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Date :: 23/3/2012 12:00:02 (Mettre à jour)
Au sommaire : Livre-enquête : le cas Sarkozy expliqué par les femmes - ministres, conseillères, chefs d'Etat, intimes... ce qu'elles révèlent de sa façon de gouverner ; Le débat-événement : Royal-Besancenot.

Ce numéro sera en vente en kiosques à partir du samedi 31 mai au matin jusqu'au vendredi 6 juin inclus, au prix de 2,50 euros. Vous pouvez également acheter la version numérique sur le site de Relay (PC) ou sur celui du Kiosque.fr (PC, Mac et Linux) dès vendredi 30 mai à 16h.
Par Gérard Poirot, qui suivant les conseils du guide de Gilles Pudlowski, a plutôt mal mangé. Et pour cause, puisque le critique autrefois féroce est devenu tendre comme un agneau.

Nancy ne manque pas de restaurants ; il y existe même une «rue gourmande» en rassemblant plusieurs dizaines, contigus. Pour le touriste de passage du côté de la place Stanislas, lequel choisir ?
J'avais réservé un couvert au restaurant de l'hôtel de la Reine, en demandant une table en terrasse. Pour une raison inexpliquée (les autres établissements de la place Stanislas ont tous répandu leurs tables à l'extérieur), pas de terrasse à la Reine aujourd'hui, malgré le temps agréable. M'enfermer dans la salle de l'hôtel pleine à craquer, même si elle donne directement sur la place Stan ? Me dirigeant vers le Gastrolâtre de maître Tanésy, testé il y a peu, approuvé sans réserves, je suis arrêté en chemin par une jolie terrasse en surplomb, celle du Bistrot Héré, avec une belle vue sur la place. Y font bombance quelques bons vivants du coin ; j'engage la conversation à propos de la bouteille d'Auxey Duresses blanc qu'ils viennent de commander… ils m'incitent à m'installer ici au lieu de poursuivre chez Tanésy (sans terrasse). Je leur fais confiance, partageant leur opinion sur une table voisine, à mon avis surfaite, le Grenier à sel, à éviter. La suite est décevante, autant pour les plats (exceptons les asperges tièdes en entrée, mais la salade de rougets «du marché» était indigne et le rôti de porc mal garni) que pour le verre de Mâcon Solutré Pouilly 2006, chaudement recommandé par la patronne, à peine touché, durement facturé. Taisons par charité (et prudence) le nom du producteur, dont la contre-étiquette parle abondamment de terroir, de cinq siècles de tradition familiale… Mauvaise pioche. Le Pudlo Lorraine en dit pourtant du bien.
Un gentil petit guide
Certes, on ne trouve plus dans cette bible (j'emprunte le terme à son auteur) les assiettes cassées qui signalaient autrefois ses mauvaises expériences. Aujourd'hui, tout est bon, tout le monde est beau ! Furibard, je m'abstiens de dessert pour retourner aux délicieuses glaces du café Stanislas voisin et m'en vais compter ma mésaventure à Patrick Tanésy, pas surpris ; d'après lui, l'hôtel de la Reine n'aurait pas fait mieux, il n'a plus de chef et se fait livrer les plats ! De quoi faire tomber la statue de Stanislas à la renverse. Conseil pour profiter de la place et de son cadre fabuleux : le café Foy. Nous avions précédemment évoqué une autre table, montée en épingle par une marque déposée, le Grand sérieux. Plusieurs expériences l'ont ramené à juste proportion : un bon troquet, sans plus, malgré le pedigree du chef. Restent quelques bars à vin estimables signalés par l'excellent Egmont Labadie dans son guide, un bon italien, Gustatori,… le magnifique marché couvert, son remarquable fromager, Marchand, Lalonde, un des chocolatiers dans la meilleure tradition, quelques cavistes avertis, sans oublier les fameux macarons des sœurs, merveilleuses friandises.
Interrogé sur la légendaire mansuétude de ses guides, entre deux canapés dégustés dans la gare de Metz à l'inauguration du TGV, Gilles Pudlowski nous confiait : «on a été trop gentil, ça va changer». Attendons la prochaine édition.
