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Date :: 23/3/2012 12:00:02 (Mettre à jour)
Où sont passés tous ces jeunes qui fêtaient avec tant d'enthousiasme la victoire de Sarkozy, place de la Concorde, il y a un an? Nul ne le sait. Une seule chose est sûre : ils ne sont plus chez les jeunes UMP, qui connaissent une désaffection sans précédent.

90% des Jeunes Populaires n'auraient pas renouvelé leur adhésion en 2008. C'est ce qu'a annoncé Roger Karoutchi le 29 mars dernier au siège parisien de l'UMP lors d'un débat sur l'engagement des jeunes en politique. Seuls 10%, donc, resteraient fidèles au mouvement des jeunes de la majorité. A ce niveau-là, ce n'est plus de la désaffection : c'est la débandade! Les Jeunes Pop contestent : «Nous comptons 30% de renouvellement d'après nos chiffres maison» explique l'une des responsables. Et Fabien de Sans Nicolas, le Président des Jeunes Populaires, d'ironiser : «M.Karoutchi a toujours été meilleur en relation parlementaire qu'en calcul». «En mars, poursuit-il, un tiers ont renouvelé leur adhésion. Au premier trimestre, ce chiffre est normal et va augmenter tout au long de l'année. On observe par contre que c'est en Ile-de-France que les chiffres baissent, un quart seulement (23%) y ont repris une carte cette année.» Avant de souligner qu'en tant que conseiller régional d'Ile-de-France, Roger Karoutchi saura prendre les mesures nécessaires pour enrayer cette baisse. L'enjeu est d'autant plus crucial que Paris est la fédération la plus importante (devant les Hauts-de-Seine), avec 6800 des 45 000 adhérents en France selon les informations officielles, dont 15 000 nouveaux depuis la campagne présidentielle.
Ouverture et diversité
Camille Bedin, étudiante à l'IEP Paris et une des responsables des Jeunes Pop Grandes Ecoles, affirme quant à elle ne pas ressentir cette baisse : «Nous comptons 2000 sympathisants et ce chiffre ne cesse d'augmenter depuis un an.» Mais en réalité, impossible de savoir combien les grandes écoles comptent d'encartés : seuls les sympathisants, présents sur les mailing-lists, sont comptabilisés. Les chiffres communiqués par Roger Karoutchi ? Camille Bedin se refuse à les commenter. «L'attente de débats et de réforme est grande chez les jeunes, peut-être que les politiques ne savent pas nous parler», finit-elle par concéder.
Même si Sciences Po Paris et les écoles de commerce restent les principaux nids de jeunes UMP, la jeune femme insiste sur un point : la diversité. «Les adhérents viennent de plus en plus de divers horizons, des grandes écoles comme de la fac», précise-t-elle. Et bientôt des cités? Faut pas rêver…
Auditionné aujourd'hui par les Sages du CSA pour avoir annoncé la mort de Pascal Sevran, Jean-Pierre Elkabbach devrait passer un sale quart d’heure. Et encore, si les Sages prenaient en compte l'ensemble de son oeuvre, l’audition pourrait durer bien plus longtemps…

Jean Pierre Elkabbach est convoqué par le CSA pour avoir annoncé la mort de Pascal Sevran. C'est un peu comme si la justice convoquait Al-Capone pour un café non réglé. Pour aider le CSA dans sa tâche, Marianne2.fr a recensé toutes les Elkagaffes depuis trente ans.
Bokassa, du passé
S'il fut longtemps l'intervieweur le plus redouté de France, le casier d'Elkabbach s'est sérieusement alourdi depuis quelques années.
Ainsi, dès 1979, alors directeur de l'information d'Antenne 2, il suspend la revue de presse de Claude Sérillon qui envisageait d'évoquer à l'antenne l'affaire sortie par Le Canard Enchainé des diamants de Bokassa. Pour sa défense, Elkabbach expliquera qu'il y avait alors des sujets plus importants à traiter… Pur hasard, il se trouve que Elkabbach avait commenté le couronnement de ce même Bokassa Ier en Centrafrique en Décembre 1977.
Sans doute que le CSA retiendra la prescription pour une affaire datée désormais de près de 30 ans. Dont acte.
Les voleurs de patates lui disent merci
Connu pour son attachement au service public, il est nommé en 1994 à la tête de France Télévisions, où il participe à la fortune des animateurs producteurs (Nagui, Delarue, Arthur), que les Guignols qualifieront de «voleurs de patates», et à la normalisation de ce système des productions extérieures qui fait encore aujourd'hui le bonheur de toutes nos chaleureuses et désintéressées vedettes de l'audiovisuel. Suite à cette démonstration exemplaire de son génie gestionnaire il est débarqué de France Télévisions. Considéré comme jugé de fait, nous ne retiendrons donc pas cet épisode dans l'acte d'accusation. Les Sages n'y reviendront pas non plus.
Animateur, journaliste, présentateur, directeur etc.
De retour sur ses terres, à Europe 1, Elkabbach est également nommé en 1999 à la tête de la chaîne Public Sénat où il s'octroie la présentation d'une émission aux ambitions vaguement littéraires «Bibliothèque Médicis».
Ce mélange des genres ne choquera pas grand monde, alors qu'il constitue l'un des points les plus tendancieux de la carrière du «meilleur intervieweur d'Europe». Même la rédaction d'Europe 1 exprime son malaise encore aujourd'hui, lorsque le Patron accompagne le président du Sénat en Chine puis l'invite à l'antenne pour raconter son voyage alors que devrait se décider sous peu le renouvellement du mandat d'Elkabbach à la tête de Public Sénat… Les très Sages du CSA n'ayant pas retenu l'hypothèse d'un conflit d'intérêts lors de la nomination d'Elkabbach en 1999, pourquoi se saisiraient-ils aujourd'hui de cette si dérisoire histoire? Passons.
Sarkozy, directeur des ressources humaines d'Europe 1
C'est à partir de 2005 qu'Elkabbach devient l'Elkabbach que nous connaissons. Débarrassé de tous principes superflus, il trouve en Nicolas Sarkozy un maître à penser. Au point de lui demander des conseils pour le recrutement d'un journaliste chargé de suivre le parti de… Nicolas Sarkozy. Malin, Jean-Pierre reconnaîtra les faits en expliquant qu'il serait normal de consulter les politiques pour «justement recruter des journalistes pas trop près du pouvoir». C'était donc ça !…Finalement, l'affaire ne se fera pas, le coup était devenu trop tordu après sa révélation par le Canard Enchainé. Le CSA ne disposant pas de preuves tangibles, il ne pourra statuer sur ce nouvel élément qui ne relève finalement que d'un conseil en ressources humaines et entre amis.
La séquence Radio Sarko
Ne pouvant pas suivre les conseils de son ami, candidat à la présidence de la République, JPE ne s'interdira pas de mener tout simplement campagne pour son favori. Europe 1 devient Radio Sarko. Outré par l'expression, JPE lâche que «les auditeurs auront le dernier mot». C'est peu dire, l'audience de la station est en chute libre, la crédibilité des journalistes en pâtit lourdement. Le recrutement de nouvelles voix pour la nouvelle saison est un cauchemar, personne ne veut entrer dans cette nouvelle galère. Pour disculper Jean-Pierre Elkabbach, les Sages retiendront peut-être qu'à l'époque c'est tout le groupe Lagardère qui avait choisi son favori. On parlera alors d'une «erreur collective»…
Elkabbach, propagandiste en chef d'EADS
A son crédit, Elkabbach fera aussi preuve d'un esprit d'entreprise exemplaire au moment de la propagande éhontée, relayée par nombre de médias, pour le lancement du meilleur avion de tous les temps : l'A380. Europe 1 sera pris d'une crise d'avionnite aigüe. L'A380 est à toutes les sauces. En 2005 la France décolle, Elkabbach plane ! C'est beau un aéroport la nuit… Passé le conte de fées sponsorisé par EADS, rappelons qu'un avion fait du bruit, pue, pollue, coûte cher, dedans on mange mal, on est serrés et on s'emmerde. Toutes choses qu'un employé d'une filiale d'EADS qui cherche à vendre ses merveilleux coucous dans les banlieues pétrolifères du monde fait semblant d'iignorer.
