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Blog: Marianne2.fr | le site de l'hebdomadaire Marianne

«Le goût de la vérité n'empêche pas de prendre parti» (Albert Camus) | URL | Flux
Date :: 23/3/2012 12:00:02 (Mettre à jour)

Philippe Cohen | 2008-05-13T00:11:00+02:00

Jeune reporter de Paris Match, François de Labarre nous offre un portrait en défense de Sarkozy. Rare par les temps qui courent.


Le dernier journaliste pro-sarko?


Saluons l'artiste ! A un moment où l'anti-sarkozysme primaire gagne l'ensemble des médias, au point que le Président s'en prend à la presse de droite, il fallait une certaine dose de bravoure pour publier un livre résolument pro-sarkozyste. Jeune reporter à Paris Match où il a suivi la triomphale campagne de Sarko avant de relater son chemin de croix présidentiel, François de Labarre n'était pas un journaliste sarkozyste au moment où l'actuel président fascinait ses confrères. Mais son livre fait de lui l'un des rares – le dernier peut-être – des journalistes à enfiler la robe d'avocat pour défendre le Président.


Voilà pourquoi son opus est intéressant : c'est le témoignage d'un jeune trentenaire que le Président a su séduire, convaincre au point de croire que le salut de son pays passe forcément par le nouveau mari de Carla.


A l'image du journaliste du Monde Philippe Ridet (Le Président et moi, Albin Michel), l'auteur nous raconte d'abord son «Sarkozy et moi». Les journalistes «embedded» (embarqués) ont été si critiqués que chacun y va désormais de son couplet sur son «vécu» sarkozyen. Pas inintéressant, et parfois drôle, même si Labarre est moins crédible lorsqu'il se lance dans un plaidoyer de défense de son journal, de sa hiérarchie et de son actionnaire. En somme, tout le monde il est beau tout le monde il est gentil, Genestar comme Lagardère…





Pas fortiche en économie


La thèse de Labarre ? Il récuse le mot. Préfère évoquer plus modestement, son «sentiment». Le journaliste est manifestement déçu par la classe politique. Sarkozy lui plait d'abord parce qu'il a choisi de dire les choses, quitte à choquer. A ce président vieillissant (Chirac) auquel on attribue ce dicton «Quand il n'y a pas de solution, il n'y a pas de problème» (qui n'est que la répétition simplifiée de la phrase de Lénine : «L'humanité ne peut se poser que les problèmes qu'elle peut résoudre») il préfère l'énergie du dicton sarkozyste : «Quand il y a un problème, il y a un problème.» C'est ainsi que Sarkozy le séduit, lui et beaucoup de ses jeunes contemporains : il «nomme» ce qui fâche, quitte à heurter les tabous, la pensée unique. «Aujourd'hui, écrit-il, ce que l'on demande à un homme politique, ce n'est pa de faire partie de l'élite, c'est de savoir s'en extraire.» S'il oppose Hervé Gaymard à Nicolas Sarkozy, ce n'est pas par la taille de l'appartement – proportionnellement, le nombre de m2 par habitant était plus important dans la famille Sarkozy – mais par la culture classique et l'attachement aux livres qui habite le premier tandis que le second se compare davantage aux stars. Gaymard écrivait à trente ans un hommage à Malraux tandis que Sarkozy est fasciné par les chiffres de vente de Marc Lévy. Spontanément, c'est justement pour cette raison que j'eus préféré le premier au second...


Oui mais le malheur est que Sarkozy n'a pas pu être un éternel candidat. Et que son magistère, raconté par de Labarre, nous offre le spectacle d'un homme plutôt désorienté, qui hésite, de son propre aveu, entre Adam Smith et John Maynard Keynes. Pour redonner du pouvoir d'achat faut-il distribuer aux pauvres ou avantager les riches ? Le fameux paquet fiscal était censé faire les deux. Il n'a fait ni l'un ni l'autre, les riches gardant cet ISF qu'ils abhorrent et les salariés devant se contenter de quelques heures sup pour améliorer l'ordinaire.


En économie, le journaliste n'est d'ailleurs guère plus fortiche que le Président. Non seulement il compare la France à une entreprise – ce qui énerverait Henri Guaino, qui a toujours affirmé, à juste titre, que l'Etat n'avait rien à voir avec une entreprise – mais il analyse le budget comme un chiffre d'affaires, au lieu du PIB, ce qui serait plus approprié : la France ne se résume pas à l'Etat, elle comprend soixante millions de personnes, des centaines de milliers d'entreprises et des millions de salariés qui constituent ensemble sa richesse. Disons qu'en ce domaine, le journaliste ne s'est guère affranchi de cette «pensée unique» qu'il brocarde par ailleurs. Son discours ressemble à s'y méprendre au brouet que sert, chaque jour que Dieu fait, Jean-Marc Sylvestre aux auditeurs de France Inter. De la pensée unique au carré… En défendant les têtes de gondole du sarkozysme – Dati, Lefèbvre, Lévitte, Guaino, etc – l'auteur tombe dans un exercice plus formel, à moins qu'il ne s'agisse simplement de remercier ses sources, le journalisme a aussi ses contraintes…


Donc, constate l'auteur, la réforme sarkozyste patine, le pays se dérobe, et le Président se renfrogne. On sent à le lire que le journaliste est plus déçu par la population française que par ce président qu'elle ne comprend plus mais que l'auteur semble vouloir sauver. La fin du livre est habitée par l'anxiété qu'il n'est sans doute pas le seul à éprouver. Il craint que la France ne soit encore plus larguée par la mondialisation et que ses aînés soixante-huitards referment la porte derrière lui et sa génération. «Lorsque Nicolas Sarkozy incitait à "travailler plus pour gagner plus", écrit François de Labarre, il y avait une part de mensonge. Dans vingt ans, il faudra sans doute travailler plus pour gagner autant.» Bien vu. Sauf que Sarkozy a beau épouser un ancien mannequin, il est plus proche de la génération des soixante-huitards justement abhorrés par l'auteur que de celle qui fera la France de demain.


L'incompris par François de Labarre, Timée éditions, 173 p, 17€.




Régis Soubrouillard | 2008-05-12T15:56:00+02:00


Borloo et l'eau
envoyé par FdM
Le ministre de l'écologie Jean-Louis Borloo a décidé de se lancer dans une bataille impitoyable contre l'alcool en souhaitant la mise en place d'éthylotests dans les bars et les discothèques. Un véritable combat personnel diront les mauvaises langues...

Malgré toute la bonne volonté du monde il est parfois dur de forcer sa nature. Prenez Jean-Louis Borloo qui a décidé de se lancer dans une bataille acharnée contre l'alcool en souhaitant la mise en place dès cet été d'éthylotests dans les bars et les discothèques. Le ministre de l'écologie est même allé jusqu'à affirmer sur Europe 1 : « Nous avons gagné la bataille contre la cigarette. Il faut rendre l'alcool ringard !» avant de se reprendre aussitôt : « euh…l'alcool au volant… ». On respire.


Certains oseront peut-être insinuer que c'est là un véritable combat personnel que mène le ministre de l'écologie et que nul n'aurait été plus qualifié que lui pour le livrer…mais l'avocat de formation qu'il est, véritable pilier du barreau, s'en est tiré avec les honneurs. A ceci-près que, même animé des meilleurs intentions, le ministre s'oublie quelques fois…







Sans parler des Guignols qui ne rechignent jamais à mettre la pression sur notre ministre des « espaces verre» en suggérant que ce dernier ne serait jamais contre un dernier p'tit jaune mais attention quand même car « Cointreau n'en faut»...


Allez, bascule, Jean-Louis !












Nicolas Domenach | 2008-05-12T14:39:00+02:00

Par Nicolas Domenach. Isolé à l'Assemblée, persécuté par la droite et la gauche réunies, le Béarnais reste présent dans le coeur des Français.


Bayrou, ce moucheron que Sarko n'arrive pas à écraser


François Bayrou est seul. Très seul. De plus en plus seul, exilé là-haut tout là-haut, au plus haut des gradins de l'Assemblée nationale avec les non inscrits, dans ce qu'il appelle « le pigeonnier de la liberté ». Solitaire donc, mais vivant. A ses côtés ne reste plus que son ami Pyrénéen, le fidèle Jean Lassalle, ce géant chantant qui bat des mains comme des ailes quand son chef tente de prêcher… dans le désert parlementaire.





