Blog: Marianne2.fr | le site de l'hebdomadaire Marianne

Date :: 23/3/2012 12:00:02 (Mettre à jour)
RFI, France 24, TV5, dans un rapport sur l'audiovisuel extérieur, le député UMP Patrice Martin-Lalande critique sévèrement la stratégie médiatique française à l'international et dévoile certains errements de l'État, et des chaines elles-mêmes.

L'audiovisuel extérieur français semble avoir calqué sa stratégie sur celle des célèbres shadoks : pomper plus pour… pomper toujours plus. Un rapport d'information de 400 pages présenté par le député UMP Patrice Martin Lalande, s'appuyant sur des travaux de la cour des Comptes, dévoile, entre autres pépites, le coût de la soirée de lancement de la chaîne France 24 aux Tuileries. Les dirigeants de la chaîne, Alain de Pouzilhac et Christine Ockrent, avaient mis les petits plats dans les grands : 1000 invités, 1,35 million d'euros soit un montant équivalent à celui d'une campagne de presse internationale dans 19 pays. Le tout pour des retombées médiatiques qualifiées de façon lapidaire de «difficiles à évaluer».
La belle opération de TF1
Le rapport révèle également le montant de « la bascule » étonnante espérée par TF1 dans son opération de sortie de la holding «audiovisuel extérieur». Alors que la chaîne avait acquis 50% des parts de la holding pour 17.500 euros, elle réclame aujourd'hui…90 millions d'euros pour sa participation. «Ses prétentions vont au-delà de ce que l'État peut se permettre - sans parler des aspects moraux de la question» commente Patrice Martin-Lalande. Aujourd'hui, les négociations avec les pouvoirs publics sont bloquées.
Pas d'équilibre budgétaire à court terme
Au fil des pages, on apprend que l'audiovisuel extérieur engloutit près de 300 millions d'euros par an, ce qui n'empêche pas les différentes sociétés d'afficher des situations financières difficiles: «La cherté d'une politique ne garantit pas la richesse d'une société» explique Jean Picq, président de la troisième chambre de la Cour des Comptes. Une situation budgétaire qui ne permet pas d'envisager un équilibre à court terme.
Une réforme complexe
«Des moyens mal calibrés», «un mode de financement baroque», «des objectifs insuffisamment précisés», «une cohérence à définir». Sans parler des tensions sociales notamment à Radio France International. La tâche est immense et la réforme engagée par le chef de l'État l'été dernier s'annonce d'autant plus complexe.
Une réforme de fond à RFI ?
Délaissée ces dernières années, au profit des projets télés, RFI apparaît clairement comme le parent pauvre de l'audiovisuel extérieur français. La cour des Comptes évoque «l'absence d'orientations stratégiques explicites qui contribue à renforcer la crise existentielle».
Patrice Martin Lalande appelle à une réforme de fond estimant «que le modèle traditionnel de RFI, né de la guerre froide ne correspond plus à l'état du monde ni aux modes de consommation actuels de la radio. Il doit être fondamentalement remis en question (…)».
Renoncer à une présence universelle
Si la montée en puissance rapide de France 24 est saluée, le rapport pointe la faiblesse des moyens financiers dont dispose la chaîne . D'un montant de 86 millions d'euros en 2007, son budget pourrait atteindre 133 millions d'euros en 2010 si elle poursuit le développement exigé par sa convention. D'où la nécessité rapide de diversifier ses ressources et de s'émanciper des seules subventions publiques (75 millions d'euros pour 2007…). Quitte à revoir, dans le cas contraire, les ambitions françaises et renoncer à une présence universelle.
Aucune stratégie Internet
Autre constat inquiétant, le rapport relève qu'il n'existe aucune politique de la présence française sur l'internet «ni aucun outil performant pour diffuser les valeurs de la France, ses débats, ses messages, ses positions, son regard sur le monde...». En début d'année pourtant, dans un rapport remis au président de la République, les conseillers Georges-Marc Benamou et Jean-Daniel Levitte avançaient l'idée d'une plateforme numérique alimentée par les antennes de télévision et de radio qui deviendrait la colonne vertébrale du nouvel audiovisuel extérieur. Le rapport a pris le chemin des oubliettes…et pendant ce temps là, les shadoks de l'audiovisuel extérieur continuent de pomper.