Elkabbach sherpa de Sarkozy
2007 sera plutôt une bonne année pour Elkabbach. Sarkozy est élu président de la République et le chef de l'Etat emmène son affidé journaliste dans de nombreux voyages. En janvier 2008, c'est Jean-Michel Aphatie qui rapporte la scène sur son blog : «Dans un salon de l'ambassade de France à New Delhi, Nicolas Sarkozy tient un point presse. Les journalistes sont d'un côté, posant des questions, tandis que derrière le président ont pris place ceux qui composent sa délégation officielle, ses invités en quelque sorte. Parmi ceux-ci, on compte des ministres, des parlementaires, des industriels et aussi un journaliste, en l'occurrence le président d'Europe 1, Jean-Pierre Elkabbach. Du coup, celui-ci se trouvait physiquement derrière le président, spectateur forcé des questions posées par ses confrères. Était-il, dans cette situation, à sa place?» demande l'intervieweur de RTL, postulant lui-même au titre d'Elkabbach des années 2000.
Elkabbach dénonce les rumeurs qui visent Elkabbach
Depuis, les deux intervieweurs des matinales de leurs radios respectives se cherchent des poux dans la tête. Elkabbach demandant à intervenir en direct pour répondre aux mises en cause d'Aphatie. C'est d'ailleurs devenu l'une de ses spécialités. Traqueur de la contre-vérité, Elkabbach intervient sur tous les plateaux où il est mis en cause. Encore récemment chez Paul Amar, où Jacques Séguéla prétendait que le directeur d'Europe 1 était au courant avant les autres du mariage de Nicolas et Carla. Le CSA ne saurait s'attarder sur ces menus détails motivés par le seul souci de la vérité.
Elkabbach : la vérité selon David Douillet
D'ailleurs, dans sa dernière interview dans La Croix, auto-proclamé figure tutélaire de la perfection journalistique, JPE disait bien à quel point il ne saurait succomber aux tentations des ragots et de la rumeur : «Des sites qui, pour exister, pour faire un coup, pour nuire à un adversaire, lancent des rumeurs, des fausses informations, des ragots, des nouvelles non vérifiées. La tentation est grande pour des sites de taper fort afin de se faire entendre, quitte à ne pas vérifier ou à ne pas donner la parole aux personnes qu'ils attaquent», donnant pour exemple le site Bakchich.info qui mettait en cause David Douillet sur des placements au Liechtenstein. Information reprise par Europe 1, sans vérification. Jusqu'au jour, où Europe 1 se décide à inviter David Douillet qui, à la surprise générale, dément les informations de Bakchich. Et là, Jean-Pierre jure qu'on ne l'y reprendra plus. Une dizaine de jours plus tard, la justice donnait raison à Bakchich. Dommage Jean-Pierre. Sans rire, il annonce la création d'un comité d'éthique à Europe 1. Ils ont du pain sur la planche !
La mort en direct
What else ? Me direz vous. Serait-il convenable d'alourdir la charge qui croule déjà sous son propre poids ? Point trop n'en faut. Et pourtant l'Elkabbach a de la ressource. Une semaine à peine après cette interview à La Croix dégoulinante de leçons de journalisme où l'éthique à tout va, la méfiance vis-à-vis du journalisme sur Internet, le disputent à une hypocrisie sans nom récitée par coeur sur l'indépendance de sa station préférée, notre professeur ès déontologie ordonne à ses journalistes d'annoncer en direct la mort certaine d'un animateur-chanteur, disparu certes des écrans, souffrant dit-on, mais toujours bien vivant. Information diffusée ensuite sur Wikipédia, reprise plus tard par Laurent Ruquier, salarié d'Europe 1 et Jean-Marc Morandini, également salarié d'Europe 1. Les petits d'Elkabbach apprennent vite...
Démissionner, c'est mourir un peu…
Les Sages du CSA, philosophes, répondront peut-être pour la défense de leur client que la vie est par nature un état précaire et que tout être vivant est un mort en sursis. De là à annoncer la mort des gens avant leur décès, c'est leur laisser vraiment peu de chances de s'en sortir. En ce cas, Jean-Pierre Elkabbach est aussi un mort qui s'ignore et avec lui c'est une certaine idée du journalisme qui s'en va. Tant mieux, diront certains. Les Sages trancheront…ou pas.
Le cas Ménard n'en finit pas d'interpeller, mais aussi de révolter les internautes. Voici une tribune acérée de notre ami JR sur la très grande discrétion de Reporters sans frontières à propos de la Tunisie.
Mais où est passé Ménard ? Fait-il les deux ponts ? A-t-il posé quelques RTT pour faire briller sa légion d'honneur toute neuve sur une plage ? S'est-il retiré dans un monastère tibétain pour récupérer après son mois d'avril harassant ? On peut légitimement se poser la question. Ces dernières semaines, l'omni-militant des droits de l'homme était partout, glapissant sur les plateaux de télé, grimaçant en en Grèce, scandant dans les manifs et puis soudain plus rien.
Pourtant voici une semaine, Sarkozy partait en voyages présidentiel pour la Tunisie. Jolie saison pour visiter ce pays plein de charme qui n'a qu'un seul défaut : son président népotiste fâché avec les droits de l'homme. Un petit dictateur qui n'aime ni les journalistes, ni les islamistes, ni les tiers-mondistes. Un mot de travers et on a vite affaire à la police du super-président Ben Ali, jadis ministre le l'intérieur pas commode et chef des services secrets tunisiens avant de devenir le pâle successeur de Bourguiba.
Sur place, sans doute enivrés par l'odeur du jasmin, des bougainvilliers et les pignons du thé à la menthe, le président et sa première dame de gauche-droit-de-l'hommiste ont déçu ceux qui s'attendaient à quelques mots de soutien pour les importuns et autres grévistes de la faim qui croupissent dans les geôles tunisiennes.
Nous qui pensions qu'on nous l'avait changé, nous voilà rassurés. Sarko est toujours aussi inspiré dans son rôle de VRP-diplomate, avec son costard, sa cravate, ses tarifs, son catalogue et ses délais de paiements. Il est comme ça et ce n'est pas la présence glamour dans son avion des sarkozettes de gauche (Carla Bruni, Rama Yade, Daniela Lumbroso - à propos quelqu'un peut-il retrouver une émission à Daniela avant qu'elle ne devienne ministre ?) qui vont y changer quelque chose.
Mais dans ces cas d'extrême urgence et d'extrême gravité de l'entorse aux droits de l'homme par un vilain président, heureusement, on a Ménard. Ménaaaaaard... Le préposé à l'indignation, le pourfendeur des Etats scélérats, le défenseur des journalistes emprisonnés, c'est lui. Sauf que la semaine dernière, rien. Il semble pourtant qu'il se soit fendu d'un communiqué, mais essayez de "googler", vous verrez. Rien de concluant. Rien du tout en fait.
C'est vrai que la Chine c'est un gros morceau, que c'est bon pour les passages télé et pour l'image internationale de sa petite entreprise. Et puis, on ne peut pas donner des leçons de démocratie à tout le monde en même temps, c'est vrai quoi à la fin. Mais tout de même, que s'est-il passé ?
Espérons que sa légion d'honneur n'aura pas émoussé sa combativité. Rappelez vous ses déclarations militantes sur ce même site en juin 2007 : «[voir Nicolas Sarkozy comme un prédateur de la liberté de la presse, c'est porter un regard partisan. Oui, il est interventionniste, oui, il est autoritaire et décomplexé par rapport à l'argent. ... Mais ce type de pressions n'est pas le fait de la droite plus que de la gauche quand elle est au pouvoir !]i» Fin de citation. Peuchère, un vrai combattant ce Ménard ! Vivement qu'il revienne de ses vacances. A Djerba ?
Les efforts conjugués de Sarkozy, Raffarin et Bernard Arnault n'ont pas réussi à empêcher le pire : la Chine vient de suspendre les négociations pour l'adaptation du jeu. Si Robert Ménard avait su…
Les efforts conjugués de Jean-Pierre Raffarin et Bernard Arnault pour cirer les pompes des Chinois, la lettre de Nicolas Sarkozy à Jin Jing -la jeune athlète chinoise handicapée qui avait été chahutée lors du passage la flamme olympique à Paris - n'y auront rien fait. Après le boycott des produits Carrefour, la Chine vient de porter un nouveau coup à l'un des fleurons de la réussite à la française, j'ai nommé Fort Boyard. Oui, notre Fort Boyard, son père Fourras, ses cellules, ses candidats à toute épreuve, qui fête cette année ses dix-huit ans et dont la saison 2008 doit débuter en juin sur France2 ; notre jeu, fierté hexagonale, qui s'exporte dans le monde entier, est boudé par les Chinois, bien décidés à nous faire payer notre outrecuidance, révèle Télé 7 jours.
