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Blog: Marianne2.fr | le site de l'hebdomadaire Marianne

«Le goût de la vérité n'empêche pas de prendre parti» (Albert Camus) | URL | Flux
Date :: 23/3/2012 12:00:02 (Mettre à jour)

Marianne2.fr | 2008-05-02T21:45:00+02:00

Au sommaire : Putain, 4 ans... (Pourquoi n'y arrive-t-il pas ? Déjà la guerre de succession. Sondage exclusif : ça va mal finir !) ; le débat Ségolène Royal - Jacques Julliard : la dictature de l'opinion existe-t-elle ?


Téléchargez le nouveau Marianne : Putain, 4 ans...


Ce numéro sera en vente en kiosques à partir du samedi 3 mai au matin jusqu'au vendredi 9 mai inclus, au prix de 2,50 euros. Vous pouvez également acheter la version numérique sur le site de Relay (PC) ou sur celui du Kiosque.fr (PC, Mac et Linux) dès vendredi 2 mai à 16h.




Philippe Cohen | 2008-05-02T14:56:00+02:00

Delphine et Antoine Arnault, deux des enfants de Bernard Arnault, viennent d'être nommés au Conseil de surveillance des Echos. Quelle chance pour les journalistes!


Bernard Arnault n'a pas le sens de la famille


Bernard Arnault n'a vraiment pas le sens de la famille : il n'a désigné que deux de ses quatre enfants pour participer au nouveau Conseil de surveillance des Echos, qu'il a racheté l'an passé ! Une audace incroyable : non seulement deux de ses enfants ne font donc pas partie dudit Conseil, mais en plus le gendre de Bernard Arnault, Alessandro Vallarino Gancia, héritier d'une dynastie industrielle italienne produisant des vins apéritifs, marié en grande pompe avec Delphine en 2005, ne fait pas non plus partie de cette structure. C'est d'autant plus étonnant que papa Arnault a déjà nommé trois personnalités indépendantes à ce même Conseil : le journaliste Alain Vernholes, qui s'était prononcé, en son temps, contre la reprise du titre par Bernard Arnault, l'ancien président de Paribas, André Lévy-Lang, qui doit le présider, et l'avocat Nicolas Molfessis. Faut-il discerner dans ce choix inouï, incroyablement risqué, une brouille familiale ? Ce gendre va-t-il entrer pour se venger, au Conseil de surveillance de la Tribune, le quotidien concurrent des Echos ?


En tout cas, les journalistes des Echos, un moment inquiets de la reprise de leur quotidien par le PDG de LVMH, doivent être rassurés : la preuve est faite que les désignations à ce Conseil de surveillance sont fondées exclusivement sur des critères de compétence et d'indépendance.


Une autre preuve ? Antoine Arnault est vraiment compétent : il est classé cinquième à un tournoi de poker, le tournoi des WSOPE, le Pot Limit Omaha à 5.000£. Précisons que, selon le site Poker QG, le fiston est reparti de la table avec la coquette somme de 49 000 euros en poche. C'est dire si les salariés des Echos peuvent être rassurés : managés par un joueur doté d'une telle vista, il n'ont aucune chance de subir une gestion défaillante. Vive Bernard Arnault, gestionnaire infaillible ! Qu'il reste très longtemps à la tête du groupe LVMH ! Qu'il continue à diriger les Echos d'une main de fer ! Et à honorer les glorieux dirigeants du peuple chinois, Hu Jintao et ses valeureux compagnons de lutte ! Vive la Chine rouge! Vive le grand groupe LVMH!




Philippe Cohen | 2008-05-02T09:02:00+02:00

Tous les médias sont-ils de droite ? Telle est la question que pose le dernier opus de l'Association Acrimed. Il faut le lire... quitte à le critiquer.


Médias à droite, journalistes à gauche ?


Le site Acrimed qui pratique la critique des médias est souvent stigmatisé. On lui reproche ses parti-pris idéologiques et ses têtes de Turc. Découvrons «Tous les medias sont-ils de droite ?», le dernier opuscule de cette Association. On y lit une démonstration parfaitement calibrée autour de trois thèses :


1) Le journalisme politique évite soigneusement les questions de fond pour se concentrer sur les sondages et la pipolisation des hommes et femmes politiques.


2) Les médias veulent réduire le débat électoral à une confrontation entre conservateurs et démocrates.


3) Toute l'élite médiatique partage le même corpus d'opinions sur le plan économique et social.







