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Blog: Marianne2.fr | le site de l'hebdomadaire Marianne

«Le goût de la vérité n'empêche pas de prendre parti» (Albert Camus) | URL | Flux
Date :: 23/3/2012 12:00:02 (Mettre à jour)

Juan | 2008-05-11T08:17:00+02:00

Par Juan. De l'«offre raisonnable d'emploi» à la réduction de la couverture maladie, tout est raisonnable, en Sarkofrance… Du moins pour certaines catégories sociales.


Le mot clé de cette 53ème semaine depuis l'élection de Nicolas Sarkozy fut «raisonnable.» Le gouvernement a en effet présenté et détaillé son projet d'«offre raisonnable d'emploi» qu'un chômeur devra accepter à l'avenir sous peine, après deux refus, d'être radié pendant 2 mois. C'était l'une des promesses présidentielles. La voici explicitée. Ce n'est pas la première fois, en un an, que Nicolas Sarkozy ou ses proches usent (et abusent) d'un soit-disant pragmatisme.





«raisonnable», adjectif


Sens 1 Qui est doué de raison.


Sens 2 Qui agit avec parcimonie


Sens 3 Convenable, acceptable.





Raisonnables la précarisation des chômeurs et des retraités ? Raisonnable, le paquet fiscal ? Raisonnable, l'immigration choisie ? Il importe de savoir pour qui ces «réformes» sont vraiment "raisonnables.»





Précariser le chômeur est raisonnable en Sarkofrance


Concept intéressant, le caractère raisonnable d'une offre d'emploi n'est pas modéré en fonction des métiers, du niveau de salaire ou de l'ancienneté. Le chômeur sera même obligé d'accepter un emploi précaire s'il veut échapper à la radiation. Laurent Wauquiez estime donc que sa proposition aux chômeurs est convenable :





«Concrètement, une offre «raisonnable» d'emploi, [tel que l'entend le gouvernement, lequel veut limiter à deux ces offres «valables» que les chômeurs auront le droit de décliner, NDLR], çà peut vouloir dire un job qui est à 30 km de chez vous. Ou encore, si vous étiez employé dans un garage Renault, un emploi qui s'ouvre dans un garage Peugeot - je parle d'un exemple véridique ! » (source LES ECHOS, jeudi 8 mai 2008)





Laurent Wauquiez choisit ses exemples. Il aurait pu choisir une autre illustration. Par exemple, un chômeur avec 6 mois d'ancienneté à l'ANPE, habitant à Saint Denis en banlieue nord de Paris, et dont le dernier salaire brut était 1200 euros, sera désormais contraint d'accepter un boulot payé 960 euros bruts, à Massy Palaiseau (distance 30,4 km de mairie à mairie). Dernier détail, il devra prendre une carte orange 4 zones à 88 euros par mois... à moins de prendre la voiture à essence (123 dollars le baril jeudi 8 mai)...





Aggraver les déficit publics par le paquet fiscal est raisonnable en Sarkofrance


En 2007, Nicolas Sarkozy a très rapidement fait voter son «paquet fiscal.» Il a eu raison de dire que le bouclier fiscal et l'exonération de droits de succession ne représentent qu'une part marginale de son coût. Le pire est ailleurs. L'exonération de cotisations sociales sur les heures supplémentaires plombe un peu plus et durablement la protection sociale et les retraites. Le régime des retraites perd par exemple 2,5 milliards d'euros par an de financement. Il sera ensuite «raisonnable» d'expliquer aux assurés sociaux qu'ils font qu'ils se serrent la ceinture.





Réduire la couverture maladie est raisonnable en Sarkofrance


Les malades supportent de nouvelles franchises médicales (depuis janvier); les plus durement touchés sont les plus pauvres des malades de longue durée et des retraités. La ministre de la Santé a aussi expliqué que les frais d'optique devraient être à terme pris en charge par les mutuelles et l'assurance privée. En France, 5 millions de personnes n'ont aucune assurance complémentaire. Le 1er mai dernier, le décret modifiant les allocations familiales versées aux foyers avec adolescents est entré en vigueur. Les familles apprécieront.





Précariser les seniors est raisonnable en Sarkofrance


Cette semaine, les (futurs) retraités ont eu confirmation que (1) leur pension n'augmenterait que de 1,9% (1,1% en mars, 0,8% en septembre), (2) les pré-retraités de 57 à 60 ans devraient pointer prochainement au chômage, (3) la durée de cotisation retraite passerait mécaniquement à 41 ans et (4) ils risquent d'être radiés du chômage après deux refus d'emploi comme tout chômeur. 60%* des seniors (55 à 65 ans) ont été ainsi précarisés en quelques jours !





Améliorer la fiscalité des plus riches est raisonnable en Sarkofrance


Nicolas Sarkozy a rapidement mis en place l'une de ses promesses de candidat : abaisser le bouclier fiscal de 60% à 50%. En 9 mois, ce bouclier a servi à rembourser 129 millions d'euros à 3500 foyers... Quand une députée UMP s'est émue des inégalités devant l'impôt, la ministre Lagarde a promis une vaste étude sur les niches fiscales. On avait cru à un «grand soir» culpabilisé. Que nenni. Le rapport est tombé. Il confirme que l'impôt sur le revenu, le plus progressif que notre pays ait inventé, souffre de quelques 200 exonérations fiscales diverses qui coûtent 39 milliards d'euros par an. Mais les auteurs ne s'attardent que sur ... 3 d'entre elles qui représentent un peu moins d'un milliards. Les ambitions de justice fiscale sont ... «raisonnables.»