Fu Manchu contre le Père Fourras
La société productrice de l'émission, Adventure line productions (ALP), était en effet en pourparlers depuis trois ans pour l'adaptation chinoise du jeu. Celle-ci devait être tournée à Fort Boyard même, mais avec un père Fourras plus couleur locale - Fu Manchu ? - et des épreuves plus adaptées à la culture chinoise - torture d'opposants au régime ? internement de longue durée dans les cellules ? il y avait le choix. Las ! Après le passage mouvementé de la flamme à Paris, les Chinois ont brusquement signifié à ALP que les négociations étaient suspendues - « mais pas rompues », précise la société de production qui se refuse à tout autre commentaire et veut encore y croire. Nous aussi !
Par Nicolas Domenach. Les proches du président refusent de sombrer dans la loose. Et s'en expliquent.

«La grande désillusion», «la déprime», «la morosité molle des Français», pour reprendre quelques titres des journaux n'ont pas atteint, enfin pas trop, Nicolas Sarkozy et son premier cercle. Le président et ses proches veulent, dans la défaveur populaire, afficher toujours un moral de vainqueur. Pourquoi sombrer dans «la loose ?», il y aurait des raisons d'espérer. Au moins cinq…
D'abord il n'est pas dans le tempérament du chef de l'Etat de se laisser abattre. Nicolas Sarkozy a toujours pris les revers de fortune pour des dopants. Même lorsque les résultats des urnes ont pu lui être contraires comme avec Balladur en 1995 ou aux Européennes de 1989. Il prétendait alors avoir raison contre tout le monde et affirmait que l'histoire lui rendrait grâce… Je ne l'ai jamais vu se laisser aller à des regrets et encore moins à des remords.Le fils rebelle a au moins hérité de cette attitude fière voire bravache de Chirac qui refusait de pleurer sur le lait renversé, détestait les flagellants qui s'abandonnaient à l'autocritique, et professaient qu'il ne fallait avoir qu'une ligne de conduite en politique, la ligne droite, celle de l'horizon, et une seule morale de l'action : à cheval !
Carla, l'atoût coeur
Nicolas Sarkozy aurait d'autant moins de motifs de paraître désarçonné qu'il a, selon ses proches, retrouvé l'équilibre personnel qui lui manquait. Ses erreurs du début, ses dérapages comportementaux, son activisme brouillon, l'étalage déplacé de sa vie privée n'auraient été provoqués que par le départ de Cécilia Sarkozy. Fin de l'épreuve et des turbulences personnelles. Retour à l'équilibre et à davantage de retenue avec Carla Bruni désormais Sarkozy. Elle serait «l'atout cœur», selon la campagne de com menée par les sarkozystes. Le président lui-même dans ce nouvel ordre amoureux trouverait une sérénité qui rejaillirait dans l'exercice des affaires publiques.
Sa retenue toute nouvelle serait moins affectée que ce que l'on croit. Son épouse lui donnerait enfin cette maturité, cette civilisation comportementale et culturelle qui lui manquait. Sans lui enlever pour autant cette énergie hors du commun qui est sa marque de fabrique personnelle.
Question de com
Nicolas Sarkozy trouverait enfin la bonne distance présidentielle, faite, comme le dit Claude Guéant, le secrétaire général de l'Elysée, de hauteur et de proximité, de distance et d'engagement. «Les Français ne veulent pas d'un président arbitre, croit-il mais actif». Son activisme qui ne se dément pas serait la meilleure garantie de son succès.
Ce serait là le troisième atout de Nicolas Sarkozy : il n'a pas sombré dans l'immobilisme. En dépit des aléas et des oppositions, des revers mêmes, le chef de l'Etat n'aurait pas versé dans le chiraquisme radical socialiste. Pas d'abstraction impuissante, pas de fuite dans les affaires étrangères ni de compromis spongieux, le président a fait le choix du mouvement, et c'est ce mouvement réformiste que veulent les Français. D'ailleurs ils soutiendraient la plupart des réformes engagées même s'ils n'en perçoivent pas toute la cohérence. «Il faut simplement, assure le nouveau grand manitou de la com, Thierry Saussez, un peu plus de clarté dans l'exposition des changements et donc moins de bouleversements à la fois.» Pas plus d'une annonce par jour avec si possible un calendrier de résultats et un rappel du sens général de l'action qui serait bienvenu tant on n'y voit et comprend goutte à cette agitation sarkozyenne.
Pas d'alternative
Mais on y verrait davantage clair et ce serait la quatrième raison d'y croire, lors de la présidence à venir de l'Europe. Cette présidence française serait faite pour lui. Il serait à son affaire, lui, l'avocat d'affaires justement dans l'action européenne qui lui donnerait cette dimension présidentielle qui lui échappe. Chef du continent européen, voilà qui a contribué à donner à Angela Merkel une surface, un rayonnement, un charisme même dont on la pensait singulièrement dépourvue. Nicolas Sarkozy ne doute pas de pouvoir faire mieux qu'Angie.
Et qui d'autre lui arriverait à la hauteur de la sarkozyenne cheville ? Voilà un cinquième motif d'espérance, confié en privé : il n'y a pas d'alternative à Nicolas Sarkozy. Personne ne s'impose ni à gauche ni à droite. Si Nicolas Sarkozy habite mal la fonction, la contre fonction n'est pas davantage incarnée. François Fillon ne bénéficie, et de moins en moins chaque mois, que d'une contre popularité. Alain Juppé ou Dominique de Villepin ou François Bayrou ne représentent pas des recours et les leaders de gauche même, Ségolène Royal ou Bertrand Delanoë, font encore bien palots et ne s'imposent pas comme des évidences. Il s'en faut …
On dira que cette absence de concurrence ne provoque pas le respect ni l'admiration pour le seul homme politique à rester en lice. Et qui dispose du temps, le temps présidentiel. Certes. Cette solitude ne favorise pas non plus le dépassement de soi-même et conforte au contraire une apparence de stabilité trompeuse. Certains sarkozystes en ont conscience et préfèreraient que Nicolas Sarkozy ne doive son salut qu'à lui-même et à ses qualités alors que d'autres confiaient que toutes ces raisons d'y croire encore n'en sont pas et qu'une seule chose peut sauver encore : le retour de la croissance aux Etats-Unis. En attendant, il faut croiser les doigts mais pas les bras tout en chantant sa foi dans l'économie mondialisée et en soi-même comme Lara Fabian qu'il adore bien sûr, à l'instar de toutes les vedettes populaires : « J'y crois encore, on est vivant tant qu'on est fort »… Ca, c'est de la philosophie sarkozyste. Et c'est tout ce qui reste de la politique de civilisation dont on n'a plus de nouvelles depuis le 8 janvier 2008.
Avec France Inter, la chronique de Bernard Maris, journaliste et écrivain. Où notre chroniqueur économique fait l'addition des folies des babyboomers depuis quarante ans.

Jusqu'ici on était bien tranquilles avec les luttes des classes, les pauvres menaçaient les riches, les prolétaires les nantis, les salariés les capitalistes, les peuples miséreux les peuples gavés, on se battait pour le partage du gâteau entre gens du même âge, mais voilà que les choses sont en train de changer. La bonne vieille dialectique est en train de céder à une autre forme de conflit beaucoup plus pernicieuse. «Et si les vieux étaient en train de réaliser le hold-up du siècle sur les jeunes ?» C'est la dernière couverture de l'hebdo le Point qui le dit.
Le tout bagnole, c'est eux!
Précisons que les vieux sont les baby-boomers, en train de devenir papy-boomers, et les jeunes leurs enfants. Et bien les vieux volent d'abord le droit de se loger. Ils ont profité dans leur jeunesse d'un accès à la propriété très facile, d'abord parce que l'espace était moins rare, donc moins cher, ensuite parce que l'inflation gommait petit à petit leurs emprunts. Ils sont donc devenus rapidement propriétaires à peu de frais. Aujourd'hui, l'explosion de l'immobilier les enrichit, et ce sont les jeunes qui n'ont aucune possibilité de s'installer.
Ensuite ils disposent d'un système de retraite encore très profitable, tandis que les jeunes payent pour ce système. Pourquoi avons-nous vécu un «âge d'or des retraites» qui a largement profité aux papys ?
1) Parce les Trente glorieuses étaient un période sans chômage, donc caisses pleines.