Voici trois points sur lesquels on aimerait bien une réponse de ceux qui, d'Eric Le Boucher à Laurent Joffrin en passant par Jean-Michel Aphatie, prétendent que le système défend le pluralisme. Mais on peut attendre longtemps : ils font comme si Acrimed, qu'ils considèrent comme un regroupement de gauchistes archaïques, ne méritait pas de réponse, comme si le débat devait être contracté autour de quelques grandes options partagées par les uns et par les autres. Le petit livre d'Acrimed souligne bien, d'ailleurs, l'homogénéité du corps des éditorialistes qui tiennent le crachoir dans toutes les émissions de «small talk», comme disent nos amis américains, et séquestrent le colonnes des journaux supposés «sérieux». Ainsi tous les commentateurs politiques ont-ils tous qualifié, en 2006, le programme socialiste de non réaliste. Personne n'aurait eu l'idée saugrenue de formuler la même critique envers celui de Nicolas Sarkozy. C'est bien pourtant ce que nous suggère la réalité depuis son élection. Mais à l'époque, Franz-Olivier Giesbert et Jacques Marseille, mais aussi Jean-Michel Thénard (à l'époque à Libération) et Laurent Joffrin concluaient tous leurs éditos de la même façon : les socialistes français, à la différence de leurs camarades d'autres pays, ne se sont pas extirpés de leurs rêveries marxistes. Tous saluent la gauche si elle se convertit à l'orthodoxie budgétaire, à l'amaigrissement de l'Etat et à la dérèglementation du marché du travail. Autrement dit, la gauche devient à leurs yeux courageuse dès lors que plus grand chose ne la distingue de la droite.





Un avant-gardisme revendiqué



Les trois démonstrations d'Acrimed s'appuient sur un vrai travail documentaire, perclus de références qui amusent le lecteur tant la juxtaposition de médiacrates mâchonnant tous à peu près les mêmes idées a quelque chose de plaisant. Les artistes de la critique des médias, en adeptes du jujitsu cher à Lionel Jospin, renversent la charge de la preuve de leurs adversaires : à la fin de la démonstration ce sont les Giesbert, Joffrin et Marseille qui apparaissent comme les dépositaires d'une seule et même idéologie, celle-là même que dénonce avec plus de virulence le Plan B, dont Acrimed est la «vitrine universitaire».


Le travail d'Acrimed mérite cependant lui aussi quelques critiques. Exemple : le titre du livre n'a rien à voir avec la démonstration proposée. Il part d'une citation de Nicolas Sarkozy qui a constaté que la presse était culturellement de gauche. Pour Acrimed, les médias sont tous peu ou prou de droite puisque les journalistes défendent des idées libérales. Il eut été plus intéressant de se demander pourquoi, alors que la plupart des journalistes se considèrent comme de gauche, ils ont été à ce point séduits par la campagne électorale de Nicolas Sarkozy.


Le genre de question qui conduirait à revoir le projet de l'Association Acrimed elle-même, qui n'a plus, aujourd'hui, le monopole de la critique des médias, comme ne le reflète nullement ce petit livre, qui renvoie aux sempiternelles mêmes sources d'inspiration (Le Monde diplomatique, Pierre Bourdieu, Partrick Champagne). Le fait que d'autres – Arrêt sur Images, Bakchich.info, Marianne et Marianne2, Causeur.fr entre autres - se soient emparés de ce thème devraient plutôt réjouir les franc-tireurs d'Acrimed. Mais n'est-ce pas le péché mignon de l'avant-gardisme que s'estimer unique et de rechercher un splendide isolement ? Ce n'est pas, justement, une raison pour laisser Acrimed s'y enfermer.




Bernard Maris | 2008-05-02T09:00:00+02:00

Avec France Inter, la chronique de Bernard Maris, journaliste et écrivain.


Bientôt la revanche de l'écologie sur l'économie


Le Premier ministre est à Washington. On peut supposer qu'il va parler de crise financière. Il n'y a pas de meilleur endroit pour parler de la crise financière mondiale puisqu'elle est née aux Etats-Unis. Et la monnaie des Etats-Unis pose un grave problème aux entrepreneurs français, obligés de délocaliser en zone dollar ou dans des pays à faible coût de travail. C'est la guerre menée par les Américains en Irak qui pèse lourd sur les finances mondiales. La guerre d'Irak n'est pas financée comme la guerre du VietNam. Elle n'est pas financée par l'impôt (au contraire, Bush diminue l'impôt des riches) mais par l'emprunt. L'économiste Joseph Stiglitz, Prix Nobel, estime qu'elle coûte plus de 100 milliards de dollars par an. Les Etats-Unis, de plus en plus endettés, n'ont donc aucun intérêt à ce que la valeur du dollar augmente.