Organisateur dans quarante villes de marchés à prix coûtant, le PCF lutte contre l’invisibilité médiatique en se reconvertissant dans le service commercial. Une évolution révélatrice de sa difficulté à exister à gauche.

Pendant que l'UMP fini sa tournée des plages, le PCF fait les marchés. «Dans quarante villes, des ventes directes au juste prix», titrait jeudi 21 août L'Humanité pour promouvoir la vente annuelle organisée le jour même par les communistes et le syndicat agricole Modef.
Un acheteur au marché du PCF
Place de la Bastille, dès 7h30, une poignée de cadres et de militants échangent avec des centaines de Parisiens quelques kilos de prunes du Lot-et-Garonne (vendues 5€ les 8 kilos, une affaire) contre un peu d'écoute de leur argumentaire militant. Arrivée à 8h15, Marie-George Buffet parcourt les longues files d'attentes en sollicitant des témoignages vécus et en les agrémentant d'attaques contre la grande distribution. En cette rentrée politique, les stands du PCF ressemblent curieusement à ceux des Restos du cœur. On savait les militants communistes experts dans l'art de vendre du muguet. On découvre aujourd'hui d'autres dimensions de leurs talents commerciaux.
«Service militant»
«Pour suivre la recommandation de l'OMS de cinq fruits et légumes par jour, j'ai calculé, ça coûte 12% d'un Smig ! [sic !]», répète la secrétaire nationale, insiste-t-elle face aux caméras. Mais, elle cherche surtout le contact avec le public, ce qui fait d'ailleurs partie de cette opération de communication, sans parler de la propagande avec la distribution d'exemplaires gratuits de L'Humanité. Certaines personnes, venues pour profiter des prix, ignorent même que le PCF est à l'initiative. Tous les acheteurs de ce marché-manif reconnaissent que le parti «fait quelque chose» pour eux. Quelques-uns se réjouissent de faire «d'une pierre deux coups» : une bonne affaire ET un acte politique. Le PC leur rend un «service-militant», résume un trentenaire avant de partir avec ses melons et ses abricots.
Marie-George Buffet, venue participer à la vente
Du parti-syndicat à l'épicerie sociale
Selon l'expression de Marie-George Buffet elle-même, le parti «expérimente» la vente directe pour mettre en lumière les difficultés des consommateurs et celles des producteurs. Le PCF n'en finit pas de redéfinir son rôle politique au fur et à mesure de son déclin. Il y a quelques décennies, il se fixait une mission historique, celle de faire la Révolution. Puis le PCF est devenu une sorte de «super-syndicat», soutien du mouvement social aux côtés de la CGT. Aujourd'hui, le voici devenu un parti modestement dévoué à l'aide concrète de ses concitoyens. Qu'on se le dise, les nouveaux communistes défendent les Français des villes et des champs, victimes des abus du gouvernement et de la grande distribution. «Plus que les mots du «Président du pouvoir d'achat», une action concrète», clame le communiqué annonçant le marché du 21 août.
Cette attitude, les militants et les élus du PC la justifient par l'attitude du reste de la gauche : pour eux, Besancenot n'existe pas car il «n'assume pas ses responsabilités» (comprendre s'écarte du jeu des alliances) et les socialistes ne parlent pas assez de la vie concrète. Dotés d'un sens éprouve de l'organisation, les communistes ont toujours su proposer avec succès la plus grande fête populaire de France Fête de L'Huma ou marchés à prix coûtant. Jusqu'où ira la mue du PCF ? «Le Parti communiste et le gouvernement organisent des ventes à prix cassé», titre curieusement Le Monde. Et L'Humanité de ce jour consacre un article pour attaquer les prix élevés des centres Leclerc. Un nouveau concurrent pour la place du Colonel-Fabien ?