2) Parce que les femmes sont arrivées petit à petit sur le marché du travail, cotisant pour les retraités.
3) Parce que l'immigration, forte, était source de cotisation. Aujourd'hui c'est l'inverse : chômage, immigration nulle, toute la population féminine employée.
Enfin le dernier grand scandale, et le pire de tous : les baby-boomers ont pris des habitudes de consommation détestables. La société de consommation, c'est eux. Le tout voiture et le tout camion, c'est eux. La côte méditerranéenne transformée en barrière de béton, c'est eux. D'où la crise écologique que les enfants vont devoir gérer, crise initié par les parents au nom du je m'enfoutisme et du gaspillage. Malheureusement, autant les deux premiers casses peuvent être remboursés, par une politique du logement ou une politique sociale, autant le dernier est irréversible.
La phrase du jour : «Après moi le déluge» mais la phrase exacte est : «Tout cela durera bien autant que moi». Louis XV
Retrouvez « L'autre économie » de Bernard Maris, en direct sur France Inter, du lundi au vendredi à 6h49.
A cause de la banderole anti-Ch'tis de ses supporters, le PSG sera privé de coupe de la Ligue. La Ligue a-t-elle subitement oublié qu'elle a toujours considéré la banderole provoc' comme l'équivalent français des pom-pom girls ?

« Les gones inventaient le cinéma quand vos pères crevaient dans les mines ! » : ce message peu délicat fut déployé sur une banderole lors d'un derby Lyon-Saint-Etienne en septembre 2000 sans que personne ne s'en offusque. Pourtant, la Ligue de football professionnel (LFP) vient de sanctionner très durement le PSG pour la fameuse banderole anti-Ch'tis déployée par les Boulogne Boys lors d'un match contre Lille. Le club est privé de Coupe de la Ligue 2009 et le groupe de supporters incriminé a été dissout par le ministère de l'Intérieur. Ah ça, on ne rigole pas avec le «chambrage» (c'est comme ça que les supporters appellent les vannes et moqueries adressées aux adversaires)! En tout cas depuis février 2008 !
Supporters Ch'tis : insultes solidaires !
De fait, les banderoles n'ont pas attendu 2008 pour sortir du cadre de la courtoisie : « 17 morts, merci l'immeuble ! », lançaient déjà dans les années 1980 les « Brigades Sud niçoises » en faisant référence au tragique - et mortel - effondrement d'un bâtiment dans la ville de leurs adversaires toulonnais. Nul doute que les familles des victimes ont apprécié… Pourtant, il n'y a pas eu de sanction. Peut-être parce que les Toulonnais n'ont pas la noblesse du peuple Ch'ti, acquise grâce au film de Dany Boon.
De leur côté, les Lyonnais traitaient les gars de Saint-Etienne d'« ordures consanguines ». Pas de chance : à l'époque, aucun « Bienvenu chez les Stéphanois » n'avait ému la France entière...
Ah, mais ça, ça n'arriverait jamais dans le Nord, comme dirait Dany Boon... Eh si! Les internautes fans de foot ont bonne mémoire, qui rappellent les hauts faits des supporters du Nord en matière de fair play. « Ce soir, le coup de grisou, c'est nous ! », avaient ainsi écrit sur leur banderole les gentils supporters des Ultras lillois qui recevaient Lens. Les fans des deux clubs ont par ailleurs régulièrement échangé cette description flatteuse : « T'es chômeur, tu pues, tu bois, t'es supporter lillois/lensois. » Ah, l'art de vivre Ch'ti !
« Être à la hauteur de l'émotion »
« Comment sanctionner le PSG à la hauteur de l'émoi suscité par la banderole » sans compromettre sa place en ligue 1 : ainsi commençait très justement l'article du Libération du vendredi 2 mai sur la décision de la LFP. Car il ne s'agit au fond que de ça : pouvoir répondre aux foules outrées par l'injure - que dis-je? le blasphème! - à l'heure où le Ch'ti est en voie de canonisation cinématographique.
Aucun des joueurs du PSG n'a pris son pinceau pour tracer ces lettres et ils ont pourtant été sanctionnés. Alors qu'aucune mesure n'a jamais été prise à l'encontre des clubs soutenus par les supporters énumérés ci-dessus et dont les banderoles, on l'a vu, avaient elles aussi de quoi choquer . Qu'importe : « pas touche à mon ch'ti » ! L'émotion l'emporte sur la raison à un point tel que Jean-Marie Le Pen lui-même n'a existé que par deux déclarations ces derniers mois : celle où il considérait de nouveau les chambres à gaz comme un « détail » de l'histoire de la Seconde guerre mondiale et celle où il jugeait le film Bienvenue chez les Ch'tis «médiocre.»
Alors que le débat interne au PS s'achemine vers un ennuyeux duel Delanoë-Royal, Marianne2 publie une contribution du Club Gauche Avenir, où se retrouvent des responsables socialistes, communistes, Verts et chevènementistes.
C'était un plan si «secret» qu'il a fait la une du Parisien-Aujourd'hui le 4 mai : cette fois-ci c'est sûr, Bertrand Delanoë se lance dans la bataille pour le leadership du Parti socialiste. Et nul doute que les médias vont embrayer sur ce nouveau duel : Delanoë versus Royal. Nul doute également que tout ce qui compte au PS aura du mal à ne pas choisir son camp, avec un risque non négligeable de voir se constituer un front Tout sauf Ségolène autour du Maire de Paris. Quant à Nicolas Sarkozy , il n'aura plus qu'à attendre pour savoir qui sera son challenger, si toutefois il succombe d'ici là à son désir irrépressible, et tant de fois rapporté, de «faire de l'argent».
Que deviendront, dans cette bataille en technicolor, les idées de la gauche ? On s'en doute, pas grand chose. Dans ses premières approches, Ségolène Royal a surtout cherché à se victimiser, as usual. Et «le plan secret» du Maire de Paris fait surtout la part belle à «l'agenda» et au «casting», comme disent les «pros» de la politique : on annonce un livre, des entretiens, un texte, une journée d'études ponctuée par une tournée en province.
Des banquets républicains en prévision
Ces palinodies ne risquent pas de redonner le moral à l'opposition à Sarkozy ou à la gauche. Voilà pourquoi, avant même que la bataille batte son plein, il nous semble intéressant de populariser une initiative prise par quelques responsables de gauche rassemblés autour de Marie-Noëlle Lienemann, Paul Quiles et l'ancien ministre communiste Jean-Paul Gayssot à travers le club Gauche avenir, créé voici un an. Le texte, dont publions quelques extraits, «Fiers d'être de gauche» a été signé par quelques dizaines de militants socialistes, communistes, Verts, MRC et sans partis.
Ce signataires ont deux convictions :
1°) La gauche doit revenir à ses fondamentaux que la crise actuelle du système rend plus actuels que jamais.
2°) Le rebond de la gauche passe par l'unité de toute la gauche. Pour Marie-Nöelle Lienemann et Paul Quiles, plus rien ne justifie la division née du congrès de Tours. Il convient donc d'entamer un processus d'unification du PS et du PC. Pour les autres, l'unité entre les composantes de la gauche ne doit pas se cantonner au plan électoral ; elle passe par un échange approfondi aboutissant à un nouveau programme commun.
Dans l'immédiat les animateurs de Gauche avenir organisent une série de banquets républicains qui rassembleront diverses composantes de la gauche locale. Le premier se déroule le lundi 5 mai à Choisy-le-Roi.

Le capitalisme règne sans partage ; face à ce système, il n'y a rien, aucun modèle alternatif. Combien de fois n'avons-nous pas lu ou entendu cette affirmation ? Pas étonnant que certains, à gauche, aient la tentation de remiser leurs ambitions et de considérer que le rôle de la gauche serait désormais d'améliorer le système, de l'«humaniser», faute de mieux, de limiter la casse, faute de pouvoir imaginer une alternative globale. Cette approche, qui se fonde sur un bilan lucide, mais partiel, de la situation actuelle, semble d'autant plus pertinente qu'elle part d'un postulat incontestable : les anciens «modèles» de la Gauche sont inadaptés au monde d'aujourd'hui.
LES ANCIENS «MODÈLES» DE LA GAUCHE SONT INADAPTÉS
Le XXe siècle a vu l'émergence de deux courants politiques importants dans le camp progressiste, le communisme et la social démocratie.