Exclure les immigrés de certains emplois, sur la base de leur nationalité, est raisonnable en Sarkofrance


Brice Hortefeux a profité du déplacement de Nicolas Sarkozy en Tunisie pour signer un accord sur l'immigration. Il y a quelques mois, le Ministère de l'Identité Nationale avait défini 182 métiers potentiellement ouverts aux immigrés. mais pour les candidats tunisiens au départ pour la France, seuls 77 métiers et certaines filières (mécanique, bâtiment, électronique et informatique) sont ouverts... «L'immigration choisie» ressemble furieusement aux pratiques (post)coloniales qui faisaient réserver les emplois difficiles à une main d'oeuvre docile car loin de chez elle, bon marché car précarisée. La politique de Brice Hortefeux est très certainement raisonnable ... pour certains patrons français.





C'est à l'épreuve des faits - et des mesures - que le pragmatisme politique se juge. Celui de Nicolas Sarkozy n'apparaît «raisonnable» que pour certaines catégories sociales. Qui le niera ?





Ami Sarkozyste, où es-tu ?





* Moins de 40% de cette tranche d'âge travaille en France.




Sylvain Lapoix | 2008-05-11T08:13:00+02:00

Pour les Mariannautes, les attaques de Nicolas Sarkozy visant cinq médias face aux députés UMP s'expliquent très simplement : n'ayant plus les médias de son côté, le Président se trouve seul face à son impopularité.


L'AFP, L'Express, le JDD, Marianne et Le Parisien-Aujourd'hui en France figuraient sur la liste noire du président de la République, déroulée dans son discours du 7 mai face aux députés UMP. « Voilà une bonne manière d'identifier les organes méritant encore le qualificatif de « presse » et par là même les vrais journalistes..., s'amuse Yann, quoique concernant l'Express, je suis dubitatif. » Pour vous, les titres épinglés par Nicolas Sarkozy comme « s'attribuant le rôle d'opposition » sortent grandis de ces accusations. Même si vous trouvez tout de même des faiblesses : le directeur de l'AFP « ne serait-il pas plutôt de son bord ? », interroge Jean31, et le JDD ne serait-il pas tenu par le « frère et ami Arnaud » Lagadère, comme le remarque Marius Porcher.





« Vous tapez là où ça fait mal ! »


Mais dans l'ensemble, vous vous réjouissez ouvertement de ce coup de nerf, révélateur pour vous de ce que le Président est à bout : « Ces menaces à peine déguisées montrent que vous tapez là où ça lui fait mal ! », encourage Usher. Pour Bibi, c'est la frustration de ne pas être Berlusconi, « qui a sa propre presse » qui fait parler ainsi Sarkozy. A vouloir une presse sur mesure, il n'a, selon CF, « aucun sens des réalités. »





Le ton, cependant, inquiète certains d'entre vous qui flairent un mauvais coup. Un coup d'autorité « à la Poutine », selon Remi 86. « Pour la nième fois, l'heure est grave ! », clame Millames. Vous imaginez le président de la République tirant ses dernières cartouches, capable de tout. Sans aller jusqu'à l'inquiétude de Laurrissa, qui voit poindre un « fascisme rampant », SoDem pense ainsi que, entre interventions et sanctions, les journalistes vont lever le pied, « il suffit de voir France 2 en ce moment pour s'en rendre compte. » Sarkozy va-t-il emprunter l'argent à Berlusconi pour s'acheter sa propre presse et censurer le reste, comme le suggère Nosfératu ? Et tous en coeur de vous demander : mais que fait Robert Ménard ?





L'opposition existe, vous l'avez rencontrée !


« L'opposition n'existe plus en France ? Le parti socialiste, veut-il dire, corrige GR. Parce que l'opposition, aujourd'hui, c'est les 2/3 du peuple français ! » Un certain nombre de Mariannautes évoquent d'ailleurs un simple écran de fumée pour détourner l'attention, notamment des franchises médicales ou de la privatisation de la Sécu selon Chtulu. D'après vous, cette petite sortie ne fera qu'enfoncer le clou de l'impopularité.





SoDem émet une autre hypothèse : « Attendez-vous sous 48h à un sondage Opinion way disant que 80% des français trouvent que la presse est trop sévère avec lui. » C'est d'ailleurs déjà l'opinion de quelques sarkozystes discrets qui participent au débat comme Nan qui dénonce une « guerre totale » de la presse contre le Président. Dans cet affrontement, vous donnez à Marianne l'honneur de figurer en première ligne mais vous étonnez que Le canard enchaîné ou Charlie Hebdo n'aient pas figuré au même rang dans le discours présidentiel. A ces titres, vous ajoutez Le Monde, Courrier international et une poignée d'autres. « Sarkozy révèle, par ses propos, sa véritable conception du journalisme », juge Alain. Et apparemment, ce n'est pas la presse que vous voulez lire !




Sylvain Lapoix | 2008-05-11T08:04:00+02:00

Happy birthday to you Mr President ! Sur les 10 hits de la semaine, Nicolas Sarkozy en raffle cinq pour son anniversaire. Fidèle à son habitude, il laisse quelques marches du podium à ses médias préférés, JDD, Europe 1 et RTL, qui les partagent avec l'UMP.


1 - Sarkozy cible le JDD, Espérandieu viré. Coïncidence ? Par Philippe Cohen et Sylvain Lapoix, 17595 lectures et 149 commentaires.





2 - Sarkozy : vous avez dit discret ? Par Nicolas Domenach, 17573 lectures et 151 commentaires.





3 - Un an déjà de de Sarkofrance : Bling Blang Bing


par Juan, 16890 lectures et 115 commentaires.





4 - Sarkozy : cinq raisons d'y croire encore... pour les sarkozystes, par Nicolas Domenach, 14798 lectures et 159 commentaires.





5 - Petit pense-bête au CSA sur le cas Elkabbach, par Régis Soubrouillard, 14558 lectures et 68 commentaires.





6 - Un an seulement et les chars du réel attaquent le printemps sarkozien, par Philippe Cohen, 12896 lectures et 149 commentaies.





