Blog: Marianne2.fr | le site de l'hebdomadaire Marianne

Date :: 23/3/2012 12:00:02 (Mettre à jour)
Retrouvez tout l'été les buzz qui ont animé le web durant ces douze derniers mois. Il n'y a pas que Sarkozy et ses copains qui buzzent : il y a aussi des footballeurs comme Trezeguet, héros malgré lui d'une parodie qui a cartonné sur le Net.
Le 18 mai, Domenech publie la présélection des joueurs qui participeront à l'Euro 2008. David Trezeguet n'y figure pas. C'est « un choix d'organisation », dira le sélectionneur pour expliquer l'éviction de celui qui a marqué le but en or de l'Euro 2000 contre l'Italie. Exit « le renard des surfaces ».
Et parachutage, début juin, sur le Net de « Je ne suis pas à l'Euro », qui pastiche la chanson de Balavoine « Je ne suis pas un héros ». On y voit un Trezeguet accablé errer sur un stade désert, attendant vainement un appel de Raymond. En moins d'un mois, cette vidéo enregistre pas moins de 1,5 million de clics. En France mais aussi à l'étranger. En Italie, où Trezeguet joue à la Juve, « la Gazzetta dello sport » diffuse « La tristezza di Trezegol » et a même consacré un article aux vidéos réalisées par la société Polyprod. Sans oublier de mentionner, évidemment, les parodies du fameux coup de boule de Zidane à Materazzi.
Polyprod est une petite société bordelaise qui a produit les cinq satires du duo formé par le réalisateur Julien Emperaire et le journaliste à TV7 et NRJ Loïs Clément. « Don't slim », mésaventure d'un djeun's en pantalon slim, a fait un tabac avec 700 000 clics. Plus déjanté, plus noir, « Un glaçon de toi » ne comptabilise que 100 000 clics. Plus récemment, Polyprod a envoyé dans les circuits sa sixième pochade, « Otage libérée, cookie Sarko ». Cette fois-ci, Polyprod a même pensé aux produits dérivés et propose un tee-shirt Bernard Kouchner « Salut, ça Farc ? ».
Par Méli, Mariannaute, qui fait le point sur la politique de l'Irlande, au-delà du non au référendum.

Même si les habitants de l'Eire s'offusquent à juste titre de l'ingérence de Sarkozy, cela ne doit pas faire oublier que l'Eire ce n'est pas uniquement le pays du tourisme vert que vantent et vendent les agences de tourisme. Il faut rappeler que c'est avant tout un pays :
- qui a adhéré à l'Euro pour s'opposer aux Anglais, mais qui en même temps accueillait de nombreux investisseurs anglais qu'il n'hésitait pas à rendre responsables du coût élevé de leurs biens de consommation ;
- qui a fait pression sur la communauté européenne pour continuer à bénéficier d'une aide financière importante alors qu'elle ne se justifie plus depuis longtemps en raison de la richesse du pays. Et pendant que les classes moyennes irlandaises s'enrichissaient grâce à l'UE, les pauvres de pays d'Europe de l'ouest comme la France s'enfonçaient encore plus dans la pauvreté ;
- qui a maintenu le premier ministre Bertie Ahern au pouvoir pendant des années tout en sachant qu'il avait détourné une partie de l'aide financière européenne. Ahern a finalement tiré sa révérence, comme par hasard quand la crise économique est apparue ;
- qui a accordé des avantages fiscaux aux entreprises s'implantant sur son territoire tout en tolérant que des employeurs ne prélèvent pas d'impôts sur le revenu d'employés recevant des salaires décents et aussi en tolérant que des agences comme Adecco ne versent pas de congés payés à leurs intérimaires ;
- qui n'a malheureusement pas utilisé l'aide financière de l'UE pour développer son système éducatif laïque car un grand nombre de ses établissements scolaires est toujours entre les mains de l'église catholique. Et le scandale des prêtres pédophiles qui ont abusé d'enfants pendant des années n'a pas incité Ahern à changer de politique dans ce domaine ;
- qui dilapide l'argent des contribuables européens en exigeant que l'info européenne soit traduite en irlandais alors que la langue officielle de l'Eire est l'anglais et que très peu d'autochtones parlent irlandais. Cet argent aurait certainement été mieux investi pour l'éducation des classes défavorisées ;
- qui a voté non (et oui encore une fois !) à l'aide financière aux pays d'Europe de l'est mais qui a pratiqué la discrimination contre les immigrés européens de l'ouest en faveur des Polonais en particulier (accueil privilégié, aide spéciale dans les agences pour l'emploi, certains fonctionnaires de bureaux d'agence pour l'emploi ont même touché des pots de vin pour procurer des emplois à des travailleurs polonais) ;
- où la Banque d'Irlande déploie de grands panneaux d'info en chinois et polonais, mais curieusement ne pense pas à remercier les contribuables d'Europe de l'ouest pour avoir aidé l'Eire à sortir de sa pauvreté ;
- qui ne reconnaît pas le droit à l'interruption volontaire de grossesse alors que depuis des années les femmes irlandaises se font avorter à l'étranger, notamment en Angleterre, si elles le peuvent. Sinon, ce sont les grossesses non désirées ou l'avortement clandestin avec les conséquences que l'on sait ;
- qui se dit neutre et souverain, mais dont l'aéroport de Shannon a été très utile à l'armée américaine pendant la guerre en Irak et à la CIA pour le transport de prisonniers de Guantanamo...