Par Vincent Drezet du Syndicat national unifié des Impôts (SNUI). Qui démontre, barèmes en mains, comment on peut, à revenu égal, être plus imposé en effectuant des heures supplémentaires.

«Travailler plus pour gagner plus», le fameux slogan présidentiel a notamment pris la forme d'une exonération des revenus des heures supplémentaires de l'impôt sur le revenu (IR). Applicable dès cette année pour les heures supplémentaires effectuées à partir du 1er Octobre 2007, cette exonération paraît simple dans son principe, mais elle n'en recèle pas moins des effets cachés qui ne manqueront pas de surprendre bon nombre de ses bénéficiaires. Quels sont-ils ? Prenons un exemple.
Jean est salarié. Il est célibataire (ce que nous montre ce cas demeurerait valable dans une autre situation personnelle). Le salaire qu'il déclare s'élève à 15.000 euros. Il n'a pas effectué d'heures supplémentaires. Il devra payer cette année 27 euros d'IR.
Martin, son collègue, lui aussi célibataire (la symétrie des situations personnelles est indispensable pour une juste comparaison), déclare un salaire de 15.000 euros également. Mais il a effectué des heures supplémentaires pour 2.000 euros de plus qui seront déclarée à part des 15.000 (son salaire imposable) et qui seront exonérés d'impôt sur le revenu. Son impôt s'élèvera à … 413 euros !
Pourquoi une telle différence ? L'explication tient en une formule : l'empilement du dispositif de l'exonération des heures supplémentaires et de celui de la prime pour l'emploi (PPE). La PPE, destinée aux salariés qui gagnent moins de 1,4 Smic, est calculée à partir du «revenu fiscal de référence». Or, les revenus des heures supplémentaires, s'ils sont exonérés d'impôt sur le revenu (ils ne passent pas à la moulinette du barème progressif), sont intégrés au revenu fiscal de référence (tour comme d'autres revenus non soumis au barème de l'IR, comme les plus values par exemple). Dans notre exemple, le revenu fiscal de référence de Martin est supérieur de 2.000 euros à celui de Jean, ce qui vient mécaniquement diminuer sa PPE (plus on gagne, moins la PPE est élevée, et à partir de 1,4 Smic, elle est nulle). Pour calculer l'impôt à payer, on passe donc les 15.000 euros au barème de l'IR pour obtenir un impôt brut auquel on soustrait le montant de la PPE, lui-même calculé à part. La PPE de Martin étant moins élevée que celle de Jean, la somme qu'il doit payer est sensiblement plus élevée.
Les 2.000 euros supplémentaires du « travailler plus pour gagner plus » supporteront donc un taux effectif d'imposition à l'IR de 19,3 % (413 – 27 = 386 euros d'IR supplémentaire. 386/2000 = 19,3 %). A titre d'exemple, c'est le taux effectif d'imposition global que supporte un salarié célibataire qui déclare 55.000 euros…
Pour Martin, l'affaire ne s'arrête pas là, car le revenu fiscal de référence sert aussi de base de calcul au dégrèvement qui vient diminuer la taxe d'habitation en deçà d'un certain niveau de revenu. Et comme le revenu fiscal de référence de Martin sera plus élevé que celui de Jean, son abattement sera moins élevé que celui de Jean. Ainsi, par exemple, toutes choses étant égales par ailleurs (même valeur locative, même commune, même situation familiale), pour une taxe d'habitation avant abattement de 600 euros, Jean paiera 62 euros de moins que Martin en taxe d'habitation.
Cet exemple n'est pas un cas d'école. Avec près de 9 millions de bénéficiaires de la PPE et un salaire médian évalué par l'Insee à 16.430 euros (données 2005), il est facile de comprendre que de nombreux salariés peuvent avoir ce type de surprise en fin d'année à la réception de leurs avis d'imposition.
Ne nous y trompons pas : Jean n'est pas fiscalement privilégié car de manière générale, le système fiscal français pénalise en réalité autant Jean que Martin. Tous deux paient la TVA (50 % des recettes de l'Etat), des impôts locaux, des taxes sur la consommation (TIPP…) et aucun des deux n'a les moyens de défiscaliser. Cet exemple montre surtout que la profusion des mesures dérogatoires (dont les fameuses niches fiscales) n'est bon ni pour une juste répartition de la contribution commune, ni pour la compréhension de l'impôt, ni, enfin, pour sa légitimité. On n'ose penser que c'était but recherché.