La croissance chinoise pourrait se muer en décroissance


La crise financière est un gros trou noir qui s'ajoute au trou noir de la guerre. C'est de l'ordre du millier de milliards de dollars encore une fois, pour les plus pessimistes ; les plus optimistes pariant sur la moitié. Pour combattre cette crise la réserve américaine abaisse ses taux d'intérêt, elle vient d'annoncer un nouvel effort en faveur du crédit, une baisse des taux directeurs, et une nouvelle injection de liquidités dans l'économie : 152 milliards de dollars. L'Etat américain s'endette, encore, et dès lors le dollar diminue. La crise de défiance vis-à-vis du dollar vient s'ajouter à la crise des subprimes. Les entrepreneurs et les financiers n'aiment guère que la première économie du monde marque des signes de faiblesse. Ça ajoute à leur morosité !


D'autant qu'à ces deux crises s'ajoute celle des matières premières... Hausse vertigineuse des cours des céréales et des matières premières, hausse du prix du pétrole et des métaux, encore une nouvelle pression à la récession. Les agrocarburants sont montrés du doigt. Le ministre Jean-Louis Boorlo a clairement annoncé que le temps des agrocarburants était achevé, tout au moins pour les agrocarburants de la première génération qui se substituent à la nourriture...


Reste la crise majeure dont on ne parle pas : celle des écosystèmes, menacés comme jamais. On parle de la croissance chinoise, on ferait mieux de parler de la décroissance chinoise : 90% des villes chinoises manquent d'eau, 60% des cours d'eau chinois sont pollués de façon dramatique. Or il se peut que l'écologie se venge : jusqu'ici c'est l'économie qui tue l'écologie, mais que se passera-t-il lorsque la crise écologique, la crise de l'eau par exemple, entraînera une crise économique majeure ?





La phrase du jour
: « Bien sûr notre situation est tout à fait lamentable, mais, rassurez-vous, le pire est encore à venir » Nietzsche, « Considérations Inactuelles ».








Retrouvez « L'autre économie » de Bernard Maris, en direct sur France Inter, du lundi au vendredi à 6h49.




Bénédicte Charles | 2008-04-18T12:33:00+02:00

Quand le Figaro commande une enquête à Opinion Way sur les Français et les réformes, les questions sont tellement ouvertes que la réponse ne peut être que: le gouvernement a raison.


Quand le Figaro dicte les réponses de ses sondages


Vivent les réformes ! Au moment où il devient difficile d'ignorer le ras-le-bol des Français, Le Figaro publie, dans son édition du 18 avril, un sondage qui montre que nos concitoyens sont, au contraire, tout à fait d'accord avec la réforme de l'assurance-chômage ou encore les suppressions de postes dans l'Education nationale. Réalisée par Opinion way, le sondeur préféré du Figaro, de LCI et de l'UMP, l'enquête prétend ainsi montrer que 62% des Français sont partisans d'une «réforme plus contraignante de l'indemnisation du chômage». On comprend mieux pourquoi lorsqu'on lit la question posée : «Etes-vous favorable ou opposé à l'obligation pour un chômeur d'accepter un emploi, même moins bien rémunéré, après deux offres de l'ANPE en conformité avec sa formation, ses qualifications, son salaire, sa vie familiale, sous peine de perdre son allocation chômage?». En d'autres termes : «Etes-vous d'accord pour qu'on prive d'Assedic les gros paresseux à qui on propose un super job et qui préfèrent rester chez eux à se la couler douce en touchant leurs allocs?». Difficile de répondre «non», surtout lorsqu'on est de droite - population sur-représentée dans les échantillons d'Opinon way, de l'aveu même du sondeur. Dans ces conditions, il est même très étonnant qu'il se trouve encore 38% de personnes qui préfèrent qu'on maintienne les droits aux Assedic de ces tire-au-flancs!





78% des Français ne veulent pas qu'on dilapide leur argent !



Toujours dans la même veine, le Figaro fanfaronne : «Pour plus de trois Français sur quatre (78%, NdA), le problème de l'école n'est pas une question de moyens». Et d'en conclure que les lycéens ont beau descendre dans la rue, ils ont «peu de chances de sensibiliser l'opinion à un message qu'elle ne partage pas». De quoi encourager le gouvernement, pour Le Figaro. Mais là encore, la question posée dicte la réponse : «Améliorer la qualité du système scolaire n'est pas principalement une question de moyens financiers mais nécessite plutôt des réformes de structure». Vous connaissez beaucoup de gens, vous, qui répondraient «Ah ben moi je préfère qu'on dilapide l'argent du contribuable, qu'on inonde l'Education nationale de gros sous, mais surtout qu'on ne touche à rien»? Opinion Way en a tout de même trouvé 21%.