7 - UMP : les Jeunes Pop font pshitt!, par Pauline Delassus, 12750 lectures et 150 commentaires





8 - RTL à Hondelatte : «Si tu reviens on annule tout», par Bénédicte Charles, 9904 lectures et 20 commentaires.





9 - Vive le pétrole cher, tueur de 4X4, par Bernard Maris, 9529 lectures et 134 commentaires.





10 - Plus je vois les hommes, plus j'aime ma poubelle


, par Alexis Macquart, 9271 lectures et 135 commentaires.








Le hit prend en compte les articles publiés entre le samedi 3 au samedi 10 mai et le nombre de lectures et de commentaires le samedi 10 mai à 16h00.




Paratiritis | 2008-05-11T08:01:00+02:00

Par Paratiritis, Mariannaute. Suite à l'article de Bernard Maris sur les 4x4 menacés, Paratiritis se prend à rêver des prochaines évolutions : un monde sans voyage éclair, plus sobre énergétiquement. Avec en prime, le retour de la douceur de vivre.


Je me réjouis de la mort annoncée du 4x4… encore que les riches étant toujours plus riches, ils s'en paieront une gamme, un pour chaque membre de la famille et ça maintiendra un petit marché. Les avions sont un vrai problème: une de nos industries pilotes se trouve menacée et je ne pense pas qu'on fera voler des Airbus géants avec du jus de soja ! On va sans doute continuer à subventionner scandaleusement, via le kérosène détaxé, ces monstres pollueurs. Seule la bonne vieille marine, en optant pour des énergies douces pourrait se substituer à l'avion touristique!





Christophe Colomb a découvert l'Amérique pour pas un rond de carburant, il faudrait qu'on s'en souvienne. Les techniques existent, il faudra les vulgariser; peut-être aussi recourir un peu plus aux dirigeables pour les transports lourds, voire pour les croisières. Les vacances éclair au bout du monde, un week-end prolongé à New York ou à Pékin, c'est fini. Il faudra revenir à un système de congés regroupés, en continu, si l'on veut continuer à voyager loin (voyager LENTEMENT : le bon temps va revenir!), au lieu du morcellement actuel qui avait été mis en place pour faire marcher à pleins tubes l'industrie touristique vorace en carburant.





Tout se tient, et on pourrait allonger indéfiniment la liste des conséquences, ce qui fera hausser les épaules à certains, mais ils seront chaque jour moins nombreux que la veille. Réfléchissez bien: la mort du pétrole annonce peut-être un avenir moins sombre… Je commence à devenir optimiste !










Jérôme Leroy | 2008-05-10T14:24:00+02:00 | 20 lectures

Frédéric Fajardie est mort le 1er mai 2008. C’était un très grand nom du roman noir français dont il renouvela les codes à la fin des années 70 en compagnie de Jean-Patrick Manchette ou de Jean Vautrin.


Fajardie : mort d'un bernanosien rouge


Frederic Fajardie est né le 28 août 1947. Son après-guerre a la couleur grise des pauvretés sans pittoresque. Il garde pourtant, courant comme un fil d'or dans son œuvre, une nostalgie inguérissable de l'enfance, une enfance illuminée par l'image d'un père connaissant des fortunes diverses, tour à tour ferrailleur et bouquiniste dans une librairie où le futur écrivain reçoit les encouragements de Max-Pol Fouchet qui venait revendre ses services de presse.


Les années cinquante et soixante de Fajardie sont celles d'un spleen tenace et de petits boulots dans un XIIIème arrondissement aujourd'hui disparu jusqu'à ce qu'il décide de faire la Révolution. Ce sera, dès 1967 les CVB, comités Vietnam de base, bras musclé du maoïsme français. Cet engagement gauchiste de Fajardie ne fit jamais de lui un puritain même quand il devint un des grenadiers voltigeurs attitrés de la Gauche Prolétarienne. Comme il le disait lui-même, « cette époque sentait bon le complot, l'extrême gauche, l'amitié. » De Mai 68, il consigne l'essentiel dans Jeunes femmes rouges toujours plus belles(1988), manière de Chartreuse de Parme du gauchisme français.





Le pourfendeur de la gauche bling bling des années 80


Un service militaire dans la DCA en Allemagne en 1969 lui permet de digérer la désillusion. Le Grand Soir se faisant attendre, Fajardie reprend ses études, histoire de prouver qu'un autodidacte ne finit pas forcément dans la peau de Staline ou de Bernard Tapie : un bac philo, trois licences et un DEA à l'école pratique des hautes viennent couronner ses efforts. En 1974, il rencontre son épouse Francine, qui l'encourage dans sa vocation d'écrivain presque oubliée et à qui il dédiera tous ses livres.


Il choisit donc d'abord le roman noir qui est un moyen comme un autre de continuer la Révolution. Cela va donner Tueurs de Flics en 1979. Le succès est immédiat, salué par Vautrin, Jean-Paul Kaufman ou Jean-François Fogel. Entre 1979 et 1993, Fajardie va publier vingt deux romans, dix recueils de nouvelles et écrit pour le cinéma, la télé et la radio. Mais 1993 est aussi l'année de Chronique d'une liquidation politique, un essai rageur sur les reniements et l'arrogance de la gauche au pouvoir (il y eut également une gauche bling bling au début des années 90). Cette critique lui coûte cher et il se retrouve victime d'une véritable interdiction professionnelle en tant que scénariste, sans compter l'omerta de journaux « amis » tels Libé ou Telerama. Comme Bernanos, dont il était un grand lecteur, Fajardie n'avait pas hésité à tirer sur ceux qui ne pouvaient imaginer qu'une attaque vienne de leurs propres rangs. Mais Fajardie ne reniait rien de ses engagements premiers, bien au contraire.