A- FAILLITE DU COMMUNISME
La disparition de l'Union Soviétique et de ses satellites à l'Est de l'Europe a sonné le glas des sociétés qui se réclamaient du communisme et du «socialisme réel» . Elles ont le plus souvent sombré dans d'effroyables tragédies humaines, faisant des millions de victimes ; elles ont soumis la vie des hommes à des Etats policiers implacables ; économiquement et socialement, elles ont élaboré des systèmes qui ne se sont pas révélés viables. Leurs variantes dans les autres continents (Asie, Afrique, Amérique Latine), qui subsistent ou non, sont aussi marquées par des échecs cuisants.
Aucun des partis communistes dans le monde, notamment en Europe Occidentale, n'a été épargné par les stigmates du stalinisme. Certains ont disparu ; d'autres ont subi un recul général de leur influence ; le magnifique idéal humain et la grande espérance qu'ils ont représentés en ont été lourdement affectés. Pour sa part, le communisme français n'a pas échappé à cette faillite : mais précisément parce que sa culture est fille de l'histoire de notre pays, il survit, comme on le dit d'une nappe phréatique, dans les couches profondes de la société.
Si la lettre du communisme est morte, son esprit –qui, à sa source, appelle le partage des avoirs, des pouvoirs et des savoirs– hante toujours le monde. Quant à l'œuvre de Karl Marx, elle est désormais inscrite dans l'histoire de la pensée humaine ; elle fournit encore aux combattants de l'émancipation humaine de nombreux concepts opératoires, comme ceux de classes sociales, d'exploitation, d'aliénation, de fétichisme de la marchandise, d'extraction du travail vivant.
B- ÉCHEC DE LA SOCIAL DÉMOCRATIE
À première vue, la social démocratie n'a pas connu le même sort. Parce qu'elle a rapidement plaidé pour la conquête pacifique du pouvoir, parce qu'elle a très tôt accepté d'exercer des responsabilités gouvernementales (en jouant le jeu de ce qu'on appela longtemps la «démocratie formelle» , qui suppose alternance et respect des libertés et droits fondamentaux), parce qu'elle a mis «l'espérance révolutionnaire» entre parenthèses, elle se maintient tant bien que mal, au point de représenter aujourd'hui, dans la plupart des pays, la seule alternance crédible face au camp conservateur. Elle a même connu son âge d'or, dans un contexte économique et territorial précis (les «trente glorieuses» en Europe), qui a fait beaucoup pour sa réputation.
En conciliant efficacité économique et réformes sociales, elle a contribué un temps à accréditer l'idée selon laquelle le capitalisme pouvait faire l'objet de sérieuses régulations permettant l'amélioration des conditions de vie des travailleurs, matérielles (via la redistribution) et intellectuelles (via l'éducation).
L'objectif de la social démocratie européenne aurait alors pu se résumer par le slogan : le pain et la liberté, plus l'émancipation individuelle.Pourtant, le courant social démocrate a subi de plein fouet les évolutions contemporaines du système capitaliste. Mal préparée aux mutations technologiques et financières induites par le processus de mondialisation, la social-démocratie a perdu pied au début des années 80 : alors que les libéraux ont accompagné idéologiquement et politiquement l'accélération des échanges et l'explosion des moyens de communication, les sociaux démocrates ont laissé faire,
paresseusement confiants dans les vieilles recettes et les vieilles grilles de lecture, pensées dans le cadre des Etats Nations et avec un mode de production issu de la deuxième révolution industrielle.
LES IMPASSES
D'autres voies, inspirées par des «valeurs refuges» de la pensée politique actuelle n'offrent aucune perspective réelle et conduiraient à des impasses.
A- LE MIRAGE DE LA «TROISIÈME VOIE» ET DE LA GAUCHE DITE MODERNE
La crise actuelle de la social démocratie vient de son incapacité à penser le capitalisme financier transnational et ses conséquences. En retard d'une révolution, bon nombre d'idéologues progressistes ont rendu les armes : plutôt que d'élaborer une réponse politique, ils ont suivi le mouvement, en faisant mine d'en maîtriser la direction.
Cette idéologie de la «troisième voie» n'est finalement que le renoncement à la transformation du monde capitaliste et des rapports de forces sociaux. Sous couvert de modernité et d'efficacité, le «blairisme», le «clintonisme» et leurs avatars multiples proposent d'accompagner la mondialisation libérale, voire d'en accélérer le rythme (hymne au libre échange, aux opportunités de la globalisation financière...) tout en prenant soin de maintenir, tant bien que mal, les inégalités dans les pays développés à un niveau supportable. Dans la marchandisation généralisée du monde, la «troisième voie» se démarque essentiellement des idéologues libéraux par la volonté d'«humaniser» le système, d'en atténuer un peu la brutalité.
La gauche dite moderne a donc choisi de s'adapter à la logique du nouveau capitalisme financier transnational. À quelques exceptions près, la plupart des socialistes européens – écartés du pouvoir dans les années 1980 – se sont engagés dans un processus de révision idéologique, renonçant à toute ambition de transformation sociale radicale et intégrant à leurs programmes la majeure partie des prescriptions économiques des libéraux : privatisation, déréglementation, libéralisation des échanges, flexibilité du marché travail, réduction des dépenses publiques et allégement des «charges» fiscales et sociales.
Le XXe siècle s'est refermé sur un paradoxe politique désastreux. En effet, à la fin des années 1990, la gauche reprend les commandes dans de nombreux pays d'Europe. Il y avait là une occasion historique : celle de réorienter la construction européenne, par exemple en harmonisant par le haut les normes sociales et environnementales, en coordonnant les politiques macroéconomiques au service du plein-emploi, en s'alliant aux pays en développement pour imposer la démocratisation des institutions financières internationales. On sait ce qu'il advint malheureusement de cette «séquence social démocrate», avec onze gouvernements «de gauche» sur 15 : ce fut, à l'arrivée, le traité d'Amsterdam (1999) et le traité de Nice (2001), qui ont consacré comme intangibles des critères macro économiques malthusiens pour la croissance, comme toute-puissante la Banque Centrale Européenne et qui ont mis hors jeu les régulations politiques de l'économie. L'élargissement de l'Europe s'est fait avant tout approfondissement et les ambitions redistributrices ou sociales ont été reléguées à une illusoire subsidiarité.
B- LES TENTATIONS CENTRISTES
En dépit de l'échec patent de la «troisième voie», certains persistent à croire que le salut de la gauche viendra de la prise en compte de certaines thèses libérales.
En France, les plus cohérents sont allés au bout de cette démarche: à la faveur d'une élection présidentielle ratée, ils ont rejoint le camp du gagnant, maquillant en «ouverture» ce qui n'était que l'aboutissement logique de leur itinéraire idéologique. Plus prudents, d'autres tentent de ressusciter le vieux rêve du centre triomphant. Leur tour de force, c'est de faire passer cette idée vieille de 100 ans pour une trouvaille majeure et même moderne : le rassemblement des raisonnables, des tièdes et des modérés, pour affronter les défis d'aujourd'hui, pour contrecarrer la violence d'un système qui ne fera qu'une bouchée de leurs propositions «gagnant/gagnant».
Naïveté ou double langage ? En tout cas, l'occultation des rapports de forces à l'œuvre dans la société, le plaidoyer pour un juste équilibre entre libéralisme et solidarité, se fracassent contre la réalité économique et sociale marquée par l'explosion des inégalités et la persistance d'une précarité de masse.
LES POINTS D'APPUI D'UNE GAUCHE VOLONTARISTE
Si l'on veut construire une alternative digne de ce nom, il faut penser autrement. Nous sommes convaincus que, pour transformer la société durablement, il faut des solutions radicales. Mais l'histoire nous a appris les erreurs qu'il faut éviter de renouveler et qui ont conduit par exemple à la chute rapide du Front Populaire, ou à la parenthèse de 1983 qui ne se referme pas. Les plus enthousiastes se tournent vers l'Amérique latine et la renaissance, dans un contexte cependant différent, d'une gauche volontariste et efficace. Il ne semble donc pas qu'il y ait de véritable «modèle» pour une gauche de combat, mais la convergence des contestations dans le contexte de l'actuelle mondialisation représente un point d'appui pour des changements radicaux.
Même multiforme, même désorganisée, cette contestation fait tache d'huile. Depuis le rassemblement des ONG de défense de l'environnement et d'aide au développement en marge du sommet de la terre de Rio en 1992, jusqu'aux manifestations de Seattle, Porto Alegre, Gênes, à l'organisation des Forums Sociaux Mondiaux, le mouvement n'a cessé de s'élargir et de rencontrer un écho grandissant à l'échelle internationale. Les femmes et les hommes qui les animent sont venus à la contestation de la mondialisation libérale par des chemins différents (refus des dégâts écologiques provoqués par les multinationales, révolte contre la dette des pays du Sud et les politiques du FMI, colère contre les délocalisations sauvages, manifestations contre l'OMC), mais ils sont mus par un idéal commun, celui de bâtir un autre monde.