La droite fait en effet comme s'il n'existait plus, ne lui accordant pas même l'aumône d'un regard ou d'une attention lorsqu'il se manifeste. Le brouhaha du mépris accompagne ses rares propos. L'UMP se distrait ostensiblement, mais la gauche aussi, qui ne veut pas lui accorder davantage d'existence, encore moins peut-être, et vaque à son courrier comme à ses conversations quand le président de l'UDF s'exprime à la tribune de l'Assemblée nationae. C'est rare ; le règlement du parlement est fait justement pour que les orphelins de groupe soient réduits à la portion congrue. Or, la portion congrue, encore plus réduite après sa défaite aux municipales dans sa bonne ville de Pau, cette demi-portion que les derniers des derniers sénateurs UDF ont entrepris d'abandonner sous la férule exigeante du président de la République en personne, cet avorton du Centre ne perd pas le sourire.





Bayrou, « Lou ravi du Béarn » comme l'appellent méchamment ses ennemis, et il en a beaucoup, a été requinqué par les récentes enquêtes d'opinion qui prouvent qu'il existe encore. C'est la force de ce thermomètre-sondagier, il peut vous donner une « bonne » fièvre. Il y a d'abord eu le sondage CSA-Marianne qui lui accordait 19 % d'intention de vote pour la prochaine élection présidentielle. Soit un point de plus qu'après le premier tour de 2007, alors qu'il a raté l'entre deux tours et que la stratégie d'alliance tous azimuts aux élections municipales a été pour le moins erratique. Nicolas Sarkozy en a pourtant profité pour répéter la consigne d'extermination et s'énerver contre ceux qui ne la suivent pas, tel Alain Juppé : « il faut écraser l'infâme… ». Le chef de l'Etat est bien obsédé par ce moucheron dont il ne parvient pas à se débarrasser.





Car la stratégie d'éradication poursuivie par le président en personne ne fait pas de doute. Il l'a suffisamment répété à ses proches, parfois avec colère, car leur écoute est trop molle, nonchalante : « Nous avons laissé Bayrou survivre en 2002 et il n'a cessé de nous pourrir la vie. Il faut éviter à tout prix qu'il puisse nous prendre des voix en 2012 ». Voilà pourquoi les manœuvres de déstabilisation ont repris de plus belle au Sénat - un sénateur en moins c'et de l'argent en moins pour le parti bayrouiste - et voilà pourquoi Sarkozy presse aussi le Nouveau Centre de se structurer et de s'organiser davantage ; le jeune Christophe Lagarde, député de Seine Saint-Denis est ainsi particulièrement mis en avant, car lui connaît bien Bayrou et peut donc lui faire mal… », dit-on à l'Elysée.





Mais Bayrou commence à avoir le cuir vraiment épais, même si lui pèse cette quarantaine de pesteux qu'il doit subir avec Marielle de Sarnez. Tant que les Français et les militants ne le lâchent pas, ça va. Or non seulement ils ne l'ont pas rayé du paysage mais encore ils veulent le réintroduire dans le jeu. C'est lui qu'ils plébiscitent ainsi comme futur Premier ministre pour succéder à Fillon, loin devant Kouchner, Alliot-Marie, Juppé, Borloo, Dati… Il a en lui quelque chose de calme, de déterminé, de paysan, et pour cause, qui rassure face au président Zébulon. En dépit des critiques sur ses inconséquences et sa grosse tête, sa personnalité ne rebute pas. Mais plus encore, ses critiques de fond du sarkozysme sont partagées par les Français, alors qu'il les a exprimées le plus tôt et le plus durement : son refus de l'argent roi et du culte des idoles tocs comme de la réussite tic, son exigence de partage et d'équité, ses appels à plus de retenue dans l'exercice d'une fonction royale que ce spécialiste d'Henri IV a toujours voulue plus majestueuse et plus rassembleuse, son langage de vérité sur les déficits et son exigence de ne plus jeter l'argent par les fenêtres, sa détestation du modèle américain de consommation et de perte d'être… »etc… Sur le fond, les Français lui ont donné raison !





Mais les classes populaires et moyennes qui se détachent de Sarkozy vont-elles aller vers lui, qui ne parvient pas à constituer d'équipe ? Les perspectives sont plus souriantes aujourd'hui qu'hier : pour les élections européennes, ce sera plus facile qu'aux municipales avec la proportionnelle régionale. Et puis les militants n'ont pas déserté: alors que UMP et PS perdent plus de 30 % de leurs adhérents. Un constat le ravi : les foules déçues du sarkozysme ne se tournent pas d'enthousiasme, il s'en faut, vers une gauche préoccupée d'abord de ses affrontements nombrilistes.





Bayrou, sûr de son coup, a prophétisé un éclatement du PS dont il attend avec impatience les retombées. Ca ne dépend pas de lui certes, et si le Parti socialiste échappait à ses démons de la division, là ce serait plus coton. Le patron du Modem n'est donc pas maître de son destin et paraît parfois plus enclin à accrocher sa charrue à sa bonne étoile qu'à creuser profond son sillon pragmatique. Mais Bayrou a le sourire confiant des nouveaux évangélistes qui ont vu Dieu ou la mort de près : il décrit avec sérénité le long chemin ouvert devant ses pas. Un chemin difficile, escarpé, un chemin d'épreuves souvent et de croix parfois, mais il avait prévu l'échec du sarkozysme, puis la fracture de la gauche et enfin sa percée. Il y a près de 20 ans, il me disait et me répétait en privé : « je créerai une force autonome, je me présenterai à la présidentielle : la première fois, je ferai un score à un chiffre, la seconde fois, ce sera à deux chiffre, la troisième fois, je gagnerai… ». Il y croit… Vous comprenez pourquoi Sarkozy, Copé et les autres veulent l'enterrer vivant.




Philippe Cohen | 2008-05-12T12:20:00+02:00

Le projet de loi LME provoque la montée en puissance du lobby de la grande distribution. Avec des arguments fallacieux.


Michel-Edouard Leclerc embrouille les esprits


Les couteaux sont tirés. La Loi de modernisation de l'économie se prépare en vue d'une adoption avant l'été. Deux des quatre points abordés, la «liberté de négociation» et la libéralisation des autorisations d'ouverture des surfaces de moins de 1000 m2 font grincer les dents de certains députés UMP tels Christian Jacob qui connaît d'autant mieux le problème qu'il a été ministre délégué aux PME, au Commerce, à l'Artisanat, aux Professions libérales et à la Consommation sous deux gouvernements Raffarin, entre 2002 et 2005.


Mardi 12 mai, Michel-Edouard Leclerc revient à la charge dans le Figaro : «On peut diviser l'inflation par deux», assure le patron des hypermarchés éponymes. Normal : comme Leclerc n'est pas un élu, ses promesses l'engagent encore moins que celles d'un homme politique. Mais le journaliste qui l'interviewait aurait pu lui faire remarquer que, comme l'avait noté Christian Jacquiot dans ces colonnes, les prix sont plus élevés en Francealors que notre pays compte un hypermarché pour 46 000 habitants lorsqu'il y en a un pour 51 000 habitants en Allemagne et un pour 130 000 habitants en Italie !


Autre déclaration qui aurait pu être contredite, Michel Edouard Leclerc prétend que la liberté de négociation est surtout destinée à faire baisser les marges exorbitantes des trusts de l'agro-alimentaire, tels Coca Cola ou Nestlé, qui représenteraient 70% des ventes dans la grande distribution. Une statistique très discutable puisque à elles seules, les marques de distributeurs représentent près de 25% de la grande distribution (et souvent 30 à 40% des ventes dans bien des hypermarchés) !


Par ailleurs, que les PME et les coopératives agricoles représentent 10 ou 35% des ventes de la grande distribution ne change rien à l'affaire : le pouvoir de négociation d'une centrale d'achat est évidemment beaucoup plus fort vis à vis d'une petite entreprise que d'une multinationale. Ce sont donc bien les PME et les coopératives qui ont tout à craindre du projet LME, comme l'ont d'ailleurs bien compris leurs organisations qui sont en train de monter au créneau. A suivre.




Jean-Louis Denier | 2008-05-12T10:23:00+02:00

Par Jean-Louis Denier, journaliste. La crise israélo-palestinienne doit, certes, à Israël, mais aussi beaucoup aux dirigeants et «amis» de la Palestine, incapables de saisir les opportunités et d'envisager des compromis. Chronologie et analyse.