La Ligue umpiste révolutionnaire et Sarko le rouge montent au créneau contre les méchants patrons qui s’en mettent plein les fouilles... Besancenot n’a qu’à bien se tenir.

C'est à n'y plus rien comprendre. Tandis que Delanoë s'assume « libéral », la droite s'en prend aux grands patrons ! Frédéric Lefèbvre, porte-parole et secrétaire à l'économie de l'UMP peut vous regarder droit dans les yeux et vous le dire sans rougir : « Il n'est pas possible qu'un patron quitte une entreprise en difficulté avec des indemnités qui mettraient en péril la survie de la société ou la juste rémunération de ses salariés. » Ce curieux plagia d'un article digne de Marianne s'est mué en communiqué de l'UMP mercredi dernier, en réaction à la publication par La Tribune et L'Expansion de révélations sur la rémunération des grands patrons. D'un côté, La Tribune dévoile l'étude du cabinet Hay Group selon laquelle les patrons se seraient augmentés de 40% en 2007. En pleine tempête financière, à l'heure où la « vie chère » le dispute à la crise du « pouvoir d'achat » pour le commun des Français, ça fait mauvais genre… Et L'Expansion en rajoute une couche en révélant que les revenus des patrons du CAC 40 ont bondi de 58% en 2007, avec un gain moyen de 4 millions d'euros.
La tournée de la ministre
Jeudi, c'est au tour de Christine Lagarde de dénoncer ces revenus «scandaleux » ! « Ce qui me choque, ajoute-t-elle, c'est que ce soit de manière tout à fait générale et indépendamment des résultats de telle ou telle société. » La ministre, hier encore très attendrie par le top management, se fait même le porte-parole du peuple en menaçant les organisations patronales en garde : si elles ne remettent pas « un petit peu le nez dans la façon dont tout ça est organisé (…) il faut craindre que, sous la pression populaire, le règlement, la loi et les directives européennes n'interviennent. » Mais d'où lui vient cette soudaine verve gauchiste ? Et surtout, que viennent faire les « directives européennes » là-dedans ?
En réalité, si les déclarations emportées de Christine Lagarde arrivent à point nommé pour commenter les excès patronaux, elles ont un peu en retard sur les critiques de Bruxelles. Depuis le 13 mai en effet, Jean-Claude Junker, président de l'Eurogroupe, a déclaré la guerre aux rémunérations scandaleuses des grands patrons. Avec l'appui des ministres des finances de l'Union européenne et du commissaire aux Affaires économiques, il a décidé de s'en prendre aux « comportements extravagants» et le «fléau social» (sic) qu'incarnent les parachutes dorées et autres stock options des patrons de grosses entreprises. La Sarkozie réagit donc… avec un train de retard. Mais elle réalise quand même au passage un joli coup de comm', tout à fait dans la nouvelle ligne du Président. Au plus bas dans les sondages, il réclame des stocks options pour les salariés quand il ne barre pas carrément la route aux revendications du Medef sur la retraite à soixante-trois ans. Heureusement que Sarkozy le rouge défend le bon peuple contre les vilains patrons en lui permettant de percevoir sa retraite après – seulement – quarante et une annuités ! Comme chantaient les Charlots… Merci patrons !
Avec France Inter, la chronique de Bernard Maris, journaliste et écrivain. La dette publique doit être réduite, surtout parce que les intérêts perçus par les banques privées qui prêtent à l'Etat, viennent des impôts, en particulier de la TVA.

Retour sur la dette publique : Bruxelles vient de demander à la France d'être un peu plus rigoureuse.
La sempiternelle affaire de la dette publique ! 1180 milliards d'euros. «Déficit public, le mal français» titrait Le Monde. Et bien, revenons une fois de plus sur ce «mal».