Dans sa diversité, ce mouvement se retrouve sur des exigences communes. Il se bat à la fois pour répondre à l'urgence écologique (arrêter la destruction des ressources naturelles, promouvoir un autre mode de développement), à l'urgence sociale (pour éradiquer la pauvreté), à l'urgence économique (pour en finir avec la marchandisation généralisée), à l'urgence démocratique (défense des droits de l'homme, appel à une gouvernance mondiale).
C'est finalement la question même du sens de la mondialisation que pose la critique radicale du libéralisme économique faite par ce mouvement, qui a remporté des succès, comme lors du combat contre l'AMI. Il promeut l'idée non d'un repli identitaire ou nationaliste, mais d'une autre mondialisation. Il avance une plateforme de propositions : salaires, retraites, protection de l'environnement, exigences de protection, limites de la libre concurrence... Et, fait capital, il réunit des citoyens du Nord comme du Sud.
Sans mythifier ce mouvement international de contestation anti- libéral, il faut en retenir l'essentiel : il renvoie la gauche politique à sa raison d'être, celle qui consiste à imaginer une alternative globale au système dominant, tout en lui offrant un formidable point d'appui. On peut aussi remarquer que, dans de nombreux pays, les thématiques nées de cette gauche des luttes s'imposent de plus en plus sur le terrain politique, comme en témoigne l'évolution des débats qui dominent la présidentielle aux États-Unis (salaires, sécurité sociale, santé, protection face à la globalisation, changement climatique).
LA MONTÉE DES PROJETS ALTERNATIFS DÉBOUCHE
SUR LA NÉCESSITÉ D'UNE VRAIE RUPTURE AVEC
LA SOCIÉTÉ ACTUELLE ET SUR UNE DEMANDE DE SENS
Les contestations de l'ordre dominant, du capitalisme et du libre échange sans règle prennent des formes nombreuses et variées. Elles peuvent apparaître de moindre portée, car elles ne s'appuient pas sur une critique et une vision glo- bale. C'est précisément l'enjeu de la constitution d'une gauche mondiale que de faire converger des mouvements locaux, des pratiques parfois en marge, mais aussi des initiatives qui font tâche d'huile et dont une des caractéristiques est de répondre en priorité aux besoins humains, à la préservation des écosystèmes, en associant celles et ceux qui doivent en être les bénéficiaires. Ces mouvements
créent des solidarités actives et des mouvements collectifs. Les grands rassemblements comme les forums sociaux mondiaux ont montré la vitalité de ces mouvements. À l'évidence, ils ont impérativement besoin de prolongements politiques plus larges, tant au niveau de la gouvernance mondiale qu'à l'échelle
nationale.
La Gauche se doit de mettre en valeur tous les mouvements de société montrant que des changements profonds sont :
• L'économie solidaire (avec la montée des besoins non totalement solvables, des aides à la personne, du développement local), l'économie sociale (moins vulnérable aux délocalisations) regagnent de la crédibilité. Des expériences intéressantes de microcrédit, de réduction des circuits «producteurs consom-
mateurs» ou des plateformes locales de dépollution et de fourniture d'énergie se multiplient. Tous ces mouvements tendent à faire naître une économie li- bérée de l'hyper-valorisation du capital, non lucrative, créatrice d'emplois.
• Du côté des consommateurs, le souci de protéger les écosystèmes génère une évolution des modes de vie et des gestes citoyens porteurs d'une prise de conscience politique. On retrouve des évolutions similaires en ce qui concerne de grandes fonctions collectives comme la santé ou l'éducation.
• Pour l'essence même du capitalisme, c'est-à-dire la monnaie, ces dernières années ont vu se développer des expériences de monnaies sociales ou alternatives. Cela signifie logiquement que l'échelle des valeurs qui fondent la notion de
richesse peut être modifiée.
• Le développement d'Internet et de ses applications présentes et prévisibles constitue une formidable révolution. On parle souvent des «success-stories» des nouveaux groupes industriels constitués. On parle moins du décloisonnement des esprits, des nouveaux réseaux d'échanges et de solidarité, des médias
alternatifs...
C'est ainsi que s'organisent, peu à peu et sans publicité intempestive, des millions d'acteurs de la transformation sociale et d'une alter mondialisation qui montrent la possibilité d'avènement d'un monde nouveau. La Gauche doit offrir à ces citoyens actifs une reconnaissance, prendre en compte leurs attentes et favoriser le développement de leurs initiatives. Elle doit intégrer dans son projet cette dimension du changement, donnant un sens plus large à leur engagement.
Par André Bellon, écrivain, pour qui exclure de la Constitution la nécessité du référendum pour l'élargissement européen revient à confisquer au peuple le droit de décider lui-même de l'avenir européen.

L'expérience récente a montré que nos merveilleux démocrates «modernes» se souciaient comme d'une guigne de la volonté populaire. Lorsqu'ils demandent, par accident, l'avis du peuple et que, par extraordinaire, celui-ci ne donne pas la bonne réponse, ils le font revoter ou, mieux, prennent, dans une autre enceinte, la décision contraire.
Il restait néanmoins un petit espace de souveraineté populaire. La Constitution française prévoyait que toute nouvelle adhésion à l'Union européenne devait être avalisée par référendum.
C'était encore trop ! La volonté de supprimer cette disposition est exprimée dans l'avant-projet de loi sur la réforme des institutions, émanant de la Commission Balladur et réformant la Constitution en dehors de toute expression populaire. Jean-Pierre Jouyet, secrétaire d'Etat aux Affaires européennes de Sarkozy et ancien directeur adjoint du cabinet de Jospin, soutient la disparition de ce qu'il appelle un «verrou référendaire». Pierre Lellouche, homme influent du régime et habitué des échecs électoraux, explique cyniquement que cette disposition avait été incluse dans la Constitution par Jacques Chirac en 2005 pour inciter les Français à bien voter sur le Traité constitutionnel.
Le droit de suivre les avis du monarque
Sarkozy a tranché : cette disposition sera supprimée car elle lie trop les mains du gouvernement et serait ridicule si on voulait faire adhérer la Suisse. Comme si c'était la question et comme si les Français étaient hostiles à la Suisse, qui d'ailleurs ne demande rien. En revanche, en manière de botter en touche, et histoire de faire taire dans ses propres rangs une opposition avec laquelle il est d'ailleurs d'accord, il annonce un référendum sur l'entrée de la Turquie, si la question devait se poser. Bref, on a le droit de dire non, seulement si ce nouveau monarque nous demande de le dire avec lui.
Merci pour les citoyens ! En bref, pour éviter que les français ne votent «mal», on leur enlève le droit de voter lorsque ça peut déranger.
Juan récapitule un an de régime sarkozyste. Tant de bourdes qu'on avait déjà oubliées...
Cela fait donc un an. Un an que Nicolas Sarkozy a été élu Président. A regarder les 52 semaines écoulées depuis le 6 mai, on se demande ce que Nicolas Sarkozy a pu nous épargner. Retour en arrière, en 52 constats.
1ère semaine: le germe du Bling Bling
Il commence son mandat en beauté: le Fouquet's, la Concorde version Neuilly-France Dimanche, puis l'escapade à Malte, en yacht & jet privé prêté par l'ami Bolloré, un bon sondage qui dit que les Français ne sont pas choqués, commenté dans le Figaro par Anne Fulda. Ces symboles sont prémonitoires d'un comportement Bling Bling génétique, que l'opinion publique ne percevra que plus tard.
2nde semaine: l'intronisation : Nicolas SARKOZY est intronisé, son gouvernement nommé, la gauche dynamitée. On entend déjà Martin Hirsch se plaindre des futures franchises médicales. Le Figaro s'interroge sur la découpe du Ministère de l'Economie en trois segments (Travail, Emploi et Budget).