Palestine: un bourbier vieux de 60 ans


Exil, souffrance, haine et passion représentent, depuis soixante ans, l'ordinaire palestinien. Deux évènements-clé sont à mettre en exergue : l'assassinat de Yitzhak Rabin le 4 novembre 1995, et le décès de Yasser Arafat le 11 novembre 2004. Le meurtre du premier a porté un coup fatal à la dynamique des accords d'Oslo. En effet, la simple perspective d'un renoncement à l'exclusivité hébraïque de la terre était, aux yeux de certains extrémistes israéliens, un acte «sacrilège» tant sur le plan politique que sur le plan religieux. La mort du second a laissé le champ libre au Hamas. Le «Vieux» disparu - et avec lui la logique du seul combat nationaliste et laïc - l'organisation islamiste avait les coudées franches pour imposer pleinement son fondamentalisme religieux, lequel vise à une exclusivité musulmane sur la terre. Bref , en plus d'un conflit politique, c'est celui de l'héritage biblique contre un legs coranique.





1947-1949 : 700 000 réfugiés palestiniens


L'exil en masse était-il inévitable ? Plusieurs facteurs y ont concouru : la première guerre israélo-arabe, une touche de propagande arabe se nourrissant des expulsions et intimidations menées par des groupes juifs minoritaires (jusqu'au massacre, à Deir Yassin), un sentiment d'abandon ressenti par le peuple voyant partir nombre de riches familles palestiniennes, premières à quitter le pays lors de la proclamation de l'Etat. Malgré nombre de polémiques sur ce point, il est avéré aujourd'hui que ce départ ne fut - à l'époque - prémédité par personne, ni du côté juif, ni du côté arabe. Les premiers n'en avaient ni l'intention ni les moyens militaires. Quant aux chefs politiques arabes, ils réalisèrent que cet abandon laissait le champ libre – donc toute la place et la terre - à l'occupation «sioniste» et à l'arrivée d'émigrés juifs en provenance d'Europe.


Pourquoi cet exil est-il devenu ensuite irréversible ? Ceci découle de la conjugaison, funeste pour les Palestiniens, de deux faits. L'un est politique, le refus des chefs d'Etats arabes du moment d'entériner la résolution 181 de l'ONU du 29/11/47 (plan de partage de la Palestine en deux Etats, l'un juif, l'autre arabe) : pourquoi les Arabes palestiniens partageraient-ils la souveraineté d'une terre qu'ils occupent depuis 7 siècles pour réparer un crime (la Shoah) dont ils ne sont pas responsables, les persécutions antisémites ayant été le fait de l'Europe chrétienne et non du monde musulman ? L'autre est militaire. Il est la conséquence quasi «clausewitzienne» du refus précité : déclencher et gagner un conflit pour imposer une volonté politique. Sauf qu'en 1948, la fortune des armes ne sourît pas au camp arabe - Egypte, Transjordanie, Syrie, Liban et Irak – lequel, et malgré sa supériorité numérique, déclara et perdit la (première) guerre israélo-arabe. L'armistice de Rhodes, au printemps 1949, qui suivit cette défaite entérinait implicitement le droit pour Israël de s'établir comme Etat au milieu de contrées antagonistes, et l'impossibilité pour les exilés palestiniens de revenir sur un sol devenu pays ennemi. C'est dans cet exil qu'allait germer dans l'esprit de nombre d'exilés l'idée d'une Palestine en tant que socle d'un véritable Etat-Nation.





1949-1967 : Gaza ou le laboratoire du vide


Conséquence de l'armistice de Rhodes, pendant prés de vingt ans l'Egypte exerce une tutelle politique totale sur un territoire ayant accueilli 190 000 exilés palestiniens et qui, à la différence de la Cisjordanie (annexée par la monarchie hachémite depuis 1950 avec près de 300 000 réfugiés) comportait une ouverture sur la mer donc sur le commerce international.


Et pendant prés de vingt ans, Nasser - ni d'ailleurs les pétromonarchies du Golfe ou les banquiers du Liban très prospère - ne caressa jamais l'idée de transformer Gaza en zone économique et administrative susceptible d'assurer ressources et avenir aux Palestiniens, préfigurant ainsi le modèle d'une construction étatique viable et opposable aux israéliens. Les Palestiniens de Gaza furent donc laissés à la seule charge de l'UNHCR (Haut Commissariat des Nations Unies aux Réfugiés), délibérément entretenus dans leur précarité afin de servir d'arme politique contre Israël.


Remarquons au passage que cette donnée est toujours d'actualité. Les très riches monarchies du Golfe ne font preuve d'aucun empressement lorsqu'il s'agit d'offrir leurs pétrodollars afin d'aider à l'instauration d'un Etat palestinien. Très récemment d'ailleurs, Ban Ki-Moon, Secrétaire Général de l'ONU, a rappelé à certains pays arabes leur promesse d'aides – toujours non tenues - formulée lors de la conférence de Paris (décembre 2007). Soulignons également que ce sont des capitaux occidentaux, majoritairement européens et français, qui ont financés et qui, à l'heure actuelle, financent encore les infrastructures et les traitements des fonctionnaires de l'Autorité Palestinienne. En revanche, l'argent wahhabite, lui, afflue toujours lorsqu'il s'agit de financer de pseudo organisations caritatives servant à capter la sympathie puis l'adhésion des familles des futurs candidats palestiniens à l'attentat suicide ...





1960-1991 : de faux frères arabes en frères ennemis


L'instrumentalisation de la « cause » palestinienne par les pays frères a été, pendant des années, une donnée essentielle des rapports entretenus par le Fatah (puis par l'OLP) avec la Syrie ou l'Egypte notamment. Yasser Arafat prit toujours soin de se garder d'amis très entreprenant - tel Nasser ou El-Assad père - toujours oublieux du fait que la libération de la Palestine devait être, avant tout, une affaire palestinienne ressortant de l'intérêt palestinien et ne pouvant, de ce fait, être confiée au seul soin des régimes arabes ou rapportée exclusivement à la problématique de l'unité arabe.


Mais les seules bisbilles ne sauraient dissimuler plusieurs drames sanglants dont certains découlèrent aussi des choix d'Arafat et de ses partisans, souvent trop prompts à constituer un Etat dans l'Etat qui les accueillait :


- 1970 et « Septembre Noir » quand des forces jordaniennes appuyés par des tanks syriens « épurent » la Jordanie de la présence palestinienne,


- 1975/1978 et la première répression syrienne « anti-Fatah Land » menée lors de la guerre civile au Liban,


- 1986 et la seconde répression syrienne visant à éradiquer définitivement les restes (du fait de l'opération « Paix en Galilée » menée par Tsahal à partir de 1982) de la présence palestinienne au Liban,


- 1991 et l'expulsion définitive et sans indemnités de 200.000 palestiniens par les autorités koweïties du fait du choix opéré par l'OLP (soutien à Saddam Hussein lors de la première guerre du Golfe).





2000-2001: les occasions perdues de Camp David et de Taba


Une bonne opportunité voire « l'opportunité » de conclure un accord de paix durable a-t-elle été irrémédiablement gâchée ? Certes, les imperfections ne manquaient pas dans le projet présenté par le couple israélo-américain, telles la discontinuité territoriale du « futur » Etat palestinien, l'absence de démantèlement de certaines colonies et le maintien sous souveraineté israélienne d'un corridor le long du Jourdain. Cependant saisir l'offre ainsi faite eut entrainé quatre bienfaits : matérialiser enfin l'aspiration palestinienne, obtenir la création d'un Etat véritable bénéficiant de la reconnaissance internationale et du droit qui en découle, faire vivre une dynamique de négociation permettant d'améliorer au cours de pourparlers ultérieurs ce qui devait l'être, maintenir le « boum » économique que connaissait alors l'économie palestinienne (rythme de croissance de 9,28 % par an, selon un rapport du FMI, investissements de 150 % ce qui en faisait, alors, l'un des taux de développement les plus rapides au monde au cours de cette période).


Au lieu de cela – et malgré le conseil inverse de plusieurs dirigeants arabes dont H. Moubarak - Yasser Arafat fit le double choix, et d'une intransigeance (dictée par la concurrence que lui faisait le Hamas) en réclamant notamment une souveraineté exclusivement musulmane sur les Lieux Saints déniant ainsi tout droit et prérogative au judaïsme, et d'un téléguidage de la seconde Intifada. Le résultat fut catastrophique pour la cause palestinienne : mort, désolation, ruine économique et sociale, prise et exercice du pouvoir en Israël par « Arik » Sharon à la poigne d'acier, discrédit et isolement d'Arafat tant sur le plan international que parmi les siens ... .