Yves Dimicoli, membre du bureau national du PCF
Mise à jour de l'article à 17h45 : ajout des vidéos.
Sa dernière chronique dans le Point a convaincu Jacques Marseille qu'il fallait partager le travail.

Jacques Marseille est revenu gonflé à bloc de ses vacances. La dernière enquête de l'INSEE sur la France au travail lui a inspiré une nouvelle saillie. L'économiste réfute le slogan qui a fait gagner le candidat Sarkozy en 2007 : «travailler plus pour gagner plus». En réalité, l'importance de la France inactive (21,5 millions contre 25,6 millions de Français qui travaillent) impose de simplifier la formule sarkozyste qui deviendrait simplement «travailler». Selon le bon professeur Marseille, une simple opération de «benchmark» (comparaison entre la France et les autres pays développés), à laquelle il ne résiste jamais – Marseille étant profondément universaliste, il souhaite que toutes les sociétés deviennent pareilles - permettrait de remettre au travail trois millions de Français, ce qui permettrait d'équilibrer les comptes sociaux et de relancer la croissance.
Mais qui faut-il remettre au travail ? Marseille a tout calculé : les ouvrières, dont le taux de chômage atteint 16,%, les non diplômés (13,2%), les salariés à temps partiels et les employés qui souhaiteraient travailler plus.
Un an après l'élection présidentielle, l'ex-historien communiste découvre donc que travailler plus pour gagner plus aboutirait à creuser la facture entre les «insiders» - patrons, agriculteurs, cadres – et les «outsiders». Attendez, là, pouvez-vous répéter ? Bon sang mais c'est bien sûr : Marseille est revenu de vacances persuadé qu'il faut donc partager le travail pour «donner du travail à plus de Français»! Ohé, Marseille, déconne pas, tu t'es bien relu ? Fais gaffe, encore un édito comme ça et tu perds ton job au Point !
Par Laurent Laurent, qui s’intéresse de près à la vie de ce qu’il appelle joliment les «me(r)dias». Pour lui, le débat sur télé publique-télé privée n’a aucun sens. Il faudrait plutôt répondre à la question «télévision ou pas-télévision» ?

Nous en sommes peut-être à quelques années ou dizaines d'années de la prochaine révolution. Sans doute les médias y tiendront-ils le rôle du clergé tel qu'il la joué dans celle de 1789.
Parmi eux, les cardinaux, les directeurs de conscience, les obédiences, les télévisions. Peu nous chaut donc de savoir si, dans ces ordres, telle congrégation des dominicains Bouygues est préférable à celle des trappistes Bolloré, comme si le cardinal de Lyon était meilleur que l'évêque de Laon. La question posée est celle de l'existence de ce clergé audiovisuel, tout court.
De la télévision comme un clergé
Michelet, en 80 pages décrit l'iniquité du clergé de l'ancien régime dans sa Révolution Française. Et de là, son nécessaire renversement global, la justification de la confiscation de ses biens par la Révolution, pour la Nation. Ce qui déboucha, en France, sur l'anticléricalisme le plus puissant, un siècle plus tard, et l'avènement de la laïcité fondamentale et sacrée. Il en est de même des médias actuels. Il en sera de même. Qui basculeront entier dans le fossé. Même si après la chute, il restera de la communication, de l'information et des diffuseurs d'opinion, comme il est resté des croyances, des règles de vie et du sacré après la mort de Dieu. Alors, parler aujourd'hui de télévision publique ou privée, c'est un peu comme débattre du sexe des anges. C'est vain.
La télévision s'est tant dévalorisée depuis 30 ou 40 ans au moins - si ce n'est depuis le début (Pierre Sabagh) - qu'elle a fait la preuve de sa servilité génétique. De sa propagande, de son hypocrisie. En France, au États-Unis et partout dans le monde. Sauf peut-être la BBC qui est - idée reçue ? - légère exception qui confirme la règle.