Le camp du peuple fut toujours son camp



En effet, pour paraphraser la chanteuse Dominique Grange dont Les nouveaux partisans était l'hymne de la GP, le camp du peuple fut toujours son camp. Il avait beau devenir un auteur culte pour nombre de jeunes hussards royalistes, il avait beau être ami avec ADG, Fajardie demeurait un écrivain « de terrain ».


En 2003, il reste plusieurs mois sur le site de Metaleurop dans le Pas de Calais alors que cette usine de traitement du plomb va être délocalisée. Il recueille les réactions des ouvriers licenciés qui occupaient les lieux et cela donne Metaleurop, paroles ouvrières dont les droits d'auteurs furent reversés aux associations locales.


Inventeur du commissaire Padovani, héros récurrent de six livres et double littéraire, Fajardie fut aussi un grand romancier de l'Histoire plus qu'un simple romancier historique. La résistance, la guerre d'Espagne, les suites des deux guerres mondiales, rares sont les périodes où il ne fit pas se battre et s'aimer ses personnages, tour à tour romantiques, désespérés, drôles et poétiques. Il avait d'ailleurs sensiblement agrandi son public ces dernières années avec la série des Foulards Rouges où il faisait passer en contrebande, de manière très efficace, en plein Grand Siècle, des névroses et des souffrances tout à fait contemporaines.


La certitude que son œuvre qui compte plus de 360 nouvelles et une soixantaine de romans est faite pour durer est bien la seule consolation que l'on puisse trouver à cette disparition.













Régis Soubrouillard | 2008-05-10T13:48:00+02:00

La révolution doit-elle obligatoirement passer par le canapé tout rouge de Michel Drucker ou ce menu détail actera-t-il pour toujours le renoncement de la LCR à ses dernières utopies. Séguéla est pour la révolution sur canapé…rouge. L'honneur est sauf !

Olivier Besancenot doit-il aller faire le beau chez Michel Drucker et applaudir Charles Aznavour ? L'affaire pourra sembler dérisoire. Elle l'est, à l'évidence. Pourtant, le diable on le sait se niche dans les détails. Aussi, le simple fait qu'Olivier Besancenot accepte de s'asseoir sur le confortable canapé rouge de Michel Drucker est l'occasion de s'interroger sur la stratégie médiatique qui anime les trotskystes de la LCR depuis le début des années 60 et surtout sur la légèreté de cette stratégie.




Les gaudrioles de Canal


Dans leur rapport aux médias, Alain Krivine et la LCR avec lui ont toujours prôné un « compromis sans compromission ». La formule est aussi belle qu'elle est illusoire. Chacun sait à quel point les médias sont aujourd'hui des puissances d'argent, dépendants de multinationales, cibles pourtant premières de la LCR et ô combien épargnées par cette dernière.


Toutes choses que la LCR fait semblant d'ignorer, n'ayant jamais inclus les multinationales médiatiques dans sa liste noire de suppôts du grand capital, ni développé une théorie fondamentalement critique des médias, à l'inverse d'autres mouvements proches de l'extrême gauche, relevant de la galaxie bourdieusienne (Acrimed, Monde Diplomatique, Le Plan B etc.). Acrimed s'est montré plutôt sévère vis à vis de la faiblesse des propositions de la LCR sur les médias en 2007. Le Plan B lui beaucoup moqué des passages de Besancenot dans les émissions de Laurent Ruquier, ou aux « Grosses Têtes »…


Moins qu'un people, Olivier Besancenot est un homme de télévision. Encore récemment, on le voyait faire l'acteur dans l'émission Groland de Canal Plus. Chaine censément anti conformiste du Paf, propriété aussi du groupe Vivendi. C'est dire à quel point la LCR s'est appropriée les codes de l'audiovisuel.





La suppression de TF1 ?


Le documentariste et journaliste Pierre Carles tient un discours autrement plus radical qui dit bien la légèreté du positionnement de la LCR : « Canal+, qui a censuré mon premier film, se complaît dans la gaudriole, la satire inoffensive. Une démarche radicale consisterait à exiger la suppression de certains de ces médias. Pour supprimer TF1, il suffit de se référer au programme du Conseil national de la Résistance ».


Des propos, qui mêmes édulcorés, paraissent inimaginables dans la bouche d'un Besancenot. Lors de la présidentielle, seul François Bayrou avait osé taper sur les mandarins de l'information. Besancenot, lui, est un invité incontournable des talks-shows aux côtés de ses potes de la scène Rap ou des nouveaux comiques. La Ligue sait qu'elle n'a pas à se plaindre du traitement qui lui est réservé. Par cet aveuglement d'opportunité, elle frise l'inconséquence.




Un média de dépolitisation


Pour se justifier, la LCR argue que les milieux populaires seraient tellement dépolitisés que, pour rétablir le contact avec eux, les responsables politiques seraient contraints de jouer les vedettes dans des émissions de variétés. Le philosophe Marcel Gauchet récuse cette chimérique ambition : « la télévision est le média d'une société de gens qu'on tente de dépolitiser en en faisant des spectateurs de la vie sociale beaucoup plus que des acteurs. Elle est à l'origine d'une démobilisation inattendue de nos sociétés, tant sur un plan politique que, plus profondément, civique ». C'est précisément en abusant de cette mise en avant d'une image consensuelle que la LCR participe de la dépolitisation de son propre message. Si la presse écrite est bien un contre-pouvoir qui implique une démarche active, par nature la télévision est un pouvoir de consommation passive qui participe bien plus de l'aliénation des masses laborieuses que de leur libération. Si la Ligue croit encore en l'utopie révolutionnaire, la moindre des choses serait de prendre en compte qu'elle ne saurait se réaliser en collaboration avec les puissances de l'audiovisuel, qui sont aussi et avant tout des puissances d'argent.





