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Date :: 23/3/2012 12:00:02 (Mettre à jour)
Au Sommaire : Opération Carla, trop c'est trop ! ; Ils n'aiment qu'eux, ils ne pensent qu'à eux, ils ne parlent que d'eux... les Narcisse ; Ces journalistes complices de la mise au pas des médias, par Jean-François Kahn.

Ce numéro sera en vente en kiosques à partir du samedi 28 juin au matin jusqu'au vendredi 4 juillet inclus, au prix de 2,50 euros. Vous pouvez également acheter la version numérique sur le site de Relay (PC) ou sur celui du Kiosque.fr (PC, Mac et Linux) dès vendredi 27 juin à 16h.
Le candidat démocrate vient de se prononcer en faveur de la peine de mort pour les violeurs d'enfants. Les médias français de gauche n'en parlent guère.

C'est une toute petite brévette en page 10 de Libération. A peine davantage dans Le Monde. Pourtant Dieu sait si ces deux journaux ont tartiné sur le candidat démocrate ! On y apprend donc - en pointillés, bien sûr - qu'en matière de droits de l'homme, Barak Obama se situerait presque à la droite de Le Pen qui n'a pas osé, lui aborder le sujet de la peine de mort dans sa campagne ! La plupart des sites d'informations observent la même discrétion (ou distraction ?).
Ne jetons pas la pierre à Obama : son élection pourrait bien changer beaucoup de choses aux Etats Unis et donc dans le monde entier. Et sa prise de position est assortie de conditions très restrictives : «J'ai dit à plusieurs reprises que je pense que la peine de mort devrait être autorisée dans un nombre très limité de circonstances, pour les crimes les plus extrêmes... Je pense que le viol d'un petit enfant, de 6 ou 8 ans, est un crime hideux et si un Etat décide que dans des circonstances réduites, limitées, et bien définies, la peine de mort est au moins potentiellement applicable, ça, ça ne viole pas notre Constitution».
Non ce qui étonne est plutôt le quasi black-out de cette information dans les médias français, surtout les plus favorables au candidat démocrate. Comme s'il ne fallait pas décourager le Comité de soutien français à Obama, qui rassemble notamment Olivier Duhamel, Bernard-Henri Lévy, Frédéric Mitterrand, Bertrand Delanoë et Jack Lang. Dommage : avec cette info, les médias disposaient d'une occasion unique pour se rendre utile, c'est à dire faire ce que leurs lecteurs attendent : contextualiser et nous expliquer pourquoi et comment, aux Etats-Unis, on peut être de gauche et pour la peine de mort....
Ce matin dans le Figaro et dans le Parisien, Jean Sarkozy, conseiller général des Hauts-de-Seine et fils de, livre à quelques journalistes complaisants ses considérations sur la vie politique française.

Encore une semaine riche en Sarkozy(s) ! Après la polémique déclenchée par Nicolas le président sur la désignation des dirigeants de France Télévisions, après le buzz organisé - en passant par Libé - autour de la prochaine sortie du disque de Carla, l'épouse présidente-chanteuse, après la sortie, ce mercredi, du film Seuls Two dont la bande originale est signée Pierre, le fils musicien, c'est au tour de Jean, le fils apprenti homme politique, d'occuper les médias aujourd'hui. Le Figaro n'y va pas de main morte, qui lui consacre un portrait en dernière page, tandis que Le Parisien publie, en pages politiques, une interview du fils de son père. Le Parisien non plus n'a pas lésiné : pas moins de trois journalistes ont été dépêchés pour recueillir la parole d'or du prince Jean. Un traitement habituellement réservé aux ministres importants, et jamais aux simples conseillers généraux (ce qu'est Jean sarkozy) - mais bon, depuis qu'à Libé ils s'y sont mis à cinq pour interviewer Carla, plus rien n'étonne. Trois journalistes, donc, qui ont eu droit à des réponses plus-langue-de-bois-tu-meurs. Ainsi, interrogé sur ses relations avec Patrick Devedjian, Jean répond : « Ma philosophie, quand on est en désaccord, c'est de le dire , dans un cadre qui s'appelle le groupe. Mes collègues souhaitent savoir quelle est la vision, savoir où l'on va. Parfois, il faut des clarifications. Nous avons des élus aux compétences diverses. Appuyons-nous sur eux, c'est toujours plus fort d'avancer en équipe que d'avoir une parole monolithique ». C'est beau comme du Jean-François Copé coaché par Jean-Claude Van Damme. A la lecture de l'article, qui est à l'avenant, on ne peut s'empêcher d'imaginer la tête des trois journalistes du Parisien, obligés de faire mine de prendre au sérieux un gamin de 21 ans qui joue à l'homme politique… Un peu comme la Cour s'extasiait sur les pas de danse du petit Louis XIV.