La télévision n'est pas un média de création. Où sont les chefs d'œuvres ? Si peu nombreux, si exceptionnels (Jean-Christophe Averty, etc.). Notons que Cinéma-cinéma est un chef d'œuvre télévisuel, parce qu'il a comme matière… le cinéma. Elle ne fait pas non plus avancer les idées, même si au fil du temps elle finie par récupérer ce qui est en vogue, en «vulgarisant», au sens de galvauder souvent. Elle est culturelle, comme la publicité est culturelle.
Small is impossible
Et qui ose encore dire aujourd'hui que la télévision informe ou contribue au débat démocratique ? La télévision n'est pas d'utilité publique, comme le livre, les arts, le cinéma et même l'internet. Elle n'est pas au fait de la liberté de la presse, parce que fermée. C'est toujours un instrument lourd, appartenant à un pouvoir. À la télé, «small is impossible». Même sur les grands événements : elle arrive aujourd'hui à passer à côté de l'essentiel, à désinformer, à niveler par le bas et à répéter en boucle les mêmes contrevérités ou fadaises, en recopiant collant sans réfléchir. Ou pire, à dessein.
Donc la question pertinente est de savoir plutôt s'il faut une télévision ou non. Depuis dix ans et plus, le gros des classes CSP+ qui consomment (sensiblement plus que les CSP-), ne regardent plus la télévision. Films en vidéo, Internet, video-on-demand. Ces catégories se distinguent, ne serait-ce que par leurs enfants qui n'ont aucune idée et connaissance des programmes et des animateurs en vogue, alors que ceux des classes inférieures, les «moins», oui. Qui est Jean-Luc Reichman ? Le Figaro nous dit que les jeunes non plus ne regardent plus la télévision)
Au travail, comme dans la cour de récréation, il est maintenant impossible de parler de ce que l'on a regardé hier soir. Et mentionnons aussi que l'école, depuis une dizaine d'année, combat ouvertement l'abrutissement télévisuel des enfants.
Dans les moments historiques intenses, le besoin d'image est pressant. Si, lors du 11 septembre 2001, «tout le monde» a ouvert son poste, aujourd'hui, tout le monde ouvrirait son ordinateur. C'est là que l'on trouvera ce qui émane déjà des canaux d'information traditionnels, mais aussi d'autres points de vue. Et ce qu'enverront les journalistes en «off», les «refusés».
Mentionnons aussi ce «grand événement télévisuel» qui fut sans nul doute la finale de la Coupe du monde de football avec la France en finale, en 2006. Quel est réellement ce record d'audience de 18 millions de téléspectateur vanté par les médias ? C'est beaucoup mais cela reste seulement entre un quart et un tiers des Français. Et les autres que faisait-il ? Non, «tout le monde» n'a pas regardé la Coupe du monde. Et la «grand'messe» du 20 heures ? Parlons en, elle est regardée par 5 millions de téléspectateurs sur TF1. Pendant ce temps, une écrasante majorité de 55 millions de Français mieux inspirés fait autre chose.
Alors, pourquoi, au fond, un tel écroulement ?
Le deuxième volet de cette enquête paraitra demain.
Retrouvez le blog de LaurentLaurent en cliquant ici.
Selon certains médias, le bouddhisme est la quatrième religion de France, et est encore appelé à se développer. Du coup, même Bernard Kouchner s'est converti.
Les Français sont de plus en plus séduits par le bouddhisme, nous annonce l'hebdomadaire L'Express. «Avec pas moins de 300 temples et centres de méditation, la France est le premier pays bouddhiste en Europe», ajoute le journal Les Échos. Arrivé en France le 11 août dernier, le dalaï-lama a été accueilli comme une star partout où il est passé : «J'ai touché sa main, c'est trop fort pour moi», confie une française admiratrice du bouddhisme dans Libération, en larmes après une telle apparition.