Besancenot bankable


Présentant un trotskisme accessible, une révolution acceptable, Olivier Besancenot parvient certes à tenir un discours socialement radical dans les médias, rarement relayé mais pas dérangeant pour autant. Evoquer la misère dans les termes les plus crus reste un instrument du divertissement, une participation au spectacle...


Preuve en est : Bouygues et Vivendi redemande du Besancenot. Le facteur de Neuilly en plus d'être un révolutionnaire présentable est bankable.





Besancenot-Sardou : même non-combat


Le simple fait que la société de production de Michel Drucker ait pu, ne serait-ce qu'envisager d'inviter un militant révolutionnaire sur son plateau dit bien à quel point le message révolutionnaire est devenu inoffensif. A peu près aussi inoffensif que les couplets additionnés de tous les Florent Pagny de la terre. Le chien de Drucker ne mouftera pas et dormira sur ses deux oreilles aussi paisiblement que quand Drucker invite son ami Michel Sardou.




Séguéla : « la consécration d'une star politique »


En qualifiant de « consécration », le passage de Besancenot à Vivement Dimanche, le publicitaire sarkozyste Jacques Séguéla donne, à sa manière, le baiser de la mort au facteur de Neuilly. « On assistera dimanche à la consécration d'Olivier Besancenot comme star politique à temps plein ! Vivement dimanche est une émission qui n'est pas trash, et où passent les grands hommes politiques » s'extasiait Séguéla dans une interview à 20 minutes. La stratégie médiatique d'un parti révolutionnaire validée par le plus servile des conseillers sarkozystes du dimanche, et accessoirement patron d'Havas. La ligue n'en demandait sans doute pas tant. En d'autres temps, Séguéla disait la même chose de Sarkozy qui avait suivi ses conseils, à ceci près que le président n'a jamais caché son souci de gagner en notoriété bien plus que de diffuser un quelconque message politique. Face au télé-président, Besancenot se mue de plus en plus en télé-opposant…où seul le préfixe compte.





Le Figaro est conquis !


Même Le Figaro, qui a pu assister à l'enregistrement de l'émission a trouvé là une incarnation finalement très rassurante de la révolte. Au point de consacrer une page enthousiaste à « ce jeune de son temps », véritable « gendre idéal » issu de la « gauche qui ne lâche rien »…Sur sa vie privée, il n'a certes rien lâché, nous dit le journal de l'avionneur Serge Dassault. Certains extraits de l'article disent quand même que l'atmosphère n'était pas au Grand Soir : il a pu dénoncer « en toute tranquillité la grande distribution qui se fait des couilles en or » -on retiendra la tranquillité- ; dans la salle une cinquantaine de personnes « choisies par la direction de la LCR » ; « un chauffeur de salle pour apprendre à applaudir bien fort » ; le compliment le plus lourd à porter, venant, comme souvent de Drucker lui-même : « il occupe l'espace ». Dur, très dur constat quand le message révolutionnaire se limite à occuper l'espace…On entend déjà les souffles rassurées des bonnes dames de Neuilly et des Champs-Elysées : « C'était donc ça les chars de l'armée rouge aux portes de Paris…Ca a l'air bien ! ».





Jospin : Drucker ou l'élysée ?


Pied de nez de l'histoire –et pas des moindres- le seul trotskiste a avoir jamais refusé de se rendre chez Michel Drucker est un certain Lionel Jospin en décembre 2001. « Il était invité mais il a tergiversé et finalement il n'est pas venu. Quand on sait que, le 21 avril 2002, seulement 194 000 voix le séparaient de Le Pen… » dira Drucker dans sa biographie. Si seulement l'Histoire repassait les plats… Drucker ferait élire Jospin !


Vaste plaisanterie tout juste digne d'un professionnel indéboulonnable de l'industrie du spectacle qui prend toutes ses vessies pour des lanternes. Jospin, aussi critiquable soit-il par ailleurs, avait compris que la dimension politique du défi à relever était d'une toute autre ampleur que la qualité d'une simple prestation télévisuelle entre le thé, le café et la sieste du dimanche chez Papy Drucker. Besancenot croit le contraire. Evidemment, il s'en tirera avec les honneurs. Le « trotskiste à bicyclette » est un « bon client » et déjà une victime certaine du « grand tombeau à paillettes » selon l'expression de l'écrivain Philippe Muray. Tout ça pour ça.




Roland Hureaux | 2008-05-10T08:28:00+02:00

Par Roland Hureaux. Prise dans l'urgence de tenir ses promesses, l'administration Sarkozy veut réformer à tout-va. En massacrant les services publics et la protection sociale d'un côté, en rêvant à des usines à gaz administratives à l'utilité douteuse de l'autre. Des réformes, disent-ils...


L'aberrant rêve sarkozyen d'un Etat-entreprise


Après l'affaire de la carte famille nombreuse et celle du remboursement des lunettes, le président a prévenu qu'il ne devait pas y avoir de nouveau dérapages.


Il y en aura pourtant.


Cela en raison de la méthode de gouvernement suivie depuis un an – et davantage.


Quand des ministres peu inspirés sont sommés de produire des projets de réforme à tout va – ou tout simplement de faire des économies -, ils pressent leurs services de leur faire des propositions.


Ceux-ci ont tous dans les tiroirs des projets en réserve, généralement depuis plusieurs années. Mais si ces projets en réserve étaient bons, cela se saurait, et il y a longtemps qu'on les aurait appliqués.


La méthode Sarkozy s'est traduite par un raffinement supplémentaire de la démarche: la «révision générale des politiques publiques» fait appel à des consultants privés, au départ peu au fait des spécificités des organisations publiques, et qui sont allés eux aussi chercher des idées dans les cartons des ministères. On croit savoir que même Jacques Attali a fait appel à un grand consultant.