Bientôt le récit de la première surboum de Louis
De son côté, le Figaro n'a envoyé qu'un journaliste, mais quel journaliste ! Bertrand de Saint Vincent en personne trace de l'héritier un portrait sans concession. Sans concession au journalisme, s'entend. Sous le titre « Nom, Sarkozy, prénom, Jean sans peur » (sic !), l'article est en effet un monument de flagornerie. Reconnaissons que c'est un tour de force, car il était difficile de se montrer plus flatteur avec Jean Sarkozy que Jean Sarkozy lui-même. Saint Vincent y parvient, en concluant, au sujet du prétentieux jeune homme : « Il dit qu'il a encore beaucoup à apprendre. Pas tant que ça. »
Mais au fait, quelle actu brûlante justifiait ces deux articles ? Eh bien ce matin, Jean participait à sa première séance en tant que président du groupe UMP du conseil général des Hauts-de-Seine. On attend avec impatience les articles relatifs à la première surboum - et aux premiers pas de danse - du petit Louis (Sarkozy)…
Pour camoufler le fond du malaise vis-à-vis de la construction européenne, le Monsieur Europe de la Sarkozie sort un joker digne de James Bond : une «Irish connection» transatlantique et anti-européenne aux moyens considérables.

Après les cigares explosifs de Fidel Castro et la cellule 11 septembre de la CIA, voici le nouveau complot à la mode : Libertas, la conspiration contre le traité de Lisbonne ! Invité sur France info vendredi 27 juin en clôture d'une semaine sur la crise suite au «non» irlandais, Jean-Pierre Jouyet, le secrétaire d'État aux Affaires européennes ne cachait pas son inquiétude face aux «ennemis puissants» de l'Europe. Alors qu'on l'interrogeait sur des preuves d'ingérence américaine, ses paroles se sont voilées d'inquiétude : «cela mériterait d'être approfondi, mais des informations provenant d'amis irlandais m'ont fait remarquer les financements considérables dont a bénéficié la campagne pour le non en Irlande.»

La conspiration Libertas
L'agent 0027 Jean-Pierre Jouyet a ainsi évoqué la forte communauté irlandaise des États-Unis ainsi que l'organisation Libertas et ses «relais danois». La campagne référendaire irlandaise a certes été marquée par les interventions de l'infatigable David Cochrane, porte-parole de ce think tank souverainiste. Mais celui que vise Jouyet, c'est son grand ennemi, le «Dr No» du traité de Lisbonne : le très influent président de Libertas Declan J. Ganley, PDG de Ganley Group and Companies.
La com au secours de l'Europe
Évoquant également les médias anglo-saxons euro sceptiques, Jouyet a laissé entrevoir les représailles des services de sa Majesté Sarkozy durant la présidence française de l'Union européenne : «Nous organiserons un maximum de manifestations citoyennes : la présidence est une occasion pour les Français de mieux comprendre l'Europe.» Imparable botte secrète : la communication ! Nul doute qu'avec ça se dissipera le «malaise à l'égard de l'Union», pointé par le secrétaire d'État, et que l'UE se fera «plus proche des citoyens.» Il serait tout de même bon de surveiller ce défenseur de l'Europe de près : vu le manque d'ambition qu'il met à la tâche, on va finir par découvrir que c'est un agent double...
Le magazine bimestriel Le Tigre a mené sa propre enquête statistique sur le site de rencontres Meetic. Il en ressort que les hommes sont deux fois et demie plus nombreux que les femmes. Soit pas mal de possibilités.