Et la liste est loin d'être exhaustive...
Pour consulter l'article qui a inspiré Méli, cliquez ici.
Par Serge, Mariannaute, qui ne veut pas croire que c'est «pire ailleurs». L'Occident n'est pas exempt de problèmes graves. Pourtant, en ces temps de Jeux olympiques, c'est à la Chine que les journalistes et observateurs adressent tous leurs reproches.

Je n'apprécie pas le gouvernement chinois. Mais il est un juste miroir de nos gouvernements occidentaux, de même que leurs chefs d'entreprises sont à l'image des nôtres (nous les occidentaux blancs porteurs des valeurs universelles, vous savez bien !).
Leurs journalistes, eh bien, ils sont comme les nôtres aussi et leurs responsables itou. Fondamentalement, il s'agit de désinformer, façonner l'opinion, formater des valeurs, soutenir une politique économique.
Alors, une sacrée part des journalistes partis là-bas ont donc déjà le tracé de leurs articles à venir : anti-chinois à fond la caisse, sans mise en contexte ni confrontation et les sites internet en question sont là pour leur en fournir le contenu sans avoir à quitter le centre de presse. Ils ne parlent pas le chinois, et donc inutile d'aller parler avec l'homme de la rue, d'ailleurs il est «conditionné».
La malveillance journalistique occidentale
Bien sûr, ceux qui parlent le chinois et connaissent le pays savent que rien n'est comme décrit par la gent médiatique ménardo-joffrino-bendito...(remplissez les pointillés, il y a le choix), et que s'il y a là-bas des choses terribles, tout y est aussi évolutif, contradictoire, à comprendre. Un miroir encore de nos sociétés.
Rien d'étonnant donc à ce que les autorités chinoises réagissent à cette malveillance journalistique occidentale. Ce qui n'est pas une excuse, juste une explication. Un partout, balle au centre.
Car tout ce qui est reproché aux Chinois par nos chers journalistes peut aussi s'appliquer à nombre de pays occidentaux ou «amis» ; Israël, par exemple, et la Palestine ; les US et Guantanamo, l'Irak, le racisme ou les wetback mexicains, le monde anglo-saxon et les techniques d'espionnage Echelon, l'Italie et les Roms, son berlusconisme, la France et ses expulsions, sa pauvreté galopante, ses exactions policières, etc. Il faut simplement sortie du ghetto boboïen et regarder autour de soi.
Alors pourquoi ces éructations anti-chinoises, ces leçons arrogantes assénées par des petits blancs arrogants, y compris dans ces commentaires? Ce nouvel empire du mal ? La démocratie ? Allons donc. C'est que ça va mal chez nous, et il faut qu'on continue de croire que c'est pire ailleurs. Pour ne pas lutter ici. Le nouvel opium du peuple, peut-être.
Pour consulter l'article qui a inspiré Serge, cliquez ici.
L’annonce de la délocalisation progressive des usines chinoises d’Adidas vers des pays aux coûts salariaux moins élevés a suscité beaucoup de réactions de la part des mariannautes : appels au boycott, témoignages etc.

Sortis de la période « Sinéphile » –ou pas d'ailleurs-, les mariannautes, entrent dans une séquence sinophile. Les jeux approchent, la Chine s'éveille au monde et vice versa. Un intérêt pour l'empire du Milieu qui n'empêche pas, loin s'en faut, de violentes critiques.
