Le choix d'une l'allocation liée au retour à l'emploi, dont l'assiette aurait été calculée sur l'évolution des revenus de l'allocataire, aurait pu être fait. Il me semble d'ailleurs que c'était l'esprit initial du dispositif. Outre que cela aurait été très compliqué à mettre en oeuvre, cette option aurait posé un problème au regard du principe d'égalité. Pour un même travail à temps partiel, un ancien RMIste aurait gagné plus que quelqu'un qui ne serait pas passé par le RMI. Et surtout, le mode de sortie de l'allocation aurait été probablement difficile à gérer. Les bénéficiaires (qui par hypothèse ont des revenus faibles) auraient certainement mal vécu de voir leur revenus décroître progressivement ou brutalement quelques mois ou quelques années après la reprise d'un travail.
Le choix à donc été fait de faire du RSA une allocation universelle qui concerne aussi bien les travailleurs pauvres que les titulaires des minimas sociaux selon le principe « à salaire et situation familiale identique, aide identique ». Ainsi, le RSA s'appuie sur un montant de base correspondant au RMI auquel on retranche 38% des revenus du travail. Pour un célibataire sans enfant, le RSA représentera 317 € pour un SMIC à tiers temps, 251 € pour un smic à mi-temps et presque plus rien pour un SMIC. En clair, la nouveauté du RSA est d'instituer un complément de salaire pour les travailleurs à temps partiel.
Pour les personnes concernées, il s'agit incontestablement d'une très bonne nouvelle, d'autant plus que les petits boulots se sont considérablement développés ces dernières années, faisant apparaître cette nouvelle catégorie de « travailleurs pauvres ».
Le RSA ressemble furieusement à un traitement symptomatique. En se contentant de traiter au moyen d'une aide sociale un effet indésirable du système économique (les travailleurs pauvres) sans s'attaquer à la cause, on risque d'encourager le phénomène et d'entrer dans une spirale inflationniste.
Le RSA est une réforme d'inspiration éminemment sarkozyste, illustration du « travailler plus pour gagner » plus à destination des précaires et de la volonté présidentielle de « libérer le travail ». La faille du RSA apparaît plus clairement lorsqu'on remet la réforme dans la perspective de politique du temps de travail du gouvernement. Dans sa volonté d'en finir avec le fameux « plafond » des 35 heures, le gouvernement a décidé d'encourager fiscalement les heures supplémentaires, pour le salarié comme pour l'entreprise, mais il a aussi utilisé l'outil normatif pour accroître les contingents d'heures-sup.
En toute logique, cette politique d'accroissement de la quantité de travail devrait être accompagnée d'une action similaire pour les situations de sous emploi. Or le RSA ne traite le problème que sous l'angle du salarié. Rien ne vient inciter l'entreprise à donner à ce salarié plus d'heures de travail, ni même limiter le recours au temps partiel.
Sarkozy a répété pendant toute sa campagne que les 35 heures devaient être « un plancher pas un plafond ». S'il a fait sauter le plafond, il a oublié de poser le plancher. Le RSA, tel qu'il a été conçu, fait donc peser sur la collectivité tout le coût du temps partiel contraint. Si une entreprise décide de supprimer un poste à temps plein pour le remplacer par trois tiers temps, elle gagne en flexibilité sans que cela ne lui coûte rien de plus. Et cette décision entraînera une dépense de 951 € (s'il s'agit de célibataires sans enfants) à la charge de l'Etat ! De ce fait, il encourage les entreprises à recourir à des petits contrats de tiers ou de mi-temps. Le RSA est, de fait, un vecteur de l'émiettement du temps de travail.
On pourrait pourtant considérer aisément qu'une entreprise lorsqu'elle embauche quelqu'un, a le devoir de lui accorder un salaire qui lui permet de vivre décemment. C'est précisément l'objet du SMIC. Le RSA, en renonçant à ce principe fondamental change le rapport entre l'entreprise et son salarié. Elle n'est plus un "employeur" mais seulement une "utilisatrice de main d'œuvre". En reportant intégralement sur l'Etat la responsabilité de veiller à ce chacun puisse vivre par son travail, le RSA porte donc en germe, la suppression du SMIC.