Le « curieux magazine curieux » Le Tigre publie dans son dernier numéro une enquête sur ce «fils légitime de la société du bonheur-roi» qu'est le site de rencontres Meetic. A côté des exemples d'annonces et des extraits de chats, le bimestriel donne les résultats d'une enquête réalisée par ses soins sur un échantillon de jeunes meeticomanes âgés de 25 à 35 ans. Un épluchage des profils qui nous apprend, par exemple, que si 76% affirment des femmes affirment ne jamais avoir été mariées - 1% précisant l'être encore - les hommes sont, eux, 87% à déclarer ne pas avoir convolé - et aucun (0%) n'admet être marié. Ben voyons…
Le Tigre nous dit aussi que, sur Meetic, la profession la plus représentée est «non renseigné» (22 et 17%), suivie de près par « autres » (15 et 14%) : on n'est pas là pour parler boulot ! Le niveau d'études des hommes est un peu plus élevé que celui des femmes : 32% déclarent un bac+5 et plus, contre 26% pour les femmes. A moins que la gent féminine ne soit moins vantarde.
Lorsqu'on regarde les préférences, côté loisirs, on comprend mieux pourquoi il y a tant d'âmes esseulées sur Meetic : les femmes rêvent de voyages (47%), de balades (43%), de lecture (43%). Les hommes veulent du sport (55%) et de la musique (48%). Pas vraiment sur la même longueur d'ondes, en somme.
Plus curieux encore, 6% des hommes trouvent que leurs fesses sont ce qu'ils ont de plus attirant, contre 2% chez les femmes.
Mais surtout, l'enquête montre que sur Meetic, il y a deux hommes et demi pour une femme. Soit au moins quatre possibilités !
Le soir de la remise de son rapport sur la télévision publique au président, Copé réunissait son fan-club pour réfléchir sur le thème : «Médias, dans les coulisses d’une révolution». Des stars, des militants, quelques idées, quelques infos. La parole est libre, la mécanique bien huilée. Trop, peut-être…
A peine rendu son rapport sur « l'avenir de la télévision publique », tout juste sorti d'un duplex sur France 2, Jean-François Copé réunissait mercredi soir son fan club « Génération France » à l'Hotel Concorde-Lafayette à une soirée sur le thème : «Médias, dans les coulisses d'une révolution».
Le président du groupe parlementaire UMP avait invité Jean-Marc Morandini, le président de BFM, Alain Weill, les journalistes Elisabeth Lévy du Point et Claude Askolovitch du Nouvel Observateur ainsi que l'incontournable et toujours loyal Michel Drucker. La salle est comble composée des jeunesses UMP bien coiffées et des historiques. Copé fait son entrée, introduit la réunion qui sera animée par un journaliste équipé d'un casque-micro. Le show peut commencer.
C'est l'animateur de nos dimanche qui a le privilège de prendre la parole en premier. Sans doute stimulé par le succès de son auto-biographie, Michel Drucker se raconte. Une fois de plus. De l'enfance à l'Ortf jusqu'à aujourd'hui, en passant par tout le reste. Marianne2.fr aura la bonté de vous épargner cet épisode assommant (NDLR: les courageux pourront se référer au livre). Le début de soirée est poussif. Drucker dresse un tableau à l'eau de rose de la télévision publique, des intentions de Sarkozy: Le Meilleur des Mondes de la télévision vu par Drucker...Au passage, il dit toute sa passion, son amitié pour son compagnon de virées cyclistes. Il assure la salle que «Sarkozy va mettre les moyens pour distinguer toujours et encore plus le public du privé». C'est toute l'inquiétude des salariés de France-Télévisions, guère convaincus…
Pas facile de remplacer Jacques Martin
Askolovitch se fait plus provocateur : « Sarko est le président de tous les Français. Donc, c'est normal qu'il s'occupe de la carrière de Laurence Ferrari et du budget de France Télévisions ». Rires gênés… Alain Weill affiche son scepticisme quant au financement des chaînes. Elisabeth Lévy y insiste, elle ne voit guère de différences entre la télé publique et privée. Morandini évacue le sujet : «Nagui, c'est public ou privé ?»,. Et l'existence précède l'essence ou pas ?
Drucker reprend la parole, s'attarde encore sur lui, partage ses soucis, ses angoisses « ça n'a pas été facile de remplacer Jacques Martin». La salle compâtît…Sûr de son fait, il conclut que «le service public peut tirer vers le haut. Bernard Henri-Lévy peut faire un carton ».
C'est donc ça l'idéal de la télévision publique pour Drucker : présenter BHL comme la référence intellectuelle française.