Cette semaine, les mariannautes, ont donc largement réagi à l'article annonçant la délocalisation prochaine des usines chinoises d'Adidas vers des territoires à la main d'œuvre moins coûteuse. « Voilà confirmée la théorie économique qui prédit de voir les productions délocalisées de façon incessante pour aller dans un pays encore moins cher et encore moins socialement optimisé » écrit Benpit. Les petites mains chinoises ont encore de « beaux jours » de dur labeur devant elles, c'est plutôt le taux de croissance des revenus chinois (+20% en moyenne) qui oblige Adidas à préparer l'avenir.
Les sous-traitants des multinationales
Franck complète l'article par des précisions sur la fabrication officieuse pratiquée par les sous-traitants, « servant à alimenter le second marché en copie de qualité originale, en délocalisant ils baisseront la fabrication hors comptabilité des sous-traitants , les salaires ont certes augmentés mais la production à plus que triplé en 15 ans… ».
Zarathoustra, à son tour, évoque le cas du fabricant Nike, dont la politique de délocalisation est comparable à celle envisagée par le géant allemand : « Les usines Nike implantées depuis des années en Indonésie payent leurs ouvrières 60 euro par mois... Au Bangladesh ou au Cambodge, on peut encore trouver moins cher, ne vous tracassez pas ! Quant à l'Afrique... ! »
Nike au Vietnam : 80 dollars par mois, 6 jours sur 7
La marque aux trois bandes entend progressivement délocaliser ses activités dans les anciens pays de l'Est et au Vietnam. Monica, qui a eu l'opportunité de visiter une usine d'un sous-traitant de Nike avec ses élèves de MBA, raconte son expérience : « Les jeunes femmes (85% des employés) travaillent 6 jours par semaine, 12h par jour, pour environ 80$ par mois (USD). Le problème est que le Vietnam, entre autres, subit une inflation incroyable, et si Adidas fait ce pas vers le Vietnam, il est sûr que d'ici quelques années, les employés Vietnamiens réclameront plus pour pouvoir vivre, vu l'augmentation du coût de la vie. Cette année il y a déjà eu des mouvements de ce genre au Vietnam ».
Au risque de perdre ses attraits économiques : un décryptage concret des paradoxes de la mondialisation.

Le boycott : pas si simple
Nombre de mariannautes suggèrent le boycott de ces marques qui sous-traitent leurs activités. Suggestion qui énerve FO le dire : « Lorsque nous faisons nos courses en famille pour le rhabillage bi-annuel, nous regardons les étiquettes mais après coup, car nous prenons surtout les vêtements et chaussures que nous pouvons nous payer. Et ils sont fabriqués en Chine, en Turquie ou au Bangladesh. Il faut être un bobo pour pouvoir se lamenter sur le sort des travailleurs exploités du monde entier et agir vraiment. Les pauvres eux n'ont pas le choix. Ils ne consomment pas du Nike mais des produits sans marque peu chers qu'ils auront les moyens de payer ».
Réponse d'Aramis : « Donc le gars il est pragmatique et achète sans se soucier du sort des exploités, soit (puisque de toute façon c'est la façon de penser créé par un individualisme entretenu à cet effet) et vivons « heureux » jusqu'à ce que notre propre emploi soit à son tour menacé par une délocalisation. Là, fini le pouvoir d'achat pour se payer du pas cher car on est soi-même devenu valeur négligeable au nom du sacro-saint marché mieux disant ».
Fabriqué en Europe ? Mais dans quelles conditions…
Boycotter ou acheter « éthique » ? Coureur a peut-être une solution. Et encore, il avoue lui-même ne pas être tout à fait sûr de son coup : « Moi, ça fait 25 ans que j'achète des new balance : elles ont une particularité qui devient intéressante. Si vous soulevez la languette vous voyez « made in United kingdom », et c'est en Europe. J'espère simplement que ça ne nourrit pas des enfants pakistanais travaillant dans un sous-sol 15 heures par jour ».