3ème semaine: état de grâce
Sarkozy modère déjà quelques unes de ses promesses de campagne. La défiscalisation des heures supplémentaires sera partielle; le service minimum également. Mais la presse n'en a cure. Elle jouit à pleines pages: "une famille d'aujourd'hui à l'Elysée" (PARIS MATCH, 22 mai), "Façon Kennedy ou Grimaldi, le glamour s'invite sous les ors de la République avec un président qui ne veut rien laisser au hasard" (VSD 23 mai), "Large victoire de la droite attendue aux législatives" (LE FIGARO, 21 mai) ou "le style SARKOZY séduit les Français" (LE FIGARO 25 mai) ; "La révolution SARKOZY" (l'EXPRESS , 24 mai)
4ème semaine: les deux erreurs de Sarkozy
Sarkozy gagne son pari européen : il décroche un mini-traité "simplifié" mais incompréhensible. Il commet ses deux premières erreurs politiques. Le paquet fiscal est en route, on sait qu'il va creuser les déficits. Les peines planchers sont lancées, on sait que les prisons sont engorgées.
5ème semaine: le danger des pleins pouvoirs
Le 10 juin, 67 ans après un autre funeste 10 juin, on est en droit de s'inquiéter sur les futurs pleins pouvoirs du Président. Les élections législatives s'annoncent gagnées. La droite se pavane...
[6ème semaine: sursaut démocratique
... Mais quelques jours plus tard, la droite déchante. L'électorat sarkozyste ne s'est pas mobilisé. L'opposition a frôlé la disparition institutionnelle. Sarkozy s'est montré ivre (ou stressé) au G8, dans une video vue 12 millions de fois en 5 jours.
7ème semaine: course de vitesse
se confie: il veut vider le centre gauche, comme il a vidé l'extrême droite. Et pour ce faire, il adapte son (second) gouvernement Fillon : une secrétaire au Droits de l'Homme inexpérimentée mais noire; un libéral socialiste alsacien à la francophonie, une beurette laïque sous les ordres d'une Catho & Soumise. Nous lui souhaitons d'aller vite, très vite: "La seule véritable chance de ce pays est d'avoir un Président qui veut aller vite. Plus vite il ira, plus vite les malentendus se dissiperont."
8ème semaine: toutes des salopes
"Cloporte", "résidus", "salope", l'insulte fusent chez les sarko-boys. Sarkozy laisse déjà les autres gérer l'intendance de ses promesses : la vente de 5% de France Télécom pour se payer un second porte-avion, l'absence de coup de pouce au SMIC la suppression de 10 000 postes de fonctionnaires à l'Education Nationale.
9ème semaine : lettre à mes amis sarkozystes
Un mois s'est écoulé depuis l'élection. Il est temps de s'adresser à mes amis sarkozystes, de leur faire remarquer que les premières mesures annoncées sont socialement pénibles et financièrement désastreuses.
10ème semaine : Gosplan
Sarkozy apparaît comme et aux allocations chômage, un président d'inspiration libérale qui veut gérer le pays comme on gérait le Gosplan dans les années 1950 en Union soviétique : il veut contrôler la BCE, creuse les déficits de son paquet fiscal, et brusque sa (nouvelle) majorité UMP qui redresse son bouclier fiscal (de 39 à 50%). En quelques semaines à peine, il ruine son crédit de compétence et de concertation.
11ème semaine: "communication hypocrite"
Cette semaine débute avec les petits fours du 14 juillet et se termine dans la repentance. Cécilia, dans ses derniers jours d'apparence en épouse réconciliée avec son adultérin de mari, a soigné la fête. Overdose de communication, et ... de commissions: Sarkozy semble créer autant de commissions, comités, et consultations qu'il a fait de promesses électorales.
12ème semaine : "la honte"
L'Hyper-Président envoie sa femme récupérer les infirmières bulgares en Libye, puis va signer un accord de défense et de livraison d'un réacteur nucléaire à la dictature libyenne. Pour son premier déplacement, il va expliquer à Dakar "le drame de l'Afrique, c'est que l'homme africain n'est pas assez entré dans l'histoire."
13ème semaine: "promesses tenues"
La session extraordinaire du Parlement est bouclée. Sarkozy a satisfait son électorat de droite: loi sur la récidive et la délinquance des mineurs et paquet fiscal sont votés. Exit la promesse d'équilibre budgétaire. Nous sommes en août, Sarkozy a grillé ses cartouches budgétaires avant la crise des subprimes. Il part en vacances dorées aux Etats Unis. "Ami Sarkozyste, où es tu ?" demandais-je pour la première fois.
14ème semaine : "l'éthique à l'épreuve"
A Amiens, un jeudi matin d'août vers 7h45, un jeune clandestin russe du nom d'Ivan saute par le fenêtre pour échapper à la police. Quelques intellectuels africains expliquent à Sarkozy (et Henri Guaino) qu'ils n'ont que faire de ses conseils racistes. La Sarkofrance n'est plus décomplexée. Je commence à vraiment chercher mon ami Sarkozyste.
15ème semaine : "expulsions"
Le premier été de Sarkozy Président s'achève. Après le yacht maltais, la villa américaine du New Hampshire. Il faudra s'habituer. Les médias y sont déjà accrochés. Le couple présidentiel est plus que jamais un sujet de la presse people (Cécilia, Cécilia, Cécilia ). Les expulsions continuent.
16ème semaine : "recours à la victime"
Les derniers chiffres de la croissance la crise boursière venue des Etats Unisont achevé de convaincre les indécis que les prévisions annuelles du gouvernement ne tiendront pas. L'opposition attendait ce retour de vacances pour interroger Cécilia Sarkozy l'affaire libyenne. Le tout premier sondage révèlait que les Français ne sont pas dupes sur leur pouvoir d'achat. Mais Sarkozy sort son joker : "la victime." La victime (de crimes sexuels) n'est pas assez considérer. Il faut juger les fous ! Belle diversion quand les nuages économiques s'amoncellent.
17ème semaine : "essoufflement ?"
Rentrant de vacances, Sarkozy semble essoufflé. Il parle aux 180 ambassadeurs de France, pour sa rentrée, puis à l'université d'été du Medef.
18ème semaine : "gouvernement de bleus"
Les couacs et autres approximations gouvernementaux se multiplient. Les Bleus sont au pouvoir : Bernard Laporte a fait lire la lettre de Guy Moquet Bleus quelques heures avant leur match contre l'Argentine, lecture fatadique d'après certains. Fadela Amara ouvre un skyblog pour parler de son plan "anti-glandouille" pour la banlieue. Rama Yade perd ses nerfs, Christine Lagarde évoque un "plan de rigueur" pour les fonctionnaires. Un tiers du cabinet de Rachida Dati pas supporté plus de 3 mois l'autoritarisme de son ministre.
19ème semaine : les blogs se radicalisent
La blogosphère vigilante se radicalise et se regroupe. "4 mois après le 7 mai, et cette élection présidentielle, les blogs s'énervent contre la Sarkofrance et son président."
20ème semaine : A-D-N
"Aucun sujet n'est tabou" déclaré Brice Hortefeux à l'Assemblée Nationale en cette fin septembre. L'amendement Mariani qui propose des tests ADN aux candidats immigrés au regroupement familial ne sert à rien sinon à vexer.
21ème semaine : accélérer pour ne pas trébucher
Pour la première fois depuis le 7 mai, la presse se fait l'écho de ses premiers échecs, de sa nervosité croissante en public. Paradoxalement, Sarkozy tient ses promesses de moyens, pas de résultat.
22ème semaine : merci Sarko
La personnalité du président devient sujet de conversation: rumeur de séparation , tics nerveux, etc. Finalement, il n'a pas tant changé que cela. C'est la vraie fin de l'état de grâce.
23ème semaine : les digues ont sauté
Candidat, Sarkozy appelait cela la "rupture." Maintenant qu'il est Président, les digues républicaines ne peuvent que sauter: la création d'un Ministère de l'identité nationale entraîne les tests ADN. La commission Attali récemment installée veut débrider la croissance française. Même le mythe de sa famille recomposée lui a pété dans les mains. Cécilia l'a quitté.
24ème semaine : semaine noire pour NS
Elle est partie. Il a fallu le confirmer. Sarkozy déprime.
25ème semaine : "mensonges d'Etat"
Rachida Dati a menti sur ses diplômes, le divorce Cécilia-Nicolas était en place depuis avril.
26ème semaine : "régime spécial"
Sarkozy s'augmente de 172%; la délocalisation du Conseil des Ministres en Corse mobilise 2 Airbus et 2 000 CRS ; les députés ont finalement accepté de réformer leur propre régime spécial de retraite ; et Rachida Dati laisse le Parquet s'opposer à une enquête contre le nouveau secrétaire d'Etat au Sport.