Copé évoque une quatrième licence pour calmer les opérateurs
Discret jusque là, Jean-François Copé s'empare du micro pour dire qu'il « trouve la réunion absolument géniale !». Il répond à ceux qui ont qualifié sa commission de « faire valoir » : «Je suis content, on n'a pas fait de l'eau tiède et Sarkozy a repris la quasi-totalité de nos propositions». Répondant aux critiques sur le financement, notamment les taxes sur les opérateurs télécoms, Copé se lâche : «à mon avis, ils ne toucheront pas à leurs tarifs, sinon on ouvrira une quatrième licence. Ca va les calmer très vite!».
Xavier Bertrand veut venir chez Drucker
Puis il se fait Sarkozyste, se mêle de tout, endosse l'habit de directeur des programmes : «il faut une émission sur l'Europe, de nouvelles émissions politiques».
Drucker qui n'en a jamais vraiment terminé reprend le micro. Tonton Drucker narre alors à la salle, qui glousse, «l'épisode Besancenot». Elles sont belles, les belles histoires de Tonton Drucker : «tous les politiques veulent venir maintenant. Xavier Bertrand veut sa date». Les yeux du public se tournent vers Copé, qui rit jaune. Le temps d'un instant, Drucker sort de son histoire personnelle pour faire remarquer que si les hommes politiques se sont peopolisés, la presse d'opinion s'est aussi peopolisée, donnant pour exemple la une du Nouvel Observateur présentant Simone de Beauvoir nue ou la plus récente une de Libé sur Carla Bruni… avant de repartir dans un interminable tunnel sur ses rencontres avec Clinton, la télé au temps du Général etc. Est-ce que le Drucker fonctionne sur secteur et se débranche ? Nul ne sait vraiment. Copé prend à partie Askolovitch sur l'affaire du SMS, publiée sur le site nouvelobs.com : «ne faudrait-il pas réfléchir à la responsabilité individuelle des journalistes »
- «La France est un pays d'impunité» répond Askolovitch, «la preuve: Chirac a pu faire des campagnes électorales pendant des années». Un ange passe puis un «c'est faux !!» vient rompre le silence. On respire...
« Faudrait qu'il arrête Drucker »
«0% langues de bois, 100% débat d'idées», c'est le slogan du club de Jean-François Copé. Plus facile à proclamer qu'à réaliser... Encore faudrait-il aborder les questions frontalement. Sur le fond, peu de choses sur Internet malgré des questions de la salle, mais Drucker est aux abonnés absent, ou sur l'intérêt de dégager l'audiovisuel public des contraintes d'audience si c'est pour l'affaiblir financièrement. Rien sur le contenu, le cahier des charges, les positions de Bruxelles, le renforcement des chaînes privées. Les journalistes du service public ont quitté les lieux depuis longtemps. Ils n'auront pas de réponses à leurs questions ce soir. Ma voisine, adhérente UMP, se lasse : «qu'est ce qu'ils ont comme ego tous ces animateurs. Ils disent tout le temps Moi je et ne font que parler d'eux. Faudrait qu'il arrête Drucker. C'est fini tout ça... »
Askolovitch annonce le score de la demi-finale de l'euro : 3-2 pour l'Allemagne face à la Turquie. Ma voisine s'en va : «avec tout ça on ne sait toujours pas comment sera financée la télévision publique». CQFD.
Plus belle la gauche, le premier feuilleton 100% socialiste vous livre son 4ème épisode où Benoît profite du référendum irlandais sur le traité de Lisbonne pour convaincre les Reconstructeurs de parler d’Europe.

Résumé des épisodes précédents : en 2005, Gaucheville avait été déchirée entre les « non non » et les « oui oui » qui n'étaient pas d'accord sur le nouveau règlement intérieur de l'Europe, le TCE. Les Français avaient voté contre et les « oui oui » de Gaucheville avaient continué d'en vouloir aux « non non » qui eux-même en voulaient aux « oui oui » de ne pas avoir écouté les Français et leur « non non ».