Le bouddhisme en France est vraiment tendance. Alors, tout le monde s'y met. Ségolène Royal a déjà rencontré le dalaï-lama samedi, Jean-Marc Ayrault l'a vu lundi, Bernard Kouchner et Rama Yade doivent le voir vendredi, tandis que Nicolas Sarkozy a pris le soin d'envoyer - selon ses propres mots - le meilleur de lui-même tant que son mariage dure, c'est-à-dire son épouse Carla Bruni.
Pour représenter cette époustouflante vague d'intérêt, L'Express ressort une photo de Bernard Kouchner prise en 1991, où le ministre pose mains jointes, en compagnie du guide spirituel (voir ci-dessous).
On apprend de surcroît que, lors d'une conversation avec un proche du dalaï-lama, Bernard Kouchner a exprimé ses plus vifs sentiments pour le représentant bouddhiste : «Quand tu le verras, dis-lui bien que je pense à lui. Et que je l'aime !» En attendant leur émouvante rencontre, prévue ce vendredi.

Débarqué du 20 heures de TF1 au profit de Laurence Ferrari, PPDA n'est pas pour autant rangé des voitures. L'intéressé n'a pas pu résister à faire quand même sa rentrée média et c'est désormais sa marionnette qui devra poursuivre l'œuvre de l'homme tronc préféré des Français.

Les stars de la télévision reprennent le collier. C'est désormais grâce aux couvertures des hebdos télés que l'on sait proche la fin des vacances : quand les vedettes de la rentrée font leur apparition en une des journaux ou dans les news magazines. Cette année, c'est Laurence Ferrari qui a sonné la fin des vacances. La nouvelle présentatrice du 20 heures de TF1 est partout, elle croule sous les demandes d'interviews aux thématiques passionnantes : comment se prépare-t-elle ? la pression n'est-elle pas trop forte à supporter ? Est-ce difficile de prendre la suite de PPDA ?
PPDA fait sa rentrée pour annoncer qu'il ne revient pas
PPDA justement ? Vous vous souvenez sans doute de ce journaliste breton né à Reims, qui a longtemps officié sur la première chaîne de télévision française. Débarqué cette année. L'intéressé n'a pas pu résister à faire quand même sa rentrée médiatique. Un réflexe, sans doute.

La télé se remettra-t-elle
du départ de PPDA ?
Il trône, chemise ouverte et cheveux aux vents en une de VSD. L'hebdomadaire raconte «comment il fait face» à cette douloureuse épreuve qu'a constitué son éviction. PPDA se confie à Patrick Besson : «dans ma tête, je suis bien». Entre autres choses, il déclare «La télé, c'est fini !». Pour lui, sans doute... PPDA va plus loin. L'ex-présentateur du 20 heures de TF1 estime que le média télé a fait son temps-sous entendu : depuis qu'il n'y est plus - «Avant, il y avait une chaîne, TF1. Maintenant, il y en a quatre cents. Les gens ne savent plus laquelle regarder, alors ils n'en regardent aucune. Les enfants de la télé sont devenus les enfants d'Internet. Nous sommes la dernière génération pour qui la télévision a eu de l'importance».
Incarnation vivante de l'objet télévision, l'étrange lucarne ne saurait donc se remettre du départ de PPDA…
PPD aura eu raison de PPDA
Un départ pourtant très relatif : quand Laurence Ferrari fera son premier 20 heures sur TF1 en tant que titulaire du poste lundi prochain, PPD présentera lui aussi son journal… sur Canal-Plus dans «Les Guignols de l'info». Objet de détour, la marionnette dévoile toujours un bout de réel. Alors, PPDA, PPD ? Lequel était vraiment la marionnette de l'autre ?
Le candidat démocrate a tout pour être le grand favori de l'élection présidentielle : les Américains ne supportent plus George W. Bush, ils souffrent de la crise économique et veulent en finir avec la guerre en Irak. Et pourtant Obama est tout juste devant McCain. Explication.