1967-2008 : Israël et ses errements



Si dans l'absence actuelle de solution de paix durable, les responsabilités arabo-palestiniennes pèsent lourdement, l'objectivité commande de passer également en revue nombre d'erreurs israéliennes toutes aussi conséquentes.


On peut en recenser quatre :


1°. Un peuple trop sûr de lui et dominateur au lendemain de la guerre «des Six Jours» dans la mesure où l'éclatante victoire n'a pas été mise à profit pour lancer une dynamique diplomatique (en position de force en plus !) et faire des offres à une OLP alors en proie au doute et profondément marquée par le désastre arabe. Rien ne fut entrepris pour détourner la centrale palestinienne de la tentation et du passage à l'action terroriste internationale, ce qui fit perdre vingt ans à la diplomatie et conduisit à des drames tel celui de Munich.


2°. Excès de colonisations et confiscations territoriales déguisées tel que Jacques Levy (Professeur de géographie et d'aménagement de l'espace à l'École Polytechnique Fédérale de Lausanne et à Sciences Po Paris ) parle de «spatiocide» lorsqu'il évoque les colonies, les check-point, les implantations, le quadrillage militaire, les constructions et appels d'offre à Jérusalem-Est, la barrière de séparation ... . Tout semble entrepris, selon lui, afin de détruire progressivement et systématiquement toute possibilité de consistance autonome et d'homogénéité d'un espace palestinien, ce qui est l'une des causes majeures de l'extrême paupérisation de ce peuple.


3°. La «Biblisation» irrationnelle du droit à l'existence tant il est vrai que le sionisme socialisant des pionniers et l'avènement étatique du « foyer juif » - patrie des opprimés et apatrides – se sont effacés pour laisser la place, de plus en plus souvent, à des extrémistes religieux toujours prompts à revendiquer encore et toujours plus sur la base d'une interprétation religieuse des faits et de l'histoire, d'ailleurs souvent démentie par l'archéologie ... .


4°. Un boomerang nommé Hamas lancé bien à tort par le Mossad (généreux donateur financier pendant plusieurs années) afin d'atteindre Yasser Arafat mais qui, dans sa trajectoire, s'est ensuite retourné contre la main qui, imprudemment, avait accéléré sa course. Les résultats sont là : le fanatisme a exporté la lutte armée palestinienne au cœur même de l'Etat hébreu avec des pertes israéliennes dépassant celles engendrées par les pires attaques des feddayin de l'OLP/Fatah dans les années 1960/70.





1970/2008 : l'islamisation de la revendication



Comment et pourquoi un combat nationaliste et laïc s'est-il vu supplanté dans le cœur de nombreux palestiniens ? Pour au moins trois raisons. La première tient à l'échec militaire du nationalisme arabe. Nasser, El-Assad père et Saddam Hussein, malgré leur haine du sionisme, n'ont jamais réussi à le vaincre. La main tendue d'Anouar El Sadate à Israël a officialisé la faillite de cette idéologie et, la nature ayant horreur du vide, une autre option est apparue : reprendre la lutte en suivant l'étendard - forcément victorieux car divin - du Prophète. La seconde tient aux multiples affaires de corruption, trafics et prébendes en tous genres ayant entaché la réputation de l'OLP, du Fatah voire de Yasser Arafat en personne. Une alternative « morale » voire ascétique a séduit nombre de Palestiniens, séduction d'autant plus forte que le Hamas, notamment, offre de multiples prestations et services sociaux que l'Autorité Palestinienne ne parvient plus à mettre en œuvre. La troisième est d'ordre religieux et propagandiste. Elle découle de l'action menée notamment par le Sheikh Ahmad Yassin, un des fondateurs du Hamas, qui a œuvré et prêché pendant des années en faveur d'un retour aux valeurs «vraies» de l'Islam, seules à même – selon sa doctrine - de sauver l'individu, la famille et la communauté palestinienne de la séduction démoniaque et de la pollution des idées occidentales, qu'elles aient été libérales ou marxistes. Une éducation islamique et une renaissance de la société islamique au cœur de la Palestine - et non pas un endoctrinement pour un terrorisme militant immédiat – ont été les forces initiales qui ont préparé l'avènement et le succès du Hamas.




Sylvain Lapoix | 2008-05-12T09:18:00+02:00

Dans La société des people (le 28 mai chez Michalon), Hugues Royer, directeur d'édition de Voici, se penche sur ces inconnus qui, en devenant célèbres, cassent l'échelle des valeurs et instaurent un curieux «droit à la notoriété» illusoire qui ne fait que renforcer la fracture sociale.


Tous people ou la dernière farce de la société du spectacle


Qui de Louis XIV, Robert Mitchum, Christophe Dechavanne ou Steevie est le plus populaire ? Ne répondez pas trop vite, vous seriez surpris. Dix ans au coeur du magazine Voici ont bien fait comprendre à Hugues Royer que la question des people ne pouvait plus être traitée à la légère. Dans son dernier ouvrage, La société des people (à paraître le 28 mai chez Michalon), cet ancien prof de philosophie érige en sujet d'analyse une figure qui incarne à elle seule le paroxysme du culte de l'image : le people.





Le people : ready made télévisuel


Créé de toute pièce par les programmes de télé-réalité, le people constitue une sorte de paroxysme de cette société du spectacle que Guy Debord théorisait en 1967. Inconnu, sans talent particulier, le people n'émerge de la foule que par son image répercutée sur les écrans : il n'est célèbre que d'être regardé par des millions de téléspectateurs admiratifs de la notoriété qu'ils lui fabriquent. A la manière des objets manufacturés que l'artiste Marcel Duchamp transformait en oeuvres d'art par leur simple exposition, le people est un « ready made » télévisuel.











Une inconnue devenue célèbre malgré un physique en dehors des canons contemporains chante en duo en prime time avec une autre people promue par la même émission de télé réalité





« En laissant entrevoir une sorte de « droit à la notoriété », qui signifierait une démocratisation de la célébrité, la peoplisation de la société est perçue comme un signe de modernité alors qu'elle ne fait qu'entretenir une illusion sociale », explique l'auteur. Se greffant sur le concept chiraquien de la « fracture sociale », ce nouveau canal est perçu comme un pont entre les marges et l'élite, entretenu par les slogans populistes des gens de téléréalité qui vivent de ce fantasme. C'est le règne du «Pourquoi pas moi ?»





Paris Hilton, parangon du nouvel ordre social


Au travers des émissions comme Loft story, la notoriété devient sans condition, sans préalable : inutile d'être talentueux, intelligent, riche ou membre de réseau influent, il suffit de vivre. Un « être célèbre » porté à son paroxysme par le « scandaleuse » Paris Hilton qui, en faisant le plein d'essence, cassant un talon ou achetant de nouvelles lunettes, magnétise toute la presse people.





Une panne d'essence de Paris Hilton ? Elle demande aux paparazzis de remplir son réservoir. Une véritable synthèse de la société des people !





Dès lors, la célébrité devient une fin en soi, un nouvel idéal social promu par la société consumériste comme accessible à tous, suivant toutes les déclinaisons inventées par le Hollandais De Mol, créateur de Big Brother. Mais le hic est de taille : dans ce système, aucune différence entre privé et public, intime et télévisé. Un jeu auquel s'est adonné Nicolas Sarkozy, élargissant la sphère du people mais dont il paie le prix par une chute de popularité vertigineuse.





Les peoples sont-ils des assistantes sociales ?


Dans son ouvrage, Hugues Royer s'inquiète néanmoins de ce mouvement d'uniformisation qu'Alain Finkielkraut dénonçait déjà dans La défaite de la pensée : aux yeux du public, une reprise d'une chanson de Francis Lalanne par les étudiants de la Star Academy vaut un concerto de Schubert et une cuite d'Amy Winehouse un poème d'Aragon. Les critères de jugement semblent faussés au point que se développent les « mini peoples » qui développent une notoriété vide de légitimité dans des micro réseaux, notamment sur Internet : Myspace, Facebook, etc.