En 2008, le nouveau règlement intérieur de l'UE, le traité de Lisbonne, devait être voté à l'Assemblée. Comme les municipales approchaient, François (Hollande) et Jean-Marc (Ayrault) avaient décidé de voter « ni oui ni non » pour faire croire aux Français qu'à Gaucheville, on est capable d'être dans l'opposition mais pas trop, c'est à dire nulle part. Les habitants de Droitecity ayant presque tous voté « oui », le texte était passé. Depuis, Gaucheville était au moins soulagée d'un poids : on n'aurait plus à parler d'Europe et on pourrait se consacrer à des choses bien plus intéressantes, comme par exemple chercher avec qui on n'est pas d'accord pour le lui signifier par médias interposés et, de préférence, à une heure de grande écoute. Mais voilà que soudain les Irlandais commencent à menacer de voter non au traité de Lisbonne. Un retournement de situation qui intéresse beaucoup Benoît (Hamon)…
Maison de la Radio, lundi 9 juin, 6h20, Benoît serre la main de Demorand. On lui offre un siège : « Vous n'auriez pas le Sunday business post plutôt ? », demande-t-il. On lui conseille d'aller jeter un œil chez Radio France International. Hier, un collègue député européen lui a dit que ce journal irlandais avait sorti un sondage où le « oui » dépassait légèrement le « non » pour le référendum de jeudi. Aucune importance : les baromètres frétillent toujours à la veille d'un vote pareil. « Si l'Irlande vote non, le Parti n'aura plus le choix. » François l'avait bien roulé quand il l'avait nommé secrétaire national au Projet européen du PS. « Réconcilier le oui et le non », tu parles, un placard pour emmanuelliste, oui ! Mais maintenant, il tient sa revanche : « vous allez en bouffer de l'Europe, que vous le vouliez ou non ! »
7h16, Benoît a bu un litre de mauvais café de radio de service public. Ajouté aux trois expressos bus au comptoir des Ondes, en face de la Maison de la Radio, il a les doigts qui tremblent un peu. Il faut dire qu'Henri (Emmanuelli) lui a mis le NPS entre les mains : « Notre courant ne peut pas disparaître dans la course à la mairie de Gaucheville. Tu es le seul à pouvoir représenter nos idées : parle leur d'Europe, ils n'y comprennent rien ! Avec la présidence française qui arrive et le traité de Lisbonne qui va peut-être se planter en Irlande, ils auront besoin de quelqu'un pour trouver une position de conciliation. Et ce quelqu'un, ce sera une jeune pousse, ça sera toi Benoît ! » Henri avait versé une larme. Que c'est dur d'avoir quarante ans au Parti socialiste !
8h41, Benoît y est presque. Sur l'Europe, il a tout dit mais rien sur la course à la mairie de Gaucheville. Il doit se réserver pour la toute fin, faire son coup d'éclat, sa petite phrase du jour qui se répercutera dans tous les médias... Mais la pression est trop forte, Nicolas Demorand et Hélène Jouan l'assaillent de toutes parts… et merde : « Aujourd'hui, ce n'est ni Bertrand Delanoë, ni Ségolène Royal car leur offre politique n'est pas à même de nous ramener au pouvoir car c'est à peu près la même offre qui a amené à la défaite partout en Europe… » Ça y est, il l'a dit : si avec ça les Reconstructeurs ne comprennent pas le message, c'est à désespérer du PS !
Laurent (Fabius) sortira-t-il de son silence si le « non » l'emporte en Irlande ? Benoît saura-t-il convaincre Marie-Noëlle (Lieneman), Jean-Luc (Mélenchon) et les autres de venir regarder l'Euro 2008 avec lui ? Vous le saurez en regardant les prochains épisodes de Plus belle la gauche.
Pour retrouver les précédents épisodes de notre série, cliquez ici.
Par Nicolas Domenach. Longtemps accablé par la victoire de Sarkozy, Chirac se réveille enfin. Et il n'est pas content !

Il y a donc pour Chirac une vie politique après la mort présidentielle : faire de la Politique, s'élever à la hauteur jamais atteinte des enjeux dits essentiels, la paix, le développement durable, le respect des cultures, etc. Etre Président comme il ne l'a pas été, et comme tiré, a ouvert un œil, a fait jouer ses griffes. Tiens, ça bouge encore…
L'ancien président s'est découvert vivant, ayant envie de vivre, de donner une leçon de présidence même, pourquoi pas ? en commençant par infliger quelques coups de patte majestueux. « C'est une exigence républicaine de ne pas commenter l'action de ses prédécesseurs ou de son successeur », lâchait-il dans Le Figaro. Double leçon de maintien à l'adresse de Giscard qui l'a toujours insupporté par ses attaques mesquines contre son défaut de hauteur - « vous allez voir le visionnaire », ricanait l'Ex, quand Jean-Pierre Raffarin le quittait - et attaque directe contre Sarkozy qui s'est permis de critiquer à plusieurs reprises son inertie de roi fainéant. « Je n'ai rien entendu », répète Chirac quand on évoque ces mises en cause indélicates. Il tapote alors son oreille comme ces demi sourds qui veulent montrer que leur écoute est sélective, et qu'il est plus habile et plus élégant de savoir ne pas entendre pour mieux enfoncer l'interlocuteur critique forcé de japper dans le vide.