Il y a un mystère Obama. Le candidat démocrate devrait logiquement être le grand favori de l'élection présidentielle américaine. Le camp républicain est en piteux état. Le Président sortant atteint des records d'impopularité. Les deux tiers des Américains désapprouvent l'action de George W. Bush. La profonde crise économique qui secoue l'Amérique provoque un vif mécontentement dans les classes populaires et moyennes. Et le désir d'en finir avec la guerre en Irak ajoute à la volonté de changement du peuple américain. Les électeurs proches du parti de l'âne sont désormais beaucoup plus nombreux que ceux qui restent fidèles au parti de l'éléphant. Les conditions d'une nouvelle alternance, après huit ans de règne républicain à la Maison blanche, semblent ainsi réunies.
Et pourtant, Barack Obama ne domine que d'une courte tête John McCain dans les sondages d'intention de vote. Il doit se contenter d'un petit point d'avance dans la dernière enquête Gallup. Selon cet indicateur quotidien, le candidat démocrate tend à dominer son adversaire depuis qu'il a éliminé Hillary Clinton en juin, mais il ne parvient décidément pas à creuser de trou. Le phénomène est d'autant plus étonnant que les facteurs personnels semblent, eux aussi, favorables aux démocrates. Le charisme d'Obama lui vaut une couverture médiatique hors pair tandis que McCain peine à concilier son image d'esprit indépendant avec la nécessité de se concilier les bonnes grâces des conservateurs.
La question raciale est la première raison qui vient à l'esprit pour comprendre la piètre performance d'Obama. C'est un fait qu'une partie de l'électorat populaire - les fameux blue collars - rechigne à voter pour un candidat «noir». Mais l'explication est un peu courte. Au-delà, c'est la personnalité même d'Obama qui est en cause. David Brooks, le brillant chroniqueur conservateur du New York Times (inventeur du terme de «bobos» ), a sans doute saisi l'origine du problème. Selon lui, le sénateur de l'Illinois serait un «sojourner» dans la société américaine, autrement dit un homme à l'identité complexe. Fils d'un Kenyan et d'une Américaine. Ancien militant associatif plutôt radical devenu politicien chevronné plutôt modéré. Par son tempérament aussi, Obama est un personnage à différentes facettes: capables de susciter l'enthousiasme autour de lui et simultanément réservé voire secret. Résultat, comme l'écrit Brooks : «Les électeurs ont du mal à la situer précisément, à comprendre les racines et les valeurs qui le constituent réellement».
Qui est vraiment Obama ? Cette question lancinante affaiblit la campagne démocrate. La singularité du personnage permet à d'innombrables Américains de projeter sur lui leurs attentes les plus diverses. Mais elle fragilise aussi son image. Ce qui donne prise aux rumeurs plus ou moins calomnieuses : le vrai Obama serait musulman, anti-patriote, complice des terroristes etc. L'état-major démocrate craint, à juste titre, le piège que tentent d'armer les stratèges républicains: transformer l'élection présidentielle en référendum pour ou contre Obama. D'ores et déjà, il est passé à la contre-attaque avec un série de spots publicitaires attaquant durement McCain.
Mais la bataille se jouera peut-être aussi et surtout sur les propositions des deux candidats. Une intéressante étude historique d'un expert de Gallup montre que le scrutin est souvent serré lorsqu'il n'y a pas de président sortant - peu importe alors le niveau de popularité de ce dernier. Car les électeurs sont alors particulièrement sensibles à la vision de l'avenir des candidats. A Obama d'être convaincant sur son projet. Il ne lui suffira pas de répéter «Yes we can».
Quelle sera la tendance aujourd'hui pour les vierges et les poissons, en amour et au travail ? Vous saurez tout en écoutant l'horoscope de Valéry Giscard d'Estaing. Une parodie joyeusement réalisée par Mozinor, grand habitué du détournement humoristique sur Internet.