1) d'abord, l'Etat accuse les collectivités territoriales, qui sont en effet les responsables de l'augmentation de la dette. C'est d'un cynisme invraisemblable: L'Etat a transféré ses charges aux collectivités territoriales, par exemple la gestion du Rmi ou encore les politiques d'aides aux personnes âgées, et 70% des investissements publics sont réalisés par les collectivités territoriales. C'est énorme. C'est aussi la preuve que l'Etat ne fait plus son travail, c'est un choix.
2) Qu'est-ce qu'une dette ? Quand vous empruntez pour contruire votre maison, vous êtes endettés. Etes-vous coupable pour autant ? Pas du tout ! Vous espérez, par votre travail dans les années futures, rembourser votre dette et payer votre maison. On peut imaginer que la dette publique aussi, sera remboursée par du travail futur.
Réponse : non, parce que les dépenses publiques sont des dépenses de fonctionnement.
Un transfert des pauvres vers les riches
Autrement dit, les dépenses publiques ne sont pas faites pour constuire une maison. Et si les dépenses publiques étaient faites pour construire une maison, la maison publique. Les policiers ? Inutiles ? Ils gardent la maison. Les professeurs. Inutiles ? Ils construisent la maison. Les chercheurs, les infirmiers, etc.
Et une maisons construite par le privé ne serait pas mieux construite. Le privé construit en papier, à court terme. Il construit pour lui, et non pour la collectivité. Il ne regarde ni l'environnement, ni la beauté, ni la recherche désintéressée. Et pourtant, il faut réduire la dette... Pourquoi ? Parce que nous payons les intérêts de la dette aux banques privées qui nous prêtent. L'impôt paye les intérêts de la dette. Or l'impôt, en France, est largement proportionnel. La grande part de l'impôt est la TVA, payée par les pauvres autant que par les riches. En revanche, les intérêts de la dette sont perçus par les personnes les plus aisées. La dette réalise dont un transfert fiscal des plus démunis vers les plus aisés. C'est uniquement pour cette raison que la dette doit être réduite.
Non pas une phrase mais un livre : La dette publique, une affaire rentable par André-Jacques Holbecq et Philippe Derudder, Editions Yves Michel.
Retrouvez « L'autre économie » de Bernard Maris, en direct sur France Inter, du lundi au vendredi à 6h49.
Par Hervé Nathan. Nicolas Sarkozy a annoncé une loi supposée généreuse sur l'intéressement des salariés. Qu'en est-il en réalité ?

Le président de la République veut étendre l'intéressement à tous les salariés, alors qu'ils ne sont que huit millions à en bénéficier. On ne peut que s'exclamer : bonne idée. Un peu de rémunération en plus, cela ne peut faire de mal à personne. Sauf que ce bonus pour les salariés sera payé, en partie, par les contribuables (qui sont souvent les mêmes personnes), grâce à un crédit d'impôt de 20% des sommes qui seront distribuées. Comme il s'agit de faire passer l'intéressement de 8 à 16 milliards d'euros en 2008, c'est potentiellement une aide aux entreprises de 1,6 milliards d'euros que Sarkozy nous annonce. Si l'on ajoute que l'intéressement est dépourvu de cotisations sociales, on s'aperçoit alors que le gouvernement s'apprête à subventionner le manque de recette de la sécurité sociale !
Par ailleurs, le président de la République propose de mettre une condition à l'attribution des 23 milliards d'euros de réduction de cotisations sociales, une rente scandaleuse et nocive dénoncéstoe par Marianne dans son dernier numéro. Là aussi, on est tenté d'applaudir. Hélas, la «condition» n'en n'est pas une : il suffira à l'entreprise «d'ouvrir une négociation annuelle» (et non de conclure ) sur les rémunérations (notons que c'est déjà obligatoire depuis belle lurette), pour être en règle et conserver les aides publiques. Gageons que dans bien des établissements, le processus n'ira pas plus loin. On aura donc le résultat suivant : des patrons pourront continuer à serrer les salaires, tout en touchant de l'argent public lorsque leurs entreprises versent un intéressement au détriment de la protection sociale collective ! On ne fait pas plus gribouille.