Hollande, meilleur opposant de Sarkozy...


Enfin, la dernière question du sondage portait sur l'opposition. «Au cours du mois dernier, demandait le Figaro, laquelle des personnalités suivantes a été le meilleur opposant à Nicolas Sarkozy?». Les personnalités en question semblent avoir été choisies par Sarkozy lui-même : François Hollande, Bertrand Delanoë, Ségolène Royal, François Bayrou. Il ne manque plus qu'Olivier Besancenot pour que soit complète la liste des opposants-au-président voulue par Sarkozy, qui choisit ses contradicteurs avec le même sens politique aigu qu'il sélectionne ses intervieweurs. Et en plus, c'est Flamby (soit Hollande) qui gagne le concours du meilleur opposant !


Bref, Le Figaro semble avoir tiré au moins un enseignement de ses pages «religion» : les voies de l'opinion (c'est la signification d'opinion way) sont impénétrables. Mais elles, on peut les tracer soi-même.







Bernard Maris | 2008-04-18T08:16:00+02:00

Malgré son adhésion à l'OMC, la Chine ne respecte pas les règles du commerce international.


Boycott contre Carrefour et LVMH : Pékin défie l'OMC


Faut-il avoir peur des menaces de rétorsion de la Chine ? Il est vrai que les blogueurs chinois ont l'air très fâchés. Et les blogueurs s'expriment avec l'autorisation du gouvernement Chinois. Ils appellent à boycotter les marques françaises, (Vuitton par exemple, mais quel Chinois s'offre Vuitton, sinon sous forme de copie) ; également les magasins Carrefour (il y en a 112 en Chine, qui emploient 40 000 Chinois et une trentaine de Français, ce qui est dérisoire).


La France exporte beaucoup moins en Chine que l'Allemagne ou le Japon. Hélas, à la différence des Japonais ou des Allemands, elle n'exporte pas des produits essentiels à l'économie chinoise. Japonais et Allemands exportent des machines, dont les Chinois ne peuvent se passer. On peut craindre qu'en appelant au boycott des produits français, la Chine se paye une opération de pub à peu de frais. Elle n'agirait pas de même avec les Allemands.





Un partenaire peu fair-play



Pourtant la Chine fait partie de l'OMC, et les règles du commerce se veulent indépendantes des considérations politiques. On aurait tendance à dire, du fait de son appartenance à l'OMC, que la Chine ne peut pas aller très loin. Ce sont les américains qui ont poussé à l'entrée de la Chine dans l'OMC, pour des raisons évidentes : Wal Mart, la première entreprise américaine, est approvisionnée à 80% par des produits chinois.


Or la règle de base de l'OMC est la non discrimination vis-à-vis de tous ses membres. Mais la Chine ne se prive pas de violer de façon indirecte les règles de l'OMC. TCL,le premier fabricant de télévisions du monde, Lenovo, le troisième fabricant d'ordinateurs, Boastel, le sixième aciériste mondial, ne doivent leur puissance qu'à la manne publique. Ces groupes sont soit la propriété de l'Etat, soit sont sous sa coupe, et ont une rentabilité médiocre. On a beaucoup parlé du rachat de la branche PC d'IBM par Lenovo, mais c'est Lenovo qui a fait une mauvaire affaire et IBM qui s'est débarassé d'un canard boiteux. Rien à voir entre l'aciériste Boastel, et l'aciériste Mittal. La Chine n'est donc pas un partenaire commercial très fair-play, d'autant qu'elle laisse copier et piller les marques et les brevets étrangers.


On retrouve ce comportement avec le commerce de matières première : lorsque la Chine s'intéresse aux matières premières d'Afrique, elle aime bien pratiquer le troc, qui est un moyen d'échange qui rappelle le bon vieux temps communiste.


En d'autres termes, on peut s'attendre à tout de la part d'un pays où l'Etat étouffe la vie économique, tout en donnant l'illusion d'être un pays capitaliste. Mais si la Chine fait du mal aux investisseurs français, il est à craindre que les investisseurs d'autres pays prennent peur, à juste raison. Elle est trop politique pour le faire.