27ème semaine : "effet boomerang"
La stratégie politique de Sarkozy est-elle en passe de devenir contreproductive ? On est en droit de s'interroger : le nombre de réformes réellement engagé est finalement très faible (même pour l'UMP).
28ème semaine : "infection de mythes"
Un triste Arche de Zoé fait parler de lui, tout comme une réforme des retraites mal préparée. L'efficacité du Président est mise en doute jusque dans les sondages.
29ème semaine : "la démocratie a une fin"
Le Président élu depuis 6 moins a écrasé tous ses rivaux institutionnels: les députés se taisent. Les ministres sont des porte-paroles. Le premier Ministre un exécutant. La justice se tait et la presse aussi. La France contemple l'action du Président, ses émotions, ses coups de gueule et ses accès de sincérité : "personne ne me résiste" a-t-il déclaré aux journalistes des Echos, Nicolas Sarkozy vit ses dernières heures d'omnipuissance.
30ème semaine : ruptures ?
La rupture n'est pas là où on l'attendait: aucune rupture en banlieue (Villiers Le Bel s'enflamme); aucune rupture dans la pratique politique (la langue de bois se répète); aucune rupture pour le pouvoir d'achat (il ne décolle pas).
31ème semaine : "premiers départs"
Noël approche, les promesses sont loin. La venue de Kadhafi en grandes pompes, le jour du 60ème anniversaire de la Déclaration des Droits de l'Homme des Nations Unis, est la goutte d'eau qui fait déborder le vase des promesses éthiques.
32ème semaine : "l'humiliation"
Kadhafi vient de partir, après avoir saccagé l'amour propre de la majorité. le mythe d'une confiance retrouvée est définitivement tombé : le spectre de la crise de 1929 revient. Mais Sarkozy se trouve une nouvelle compagne à Eurodisney, Carla Bruni.
33ème semaine : "retournement médiatique"
La presse s'emballe, le Bling Bling repart. Nicolas et Carla font les une des magazines. La France découvre un Président qui veut prendre du bon temps.
34ème semaine : la rupture n'est pas là
Nicolas n'a pas changé. La vraie rupture est dans la pratique présidentielle: Sarkozy n'a pas le ridicule de Giscard. Mais il nous fait regretter le grand De Gaulle, le sphinx Mitterrand et même l'immobile Chirac
35ème semaine : "résistance médiatique"
On aurait pu croire que la trève de Noël aurait refroidi les impatiences de la presse, que les différentes diversions présidentielles auraient servi. Elles ont été nombreuses : une nouvelle compagne, des vacances "people" à Louxor, un carnet de notes pour ministres, un ciblage contre les "chômeurs-fraudeurs", des voeux vainement modernisés. La technique du vacarme a joué à plein.
36ème semaine : "problème de comportement"
L'expression est de Cécilia Sarkozy, dans le livre contesté d'Anna Bitton publié le 11 janvier. "Nicolas Sarkozy a un réel problème de comportement". On le savait nerveux, agressif contre ses contradictoires. On l'a découvert capable de s'enflammer, de s'exhiber comme un garçonnet fier de son nouveau jouet. "Et pourtant, il a la bombe !" s'exclame un ami blogueur.
37ème semaine : la politique de la culotte
Président Bling Bling ? Bing bing dans la Présidence ! Un sondage de fin de semaine l'annonce moins populaire que son premier ministre. C'est donc un problème de comportement, et/ou une question de responsabilité. Nicolas Sarkozy est devenu inaudible (chez les pêcheurs, sur la religion, à propos du pouvoir d'achat). Chacune de ses interventions fait long feu.
38ème semaine : mauvais goût
Le Président est devenu le handicap de sa majorité, à peine 9 mois après son élection. La majorité parlementaire ne se gêne pas pour grogner, à la marge certes.Les candidats UMP aux élections municipales cachent leur appartenance au camp présidentiel
39ème semaine: Alzheimer
L'équipe gouvernementale fait feu de tout bois pour rassurer l'électeur, à quelques semaines des élections mnicipales: retraites revalorisées au-delà des 1,1% prévus ; soutien public à l'usine d'Arcelor-Mittal; débloquage de 250 millions pour les sans-abris. Le Sarkozysme se transformerait-il en une entreprise clientéliste ?
40ème semaine: "président anxiogène"
On sait ce qu'il a fait, ce qu'il n'a pas fait. On se demande surtout ce qu'il va faire. Qu'il s'agisse de sa vie privée ou de son action politique, Nicolas Sarkozy inquiète. Il paraît fébrile ou nerveux. Sarkozy ne sait pas prendre du recul. Il corrige sa trajectoire en courant. Il change de direction sans ralentir. La base UMP est déboussolée. La discorde enfle entre les ministres.
41ème semaine: Fillon président en 2012 ?
Surprenant retournement, le premier ministre devient le dirigeant préféré des Français. Pour défendre leur président en détresse, les sarkozystes tentent de riposter avec la théorie du complot.
42ème semaine : droite complexée
Cette semaine, Nicolas Sarkozy a fait sonner la charge. Plainte contre un blogueur, Rama Yade qui crie au racisme, méthodes de la STASI, Laurent Wauquiez nous traite de terroristes, journaliste entendu par la police. Roger Karoutch a raison, la période actuelle ressemble de plus en plus aux années trente... Il y a même des ministres mis en examen pour détournement de fonds.
43ème semaine : populisme présidentiel
Le Conseil Constitutionnel invalide la rétro-activité demandée par Rachida Dati dans sa loi sur la rétention de sûreté. Qu'importe, le président qui fait appel au "peuple" contre les "élites", l'opposition accusée d'indulgence criminelle, une députée UMP demande une loi d'exception.
44ème semaine : Sarkozy sait il travailler ?
Sarkozy a fini par être noté par 45 millions d'électeurs. Au 1er tour des élections municipales, les candidats de la majorité ont recueilli 40% des suffrages. Déroute ? Sarkozy continue de mitrailler de ses annonces. On ne l'écoute plus.
45ème semaine: je ne vous ai pas compris
Dimanche 16 mars au soir, les équipes présidentielles ont usé de toutes les ficelles pour nier une sanction électorale. Nicolas Sarkozy n'a retenu qu'une leçon de ses difficultés sondagières : l'électorat frontiste l'a lâché. Il doit se droitiser
46ème semaine : Nicolas a fait Bling
Nicolas continue son "agitation immobile": comme s'il craignait d'affronter la réalité, et surtout sa révélation aux Français, il multiplie les leurres : nomination d'un jeune conseiller spécial "anti-rumeur"; inauguration d'un porte-avion nucléaire, réforme des institutions, célébration d'un résistant, etc...
47ème semaine : la normalisation
Fillon est devenu premier ministre. Cette semaine, il a bien fallu annoncer les mauvaises nouvelles : les comptes 2007 sont mauvais; les prévisions pour 2008 sont faiblardes; et les grandes promesses fiscales et sociales sont enterrées sine die.
48ème semaine : rigueur inachevée
Le moral des ménages est peut être au plus bas depuis 21 ans, mais la droite s'impatiente. Où Sarkozy va-t-il tailler ? Trois actions sociales sont touchées : l'accès au logement social ; les dépenses de santé; et les emplois aidés.
49ème semaine : "chef de clan"
Aaprès l'annonce de son plan d'économies, Sarkozy se fait discret. Il a servi son clan. La seule mesure populaire, la défiscalisation des heures supplémentaires, a été évaluée cette semaine : inefficace et coûteuse.
50ème semaine : "droite "snif snif"
Malheureusement, la réalité rattrape le Président : une semaine de couacs gouvernementaux (carte famille nombreuse, déremboursement des frais d'optique, sanctions contre les chômeurs, etc) a donné à la majorité présidentielle un nouveau surnom : la droite snif snif. Sarkozy doit parler aux Français.
51ème semaine : question de franchise
A l'issue d'une belle intervention télévisée de 280 000 euros, Nicolas Sarkozy abuse de la franchise politique ("ne me jugez pas avant 2012") et invente la franchise sociale : même le Revenu de Solidarité Active sera ainsi financé par des économies sur la "prime pour l'emploi."
52ème semaine : la realpolitik au plus bas.
Le Président termine son année en beauté : un voyage au soleil, officiel cette fois, Carla Bruni à son bras, pour célébrer les progrès démocratiques du coin, vendre un peu de nucléaire et signer quelques accords commerciaux.
Un an déjà.
Ami Sarkozyste, où es-tu ?