Le rapport Attali propose de mettre les prestations familiales sous conditions de ressources. Juppé s'y était essayé, puis Jospin. L'un et l'autre avaient échoué. Et voilà à nouveau l'idée sur le tapis.


Pour ce qui est de la Sécurité sociale, après l'abandon de l'idée saugrenue, chère à Raffarin, de travailler le lundi de Pentecôte, la restriction aux remboursements des frais dentaires ou optiques font partie de la panoplie des projets que l'on est toujours prêt à ressortir en cas de nécessité, de pair avec la hausse de la franchise ou la fermeture des petits hôpitaux.





Egalité ou équité ? Les Français préfèrent l'égalité


En matière sociale, ces projets reprennent une vieille antienne de l'Inspection des finances – et de tout ce qui depuis trente ans est supposé penser les réformes, si pensée il y a, l'idée d'un meilleur «ciblage» (une expression technocratique qui fait florès) des aides sociales en direction des plus nécessiteux, manière de paraître à la fois plus juste et plus économe. Alain Minc avait formulé cette idée en proposant de substituer l' «équité» à l' «égalité» (qu'en termes élégants ces choses là sont dites !). Les allocations familiales ? Pour les plus pauvres seulement. En matière d'assurance maladie ou d'allocations de chômage, voire de retraites, on s'efforcera, dit-on, de mieux distinguer la logique dite «assurancielle» – que l'on peut éventuellement privatiser - de la logique de solidarité – qui doit rester au secteur public. En matière de logement, on proposera de pousser hors des HLM les locataires qui remplissaient les conditions de ressources quand ils sont entrés, mais qui ne les remplissent plus. En matière universitaire, le relèvement des droits d'inscription pour tous doit être compensé (du moins on le suppose) par l'allocation de bourses plus conséquentes aux étudiants nécessiteux, etc.


Cette logique est imparable dans sa rationalité. Le problème est qu'elle heurte de front la mentalité française : n'en déplaise aux grands augures, nos concitoyens préfèrent l'égalité à l'équité (si tant est que cette dernière soit vraiment équitable !) et on n'est pas prêt de les faire changer d'avis car ils ont de bonnes raisons pour cela. La logique dite de l'«équité» contribue en effet à enfermer un peu plus dans des ghettos les catégories que l'on voudrait privilégier, à commencer par les immigrés; en outre, elle frappe en premier lieu les classes moyennes inférieures qui s'estiment déjà lésées par des impôts lourds dont elles veulent voir le retour. Elles en ressentent d'autant plus le poids qu'elles ne bénéficient, elles, à la différence des vrais riches, ni du bouclier fiscal, ni de possibilités d'évasion. C'est, selon Emmanuel Todd, la défection de ces classes qui a assuré le succès du non au référendum du 9 mai 2005.


C'est pourquoi la plupart des tentatives tendant à substituer l'«équité» à l'«égalité» ont jusqu'ici échoué. S'agissant des droits d'inscription universitaires, nos dirigeants, échaudés par les événements de 1987, savent qu'il ne faut pas y revenir. Pour d'autres sujets, par exemple pousser hors des HLM ceux qui dépassent le revenu plafond (ce qui figure dans le projet de loi sur le logement en préparation), il y a fort à parier que l'idée, déjà expérimentée par Juppé, aura les mêmes effets que précédemment: levée de bouclier, recul du gouvernement, bref de nouveaux couacs en perspective.





Services publics : haro sur les petites structures



En matière de services publics, les poncifs proposés par nos grands cerveaux sont aussi peu inspirés : s'agissant de l'Etat, de La Poste, des préfectures, des hôpitaux, il n'est que rarement question de réduire les effectifs dans les grandes structures où chacun soupçonne pourtant qu'il y a bien des économies à faire; ce sont toujours les bouts de chaîne : sous-préfectures, petits tribunaux, petits centres de tri, hôpitaux ruraux, jugés à tort ou à raison peu rentables, que l'on se propose de supprimer. La réforme de la carte judiciaire présentée comme la pierre angulaire de la remise en ordre de la justice, s'inspirait de cette optique sans que les bénéfices financiers en soient encore avérés. En fermant la caserne, le tribunal, l'hôpital et demain la sous-préfecture, c'est notre réseau de petites et moyennes villes, celles qui ont fait pendant longtemps la spécificité de la géographie et de la civilisation françaises que l'on mine. Si la DATAR existait encore, elle nous expliquerait qu'en poussant ainsi la population vers les grandes métropoles, on induit des surcoûts collectifs considérables qu'il faudrait aussi mesurer. Curieusement, la France du milieu du XXe siècle, pourtant beaucoup moins riche, pouvait s'offrir tous ces services de proximité. A quoi sert le «progrès», se demandent légitimement les populations concernées, s'il conduit à appauvrir systématiquement l'offre de services publics ? La volonté réitérée, malgré plusieurs échecs, de réduire les petites brigades de gendarmerie fut une des causes de la révolte des gendarmes de la fin 2001. Comme dans le cas de la carte familles nombreuses, les mesures que l'on dut prendre ensuite pour éteindre l'incendie coûtèrent beaucoup plus cher que les économies prévues au départ.


Les idées de réforme ou d'économies ainsi tirées des placards ont en commun de s'en prendre à des fondamentaux de la politique française au sortir de la guerre, comme la politique familiale et l'aménagement du territoire. N'est-ce pas parce qu'il avait quelques remords sur ces sujets aujourd'hui délaissés que le président a nommé lors du dernier remaniement Nadine Morano secrétaire d'Etat à la Famille et Hubert Falco à l'aménagement du territoire ? Mais à quoi bon, si toutes ces politiques demeurent inchangées ?