Les grands patrons, eux, n'ont ce problème : leurs rémunérations ont augmenté de 58% en 2007, grâce notamment à leurs mirifiques stocks options,qui ont progressé, elles de 350%. A ce niveau, plus rien ne les atteint. Tiens, on croyait que de ce côté-là, l'hyperprésident allait remettre de l'ordre. On attend toujours.
Au Sommaire : Appel citoyen contre Leclerc et les autres : l'hypercadeau aux hypermarchés ; Messieurs les patrons, rendez l'argent ! - ces subventions publiques qui n'ont pas créé d'emplois ; Barack Obama, un noir à la Maison blanche, ça change quoi ? ; Ecole : arrêtez de tirer sur les profs !

Ce numéro sera en vente en kiosques à partir du samedi 24 mai au matin jusqu'au vendredi 30 mai inclus, au prix de 2,50 euros. Vous pouvez également acheter la version numérique sur le site de Relay (PC) ou sur celui du Kiosque.fr (PC, Mac et Linux) dès vendredi 23 mai à 16h.
Pourquoi la cheftaine du Medef croit-elle utile d'ajouter de l'huile sur le feu des retraites ?

C'était jeudi sur RTL, à l'émission d'actualité On refait le monde. Notre consoeur Ghislaine Ottenheimer se lamente: « Je ne comprend pas ce qui pousse Laurence Parisot à jeter de l'huile sur le feu ». L'huile en question, c'est la proposition de la présidente du Medef de repousser l'âge de départ à la retraite à 63,5 ans. Le feu, ce sont les manifestations des salariés (300.000 à 700.000 personnes), le jour même dans plus d'une centaine de villes de France, pour protester contre la décison du gouvernement de faire passer la durée de cotisation de 40 à 41ans.
Ghislaine Ottenheimer soupçonne les patrons de tout faire pour embêter Nicolas Sarkozy «qui fait tant pour réformer le pays». Nous tenons à rassurer notre consoeur, le Medef aime aussi le président de la République. Simplement, il y a un principe chez les chefs d'entreprises: on ne plaisante pas avec le pognon! Car c'est bien l'argent qui est au centre de cette polémique.
Le gouvernement, compte en effet «basculer» une partie de cotisations chômage (qui est en régression, officiellement), d'ici 2012, pour financer environ la moitié du déficit de la caisse des retraites (10 milliards environ, si rien n'est fait d'ici là...). Le Medef dit donc au gouvernement: «touche pas au grizbi, salaud! » et se justifie par une contre proposition, avec ce fameux âge minimum requis de 63,5 années. Selon ses calculs (en fait ceux du conseil d'orientation des retraites qui a néanmoins repoussé cette option), avec cette nouvelle règle, les caisses de l'assurance vieillesse se regarniraient de l'équivalent de la somme que François Fillon veut dévier des recettes de l'Unedic. Que cela soit provocateur alors que la moitié des seniors sont hors de l'emploi à 58,5 ans en France, que cela signifie que les ouvriers vont devoir cotiser de 45 à 47 années pour parvenir, épuisés, à la retraite (en passant auparavant par la case chômage...), que cela casse le consensus avec les syndicats «réformistes» comme la CFDT, le Medef le sait. Mais qu'importe, il faut défendre les positions de principe du patronat, dont la principale peut se résumer ainsi : lutter toujours et en toute occasion pour réduire les prélèvements sur les entreprises, et les faire reporter sur les salariés (en temps de travail supplémentaire, par exemple), ou sur les contribuables (en argent). Et Laurence Parisot, qui adore néanmoins Sarkozy, s'exécute. Cela s'appelle «faire le métier».
Conclusion: On entend souvent les commentateurs, dont des journalistes annôner en substance: «nous avons les syndicats les plus bêtes, les plus minables, les plus bornés». Que dire alors du patronat ?
Alors que leurs têtes de gondole se tirent dans les pattes, les militants socialistes peuvent-ils éviter d’en venir aux mains ? Sur le Web, des blogueurs appellent au calme.