L'auteur se veut rassurant : « nous nous adapterons : à terme, le tous people videra de son sens le simple fait d'être célèbre. » Se penchant sur son métier, il perçoit même une qualité cathartique à ces célébrités si communes et proches des gens : « je suis sincèrement persuadé que, en observant la vie d'amour, de réussite, d'échec et de rupture de ces personnes, les gens normaux comprennent un peu mieux leur propre vie, qu'ils perçoivent comme très complexe », développe-t-il. Retour à La société du spectacle : éblouissant, scandaleux et célèbre, les peoples sont le négatif photographique des milliers d'anonymes qui les regardent et les comprennent plus facilement qu'ils ne réussissent à le faire avec les êtres qui sont les plus proches d'eux. Ils réinjectent un peu d'être dans le paraître en attendant de pouvoir se passer de l'image sublimée de l'autre pour vaincre sa propre transparence sociale.



EXTRAIT


Chapître 2 LA CONFUSION DES GENRES


Autrefois, les rares individus qui accédaient à la notoriété bâtissaient leur réputation sur des actes ayant marqué les esprits. Christophe Colomb découvre l'Amérique, Henri IV promulgue l'édit de Nantes, Napoléon fixe les règles du droit moderne, Einstein élabore la théorie de la relativité. Grâce à l'invention de l'imprimerie, cette notoriété a pu gagner de nouveaux territoires en dépassant le cadre de la transmission orale : le bouche à oreille a été relayé à une échelle plus vaste. Ensuite, grâce au cinéma, on a vu émerger les stars qui mimaient les exploits de ces héros de légende. Ainsi, John Wayne n'a jamais accompli d'acte mémorable susceptible de le faire entrer adans l'Histoire ; il n'a fait que jouer les cow-boys valeureux. L'apparition de la télévision a encore changé la donne : elle a permis à des animateurs, en tous points semblables aux téléspectateurs, de devenir des vedettes. Depuis la fin des années 1990, nous assistons à un quatrième phénomène : ce sont les téléspectateurs eux-mêmes qui, en entrant dans la petite lucarne, accèdent au rang de people.


À chaque étape, on observe une déperdition par rapport à l'exploit originel : chaque nouveau genre est un avatar issu du précédent, une pâle copie.





Ainsi, la star est un avatar de la légende (qu'elle incarne avec plus ou moins de talent), la vedette un avatar de la star (c'est la première qui valorise la seconde lors des talk-shows), et le people un avatar de la vedette (les héros de la téléréalité ont une espérance de vie plus brève que les animateurs des émissions qui les voient naître).





Si cette typologie a le mérite de clarifier la situation, proposant un outil qui permet à chacun de classer aisément l'ensemble des personnes médiatisées, elle reste un modèle théorique, aujourd'hui mis à mal par une lame de fond qui tend à gommer toute hiérarchie entre les célébrités. De fait, il arrive qu'un animateur soit plus connu que l'actrice qu'il reçoit dans son émission ou encore qu'un people issu de la téléréalité ravisse la une d'un magazine au présentateur vedette du 20 heures. En d'autres termes, stars, vedettes et people sont de plus en plus logés à la même enseigne. De surcroît, victimes d'un nivellement par le bas, tous s'apparentent désormais à des people.





Sur ce point, l'exemple d'Isabelle Adjani est particulièrement significatif. Star étiquetée comme telle du cinéma français depuis trente ans, spécialiste des héroïnes passionnées, de Marguerite de Valois à Camille Claudel, en passant par Adèle Hugo, l'actrice n'a pas hésité à se muer en authentique people durant l'été 2004 : alors qu'elle avait fait de son absence sur la scène médiatique une éthique, elle a soudain pris le contre-pied total en se répandant dans la presse. Convaincue que son compagnon, Jean-Michel Jarre, la trompe avec la comédienne Anne Parillaud (ses limiers auraient surpris le couple illégitime dans un hôtel), elle contacte le directeur de Paris Match. Le 24 juin, en couverture du magazine, elle annonce qu'elle quitte le musicien : «J'y ai cru et il m'a trompée.» Depuis Londres, où il travaille, Jean-Michel Jarre apprend donc la rupture en même temps que les lecteurs de Match. Mais l'ouragan Adjani n'en est qu'à son commencement : l'actrice multiplie les rencontres avec les directeurs de presse, accorde deux autres interviews-fleuves sur le sujet, l'une à Elle, l'autre à l'Express. Au total, elle fera la couverture d'une dizaine de magazines – dont trois pour le seul VSD.





À la faveur de cet accroc dans sa vie privée, Adjani a donc consenti à descendre de son piédestal pour disserter sur l'infidélité en général, truffant son propos d'anecdotes personnelles, comme l'aurait fait n'importe quel témoin anonyme d'une émission de Jean-Luc Delarue. Besoin soudain de reprendre son image en main, pour ne pas être considérée comme une victime par le public, après le souvenir amer de sa rupture avec l'acteur Daniel Day-Lewis, six ans auparavant ? Quoi qu'il en soit, cet été-là, Isabelle Adjani est apparue comme une femme résolument moderne, comme si elle avait compris que le star-système était mort et qu'à force d'être absente, elle risquait, davantage encore que de désacraliser le mystère dont elle s'entoure, de sombrer dans l'oubli. i[«Je ne me réveille pas le matin en me disant : “Voilà, c'est moi la dernière star, c'est inouï le mystère que je dégage'' [...] J'essaie de vivre ma vie et c'est tout.»]i Ultime pied-de-nez à son statut d'icône ? Force est de constater, en tout cas, la rapidité avec laquelle la star Adjani s'est muée en people. On le voit bien, il ne sert à rien de vouloir maintenir une hiérarchie entre les différents types de célébrités.





Mireille Dumas l'a bien compris. Dans «Vie privée, vie publique», son émission diffusée sur France 3 depuis 2000, alternent les confessions d'anonymes et celles de personnalités connues, dans une forme d'équivalence absolue. En choisissant le titre de ce talkshow aux allures de thérapie de groupe, l'animatrice a anticipé un mouvement de fond de la société française : l'abolition de la frontière entre ce qui relève de l'intime et ce qui peut être montré. En présence des caméras et face à une «accoucheuse» de talent, ce qui est privé devient aussitôt public. Cette perméabilité entre «vie privée» et «vie publique» est consubstantielle au people : c'est même dans cette zone incertaine, ce mélange des genres, qu'émerge le people en tant que tel. Ainsi Ségolène Royal fait-elle un pas décisif vers le statut de people lorsqu'elle convoque, en 1993, les caméras de télévision à la maternité où elle vient d'accoucher.




Alain Léauthier | 2008-05-12T09:00:00+02:00

Un fait divers concernant les aventures sexuelles d'une adolescente passionne la principauté monégasque.


Quand les juges monégasques s'encanaillent


A Monaco la justice se rend sous un crucifix, mais les magistrats de la Principauté n'ont pas la réputation de se montrer particulièrement charitables envers les pêcheurs. La délicate affaire instruite récemment par l'un d'entre eux tendrait pourtant à prouver le contraire. C'est une histoire à plusieurs tiroirs, embrouillée et trompeuse comme le sont souvent les tragédies familiales. En 2006 Jacqueline Marschner, une Monégasque ayant travaillé au Palais princier découvre que sa fille Valérie*, une mineure de 17 ans entretient une relation avec le chauffeur de bus qui la transportait à l'école. Lequel était âgé lui d'une quarantaine d'années au moment des faits.


En compagnie de sa fille, Jacqueline Marschner se rend au commissariat et porte plainte. C'est le début d'une longue procédure à rebondissements où les choses ne vont pas se dérouler exactement comme on pourrait l'imaginer. Loin d'enfoncer son supposé suborneur, Valérie affirme qu'elle était parfaitement consentante lors de leur première relation sexuelle (à peu près un an plus tôt, la « datation » variant au gré de ses dépositions) et affirme avoir trouvé réconfort et amour auprès de lui. Car révèle-t-elle aux policiers, elle aurait été précédemment victime des assiduités de son beau-père, Martin Marschner…Une procédure connexe est donc ouverte contre ce dernier, un homme d'affaires allemand en butte à la justice française pour une tout autre affaire liée à la faillite d'un fonds d'investissement. Acculé, l'amant de Valérie admet finalement leur relation mais nie avoir exercé la moindre forme de contrainte physique ou psychologique. La jeune fille est alors placée dans une institution religieuse et provisoirement soustraite à l'autorité de ses parents. Expertise et contre-expertises se succèdent comme les auditions de ses camarades de classes et enseignants. Il en résulte le portrait d'une « une personnalité hystérique où prédomine une tendance à l'affabulation et une certaine naïveté», dotée en outre d'un quotient intellectuel très inférieur à la moyenne.