La «fusion-acquisition» n'a pas sa place dans l'Etat


Si l'on voulait dresser un tableau complet des marottes de la haute fonction publique, reprises par les cabinet d'audits ou les grands experts de type Camdessus ou Attali, il faudrait ajouter les regroupements de services de l'Etat sur le modèle propre au secteur privé de la «fusion-acquisition»: Impôts-Trésor, Police-Gendarmerie, Agriculture-Equipement, Patrimoine-Archives etc. Le but est «un Etat stratège et efficient», répètent nos hauts fonctionnaires sans se rendre compte du ridicule d'une formule déjà usée. Là aussi beaucoup de bruit, un «coût de transition», comme disent les spécialistes, très élevé, pour des économies finalement problématiques. Surtout l'oubli de cette donnée élémentaire que l'on ne peut faire fondre les structures publiques, à la différence des entreprises, que par la base et non par le sommet - et aussi de cette autre, que dans le secteur public, l'«efficience» diminue la plupart du temps avec la taille des organismes. Caricatural est le fait que les mêmes qui proposent ces mesures de simplification des structures proposent en même temps de créer toujours plus de nouvelles agences, offices etc. : ainsi le rapport Attali lance-t-il l'idée d'agences de services publics, d'agences de formalités pour les PME etc. Le plan Sarkozy d'avril 2008, «250 mesures pour économiser 7 milliards d'euros», après avoir annoncé «la suppression d'une trentaine de structures d'administration centrale ou d'organismes divers» (sans dire lesquels) propose dans la foulée sans sourciller «la création d'une Haute autorité chargée de garantir l'indépendance du système statistique», la «création d'une Haute autorité de la concurrence», la «création d'un centre national d'appels pour les consommateurs» etc !





M.Sarkozy voulait réformer l'Etat de fond en comble. Il ne décolère pas, paraît-il, sur l'incompétence de ses équipes. Il a raison. Malheureusement pour lui, elles reposent sur les mêmes hommes, les mêmes idées, généralement éculées, la même culture qui ont si bien assuré l'échec des tentatives de réforme précédentes. Faute d'un vrai renouvellement de la pensée réformatrice – et sans doute du personnel chargé de proposer et mettre en œuvre les réformes -, sa politique aboutira aux mêmes échecs que précédemment, alors que la situation est plus critique. Dans certains cas, comme la réforme de la carte judiciaire, le pouvoir peut encore passer en force - pour quel bénéfice et à quel coût politique ? Gageons que dans bien d'autres cas, il sera contrait de reculer comme il vient de le faire sur la carte famille nombreuse.







Sylvain Lapoix | 2008-05-06T09:30:00+02:00

Depuis deux jours à la radio, les ministres débitent leur leçon : ils mènent un «projet à long terme», «conforme au programme» dans le «camp de la réforme». Marianne2 vous offre la partition de ce concerto de marketing politique en temps de crise.


A l'école primaire, c'était un jeu de cancres : pendant la récréation, chacun se voyait attribuer un mot - de préférence difficile, comme ornithorynque, potiron ou Marlon Brando - qu'il devait placer pendant une de ses interventions en cours. Au gouvernement, c'est au contraire devenu un jeu de bons élèves. Chaque fois qu'ils répondent en direct aux questions des journalistes, les ministres doivent placer des expressions toutes faites et des concepts élaborés par les services de communication de l'Elysée afin de faire passer à l'opinion le message suivant : «tout va bien, nous maîtrisons la situation.» En jargon de marketing politique, on appelle ça le wording et, entre le dimanche 4 et le lundi 5 mai, pas moins de cinq membres du gouvernement ont récité, au mot près, le petit compliment élyséen pour répondre à la crise de confiance des Français.





Xavier Bertrand sur RTL : premier de la classe en récitation





Argument 1 : Les réformes prennent du temps (environ 5 ans)


Le boulot avait été, il est vrai, largement facilité par les journalistes : le 6 mai (anniversaire de l'élection de Nicolas Sarkozy) approchant, ils n'avaient tous que le mot «bilan» à la bouche. D'où la réponse unanime des ministres interrogés : «nous avons engagé une action sur le long terme.» Un long terme qui dure… 5 ans, évidemment! Pédagogue sur RTL, lundi matin, Xavier Bertrand invitait ainsi Jean-Michel Aphatie à imaginer «une maison à construire en 5 ans. Au bout d'un an, ce n'est pas fini.» Plus joueur (tendance turfiste), Eric Woerth, au Grand rendez-vous Europe 1-TV5 Monde-Le Parisien Aujourd'hui en France, expliquait qu'il faut tenir compte de la «contrainte de temps» avant d'ajouter que, comme aux courses de chevaux, «il ne faut pas être premier 400 mètres avant l'arrivée.» Lapidaire, Fillon, interrogé sur France Info lundi matin, soulignait que «le bilan, c'est à la fin du quinquennat.» Et toc !





Argument 2 : Tout était dans le programme et on applique le programme.


Deuxième grand classique du wording : s'appuyer sur la légitimité tirée des urnes. Chacun des ministres s'est donc fait fort de rappeler que les réformes «respectent les propositions de campagne», comme le disait Brice Hortefeux sur France Inter lundi matin. Et de s'adosser au «contrat moral» passé avec les Français, comme François Fillon : «nous tenons nos engagements par rapport à l'élection présidentielle.»





Brice Hortefeux sur France Inter : subtilement conforme au wording de l'Elysée





Argument 3 : Les Français s'impatientent car ils veulent des résultats.


Cet argument-là est une vulgaire reprise du wording du second tour des municipales. Les sondages et autres enquêtes d'opinion largement défavorables au Président et à son action auraient pourtant de quoi contredire cet optimisme, non? Eh bien non. Pour les membres du gouvernement, c'est évident : ce que cherchent à dire les Français à travers les sondages, c'est «plus vite, plus fort». C'est «l'impatience face aux résultats», comme l'a si bien dit Nathalie Kosciusko-Morizet (NKM), invitée du Grand jury RTL. Xavier Bertrand a d'ailleurs enfoncé le clou : «Le message des Français nous l'entendons : plus vite les résultats».