Tout ce qu'il n'a pas fait, Chirac en prône aujourd'hui l'urgente nécessité
Ça n'enlève pas les désaccords. Sur la politique étrangère trop atlantiste, sur la réforme de la Constitution qu'il juge risquée, sur les entorses à la laïcité qu'il estime dangereuses, et sur les trop grands cadeaux faits aux très grands patrons comme sur le peu d'attention prêtée aux plus démunis. Chirac n'exprime pas de critique à haute voix, en dépit de toutes les pressions de ses proches. « Ce ne serait pas convenable » encore une fois, et le désaveu de l'opinion via les sondages et les élections municipales suffit pour qu'il ne soit pas nécessaire d'en rajouter. Mais l'ancien Président n'aurait rien caché au nouveau de ses sentiments peu amènes, lors de leur récent déjeuner chez Thiou devant un tigre qui pleure. Sans un commentaire public. Sans une fuite.
Pas besoin d'en remettre, à partir du moment où la leçon devrait être complétée aujourd'hui d'un discours sur l'état de l'union mondiale à l'occasion du lancement de sa fondation. Puisque Sarkozy ne s'occupe pas des grands problèmes de la planète ou si peu, le choc des cultures, la pollution, la hausse des matières premières, la famine, le développement des pays pauvres lui va s'y attaquer… Enfin !
Tout ce qu'il n'a pas fait au pouvoir, il va en prôner l'urgente nécessité. Ce qui lui permettra d'abord de se rassembler lui-même, de retrouver ses engagements de jeunesse, humaniste, tiers-mondiste, écologiste. Engagements qui ont pu connaître des tours et des détours, notamment lorsqu'il a repris les essais nucléaires en 1995, premier acte fort de nouveau président… La charte pour l'environnement adossée à la Constitution ce fut bien tardif. Mais l'homme à son couchant a des regrets, et après 40 ans de pouvoir, se trouve suffisamment vif pour vouloir réveiller les consciences. Il n'est jamais trop tard. Y compris pour éveiller la conscience de Sarkozy ! Qui n'est là que depuis un an et à qui il faudrait laisser le temps de prendre la dimension de la fonction… Mais Chirac refuse d'en parler davantage, alors qu'il est intarissable sur les pygmées du Congo. Ceux-là savent que pour atteindre la grandeur, les hommes doivent monter sur les épaules les uns des autres.
C'est désormais officiel, PPDA va devoir laisser son fauteuil du 20 heures à Laurence Ferrari. L'auto-proclamée insolente du PAF était la candidate préférée de Nicolas Sarkozy, qui continue à régenter, de son palais, le mercato des animateurs télés.

Il y a encore peu, celui qui était surnommé en interne le « Roi Soleil », et se voyait sans doute comme tel, disait avoir choisi la date de son départ mais se laissait un peu de temps pour la révéler. Nonce Paolini ne lui a pas laissé le choix, le vieux routier PPDA s'est fait doubler par une Ferrari en l'espace d'un week-end.
Mais là n'est pas l'essentiel, PPDA a atteint la limite d'âge et le passage à la trappe des Villeneuve, Le Lay, Mougeotte laissait à penser que son heure viendrait. Chazal et Pernaut devraient suivre... Quelques mois, quelques semaines ? Reste une question en suspens : PPDA partira-t-il discrètement ou livrera-t-il une ultime bataille sur le mode Sarkozy m'a tuer ?
PPDA trop proche de Namias
Au-delà du sort des individus, qui ne présente aucun intérêt - ils parviendront tous plus ou moins à se recaser - c'est bien ici la confirmation de l'emprise présidentielle sur tout le Paysage Audiovisuel Français qui pose question.
C'est en effet, en ligne directe avec l'Elysée que la chaîne de Bouygues a pensé la refonte de son information. Nicolas Sarkozy, comme Martin Bouygues, avait très peu apprécié le combat mené en interne par le présentateur du 20 heures en faveur du chiraquien Robert Namias contre l'ancien patron du Figaro, Nicolas Beytout.