C'est dans les vieux Marianne qu'on trouve les meilleurs déconnautes. Ainsi de cette série parodique parue en 2001 consacrée aux «marronniers», ces sujets qui refleurissent régulièrement à la une des magazines. Aujourd'hui: les drogués du point de croix

«J'étais en vacances en Espagne avec des amis. Jusque-là, la simple vision d'une aiguille me faisait défaillir. Et, pourtant, j'ai décidé d'essayer. J'ai immédiatement été accrochée par cette première expérience. Je me suis mise à ne plus penser qu'à ça. J'en rêvais la nuit. Tout mon argent y passait», raconte Brigitte C, 30 ans. Brigitte C. fait partie de ces femmes qu'on appelle les crucifilistes, les accros du point de croix. Qui aurait pu croire, il y a encore trois ans, que cette grande fille toute simple, qui n'a jamais été capable de coudre un bouton et pour qui, à l'école primaire, l'atelier tricot s'apparentait à une salle de torture, s'adonnerait un jour à la broderie ? «Pas moi en tout cas, confie-t-elle. J'avais toujours pensé que l'un des principaux mérites de Mai 68 était d'avoir supprimé les cours de point de croix à l'école pour les filles.» Pourtant, il a suffi d'une fois. Le fait que le crucifilisme soit, ces dernières années, devenu une activité branchée a fait le reste: les modèles proposés n'ont plus rien du ringardissime «chaton à la pelote de laine». Surtout, le point de croix a des vertus thérapeutiques non négligeables: quand on brode, on ne fume pas, on ne stresse pas. A condition de ne pas se laisser happer par la spirale infernale qui conduit de la broderie douce à la broderie dure.
La broderie douce mène à la broderie dure
On commence par offrir des abécédaires aux copines enceintes, et on finit par engloutir tout son argent dans d'innombrables mensuels spécialisés (Art et fil, Mains et merveilles, Point de croix Magazine, les Travaux de Marianne...), jusqu'à ne plus pouvoir passer devant une mercerie sans y entrer pour se procurer le dernier kit de chez DMC, la nouvelle boîte à couture, les petits ciseaux gravés... Sans parler du linge de maison prêt à broder, hors de prix. «Je pouvais dépenser 2 000 F par mois. Je ne partais même plus en vacances: on ne peut pas broder sur la plage, le sable s'insinue entre les fils et le sel les décolore.» Un cas isolé, Brigitte ? Non. Selon un sondage Sofres réalisé en 1996, 15% des cadres supérieures et des professions libérales s'adonnent à cette activité, qualifiée de «drogue douce», et très lucrative pour les dealers de fil et d'aiguilles.
Pour retrouver les précédents marronniers de l'été, cliquez ici.
Dominique Jamet avait imaginé, pour Marianne, une série d'entretiens posthumes avec les plus grands auteurs français, de Rabelais à Sartre. Pour ceux qui n'avaient pas eu la chance de les lire en 2006, nous les republions dans leur intégralité. Aujourd'hui, Voltaire.

La casquette enfoncée sur la tête, le regard masqué par des lunettes noires, Voltaire est méconnaissable, à telle enseigne que je passe deux fois devant sa table, au premier étage du Procope, sans l'identifier. Enfin, l'une des deux armoires à glace qui l'encadrent en toute discrétion se lève et me conduit jusqu'à lui. Là, je le reconnais à son sourire. Je note qu'il a retrouvé toutes ses dents.
Pourquoi ce déguisement? Craindriez-vous les débordements de vos fans?
Ce ne sont point mes fans, comme vous dites, qui me font peur, mais bien les fanatiques. Je partage, vous le savez peut-être, avec Salman Rushdie, Taslima Nasreen, Ayaan Hirsi Ali et quelques autres l'insigne honneur d'être désigné par une fatwa comme un chien d'infidèle, un impie, blasphémateur de Dieu et de son Prophète, dont le meurtrier bénéficiera d'un billet de faveur pour le paradis où l'accueilleront 36 vierges. Pour moi, je ne tiens pas à partager le sort de Théo Van Gogh. On assure que les cadavres sont indispensables aux progrès de la science. Je ne pense pas que le mien puisse faire avancer la cause de la liberté. Je me crois plus utile vivant que mort. Et puis, je l'avoue, bien que ma santé, toujours aussi détestable, me mette depuis plus de trois cents ans aux portes du tombeau, j'ai la faiblesse de tenir à la vie.
Mais quelle idée aussi de vous en prendre à l'une des trois grandes religions du Livre, à la deuxième religion pratiquée en France!
L'amusant est que, lorsque j'ai écrit Mahomet, dans l'impossibilité où j'étais d'attaquer l'Eglise de Rome, le souverain pontife, ses derviches, ses dévots, ses anathèmes, ses excommunications et ses crimes sans encourir ses foudres et m'attirer sa censure, je la visais sous le travestissement alors commode de l'islam et de ses sectateurs. Qui eût cru alors qu'en Europe, au début du XXIe siècle, ceux qui osent dire la vérité sur la secte mahométane, ses impostures, ses absurdités et ses forfaits en seraient réduits, sous peine de mourir, à vivre cachés et sous la protection de la police?
Diriez-vous avec Michel Houellebecq que «l'islam est la religion la plus con»?