La phrase du jour:
«Il y a en France plus de vrais communistes qu'en Chine» (Carlos Ghosn, PDG de Renault)











Retrouvez « L'autre économie » de Bernard Maris, en direct sur France Inter, du lundi au vendredi à 6h49.




Marianne2.fr | 2008-04-18T01:15:00+02:00

Au moment où Renault, dont le président de la Halde était le patron, se fait épingler pour discrimination raciale, le «super testing» organisé par la haute autorité s'avère être un vaste foutoir.


Lutte anti-discrimination : la Halde se ridiculise !


Louis Schweitzer, président de la Halde (Haute autorité de lutte contre les discriminations), obligé de poursuivre Louis Schweitzer, ancien PDG de Renault, pour discrimination raciale ? Avouez que la scène mériterait l'oscar du ridicule ! C'est pourtant ce qui aurait pu se passer. Le 2 avril dernier, la cour d'Appel de Versailles a en effet condamné le constructeur automobile pour discrimination raciale envers deux anciens salariés. Les carrières de Lucien Breleur, électricien automobile, et Daniel Kotor, ouvrier spécialisé puis agent administratif, tous deux noirs, n'ont pas suivi la même évolution que celles de leurs collègues blancs, sans aucune raison valable, ont estimé les magistrats. Avant de conclure à la discrimination raciale en s'appuyant, notamment, sur des témoignages évoquant les insultes racistes (« singe » ou encore « bougre de nègre ») dont Daniel Kotor était l'objet de la part de sa hiérarchie. Or, ces faits se sont déroulés alors que Louis Schweitzer était PDG de Renault. Un comble !





La discrimination : plus on la cherche, moins on la trouve



Dans la même veine absurde, toujours le mercredi 2 avril, le Canard Enchaîné révélait les gros dysfonctionnement du testing géant réalisé par Jean-François Amadieu, membre du comité consultatif de la Halde et président de l'Observatoire des discriminations, pour le compte de la Haute autorité. Avec un budget pharaonique de 570 000 €, cet ambitieux testing sur la discrimination à l'embauche vise 20 grandes entreprises - telles Bouygues, Accor, Total, Lagardère, etc. Cinq mille six cent faux CV ont été envoyés, 300 lignes téléphoniques avec répondeur ont été ouvertes pour recevoir les réponses des entreprises. Résultat : l'étude montre que dans certaines sociétés, les CV bronzés ont 50% de chances de moins d'obtenir un rendez-vous que leurs homologues blancs. Seulement voilà : si les entreprises n'ont pas répondu aux CV, ce n'est pas par racisme, mais parce que certains courriers ne sont jamais arrivés, d'autres étaient mal rédigés ou ne correspondaient pas aux offres. Parfois encore, c'est le numéro de téléphone indiqué dans la candidature qui était faux. Quand ce n'étaient pas les réponses favorables des sociétés qui étaient répertoriés comme des fins de non recevoir… Bref, ça la foutait mal.


A tel point que, face à la grogne des entreprises injustement taxées de discrimination, le service juridique de la Halde a décidé de faire intégralement re-vérifier les résultats du testing (qui a déjà coûté 400 000€) avant leur publication prévue pour la fin du mois… Au final, que nous montrent ces deux affaires ? Que la discrimination, c'est comme le sucre dans le lait chaud, comme disait Coluche : elle est partout et on ne la voit pas, et plus on la cherche, moins on la trouve!




Régis Soubrouillard | 2008-04-18T01:14:00+02:00 | 7 lectures

Beigbeder s’affiche en lecteur de Baudrillard sur les murs de Paris. En se targuant des honneurs imaginaires de proches du philosophe. Là où il y a de la gêne, il n’y a pas de plaisir.


Pour Marine Baudrillard, Beigbeder fabule !


Beigbeder a fait un rêve. Notre Bernadette Soubirous de la soupe publicitaire a eu une apparition : Jean Baudrillard. L'éphèbe des Galeries Lafayettes ne jure plus que par le philosophe, disparu il y a un peu plus d'un an. Auto-proclamé révolté et provocateur, mais pas au point de repousser les avances publicitaires sonnantes et trébuchantes des Galeries Lafayettes, Frédéric Beigbeder s'affiche torse nu dans tous les couloirs du métro. Rusé comme un renard, le bébé éprouvé de Séguéla et Ardisson a choisi de poser avec le livre de Jean Baudrillard La société de consommation : «j'ai eu le sentiment de réaliser un hommage amusant» explique-t-il sans rire au site buzz-litteraire.com.