Les armes sont encore chaudes en Géorgie. Mais BHL nous rapporte déjà un reportage dans Le Monde. C'est vivant et talentueux, comme d'habitude, mais c'est toujours la même sauce propre au philosophe médiatique.

On a eu Bernard-Henri Lévy à Kaboul. BHL à Phnom Phen. BHL à Karachi. Et maintenant, voici BHL à Gori. Ne reculant devant aucun sacrifice et n'hésitant pas à quitter son nid germanopratin (ou marocain) pour nous restituer les horreurs de la guerre, notre philosophehttp://www.lemonde.fr/europe/article/ ... ri-levy_1085547_3214.html"> publie dans Le Monde un reportage sur la guerre-éclair de Géorgie.
Grâce à cette nouvelle double page (avez-vous remarqué que le reportage de guerre façon BHL fait toujours une double page du Monde, que le conflit concerne un grand ou un petit pays et qu'il ait duré dix jours ou dix ans), nous savons à présent :
1) Que les Russes aiment la vodka.
2) Que, comme toutes les guerres, celle de Géorgie comporte son lot habituel d'horreurs dont sont victimes les civils : pillages, viols, assassinats cruels. BHL nous en rapporte une preuve irréfutable : il a rencontré un paysan qui a vu une famille victime de la cruauté des militaires
3) Que, comme dans toute guerre racontée par BHL, il y a des méchants – les Russes, les Cosaques, aidés par « certains » Ossètes – et des gentils, coiffés par un héros, que BHL a, comme toujours, rencontré durant la nuit. En l'occurrence, il s'agit du président de la Géorgie qui a bien voulu rencontrer BHL « flanqué de son conseiller », ce qui signerait l'importance de ce rendez vous !
4) Que les méchants sont hostiles à Israël.
5) Que ce héros, Saakashvili est conforme à tous les héros bhliens, d'Alia Izetbegovitch au commandant Massoud : il est beau, démocrate, libéral (au sens européen et américain), cultivé, féru de philosophie, bref, un être exquis incapable de faire la guerre autrement que pour se défendre….
6) Que les Russes aiment la vodka (deux fois)
7) Que ce n'est pas l'armée géorgienne qui a déclenché les hostilités en envahissant l'Ossétie, comme l'ont raconté tous les journaux du monde, mais les Russes qui ont tendu aux pièges aux Géorgiens, piège dans lequel ils sont malencontreusement tombés, faute de quoi il n'y aurait pas eu de guerre, donc pas de reportage de BHL.
8) Que BHL n'est pas un philosophe en chambre mais un activiste courageux qui n'a pas hésité à prendre des risques puisque les militaires russes (qui boivent de la vodka, notez le bien) ont refusé d'assurer sa sécurité.
9) Que BHL agit, comme presque toujours, en PME familiale : il a emmené dans ses bagages Gilles Hertzog, son Pancho Sancha de guerre, et le jeune Raphaël Glucksmann, qui s'est fait connaître par un documentaire naïf sur le Rwanda. Avec de tels compagnons, BHL est sûr de voir ce qu'il vu et de raconter ce qu'il a entendu.
Maintenant qu'il est rentré à Paris, BHL va pouvoir :
- rencontrer Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal pour leur raconter ce qu'il a vu ;
- être indisponible pour se rendre en République démocratique du Congo où les Tutsi du FPR sont passés directement du statut de victimes à celui de bourreau, massacrant des centaines de milliers de Hutus congolais. Mais BHL ne peut pas être partout, et surtout pas là où un conflit ne correspond pas à sa théorie de la guerre éternelle entre le bien et le mal…
Conscients des risques psychiques de la télévision pour les moins de 3 ans, Christine Albanel et le CSA ont décidé de ne (presque) rien faire. De quoi conforter les parents qui ont adopté le petit écran comme nounou.