Le 14 avril dernier le juge rend des conclusions qui assomment le couple Marschner. Le chauffeur de bus est certes renvoyé devant le tribunal, au motif « d'avoir détourné sans fraude ni violence la mineure des lieux où elle avait été mise par sa mère Jacqueline Marschner titulaire de l'autorité parentale…. » Sans fraude, ni violence : autrement dit le magistrat semble admettre le caractère réellement consenti, « égalitaire » de l'aventure entre un adulte dans la force de l'âge et une adolescente décrite par tous comme vulnérable et facilement manipulable.


Pareillement, le juge ne retient pas la qualification « d'excitation de mineure à la débauche (…) qui n'a pu être caractérisée, les relations à caractère sexuel ainsi que les photographies réalisées n'apparaissant pas destinées à corrompre la jeunesse mais uniquement à satisfaire les passions de l'inculpé. » C'est le Droit, rien de plus, rien de moins, expliquent certains juristes. Le procès tranchera. En attendant Jacqueline Marschner aimerait récupérer sa fille, désormais majeure et qui rejette tout rapprochement. Le drame agite la minuscule Principauté où les escapades endiablées des Princesses n'ont pas totalement effacé un vieux fond de raideur morale.





*le prénom de la jeune fille, mineure au moment des faits, a été changée







Roland Hureaux | 2008-05-12T01:48:00+02:00

Par Roland Hureaux, qui voit dans la présidence de Nicolas Sarkozy l'aboutissement ultime de la révolte étudiante de Mai 68. Drôle de révolution, qui fait naître un tel président!


Le sarkozysme, dernier avatar de Mai 68


Il est remarquable de voir à quel point la signification d'événements aussi récents que ceux de Mai 68 a pu être travestie.


Le point fort dont il semble qu'on ait perdu le souvenir est que la rhétorique dominante tout au long de ces événements fut marxiste. Peut-être le marxisme a-t-il jeté là ses derniers feux ? Il reste que les principaux groupes qui impulsèrent le mouvement, les maoïstes (appelés alors «Union des jeunesses marxistes-léninistes» et plus tard «Gauche prolétarienne»), les trois mouvements trotskystes, le PSU (où les chrétiens étaient pourtant nombreux), l'UNEF et même le «Mouvement du 22 mars» qui, plus ou moins les fédérait, se référaient d'abord à Marx et à Lénine, puis, qui à Trotski, qui à Mao, qui à Che Guevara. Pas à Freud (1). Il n'était question dans les couloirs des universités en grève que de la lutte des classes, de la Révolution, de l'injustice faite aux ouvriers ou aux fils d'ouvriers, ou au Tiers monde : Bourdieu venait de publier Les héritiers que le théâtre de l'Ecole normale supérieure avait mis en scène au cours de l'hiver. Le voisinage, invraisemblable aujourd'hui, d'un immense bidonville n'avait pas fait peu pour alimenter la mauvaise conscience des étudiants de Nanterre où a débuté le mouvement. Les manifestations contre l'intervention des Etats-Unis au Vietnam et pour le Vietcong avaient tout au long de l'hiver 1967-1968 servi de répétition au mouvement de mai.





Quelle libération sexuelle?


Certes quelques-uns des initiateurs du mouvement, comme Cohn-Bendit connaissaient les théoriciens de l'école de Francfort, Marcuse et Reich, dont la mode venait de Californie, et qui avaient mêlé le thème sexuel à la lutte des classes, mais l'austère Althusser eut bien plus d'influence. Certes encore, le premier incident fut lié à la revendication des étudiants du droit d'entrer dans les bâtiments des étudiantes à la cité universitaire de Nanterre, ce qui fit dire au général de Gaulle, goguenard: «ils voulaient des locaux et des maîtres, ils veulent à présent des lits et des maîtresses!» (2). Mais tout cela est anecdotique ; les romans de Françoise Sagan, les films de Louis Malle, les dessins de Kiraz étaient déjà là pour nous rappeler que les filles de la bonne société n'avaient pas attendu mai 68 pour jeter leur gourme. La pilule était légale depuis 1967, le concile avait précipité la crise de l'Eglise quatre ou cinq ans plus tôt. Sur les barricades, il ne fut jamais question des droits des homosexuels. Qui peut douter que la «révolution sexuelle» aurait eu de toutes façons lieu sans Mai 68 ? L'évolution parallèle des pays étrangers le démontre. Moins que la morale sexuelle, c'est en fait la morale tout court qui fut atteinte: les leçons de morale héritées de Jules Ferry, qui n'avaient rien de sexuel, furent à ce moment là supprimées à l'école élémentaire sans qu'aucune circulaire l'ait formalisé.


Mouvement de jeunesse sans doute, Mai 68 fut-il un mouvement des étudiants? Moins qu'on croit. La manifestation du 13 mais 1968 rassembla près d'un million de personnes mais l'essentiel était composé de salariés répondant à l'appel des organisations syndicales, CGT en tête. Quand les syndicats ouvriers n'y participaient pas, les manifestations parisiennes ne dépassèrent guère les 50 000 personnes, dont une moitié de lycéens et, de plus en plus de jeunes qui n'étaient pas étudiants. Or il y avait plus de 250 000 étudiants en région parisienne. La proportion des étudiants manifestants semble avoir été un peu plus forte en province.




Le sarkozysme, dernier avatar de Mai 68





Un marxisme-léninisme en peau de lapin



La prégnance du discours marxiste explique certains dessins diffusés par l'Ecole des Beaux-Arts comme celui, odieux, qui montrait Hitler sous le masque de De Gaulle. Ce n'était là rien d'autre que l'illustration de la théorie marxiste selon laquelle tous les régimes bourgeois se valent, le régime hitlérien détenant par sa radicalité la vérité cachée des autres. Le thème «CRS-SS» est de la même eau. A cet égard, mai 68 fut moins une rupture que le prolongement et la radicalisation de l'opposition de gauche au général de Gaulle qui s'était exprimée tout au long des années soixante. Opposition où le marxisme (la «philosophie indépassable de notre temps» disait Jean-Paul Sartre), au moins au lycée et à l'Université, était hégémonique. Mai 68 : révolte contre les maîtres ou leçon trop bien apprise? On peut se poser la question. Le fait nouveau en 1968 est que malgré la forte présence de l'Union des étudiants communistes (UEC), le Parti communiste avait perdu son leadership dans le monde étudiant au bénéfice des «gauchistes» (expression inventée par Lénine et reprise par le PCF). Pour ce dernier, c'était la conséquence du ralliement de trop de jeunes bourgeois à la cause de la Révolution. Même si les «fils du peuple» furent plus nombreux qu'on ne l'a dit chez les gauchistes, il n'avait sans doute pas entièrement tort.


Il reste que le marxisme-léninisme de ces derniers était en peau de lapin. L'auteur de ces lignes se souvient d'avoir un jour poussé dans ces retranchements un maoïste qui n'avait que la Révolution à la bouche: «si vous êtes logique, ce n'est pas la Sorbonne qu'il faut prendre, c'est l'Elysée». Il n'en fut pas question. Il était entendu, sans que personne l'avoue, que cette révolution devait être un coïtus interruptus. C'est sans doute là que la psychanalyse reprend ses droits. Tuer le Père (le général?) d'accord, mais seulement sur le plan symbolique.


A cette impuissance des soi-disant révolutionnaires répondait d'ailleurs celle du chef de l'Etat qui multipliait les consignes de fermeté, sans qu'on sache bien si lui aussi les prenait tout à fait au sérieux. Si elles avaient été appliquées, le sang aurait coulé et sa mémoire en eut été ternie. Mais ni ses ministres, ni le préfet de police, l'admirable Maurice Grimaud, ne prirent ces consignes à la lettre. D'où ce miracle d'une «révolution» où, au moins à Paris, personne n'a laissé la vie.





Vers la fin de l'exception française


Mais il faut encore considérer les conséquences paradoxales de Mai 68.