L'initiative est partie de Valério Motta, ex-membre du bureau national du Mouvement des jeunes socialistes (MJS) et blogueur influent de la galaxie PS. Depuis vendredi dernier, il propose un logo à télécharger aux blogs et sites «respectant tous les socialistes». La rose s'accompagne d'un texte éloquent : «Chers camarades, notre phase de congrès commence. Nos adversaires rêvent que ce soit l'occasion de pouvoir affirmer que le parti socialiste est incapable de procéder au débat d'idées sans se foutre sur la gueule. (…) Je m'engage à ce que, sur ce blog, les débats ou les prises de positions restent respectueuses de mes camarades.» Le blogueur invite tous ceux qui sont las des noms d'oiseaux et des invectives à télécharger le logo et à faire un lien vers son billet. Il a également créé un groupe sur facebook. «Dans les sections, on arrive à se tenir, explique-t-il, mais protégés derrière leur écran, certains en viennent vite aux attaques perso. Ça donne une très mauvaise image du parti.» De nombreux blogs ont déjà salué son projet.
Dur, dur d'effacer l'ardoise
Magie du Web, d'Orléans à l'Ile de Ré en passant par les socialistes lyonnais ou encore les ségolistes girondins, l'appel essaime dans toute la France. Certains parlent de «processus de paix»… ce qui en dit long sur l'état du PS, comme le remarquent les internautes. Mais la pax socialis n'est pas si facile à instaurer. Les militants ségolistes voient parfois une forme d'injustice dans cette initiative : «J'ai le droit de critiquer Delanoë puisque nos camarades ne se privent pas de délivrer un tombereau d'insanités sur Ségolène Royal», explique ainsi «Julien» sur le site de Valério Motta.
Bisounours
D'autres craignent de passer pour de grands naïfs en relayant l'appel au respect : «Quand on pense qu'on accuse les centristes d'être des bisounours... :)», s'amuse Maxime sur le site intox2007 à la suite d'un billet intitulé «Soyons cools entre nous». Et pour le blogueur du Petit livre rose, le bisounours, c'est carrément l'ennemi : «me trimballer avec ce badge hurlant mes bons sentiments en bandoulière, je m'y refuse. (…) J'ai la ferme intention de continuer à taquiner Manuel Valls ou Marie-Noëlle Lienemann, le camarade Sénateur Mélenchon ou Barack Obama et probablement d'autres à venir, et je ne voudrais pas qu'on me taxe pour cela d'irrespect et de tartufferie pour cause de badge bisounours.» La motion «gros câlin» doit encore convaincre.
Au début du mois de mai, la chaîne du groupe Bouygues a connu sa plus faible audience historique. Les résultats financiers et le cours des actions sont à l’avenant. Les analystes du secteur, tous pessimistes, hésitent entre la mort lente et l’obligation d’inventer un nouveau modèle économique, qui n’ira pas sans de lourds sacrifices.

Audiences en berne, cours de bourse résolument à la baisse, résultats médiocres, sans parler des perspectives loin d'être affriolantes, la chaîne du groupe Bouygues est à la croisée des chemins.
TF1 paye notamment sa quasi-absence de la TNT ce qui réduit à « zéro » ses perspectives de croissance. C'est en tout cas l‘avis des analystes financiers, experts du secteur : « M6 fait 25% de son chiffre d'affaires avec ses chaînes thématiques, TF1 n'a rien du tout. Zéro ! C'est l'héritage de Le Lay. C'est catastrophique. C'est une particularité européenne que d'avoir concentré son audience sur une chaîne. Elle paye aujourd'hui la montée en puissance de la TNT qui ne fait qu'accélérer les choses. L'érosion de l'audience va sans doute encore se poursuivre. D'autant qu'avec le calendrier énoncé par la commission Copé, les chaînes de la TNT disposent de 16 mois pour booster encore leurs audiences qui leur permettra d'attirer les annonceurs qui n'iront plus chez France Télévisions. TF1 est dans une situation très difficile, insoluble même » assène un analyste radicalement pessimiste.