Laurence Ferrari : de l'audace !
De son côté, Laurence Ferrari aurait longuement hésité avant de se lancer. Plus ou moins mise à l'écart il y a deux ans, pour avoir osé parler de Nicolas Sarkozy comme du futur « candidat à la présidence de la République », à la fin d'une interview jugée extrêmement pugnace et critique, elle s'en était allée rejoindre Canal Plus pour gagner son brevet de fausse insolente sur les grilles de la chaîne cryptée, et monter sa florissante société de production, Story Box Press, dont le chiffre d'affaires dépasserait les 5 millions d'euros. Aujourd'hui, c'est cette « audace » journalistique qui lui vaut un retour en grâce. De façon plus prosaïque, Sarkozy n'en pouvait plus de se voir associer à ces antiquités que sont Chabot et PPDA. Ferrari, ça a plus de gueule ! Sortons les sortants ! Libération se fait encore plus clair, expliquant que le président ne cesse de vanter les mérites de la journaliste : « selon nos informations, lors d'une récente réunion, Sarkozy a publiquement fait part de son souhait que Laurence Ferrari prenne les manettes de la grand-messe de la Une. Une pratique déjà habituelle du Président puisque c'est lui qui en 2006, alors ministre de l'Intérieur, avait conseillé à Martin Bouygues d'embaucher Harry Roselmack au poste de joker du 20 heures de TF1 ».
Impertinence, liberté, insolence, indépendance : Sarkozy adore Ferrari !
En octobre 2007, l'impertinente de service calibrée Canal Plus déclarait au journal belge Le Soir : « J'ai intégré Canal pour ses valeurs d'indépendance, de liberté et d'insolence, parce que c'est une chaîne qui aime ouvrir les portes qui sont fermées. (…) Pour l'instant, j'ai l'envie d'installer Dimanche +, mais pourquoi pas faire autre chose un jour ? Mais sur Canal ! »
Le journaliste du Soir enchaîne : « Cette indépendance, vous ne l'aviez pas avant sur TF1 ? »
« C'est la différence entre un paquebot et une vedette de compétition : il y a une inertie. Quand on s'adresse à 10 millions de personnes, on a d'autres obligations. Aujourd'hui, j'ai trouvé la chaîne qui me convenait, j'ai monté mon entreprise, ce qui me garantit plus d'indépendance encore, si c'était possible. Tout ça correspond à des évolutions dans ma carrière qui me permettent de reprendre en main mon destin ».

Calamity Jane de l'nterview politique
Indépendance, insolence, impertinence… En deux ans à Canal Plus, Laurence Ferrari aurait presque réussi, à l'entendre, à se forger une image de révoltée du PAF, sorte de Calamity Jane de l'interview politique. Quand le mètre-étalon de l'insolence politique s'appelle Arlette Chabot... Mais, jusqu'à preuve du contraire, nul n'a encore vu un homme politique plier sous les assauts de Laurence Ferrari dans sa sympathique, souriante et guillerette émission du dimanche. Sa dernière prestation face à Rachida Dati en est encore la démonstration.
Un retour à quel prix ?
Désormais, on attend avec impatience l'argumentaire officiel qui viendra expliquer ce retour inopiné à TF1. Hormis les raisons inavouables, mais essentielles, que sont l'assurance de préserver le chiffre d'affaires de sa société de production - selon nos informations, c'est la garantie de bénéficier de contrats de production avec TF1 qui a finalement décidé l'impertinente Laurence Ferrari - et le fait du Prince...
Deuxième épisode de notre série Les nouvelles géographies du sarkozysme. Où l'on entrevoit les changements majeurs induits par la chute sondagière du Président...