Le premier bénéficiaire de ce mouvement né dans la protestation contre l'impérialisme américain au Vietnam, fut le dollar qui vit, grâce à la crise du franc, sa dévaluation retardée de trois ans. Le monde anglo-saxon se réjouit dans l'ensemble d'événements dans lesquels il vit la juste punition de la morgue du général de Gaulle à son encontre. Hasard? Mai 68 suivit de peu les retournements spectaculaires de la politique étrangère de la France: retrait de l'Otan, attaques contre le dollar, visite en URSS, discours de Phnom-Penh, voyage au Québec, condamnation d'Israël. La retraite du général de Gaulle en 1969, conséquence retardée du mouvement de mai fut leur revanche. Les Américains n'ont sans doute pas provoqué le mouvement. En ont-ils soufflé sur les braises ? Rien n'est exclu. L'évolution ultra-atlantiste de beaucoup de fils de mai, en France et à l'étranger (3), n'est en tous les cas un paradoxe qu'en apparence.


A l'intérieur, le grand vainqueur fut Georges Pompidou. Non seulement il gagna les élections: les législatives de 1968 puis les présidentielles de 1969, mais la hausse importante des salaires qu'il concéda aux accords de Grenelle, pour calmer le mouvement, fut le plus beau coup de fouet keynésien qu'ait jamais reçu l'économie française. Les cinq années qui suivirent connurent les taux de croissance les plus élevés de l'après-guerre. La contestation de la société de consommation déboucha sur l'industrialisation à outrance. Autre paradoxe.





Sarko, héritier de cette libération


L'autre vainqueur fut François Mitterrand. Paradoxe aussi parce que s'il y avait un homme politique détesté par toutes les composantes du mouvement sans exception, c'était bien lui. Quelque part, De Gaulle était respecté, un Mendès-France apparaissait même comme le recours des franges les plus modérées du mouvement de mai. Mais Mitterrand était alors le symbole abhorré de la gauche archaïque et de la Quatrième République. Il réussit pourtant à remonter le courant. Sa victoire de 1981 s'inscrit, qu'on le veuille ou non, dans le sillage de Mai 68.


Pompidou, Giscard, Mitterrand: chaque fois un pas fut accompli vers la normalisation de la France, mais les fondamentaux de la politique gaullienne d'indépendance nationale n'étaient pas encore remis en cause. Pas davantage la Constitution dans laquelle, Mitterrand, qui l'avait tant combattue, se déclara même très à l'aise.


C'est pourquoi on peut se demander si l'avènement de Nicolas Sarkozy ne représente pas l'aboutissement ultime de la trajectoire. La réintégration de l'OTAN, les revirements au Proche-Orient, vis-à-vis de la Russie, du Québec même, marquent, comme à dessein, la fin de l'exception française, laquelle ne s'était jamais exprimée avec autant d'éclat que dans les mois qui ont précédé les évènements de mai. Qu'un soixante-huitard comme Bernard Kouchner soit l'exécuteur de ces révisions est logique. Le projet de réviser la Constitution - sans doute de la liquider – va dans le même sens. Ne parlons pas de la volonté ostensible du président de «jouir sans entrave».


Quitte à choquer quelques militants nostalgiques, il faut regarder les politiques en face. Ce que Nicolas Sarkozy se propose de liquider, c'est très précisément ce qui s'est trouvé ébranlé en mai 68. Le président a beau dire à son électorat de droite qu'il veut «tourner la page de mai 68», le véritable héritier, c'est lui.








(1) Gilles Deleuze (G.Deleuze & F.Guattari, L'Anti-Œdipe, 1972) a bien compris à quel point le freudisme se situait aux antipodes de la thématique de mai 68. C'était particulièrement vrai dans l'interprétation qu'en fit à l'époque Jacques Lacan, sous une forme suffisamment cryptée pour que personne ne s'en aperçoive.


(2) On n‘a d'ailleurs jamais dit le calvaire que vécurent, cette revendication satisfaite, certaines boursières de provinces logées dans la cité, à une époque où le délit de harcèlement sexuel n'existait pas encore.


(3) lire ici l'article de Roland Hureaux , «Kosovo : une guerre soixante-huitarde ?»




Luc Mandret | 2008-05-11T19:00:00+02:00 | 2 lectures

Par Luc Mandret, qui, inquiet de voir Besancenot jouer le rôle d'épouvantail, appelle à un rassemblement de la gauche, du centre-gauche, du centre, pour construire un véritable débat positif, au sein d'un nouveau think tank : le LCC.


Et si Besancenot devenait l'arme anti-gauche de Sarko?


François Mitterrand, en fin stratège politique, a joué avec le feu. Voulant déstabiliser la droite républicaine, l'ancien président socialiste de la République voyait dans le Front National une occasion unique : diviser l'adversaire. Plus le FN remportait de suffrages, plus le nombre de voix pour le RPR s'asséchait. On peut considérer que l'instauration du scrutin à la proportionnelle en 1985 en est une preuve tangible, et l'une des causes de la démission de Michel Rocard du gouvernement.





Dangereux pari : diviser pour mieux régner, au risque de renforcer les extrémismes. Nicolas Sarkozy n'adopterait-il pas la même stratégie ? Après avoir récupéré les voix frontistes, ne veut-il pas faire d'Olivier Besancenot son Jean-Marie Le Pen de demain ? Plus Besancenot monte dans les sondages et prend des voix à la gauche traditionnelle, plus les partis de la gauche se fragilisent.





Dans les années 80, certains membres et cadres du RPR s'installent à l'aile droite du parti, n'hésitant pas à nouer des alliances avec le FN. Des députés RPR militent alors fermement pour la "dédiabolisation" du Front National. D'autres prennent la direction de régions avec les voix des conseillers régionaux frontistes.





A quoi joue donc l'aile gauche du Parti Socialiste ? Ne risque-t-on pas demain de voir des élus et cadres du PS s'allier avec la LCR ou LO ? Naïfs sont-ils pour ne pas comprendre que soutenir l'extrême gauche aide pleinement Nicolas Sarkozy dans sa stratégie de division.







Et si Besancenot devenait l'arme anti-gauche de Sarko?


Que ces socialistes, prêts à sympathiser avec la LCR, se souviennent : en 2002 Arlette Laguiller refuse de donner une consigne de vote pour le second tour, mettant idéologiquement Jacques Chirac et Jean-Marie Le Pen dans le même bateau. S'ils sont les meilleurs ennemis du monde, les divergences entre LO et la LCR ne tiennent plus volontiers à des raisons d'égo qu'à des raisons politiques.





Plus récemment, regardons du côté du Parti Socialiste. Ou comment un Bertrand Delanoë - refusant une alliance avec le MoDem dans le 5ème arrondissement de Paris - préfère assurer la réélection de Jean Tibéri. Bien que le MoDem ait sa part de responsabilité, Bertrand Delanoë n'a pris cette décision que par soucis de stratégie interne au Parti Socialiste. Alors même que nombre de socialistes critiquent sa politique trop droitière dans la gestion de Paris, le maire de Paris refuse les alliances avec le centre, pour marquer frontalement sa différence avec Ségolène Royal !





Sur des blogs de gauche, j'ai pu rencontrer le sectarisme de certains. Selon eux puisque je suis au MoDem, je ne serais pas de gauche. Sauf que, et je ne cesse de le répéter, je me positionne clairement à l'aile gauche du MoDem. Où commence le centre-gauche, où s'arrête la gauche ? Je pense que les notions de gauche et de droite ont encore beaucoup de sens. Mais que les partis politiques, eux, s'en sont éloignés. Que l'on peut être, tout en militant au MoDem, de gauche sur certains sujets et de droite sur d'autres ; que l'on peut militer au PS et être de droite sur encore plus de sujets.







Face au sectarisme d'une partie de la gauche, je propose donc de nous rassembler. De gauche, du centre-gauche, du centre. Construisons un véritable débat positif. Sujets après sujets, sur quoi nous retrouvons-nous ? Quelles sont nos valeurs communes ? Quelles lois pourrions-nous voter ensemble ? Dans nos programmes, quels sont les points de convergence ? La question n'est plus : comment travailler ensemble ; la question est : sur quels sujets ? Et je suis persuadé que les sujets sont nombreux.





Afin de regrouper celles et ceux souhaitant participer à cette réflexion, afin de proposer une alternative crédible et audible à la droite sarkozyste, nous avons décidé, avec mon camarade Ronald, de créer les LCC : Left & Center Citizens. Plus qu'un rassemblement de militants, un think-tank de citoyens, encartés ou pas, associatifs ou pas, blogueurs ou pas, vous êtes les bienvenu(e)s, dans le respect de nos parcours et de nos différences, dans la volonté d'avancer.