Une chaîne invendable
Côté audiences, la chaîne a atteint début mai un plus bas historique avec 25,3% de parts de marché sur la semaine. Au même moment, elle annonçait ses résultats du premier trimestre : -20,5% soit 70 millions d'euros, -6,3% pour le chiffre d'affaires et -3,7% pour les recettes publicitaires. Et la dégringolade continue…En un an, l'action a perdu 44% de sa valeur. A un peu plus de 13,20 euros, le cours de l'action ne permet même pas à Bouygues de se séparer de la chaîne, s'il le voulait : « c'est si faible que si l'occasion se présentait, cela ne lui permettrait pas de monter dans Areva. Il est obligé de garder son bien, qui reste quand même un outil de communication, de puissance politique, un pouvoir de lobbying très fort. Ce n'est pas rien. Mais à un moment un industriel doit gagner de l'argent et là, personne ne voit la solution. Bouygues est obligé de traîner TF1 comme un boulet ». Et peut-être même s'en vouloir de ne pas avoir vendu plus tôt…
Copé ouvre la boîte de Pandore
Nonce Paolini, l'actuel PDG, a annoncé un plan d'économies qui devrait se monter à 100 millions d'euros « c'est déjà un point positif » indique un autre analyste pour qui la commission Copé a ouvert la boîte de Pandore.
Les marchés avaient plutôt bien réagi à l'annonce de la suppression de la publicité sur les chaînes publiques, TF1 et M6 présentant des courbes nettement à la hausse, ils ont affiché un scepticisme beaucoup plus net aux scénarios proposés cette semaine par la commission.
Une équation pénible pour tout le monde
La situation se révèle, en effet, plus complexe que prévu : TF1 n'a, par exemple, aucunement récupéré les 20 points de publicité d'ores et déjà perdus par France Télévisions : « Certes la conjoncture est difficile mais ces chiffres disent qu'il demeure nombre d'inconnue concernant le montage financier de suppression de la pub sur les chaînes publiques. Et là aussi, TF1 va devoir passer à la caisse et plus que prévu. L'équation est pénible et la commission Copé le ressent en essayant de gagner du temps. La commission Copé n'est pas dans le réel, on voit bien son embarras. Il y a dans ce dossier beaucoup de mines enfouies : l'idée d'aller taxer Pierre, Paul ou Jacques pour financer France Télévisions, c'est très léger. Alors, on mise sur la prochaine annonce de Sarkozy, mais ce n'est pas très sérieux ».
Une chaîne low-cost ou des solutions extérieures : pas évident
Au-delà de TF1, les analystes du marché estiment que c'est la question plus vaste d'une télévision populaire pas aussi trash que le modèle des chaînes de Berlusconi qui se pose : « M6 a une toute autre carte à jouer, c'est la petite chaîne qui s'est diversifiée pour faire du pognon et maintenant elle vient tailler des croupières à TF1. L'avenir de TF1 c'est une chaîne low-cost, ce sera déjà pas mal. La qualité ne sera pas la même et cela pose de nombreux problèmes : TF1 assurait quand même un temps minimum d'expression aux politiques pour toucher une large audience. Il n'est pas sûr qu'ils continuent d'assurer un service minimum. Il y a peut-être des solutions à l'étranger mais cela devient alors une question politique très difficile. Imaginez RTL qui annonce vouloir racheter TF1, ça ne se passera pas dans la joie et la bonne humeur. Les chaînes de télévision se sont toujours envisagées comme des exceptions culturelles. Sans parler des questions industrielles : si la chaîne s'installe dans une audience à 20%, les publicitaires seront moins intéressés, ça met en cause la création ; les boîtes de production vont souffrir et le jour où l'on se posera la question, que pour l'instant personne n'ose poser mais qui sera inéluctable, de savoir si TF1 peut continuer à financer le cinéma français, là ça va faire très mal… ».
Il est fini le temps des rires et des chansons
Certains analystes avouent une certaine tristesse à se dire aussi pessimistes « parce qu'au delà de l'écran, c'est une bonne boîte. Mais elle ne fera pas l'économie d'une remise en cause totale de son modèle économique pour s'en sortir. Cela passera par des sacrifices importants dans un contexte de vaste redistribution des cartes qui touchera tout le secteur de l'audiovisuel. Il n'y a aucun scénario rose. En termes d'investissements, TF1 est un dossier à oublier pendant au moins deux ans. ». Joséphine ange gardien pourra y mettre toute la bonne volonté du monde, autant dire qu'à TF1, il est définitivement fini le temps des rires et des chansons…