Au début du septennat régnait le cabinet des Magnifiques. La rupture, en veux-tu en voilà. Les conseillers de Chirac furent silencieux et obséquieux ? Ceux de la Rupture seraient donc bavards et insolents. Les cabinets étaient discrets, semblant agir dans l'ombre ? On exposa le cabinet de Sarko aux photo-reporters de Match et le Président lui-même les invita à s'exprimer dans les médias. Miracle de l'état de grâce autoproclamé par les médias, le charivari fut interprété comme un charme nouveau du régime, une preuve de sa liberté de ton. Les journalistes bluffés attribuaient à la magie sarkozienne la capacité à faire travailler ensemble le « souverainiste » Guaino (qui ne revendique d'ailleurs pas ce titre mais qu'importe, il restera toujours tel pour les journalistes) et l'orthodoxe Pérol voire l'ultra européiste Jouyet, secrétaire d'Etat aux Affaires européennes. La grande gueule Bénamou tâclait de près la Ministre de la culture Christine Albanel. Emmanuelle Mignon s'emportait contre Henri Guaino. On ne remarqua point, cependant, que ce comportement ostentatoire était davantage celui des adversaires de la pensée unique que celui de ses serviteurs qui, pour l'heure, se tenaient cois, attendant sans doute leur heure. Claude Guéant s'exprimait un peu partout. Et le conseiller Guaino a profité avec plaisir de cette largesse présidentielle : puisque le « Verbe » avait séduit les Français durant la campagne, le même Verbe devait les accompagner au temps de l'action. On mangea donc du Guaino matin midi et soir. Sur Marianne2 bien sûr, mais aussi dans tous les médias : télévisions, radios, presse papier et même internet.
Retour de la pensée unique ?
Que reste-t-il de ces épanchements contre la pensée unique ? Pas grand chose en vérité. Les coups de gueule du Président contre l'euro cher n'ont pas empêché Jean-Claude Trichet de poursuivre sa politique de maintien des taux d'intérêt élevés. Les engagements sarkoziens à Gandrange n'ont pas empêché Mittal de fermer une partie de l'aciérie. La loi LME reprend un grand nombre d'antiennes néolibérales, comme s'en félicite Jacques Attali. Enfin, dernier camouflet, Angela Merkel a définitivement ruiné, lors de la conférence de Hanovre du 3 mars 2008 où elle a menacé le Président français de déclencher une crise, le projet d'Henri Guaino d'Union pour la Méditerranée, ramené à une dimension européenne c'est-à-dire à celle d'une usine à gaz ingérable.
Le temps du silence est donc venu pour Henri Guaino comme d'ailleurs pour la plupart des conseillers. C'est qu'au moment où la cote de Sarkozy est descendue dans les sondages et dans le cœur des journalistes (quelle coïncidence !), la liberté inédite des conseillers est devenue subitement pagailleuse. Messieurs les conseillers, quoiqu'ils en disent, ont été appelés à plus de discrétion, et il faut chercher la parole de Guaino dans les arcanes du site de France 24.
Catherine Pégard, nouvelle star ?
Désormais, la priorité est donnée aux porte-parole qui diffusent la doxa présidentielle : Dominique Paillé, Franck Louvrier, Catherine Pégard, conseillère à la fois rassurante et plus classique. Son bureau, qui mène à celui d'Henri Guaino, est deux fois plus petit que celui du conseiller spécial. Mais elle est heureuse de montrer à ses visiteurs l'empilement nonchalant d'une montagne de dossiers sur ce qui fut la baignoire de Joséphine. Plus son auréole monte dans les médias, plus les conseillers se la ferment. Ils devaient servir et éclairer la parole du Président, ils finissaient par s'exprimer sur tout à tort et à travers, et à donner l'impression que c'était eux qui gouvernaient le pays.
La conseillère aime à vanter le « pragmatisme » du Président auquel les institutions se seraient en quelque sorte « imposées ». Jolie formule pour avouer que si les conseillers ont dû se montrer plus discrets, Nicolas Sarkozy lui-même a dû enfin accepter les remontrances de Guéant qui, dès sa rencontre avec Carla Bruni, l'avait, en des termes choisis mais clairs, averti que les Français ne l'avaient pas élu pour qu'il revendique son « droit au bonheur ». Catherine Pégard, elle, parle de son patron avec des majuscules, trahissant l'immense admiration qui l'a poussée à abandonner son confortable magistère au Point pour « faire le job ». Justement, quel est-il ce job ? Officiellement, elle est censée gérer le délicat dossier des relations avec la majorité parlementaire. Mais la cacophonie qui persiste dans ce domaine depuis trois mois, de la loi OGM au vote de la Constitution, interdit aujourd'hui d'en faire un trophée. Soyons juste, Madame Pégard ne fait que commencer son labeur et elle partage cette fonction avec d'autres, Roger Karoutchi et un autre conseiller pour lequel c'est un fulltime job, comme on dit maintenant dans la haute administration française. Mais pendant que le cabinet in rentrait dans le rang, le cabinet off, lui, s'activait…
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