Left & Center Citizens (LCC) : le groupe Facebook.


Left & Center Citizens (LCC) : le groupe Google.


Left & Center Citizens (LCC) : le journal CoZop pour les blogueurs.











Retrouvez le blog de Luc Mandret




Philippe Bilger | 2008-05-11T10:00:00+02:00

Par Philippe Bilger, Magistrat. Pour lequel le dernier rapport de la Ligue des Droits de l'Homme démontre l'engagement partisan de cette association, et le dévoiement de sa noble cause.


Les abus de langage de la Ligue des droits de l'homme


La Ligue des droits de l'Homme (LDH) vient de publier son rapport sur «L'état des droits de l'Homme en France», sous le titre «Une démocratie asphyxiée». On ne sera pas étonné de constater que, pour cette organisation, le bilan est accablant.


Qu'on en juge à partir, notamment, de l'excellente synthèse qu'en a donnée le site de 20 minutes. Pour répliquer à cette charge qui, honnête, n'appellerait aucune réserve, je soutiens que si rien n'est faux, tout est tronqué, partiel et partial dans cette dénonciation. C'est comme si on s'était contenté de décrier la nuit en omettant l'existence du jour.


Il y aurait, selon la LDH, «surtout une rupture avec les droits de l'Homme» et aucune institution, notamment pas le pouvoir judiciaire, n'aurait résisté «au présidentialisme de Nicolas Sarkozy». Je ne crois pas qu'on puisse décréter aussi péremptoirement un recul de l'Etat de droit sauf à avoir de celui-ci une conception figée qui le contraindrait à ne jamais s'adapter aux évolutions sociales et aux transgressions modernes. Quant au pouvoir judiciaire, il ne semble pas qu'il ait été affecté dans son essence et ses pratiques par la première année présidentielle. Certes, Nicolas Sarkozy, pour célébrer Rachida Dati par contraste, a traité les magistrats de la Cour de cassation de "petits pois" et des critiques ont été formulées sur le comportement ministériel du garde des Sceaux, aussi bien à la Chancellerie que dans sa vie mondaine illustrée par certains médias. Il serait abusif de relier ces humeurs intimes, ces traits personnels à l'élaboration d'une politique, à la condition de la magistrature et à la qualité de la justice. Les premiers n'ont pas affecté les secondes. Aussi, la «résistance» du pouvoir judiciaire est demeurée ce qu'elle a toujours été en face de l'autorité politique : fortement corporatiste, très négative, jamais enthousiaste devant les réformes proposées mais totalement libre dans ses expressions professionnelles et syndicales.





Les sans-papiers ne sont pas traqués


Ensuite, à cause de la multiplication des fichiers sur les personnes et de leur croisement, il y aurait un risque pour les libertés publiques et un menaçant quadrillage de la société. D'une part, quelle avancée technique, nécessaire à la sauvegarde de la démocratie, ne constitue pas par elle-même un possible danger mais faudrait-il s'arrêter là et baisser la garde ? D'autre part - et en conséquence directe de l'observation précédente -, le propre d'un Etat républicain est précisément de ne jamais refuser ce qui va permettre de mieux assurer la tranquillité et la sûreté publiques mais de veiller à un contrôle vigilant et permanent des modalités qui seront mises en oeuvre. Le risque qu'invoque la LDH ne doit pas être pris à la légère mais il n'est pas de nature à dissuader une société de se défendre. On sait qu'en amont l'élaboration des fichiers est soumise à des vérifications scrupuleuses au regard, notamment, des préoccupations légitimes de la LDH. En aval, pour peu que l'utilisation des moyens ne soit pas laissée sans surveillance, la fin sera mieux servie, et sa légitimité jamais contestée. Le contraire, qui ressortirait d'un humanisme frileux qu'un principe de précaution éthique ne cesserait pas de nourrir, laisserait la communauté des citoyens, et l'Etat qui en a la charge, dans une situation d'impuissance, certes respectable mais désastreuse.


Par ailleurs, la LDH s'alarme d'un pouvoir qui «prétend définir l'identité nationale(...) sélectionner les immigrés(...) et traquer les sans-papiers jusqu'à déclencher les pires drames humains.» Je ne perçois rien de scandaleux, si on veut bien décaper le débat de la polémique qui le gâte, dans l'exigence d'une identité nationale soumise à certaines règles, dans le désir d'un Etat non pas de "sélectionner" comme des choses mais de choisir et de privilégier telle immigration plutôt que telle autre, sauf à ce que le pays, les bras ouverts, accueille tout le monde en dépit du réalisme. Je déplore l'usage du verbe «traquer» pour dénigrer une politique qui a le droit d'imposer des conditions pour le séjour national et de les faire respecter. Les «drames humains» ne résultent pas de la malignité et du sadisme de l'Etat mais de l'inévitable détresse grosse de tragédies de ces étrangers qui violent nos lois et se voient approuvés par une minorité de nos concitoyens, artistes et donneurs de leçons. C'est la démagogie absurde et facile du "il n'y a qu'à". Les sans-papiers ne sont pas «traqués» mais interpellés, éventuellement poursuivis et condamnés. Et c'est normal.





Il n'y a pas de droit au bonheur


Enfin, le Président de la LDH, Jean-Pierre Dubois, que j'ai connu mais dont la vie m'a séparé - pour lui, une idée n'était acceptable que si elle était conforme au code de «l'humanisme unique» - a résumé le point de vue de son organisation en relevant «qu'il n'y a quasiment pas de sujets sur lesquels nous puissions dire que nous sommes plus heureux qu'il y a un an».


La question du bonheur en politique est une vraie question. Aujourd'hui, être revenu de ses illusions, qu'elles aient été plausibles ou absurdes, ne donne pas une gaîté civique éclatante. La politique déçoit d'autant plus qu'on l'avait cru de retour et l'ancien nous irrite d'autant plus vivement qu'on avait cru au nouveau. Mais, plus spécifiquement, sur le plan des droits de l'Homme et de la politique pénale, le bonheur est un sentiment impossible. Aussi nécessaires qu'aient été les mesures prises - peines planchers, réforme de la carte judiciaire, un droit des mineurs rénové, une politique cohérente pour les étrangers -, aucune ne peut susciter le bonheur. Souhaitables, elles n'aident pas à faire de notre société un paradis, elles lui évitent seulement de devenir un enfer. Et c'est déjà beaucoup.


La LDH, parce qu'elle est une organisation respectable dont le sigle même invite à la congratulation, laisse apparaître sans cesse dans ses constats et dans ce dernier rapport une orientation politique qui est clairement et exclusivement de gauche. Elle n'examine pas, sur le plan des libertés, le pouvoir de droite comme il est mais comme elle le désire. Elle n'hésite pas, sûre qu'elle est de l'approbation dont on la gratifiera dans les cercles éclairés, à remplacer la complexité par le slogan et l'analyse par le réquisitoire. Pour convaincre plus aisément, et sans se gêner, elle exploite seulement une partie du réel qui serait sinon détruite du moins amendée par l'autre. Elle nous propose, par idéologie, une hémiplégie intellectuelle, une sélection éthique. Agissant de la sorte, elle ne fait pas seulement douter d'elle-même mais conduit beaucoup qui refusent ses diktats sommaires à s'opposer vertement à elle au lieu de tirer un meilleur parti de certaines de ses contributions. Excessive, on la fuit. Mesurée, elle pourrait convaincre.





En réalité, l'affrontement met en concurrence deux conceptions de l'Etat de droit. La première le voit fixiste, théorique, inaltérable, bloc de principes et de valeurs au sein de l'écoulement du temps et du bruit et de la fureur du siècle. De sorte que sans cesse dépassé par les transgressions, il ne bénéficie qu'aux transgresseurs. La seconde le perçoit comme une construction constante, inventive, sans cesse légitimée puisqu'elle émane d'une incontestable République. Refusant d'être faible devant les transgressions, il ne sert pas qu'aux transgresseurs. La première croit que l'Etat de droit démontre, une fois pour toutes, la démocratie. Pour la seconde à laquelle j'adhère, la démocratie, chaque jour, le crée.


Aujourd'hui, elle n'est pas asphyxiée.









 

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