Et François Fillon d'ajouter : «que les réformes passent mal, ça n'a rien d'anormal, c'est le contraire qui serait étonnant». Car, voyez-vous, selon le Premier ministre, on a tant attendu pour mettre en oeuvre ces grands changements que désormais le gouvernement fait tout, très vite, d'où des «crispations» - le mot préféré de Fillon lors de son interview sur France Info. Il arrive quand même que les sondages soient favorables aux réformes. C'est le cas dans le Figaro de lundi, qui publie une enquête d'Opinion way (qui l'eût cru?) où on apprend que les Français trouvent qu'allonger la durée de cotisation pour les retraites «va dans le bon sens». Alors là, Fillon se décrispe, oubliant au passage combien c'est, selon lui, «anormal»…











François Fillon sur France Info : le Monsieur loyal du cirque de la Réforme





Argument 4 : Il y a maintenant deux camps : les conservateurs et les réformateurs.


Grande nouveauté de l'argumentaire prémâché : les ministres font désormais de l'exégèse de politique politicienne. Chacun d'entre eux nous a offert sa version perso du crédo : «le nouveau clivage se fait entre les conservateurs et les réformateurs.» Répété quasi-textuellement par Bertrand et Hortefeux, il est plus fleuri dans la bouche d'Eric Woerth : «la grande réussite des socialistes, c'est d'avoir l'immobilisme au coeur de leur combat», s'est permis le ministre du Budget, épinglant notamment Julien Dray. On pourrait d'ailleurs trouver un parallèle amusant entre ce nouveau slogan et celui qu'ont déniché les jeunes militants de l'UMP Grandes écoles pour commémorer Mai 68 à leur façon : «40 ans après, la jeunesse qui bouge a changé de camp.» Mais il s'agit, bien sûr, d'une simple coïncidence...





Argument bonus sur les retraites : Le gouvernement ne fait qu'appliquer la réforme de 2003 !


Dernier détail amusant : pressés de se justifier sur la réforme des retraites qui doit amener à 41 le nombre d'annuités de cotisation pour une retraite à plein taux, Xavier Bertrand et François Fillon ont brandi comme une évidence le fait qu'il ne s'agissait là que de l'application de la réforme de 2003 ! Alors avis aux sondés du Figaro/Opinion Way : les bonnes idées du gouvernement, elles ne sont même pas de lui !




Sylvain Lapoix | 2008-05-06T08:56:00+02:00 | 1 lectures

Retrouver un ami de maternelle, écrire sur le mur d'un pote ou exhiber des photos compromettantes… ces actions étranges sont devenues pour les usagers de Facebook des habitudes. Transposées dans la réalité, comme dans ce sketch de la BBC, elles prennent un tour inquiétant !







Bernard Maris | 2008-05-06T08:38:00+02:00

Avec France Inter, la chronique de Bernard Maris, journaliste et écrivain. Qui explique la coïncidence française d'une croissance molle, d'une baisse du chômage et d'une faible productivité.


L'économie française s'américanise


Quel bilan faire de la politique économique du gouvernement au bout d'un an ? Un an, en économie, c'est une durée très très courte. Apparemment la loi TEPA (Travail, emploi, pouvoir d'achat) n'a pas eu l'effet favorable qu'on espérait, mais a eu les conséquences que pouvait attendre tout économiste moyennement doué. A savoir : l'épargne des riches a augmenté, du fait des réductions fiscales ; et la consommation des moins riches a entrainé une augmentation du déficit du commerce extérieur.


Et pourtant, il y a incontestablement un bon résultat économique, depuis un an, qui concerne le chômage. On peut se demander dès lors si la baisse du chômage a quelque chose à voir avec la fameuse loi TEPA. La réponse est non. La baisse du chômage vient de plus loin. En fait voilà 2 ans que la France crée des emplois dans le secteur concurrentiel, un peu plus de 500 000 ce qui a fait tomber à 7,5% le taux de chômage. Mais c'est chez Jean-Louis Boorlo qu'il faut chercher une part du mystère : en créant le CESU, Chèque emploi service universel, Jean Louis Boorlo a développé les emplois à domicile, qui n'engendrent que très peu de croissance, sont de faible productivité et mal payés. Voilà pourquoi une France sans croissance peut créer des emplois.


Deuxième explication, assez plausible : les statisticiens se seraient trompés dans la mesure de la croissance, beaucoup plus fort que celle annoncée. C'est la thèse des statisticiens de l'OFCE.


Troisième explication, le « papy-boom » commence à produire ses effets.


Enfin dernière explication, qui rejoint les précédentes, notre pays délaisserait l'industrie, où la relation emploi-croissance exige une très forte croissance à cause des gains de productivité, et se tournerait de plus en plus vers les services ; naîtrait ainsi une économie duale, à l'américaine, avec beaucoup d'emplois des services peu qualifiés et peu payés, à coté d'un secteur ultra compétitif à forte valeur ajoutée. Ce n'est pas une très bonne nouvelle, dans la mesure où la baisse de l'industrie est tout à fait corrélative d'une baisse de la recherche. De fait, lorsqu'on regarde la part du PIB consacrée à la recherche, 1,3% elle est loin du protocole de Lisbonne qui exigeait au moins 2% du PIB consacré à la recherche. Mais il est vrai que cette part de la recherche baisse depuis fort longtemps !





La phrase du jour
: «C'est bien simple, disait cette dame, si je n'avais plus de domestiques, je ne pourrais plus tricoter pour les pauvres !» Journal d'André Gide, 3/12/1933





Retrouvez « L'autre économie » de Bernard Maris, en direct sur France Inter, du lundi au vendredi à 6h49.









 

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