Ce petit Houellebecq, qui a plus d'intelligence que de style et de talent que de jugement, me paraît avoir dit là une grande sottise. Les trois grandes religions révélées me semblent également ineptes. Toutes les trois reposent sur des fables que ne croirait pas un enfant. Elles font mêmement appel à la superstition, elles reposent sur la crainte, elles incitent les hommes à remettre leur destin et leur salut entre les mains de prêtres qui se prétendent les intermédiaires entre le Créateur et ses créatures, elles encouragent l'ignorance, sécrètent l'hypocrisie et déchaînent le fanatisme. De ce point de vue, les adorateurs de Jésus ou de Jéhovah n'ont rien à envier aux disciples du Prophète. Ce n'est pas la méchanceté qui leur manque, mais la capacité de nuire. Ce ne sont pas eux qui ont changé, mais nos moeurs et nos lois. Ils ne demandent qu'à mordre et il ne tient pas à eux qu'on leur ait enlevé leurs poches à venin. Il n'est que de voir, dès que l'occasion s'en présente, comme les rabbins, les imams et nos prêtres montrent les crocs, comme ils s'entendent, d'accord aujourd'hui comme hier, pour réclamer l'interdiction des livres, des caricatures, des images et des mots qui leur déplaisent et, selon eux, irritent ce Dieu qu'ils ont créé à leur image, inconséquent, cruel, jaloux, ridicule et pervers. Ce Dieu qui autorise des souffrances qu'il pourrait empêcher, ce Dieu qui nous interdit des plaisirs dont il nous a donné le goût, ce Dieu qui nous tient coupables de péchés que nous n'avons pas commis, ce Dieu là, vous le savez, n'est pas le mien.
Vous qui avez toujours prétendu braver les puissants et qui l'avez souvent prouvé, fût-ce à vos dépens, vous avez écrit des choses terribles et infamantes sur les juifs: «Un juif, n'étant d'autre pays que de celui où il gagne de l'argent...» Ou encore: «Il est un peuple obscur, imbécile, volage/Vaincu par ses voisins, rampant dans l'esclavage/Et l'éternel mépris des autres nations...»
Oui, cela montre assez que, fût-on décidé à lutter contre l'erreur, la sottise et l'injustice, il arrive que l'on ait l'esprit obscurci par les préjugés de son siècle. Ce sont des lignes que je ne peux relire sans honte.
Vous avez été le courtisan de Frédéric II...
C'est sans doute ce qu'on appelle «travailler pour le roi de Prusse».
Vous avez pris des parts dans une compagnie coloniale et vous vous êtes engraissé de la traite des Nègres. Vous n'avez jamais dit un mot contre l'esclavage...
Relisez-moi mieux. Mais il est vrai que je suis allé au plus urgent. Il fallait abolir la monarchie absolue, avant d'instaurer la République universelle. Il fallait rompre les chaînes du servage partout en Europe, avant de briser celles de l'esclavage dans le monde.
Vous avez toujours été un homme d'argent. Tout récemment encore, vous avez vendu un gros paquet de stock-options dans des conditions trop jolies pour être honnêtes...
Je ne me suis jamais caché d'aimer le confort, et il ne me semblerait pas scandaleux qu'un bon écrivain gagne plus d'argent qu'un méchant footballeur. Je n'ai eu de cesse, il est vrai, que je ne possédasse un château, aimant mieux y être l'hôte que l'invité. L'état de parasite n'était pas mon fait. Mais, si j'ai voulu devenir riche, ce n'était que pour être indépendant.
La France actuelle vous paraît-elle, comme on le dit communément, une République bananière, marquée par la corruption et le dérèglement des moeurs?
Qui a vécu sous la Régence et sous Louis le Bien-Aimé ne peut que sourire d'une telle Question.
Diriez-vous que nous vivons aujourd'hui dans un pays libre?
Nous avons soupiré après les libertés que nous n'avions pas. Vous avez toutes les libertés et vous vous les laissez arracher une à une. Vous êtes comme des enfants qui n'attachent aucun prix à des jouets qu'ils ont obtenus sans effort. On vous écoute, on vous espionne, on vous fiche. Vous avez laissé passer des lois qui, avec les meilleures intentions du monde, ne pouvant faire que tout le monde pense à l'identique, prétendent imposer une expression unique à des pensées différentes. Cette oppression m'est insupportable. Pour ce qui est de moi, sachez-le, dussé-je une fois encore aller vivre de l'autre côté de la Manche, je ne suis pas né pour me taire.
Retrouvez les autres entretiens posthumes de Dominique Jamet. Cliquez ici.