L'avantage des enfants de moins de trois ans, c'est qu'ils ont la mémoire courte. Quand le gouvernement annonce qu'il va les protéger contre les «baby tv» et que, trois mois après, il n'a rien fait, les bambins ne vont pas manifester. En mai dernier, Christine Albanel avait lancé un «cri d'alarme» sur BFM sur les dangers du «matraquage de sons et d'images» des chaînes Gulli, Tiji et autres Baby TV, destinées aux enfants de 6 à 36 mois. La ministre de la Culture appelait les parents à la méfiance et promettait d'en parler «très vite» avec les diffuseurs.
Réagissant à ce cri d'alarme, le Conseil supérieur de l'audiovisuel avait convoqué des experts dont la diagnostic fut formel : la consommation de télévision chez les moins de trois ans favorise «la passivité, les retards de langage, l'agitation, les troubles du sommeil et de la concentration». N'écoutant que son courage, le CSA a décrété, le 22 juillet, que les programmes spécialisés n'étaient pas interdits mais qu'ils ne devaient «pas être diffusés et présentés à l'antenne comme spécifiquement destinés aux moins de trois ans». La télé pour les tout petits serait si dangereuse que, pour éviter les dégâts, il conviendrait simplement de ne pas lui faire trop de publicité.
Devant la télé, les adultes sont aussi de grands enfants
Autre gage d'inefficacité : deux des quatre chaînes spécialisées disponibles en France (Baby TV et Baby First) émettent depuis l'Angleterre et n'ont que faire du règlement du CSA. Quitte à prendre une décision sans effet, le gouvernement aurait pu la prendre plus tôt, en s'appuyant par exemple sur le rapport de la Direction générale de la santé publié en avril dernier, qui avait suscité l'émotion de Mme Albanel. Ce texte «se prononçait» déjà contre ces chaînes spécialisées, «déconseillait» la télé jusqu'à 3 ans et «appelait à la méfiance» pour les plus âgés.
Le pédopsychiatre Serge Tisseron interrogé par le site Yapaka.be sur l'impact de la télévision sur les moins de 3 ans
Un avis largement partagé puisque la pétition «contre la fabrique des bébés téléphages» lancée en octobre dernier compte déjà près de 30.000 signatures. Parmi les initiateurs, le psychanalyste Serge Tisseron mène une vive campagne s'appuyant sur des études prouvant, notamment, que la télévision retarde l'apprentissage du langage et tend à couper l'enfant des expériences sensorielles, interactions humaines et activités motrices nécessaires à son développement. Sans parler du risque que les petits ne développent vis-à-vis de l'écran «une relation d'attachement qui les "scotchent" indépendamment de tout contenu.»
Du CSA aux associations de protection de l'enfance, chacun met un point d'honneur à interpeller les parents qui, en quête de tranquillité, pourraient être tentés d'adopter les «baby tv» comme nounous. Mais peut-on faire confiance à des Français qui passent en moyenne 3 heures par jour devant la télé quitte à se couper, eux-mêmes, des expériences sensorielles, interactions humaines et activités motrices nécessaires à leur développement ?
Les producteurs sont sûrs de leur fait : Gulli met en avant son «comité d'éthique» présidé par le pédopsychiatre Marcel Ruffo pendant que Baby TV donne un cours de pédagogie vulgarisée dans lesquels la chaîne devient un lien familial et les programmes des stimulations de la «pensée créative». Experts en pagaille, vulgarisation scientifique… de vraies méthodes de publicitaires pour promouvoir les mérites de ces chaînes dont l'argument massue est justement l'absence de pub. Une preuve de moralité pour les parents : «pas de pub, pas de bourrage de crâne».
Mais, comme le remarque justement la pétition contre la fabrique de bébés téléphages, «les publicistes se rattraperont après» : habitués à la présence de l'ami écran, les petits spectateurs ne donneront que plus d'importance aux produits qu'il lui vantera demain dans les spots de pub. La télévision de la société de consommation a besoin d'un conditionnement précoce. Le matraquage publicitaire des adultes ne suffit pas. Il n'est jamais trop tôt pour préparer le temps de cerveau disponible des futurs acheteurs.