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Gaëtan Gorce, député socialiste de la Nièvre, répond pour marianne2.fr à l'appel à la constitution d'une majorité ancrée «à gauche» que nous avons publiée mercredi. Ce rénovateur qui fut proche de Ségolène Royal accuse la gauche du parti de vouloir «tout changer pour que rien ne change».

Le drame du PS est qu'en réalité tout change pour que rien ne change. Ainsi s'amorcerait à La Rochelle la constitution d'un pôle de gauche, à vocation majoritaire, dont l'examen clinique révèle qu'il est constitué des mêmes vielles forces coalisées autour des mêmes vieilles idées.
Ce que l'on veut bien appeler la gauche du PS n'est en réalité que l'expression d'un courant conservateur qui, parce qu'il reste bardé de certitudes, garde une certaine force d'attraction. Il serait plus juste de le qualifier de fondamentaliste : son ambition est de retrouver les formules qui firent l'identité de la gauche des années 70 : interventionnisme de l'Etat, recours à l'impôt et à la dépense publique, confondant de facto la fin et les moyens. Or, la question centrale à laquelle nous sommes confrontés n'est pas la défense mais bien la transformation de ces outils pour leur rendre leur efficacité économique et sociale !
Concentrons sur ces points notre débat : il n'est pas un socialiste qui soit hostile aux services publics ou à une politique de redistribution. Choisir, pour cliver, ces question, revient a priori à biaiser tout échange. Le problème est que notre système de solidarité comme nos politiques éducatives ne garantissent plus, malgré les ressources qui leurs sont consacrées ni réelle égalité des chances, ni vraie protection contre les risques de la précarité et de la déqualification.
La gauche ne peut regarder la puissance publique comme un recours sans s'interroger sur les moyens d'en réformer l'organisation ou le financement pour le rendre à la fois plus juste et plus efficace. On peut aborder de la même manière la question de la mondialisation : qui, au PS, peut se montrer rétif à l'idée d'une meilleure régulation ? Mais là ne se résume pas, bien au contraire, le défi qui nous est adressé. Les mutations en cours, à l'échelle de la planète n'ont pas ici ou là le même impact selon qu'elles touchent des sociétés solidaires, innovantes, ou qu'elles viennent heurter de plein fouet des modèles figés dans des schémas qui les ont vu naître.
Pour un débat renouvelé
On ne peut donc pas se contenter de renvoyer à un combat européen ou mondial des questions qui relèvent au contraire de nos politiques fiscales ou sociales. Prenons l'exemple des inégalités de revenu qui se sont accentuées ces dernières années au bénéfice d'une petite minorité : ce triste bilan n'est pas la conséquence de la mondialisation, mais des choix politiques qui ont été effectués, consistant, à coup d'exonération ou de bouclier fiscal, à favoriser les revenus du patrimoine au détriment de ceux du travail. Il y a donc bien place pour un débat entre une gauche et une droite au sein du PS à la condition d'en renouveler les termes, d'en faire bouger les lignes, d'en changer aussi sans doute les protagonistes.
Vient enfin naturellement la question des alliances : nostalgiques de l'union de la gauche, les partisans d'une stratégie «claire» oublient de voir que nous n'avons plus à nos côtés de partenaires crédibles. L'extrême gauche récuse toute idée de participation gouvernementale et le PCF comme les Verts se sont effondrés ! Disons-le tout net, plutôt que de courir l'aventure d'un accord avec un centre problématique, le PS doit aujourd'hui compter d'abord et exclusivement sur ses propres forces. D'où l'enjeu de sa rénovation. Celle-ci passe nécessairement et l'on ne peut évacuer cette question en faisant semblant de vouloir se concentrer sur les questions de fond, par l'affirmation d'un véritable leadership. Le PS s'est figé entre des clans qui bloquent toute évolution. C'est donc en s'appuyant sur la démocratie directe et le choix d'un leader que l'on pourra favoriser une recomposition sans laquelle le débat renouvelé que j'appelle de mes vœux ne sera jamais possible.
À cet égard le pôle de gauche qui s'amorce pourrait apporter a cette rénovation une contribution paradoxale : en servant de repoussoir, il peut favoriser en réaction une réunification factice des autres sensibilités autour de compromis tactiques ; pesant d'un poids militant limité mais réel, il pourrait aussi au fond servir de force d'appoint pour faire éclore ces synthèses molles dont le congrès du Mans a été la triste illustration.