Nicolas Sarkozy vient de commander un rapport sur « les médias face au numérique ». Toujours les mêmes recettes : assouplir, favoriser les concentrations, créer des grands groupes. Le tout enrobé de quelques poncifs sur le pluralisme.

Dans un premier temps, il y a eu la télé. Nul besoin d'en faire des tonnes : Sarkozy a juste annoncé la suppression de la publicité sur les chaines publiques et nommé une commission fantôme dirigée par Jean-François Copé. Résultat : une manne inattendue pour TF1 et M6.
Des grands groupes multimédias
Acte 2 : le 12 juin, Sarkozy annonce la tenue à la rentrée des états généraux de la presse, dont on sait pour le moment peu de choses sinon qu'ils viseront à mettre en application un scénario très sarkozyen de la restructuration du paysage médiatique français. C'est à dire le développement de grands groupes multimédias : « Il est absurde que le groupe Lagardère n'ait pas de télévision et que Bouygues n'ait pas de groupe de presse écrite. Quant au groupe de télévision Canal +, il n'est présent qu'en France », confiait le président au Monde dans son édition du 17 juillet.
Lagardère déjà multimédia
Comme le rappelait le syndicat SNJ-CGT dans un communiqué, « cette affirmation est fausse et choquante : le groupe Lagardère possède quand même quelques chaînes de télévision de la TNT ; il est aussi l'un des principaux producteurs audiovisuels. Il est également le premier groupe mondial de presse magazine. Il est l'actionnaire majoritaire des NMPP et le propriétaire des Relay. Il a racheté des sites Internet et a engagé sa mutation vers le multimédia. En revanche, il n'a pas de grande chaîne hertzienne ». Et le syndicat d'ajouter qu'en revanche le président ne semble guère intéressé par l'idée de « rétablir une offre pluraliste là où les quotidiens régionaux sont en situation de monopole, ni d'aider les quotidiens nationaux en difficulté, mais bien de réviser les seuils actuels de concentration ».
Les patrons de presse à l'écoute
Peu sensibles au discours médisant de ceux qui prétendent que Sarkozy entend façonner les médias à sa main, les patrons de presse ont plutôt réagi favorablement à ces annonces. Les rares critiques sont discrètes et plutôt faiblardes. Ainsi Laurent Joffrin relève-t-il que « le président évoque essentiellement les grands groupes de communication et par ailleurs l'inclusion dans un groupe n'est pas toujours une garantie d'indépendance. Il y a là une petite contradiction à lever ». Le directeur du journal La Croix, Bruno Frappat, s'inquiète lui aussi de cette inclination naturelle du président pour les « grands groupes multimédias » - étrange, en effet - bien qu'il estime que « ces états généraux s'annonce passionnants ».
Qu'en termes galants toutes ces choses sont dîtes.
Le pluralisme.com
Enfin, Sarkozy ne pouvait pas ne pas s'attaquer au numérique. Un secteur où il s'estime d'ailleurs très maltraité. Mememotif-memepunition.com serait-on tenté de dire. Ainsi, le président de la République a commandé à la Secrétaire nationale de l'UMP, Danièle Giazzi, un rapport sur « les médias face au numérique ». Remis à la rentrée, il devrait préconiser des mesures pour aider les médias dans ce nouveau contexte.
Des mesures d'assouplissement sur la concentration
Danièle Giazzi a dévoilé, hier, ses axes de travail. Les mesures qui seront proposées à Nicolas Sarkozy auront des objectifs prioritaires: « maintenir et favoriser le pluralisme de l'information », « préserver les conditions d'une offre des contenus éditoriaux de qualité », « assurer la rentabilité et la compétitivité ». Des généralités sympathiques et incontestables. C'est lorsqu'on aborde la question du « comment ? » que tout se corse : mettre en place « des mesures d'assouplissement de la réglementation sur la concentration » et « faire sauter les verrous qui contraignent aujourd'hui les grands groupes français alors que leurs concurrents se développent dans des contextes réglementaires plus propices » !
Bouygues, Lagardère, Bolloré bien servis
En somme, du Sarkozy dans le texte, déclinable à l'infini. Des propos sans surprise, si doux aux oreilles des Bouygues, Lagardère, Bolloré et autres industriels qui se sont diversifiés dans le secteur des médias et que l'on sait si soucieux de favoriser le pluralisme de l'information...
Pour sa 65ème semaine de Sarkofrance, Juan espérait que la période de repos estival lui permettrait de faire une pause dans le bling-bling présidentiel. Mais cela commence mal.
Nicolas Sarkozy et son gouvernement ont clôturé une saison bien remplie lundi dernier, quelques jours après les parlementaires. Bureau rangé, cahier de révisions sous le bras, c'est le temps des petites vacances en Sarkofrance. Il était temps, le moral des ménages français a encore touché le fond en juillet.
Les vacances Bling Bling du couple présidentiel
Le Président et son épouse se sont échappés dès l'après midi pour quelques jours de congés dans la résidence du Cap Nègre de la famille Bruni. Nul besoin de se faire prêter d'autres villa cet été. Nicolas Sarkozy a beau avoir rangé ses Ray-Ban (quelle différence entre les deux G8 à un an d'intervalle!), le bling-bling semble une seconde nature. Il va faire son jogging au Cap Nègre à côté de Saint-Tropez. Comme par hasard, une caméra passait par là. Qu'il s'oxygène bien. Ce n'est pas dans les rues polluées de Pékin qu'il pourra le faire le 8 août prochain.
Dans Vanity Fair, l'épouse du chef de l'État se voit comme Jacky Kennedy. Le magazine américain la montre chevauchant les toits de l'Élysée en robe de soirée. L'Élysée est-elle devenue une annexe commerciale de la chanteuse? Carla Bruni n'a même pas oublié de faire distribuer son dernier album aux membres du gouvernement à l'issue du dernier Conseil des Ministres.

Sur les plages de la côte, Nicolas Sarkozy croisera peut être Bernard Tapie, tout heureux de se voir confirmer lundi que l'État ne fera pas appel de la décision du tribunal arbitral qui lui fait gagner son affaire contre le Crédit Lyonnais, avec 400 millions d'euros à la clé, dont 20 millions au moins pour lui-même.
Sarkozy a aussi fait le ménage chez lui avant de partir. Sa directrice de cabinet, «femme de l'ombre» de sa campagne présidentielle, Emmanuelle Mignon, est débarquée au profit d'un ancien préfet de 66 ans.
Les soldes sociales ont continué jusqu'au bout
Jusqu'au dernier jour, le Parlement a adopté les mesures gouvernementales proposées en matière sociale : service minimum à l'école, réforme du temps de travail, offre raisonnable d'emploi, loi de modernisation de l'économie. Il est toujours frappant de constater que les lois les plus essentielles sont votées entre juin et juillet en Sarkofrance. Ensuite, les ministres se sont donnés le mot pour alimenter le débat public pendant qu'ils partaient en vacances.
Le jour de son départ en vacances en Italie, François Fillon a pris la peine d'écrire aux partenaires sociaux au sujet des retraites. Il leur propose un «relèvement progressif» des cotisations vieillesse en trois phases : 0,3% en 2009, 0,4% en 2010 et 0,3% en 2011. Et il souligne que les employeurs ne devraient pas voir leur facture sociale augmenter, puisque les cotisations d'assurance-chômage devraient baisser en parallèle. La réduction du chômage - ou plutôt l'éviction des chômeurs de l'assurance-chômage - a permis à l'UNEDIC de retrouver «des marges manœuvres». La boucle est bouclée.
Les ministres ont annoncé la couleur de la rentrée
Cinq ministres ont jeté en pâture à la presse et à l'opinion leurs projets de rentrée, histoire d'occuper le terrain. Rachida Dati a tenté de faire oublier sa Web-Tv narcissique de la semaine passée en dévoilant son plan pour les prisons : un recours plus important aux aménagements de peine et à la résidence surveillée ; pas de moyens supplémentaires (hébergement, encadrement) pour les détenus et leurs surveillants, au-delà du plan de 2002. 70% des détenus sont incarcérés dans des maisons d'arrêt dont le taux d'occupation des prisons est plus proche de 150% que de 126%, le taux officiel. En 2008, le nombre de détenus excède déjà l'objectif de places que le gouvernement entend atteindre en... 2012, une fois toutes les constructions achevées.
Roselyne Bachelot et Eric Woerth ont eux dévoilé le plan d'économie de l'assurance maladie. Il paraît que le régime, déjà déficitaire de 4 milliards d'euros cette année, manquera de 2 milliards d'euros par an si l'on ne fait rien. La solution ? Renvoyer les assurés sociaux vers leurs mutuelles complémentaires et taxer davantage ces dernières. Et pour les 8 millions d'entre nous qui n'en ont pas ? Qu'ils se débrouillent. Le gouvernement promet que «le dispositif d'aide à l'acquisition d'une complémentaire santé, qui prend depuis quelques mois la forme d'un chèque santé, sera amélioré.»