Faute d'un courant rénovateur assumé, le petit jeu de rôle entre fondamentalistes et opportunistes aurait ainsi de beaux jours devant lui. Le PS a moins besoin d'un «retour à ses fondamentaux» que d'une véritable réflexion collective, libérée des tabous dont sa «gauche» s'est faite l'intransigeant défenseur, comme du pragmatisme sans contenu dont sa «droite» semble se contenter. Je ne vois pour en sortir qu'un bouleversement de nos règles, consistant à faire régulièrement trancher par le vote des militants, thème par thème, nos orientations. Peut-être y aurait-il là matière à s'entendre sur une méthode comme sur un calendrier à la condition que ces accords de forme ne servent pas de prétexte une fois de plus à masquer, donc à ne pas trancher, nos divergences.
Envoyé du Nouveau centre à Denver, Thierry Rochas trouve en Obama un étrange mélange politique : un électorat bobo à la Royal, un côté people et "gauche caviar" assaisonné d'un volontarisme très sarkozyien..

Mes amis, le moment est grave car il y a dans ce pays une fracture sociale…
Je parle des États-Unis bien sûr…
La France n'a plus le monopole de la sinistrose (à juste titre ?) puisque la première puissance mondiale a elle aussi le blues. Et c'est vrai que le pays se paupérise. Les classes moyennes voient leurs conditions de vie se dégrader. Ne parlons pas des plus défavorisés, condamnés, au moindre écueil à glisser vers la misère. Seul subsistent les plus aisés, certes touchés par la morosité ambiante mais vivant bien quant même.
A l'image de ses candidats, la population américaine est fractionnée. Les cartes que nous repassent inlassablement Fox ou CNN montrent toujours la même chose. A Obama les côtes est et ouest, à McCain le centre du pays. Toujours ce même clivage entre les classes moyennes et supérieures et les classes plus populaires.
L'électorat Obama sent bon le déodorant équitable à 30 dollars le tube. Il est à l'aise aussi bien en tongs qu'en Berlutti. Il s'agit là d'une Amérique plutôt cultivée, ouverte d'esprit parce qu'elle est à l'aise financièrement. C'est comme ça, l'être humain est plus enclin à s'occuper de son prochain une fois qu'il a le ventre plein. Et c'est bien pour cela que cette élection n'est pas jouée. Car des gens dans la misère, il y en a malheureusement de plus en plus aux USA.
Barack a ce coté people, peut être un peu de gauche. Mais la comparaison s'arrête là car lui dispose d'un programme présidentiel construit, étoffé et compréhensible pour chacun, même si beaucoup de détails manquent pour l'instant à l'appel. Ses opposants lui reprochent son inexpérience, l'argument se brisera sur le mur de son projet et la force de sa parole car, oui, il faut bien le dire, il y a un monde entre le charisme d'une Ségolène ou d'un McCain et celui Obama.
Pourrions-nous établir des passerelles, des comparaisons avec notre dernière campagne présidentielle ? Pourquoi pas… Sur la forme, il a sa nature propre. L'image est posée, la parole aussi. Pas de branchitude ici, mais pas de tic nerveux non plus. Il incarne le rêve américain, le self made man parti de rien pour arriver là ou il est. C'est en tout cas le message qu'il martèle à longueur de journées. Évidemment, il nous paraît polissé, parfait, bien trop net. Mais a-t-on le choix quant on revendique d'être noir aux USA ? Les américains sont très loin d'être tous des racistes ! Mais imaginer l'image d'un Colombo noir en campagne.
Sur le fond, sur son projet, et bien il ressemble plus à… Sarkozy !
Lui aussi souhaite changer son pays en profondeur en instaurant des réformes lourdes comme la couverture universelle santé. (Nous ferions bien, peut être de nous inspirer des idées que son équipe pourrait avoir sur le sujet…). Mais attention, s'il gagne, il devra avant tout s'occuper de l'économie de son pays car aucune réforme sociale de fond n'est envisageable en l'état actuel des choses.
Ce sera pour son deuxième mandat !