Christine Boutin a expliqué son plan en faveur du logement social et «sa lutte contre l'habitat indigne.» Plutôt que de réduire la voilure de la loi SRU, elle en aménage le périmètre. La loi exigeait des communes 20% de logement social locatif. Désormais, les achats de logement social par leurs anciens locataires seront comptabilisés dans cet objectif de 20%.
Rama Yade, absente de la scène médiatique depuis des semaines, et Nadine Morano ont enfin dévoilé leur nouvelle trouvaille : des «peace corps» pour sauver l'adoption à l'étranger. De jeunes Français, amateurs et volontaires, seront formés et envoyés à l'étranger pour faciliter l'adoption par les familles françaises.
Last but not least, Roger Karoutchi, le secrétaire d'État chargé des relations avec le Parlement, a prévenu ce dernier qu'il devrait revenir une semaine plus tôt pour voter le RSA de Martin Hirsch. A la perspicace journaliste de France Info qui lui demandait si finalement le RSA était financé, il répondit : «Les arbitrages auront lieu dans les prochaines semaines.»
Mais on croyait que vous étiez partis en vacances ? Et si c'était un effet de com' ?
L'Europe divisée dans des négociations à l'OMC plantées
Occuper le terrain médiatique en France était un impératif : jusqu'à l'échec des négociations sur le commerce mondial à l'OMC mardi soir, Sarkozy, tout président qu'il est, a divisé l'Europe. Même pour de mauvaises causes, on croyait, comme Angela Merkel ou Gordon Brown, que le pays qui préside pour 6 mois l'Union européenne devait rechercher le consensus de ses membres. Que nenni ! Après avoir critiqué les nonistes irlandais et la banque centrale européenne, le voici qui divise le camp européen en pleine négociation internationale. Beau sens tactique ?
Une affaire Tapie, une plantade européenne, une villégiature bling-bling... Les vacances avec les Sarkozy ne sont pas de tout repos !
Retrouvez les articles de Juan sur son blog Sarkofrance.
Au sommaire : De Louis XIV à Nicolas Sarkozy, la Cour et les courtisans : Versailles avant la Révolution de 1789, La saga du prince Jean, Guérilla en principauté des Hauts-de-Seine, Opération Carla, suite... ; Décryptages : ce que les médias ne vous diront pas cet été ; Spécial été : 30 pages histoire, tourisme, idées, érotisme, et le feuilleton "Meurtres à Saint-Tropez"

Ce numéro sera en vente en kiosques à partir du samedi 2 août au matin jusqu'au vendredi 8 août inclus, au prix de 2,50 euros. Vous pouvez également acheter la version numérique sur le site de Relay (PC) ou sur celui du Kiosque.fr (PC, Mac et Linux) dès vendredi 1e août à 16h.
Retrouvez tout l'été les buzz qui ont animé le web durant ces douze derniers mois. Ils ne réussiront jamais à battre leur patron Nicolas Sarkozy, mais ils font de leur mieux pour faire partie du clan des personnages politiques les plus cliqués.
Avec son « pauvre con » à 5 millions de clics, Nicolas Sarkozy est évidemment leur maître à tous. Mais l'UMP compte quand même quelques gaffeurs patentés. Nadine Morano, bien sûr. Mais aussi Xavier Darcos ou encore Patrick Devedjian.
Le 3 avril 2008, Xavier Darcos, ministre de l'Education et agrégé de lettres, est sur le plateau du Grand Journal de Canal+. Comme il a concocté une réforme des programmes du primaire qui prévoit de modifier l'apprentissage de la règle de trois et du passé antérieur, Ariane Massenet, avant de lui demander d'effectuer une règle de trois, l'interroge : « Je voudrais que vous me conjuguiez au passé antérieur, à la première personne du pluriel, donc le “nous”, le verbe naître. » Réponse de Xavier Darcos : « Nous serons nés. » Bingo, 200 000 clics !
Le 27 juin 2007, Patrick Devedjian félicite Michel Havard qui vient de battre aux législatives la candidate Modem Anne-Marie Comparini. Il termine sa phrase par : « Cette salope ! » Une caméra de la chaîne TLM, une télé lyonnaise, a saisi l'instant. Emoi généralisé. Sarko, qui en connaît un rayon, juge même bon de préciser : « Ce n'est pas une façon de parler aux femmes, ni à qui que ce soit d'autre. » CQFD. « Je croyais que ces propos étaient privés », confiera Devedjian en guise d'explication. Résultat : 250 000 clics.