Au sommaire : Russie-Otan : l'incroyable face-à-face ; Obésité, tout ce qu'on ne dit pas ; Ils ne reconnaissent jamais leurs erreurs : Le PS et ses chefs, Lagarde et la crise économique, Les faux stratèges de l'Afghanistan, Les inventeurs des «subprimes», Bush, Blair et l'Irak, Les apprentis sorciers du Kosovo, Géorgie : le show du Président, Les journalistes intouchables, Carrère d'Encausse et la Russie, Zidane et son coup de boule, Allègre et ses lubies, Les juges d'Outreau, Duhamel contre Royal, Le crash Jospin, Les pédagogistes contre l'école, Aubry et les 35 heures...

Ce numéro sera en vente en kiosques à partir du samedi 30 août au matin jusqu'au vendredi 5 septembre inclus, au prix de 2,50 euros. Vous pouvez également acheter la version numérique sur le site de Relay (PC) ou sur celui du Kiosque.fr (PC, Mac et Linux) dès vendredi 29 août à 16h.
Décidément, le RSA reste en travers de la gorge des patrons. Ils expriment leur rancoeur à l'université d'été du Medef. Le nouveau prélèvement sur le capital devient, pour eux, le symbole de l'augmentation du matraquage fiscal. Avec pas mal d'exagérations. Et Le Figaro ne fait rien pour apaiser les esprits.

Sur le campus de l'Ecole Polytechnique où se déroulent l'université d'été du Medef, le ciel s'est couvert : les patrons de PME ruminent le RSA. «Jusqu'ici, il était plutôt sur la bonne pente Sarkozy, mais là, c'était l'erreur à ne pas faire», tranche un quadragénaire pdg dans la construction. La présidente du Medef a bien tenté de minimiser l'affaire en jugeant «très positif» le bilan économique de Sarkozy malgré l'instauration du maudit 1,1% de taxation des revenus du capital pour financer le RSA. Las : à discuter avec les patrons de petites entreprises, ce glaçon sera l'iceberg du paquebot France.
Le RSA : escarmouche de la guerre contre l'impôt
«J'ai des collègues qui hésitaient à revenir en France mais avec un signe pareil sur la fiscalité, ils resteront à l'étranger», raconte Jean-Michel Tivoly, président du directoire d'une société d'outillage. Serait-ce les 1,1% de prélèvement supplémentaire sur les plus-values qui retiendraient les pdg exilés à nos portes ? Probablement pas mais le lobbying anti-impôt sait choisir les bons chiffres pour effrayer les patrons.
Dans les explications de la plupart des patrons surgit un chiffre de 30% d'imposition des plus-values «presque un tiers alors qu'en 2007, ce n'était que 27 !», tempête un patron. Car au fatal 1,1% s'ajoutent 2% d'augmentation de la taxation des plus-values, [comme le soulignait à sa manière Le Figaro]url: http://www.lefigaro.fr/placement/2008 ... rancais-a-partir-de-.php. Un calcul pour le moins rapide cette augmentation a été accompagnée dans le cadre de la loi de finances 2008 d'un régime d'imposition des dividendes beaucoup plus favorable à beaucoup de patrons.
Le Figaro veut faire contribuer les travailleurs clandestins !
Mais dans cette guerre un peu hystérique contre l'impôt, Medef et Figaro font feu de tout bois. Vendredi 29 août au matin, le quotidien de Marcel Dassault reprend l'offensive. Dans un éditorial titré «Gribouille et le capital», Yves de Kerdrel explique que ce nouveau prélèvement «constitue un virage à 180 degrés dans l'approche présidentielle des problèmes hexagonaux».
Sans remettre en cause le principe du RSA, l'éditorialiste interroge : «fallait-il pour autant le financer par la création d'une taxe sur les 140 milliards d'euros des revenus du capital ? Sûrement pas. Et Gribouille, qui se cachait dans un ruisseau pour ne pas être mouillé par la pluie n'aurait pas fait pire.»
N'y tenant plus, Yves de Kerdrel propose de cadrer les limites de la solidarité : «il aurait pu penser aussi à faire contribuer les travailleurs clandestins en tirant un trait sur l'aide médicale d'état qui coûte 800 millions d'euros par an et mettre fin à quelques gaspillages comme les 400 millions d'euros réservés à l'audiovisuel extérieur». L'imaginatif éditorialiste du Figaro aurait dû déposer sa contribution à temps dans la boîte à idées élyséenne.