Passons sur l'hommage «amusant» né dans le cerveau d'un génie créatif convaincu de son insolence. Sans doute que, dans son repos éternel, Baudrillard n'en demandait pas tant…





Beigbeder dévoré par la publicité


Surtout, quel besoin a eu le trublion des nuits blanches parisiennes de mêler Baudrillard à ses compromissions ? Dans sa naïveté d'éternel adolescent, Beigbeder a-t-il cru un instant que poser avec le pamphlet du philosophe entre les mains lui permettrait de s'exonérer de ce nouveau fourvoiement. Pour un pubeux de si haute volée, c'est méconnaître que la publicité est une mante religieuse, par nature dévoreuse d'espaces, au propre comme au figuré. Car le chroniqueur de Playboy et GQ qui prétend retourner l'objet publicitaire en y ajoutant sa «patte subversive» n'a pas entrevu qu' «à travers la publicité, c'est la société de masse et de consommation qui se plébiscite continuellement elle-même» comme l'énonçait…Jean Baudrillard dans Le système des objets.





Beigbeder perdu entre réalité et fiction


Dans son interview interminable à buzz-litteraire.com sur le mode «tout à l'ego» , Frédéric Beigbeder croit en ses rêves: «Oublier Baudrillard ? Comment le pourrais-je ? Sa veuve et des amis du café de Flore sont même venus me demander de leur dédicacer une affiche. J'en ai été extrêmement ému...»


Beigbeder serait presque touchant. On devine même à quel point il a assimilé les analyses du philosophe sur la «disparition du réel», car la veuve de Jean Baudrillard n'a pas, loin s'en faut, la même version des faits: «Beigbeder s'émeut extrêmement de lui-même ! Personnellement, je n'ai pas lu ses livres et je ne sais, de lui, que ce à quoi personne n'a pu échapper. A priori, son exhibitionnisme et son profil ne m'attirent pas... Peut-être l'intérêt qu'il semble porter à Jean pourrait me le rendre plus sympathique, mais le temps manque... En tous cas, lui ne me connaît pas et ne m'a jamais vue...mais je comprends tout à fait qu'il ne puisse s'en souvenir, il voit tellement de monde ! Des proches m'ont effectivement envoyé une affiche mais je ne l'ai jamais regardée. Est-ce que Jean existe vraiment pour quelqu'un comme Beigbeder ? C'est simplement une façon de dire «je suis cultivé, je ne suis pas un clown». Mais il n'y a pas deux êtres dont le profil et la démarche sont aussi dissemblables que Beigbeder et Jean Baudrillard».


En effet, quel hommage que celui d'un pur produit dérivé de la société du spectacle à l'un de ses plus virulents pourfendeurs ?





Beigbeder prisonnier du regard éperdu de sa charcutière ?


Beigbeder appelle aussi Milan Kundera à son secours qui «disait que cela ne servait à rien de donner des interviews pour expliquer. Je crois qu'il a raison : tout est dans les livres, pas besoin d'en rajouter». Certes, à ceci près que Beigbeder ne fait qu'en rajouter: ses livres sont des scénarios, l'écrivain est un mannequin, le «provocateur» un animateur complaisant du simulacre audiovisuel.


L'objet télévisuel tel qu'en lui même ne pouvait qu'être sourd au discours de Baudrillard, alors qu'il consomme et s'abreuve jusqu'à plus soif du produit Beigbeder . «La gloire auprès du peuple, voilà à quoi il faut aspirer. Rien ne vaudra jamais le regard éperdu de la charcutière qui vous a vu à la télévision» écrivait Baudrillard. «On n'échappe jamais complètement à son emprisonnement» se justifie Beigbeder après avoir abondamment cité les «invisibles» Baudrillard, Kundera et Modiano. Il est des prisonniers consentants. Et qui redemandent même des sanctions plus lourdes…





Publicité de la misère. Misère de la publicité.


Preuve que l'homme est faible: passé Baudrillard, Kundera et Modiano, Beigbeder ne peut s'empêcher de revenir à l'essentiel, son essentiel : lui, son image. «Quand il s'agit de moi, on dit que tout est artificiel et que je passe mon temps à inventer des événements. Mon goût pour la provoc' se retourne contre moi, je finis par en devenir la principale victime». A la manière du célèbre tableau de Magritte qui représentait une pipe avec pour légende « ceci n'est pas une pipe » signifiant la trahison des images, la pub de Frédéric Beigbeder invite à ajouter : « ceci n'est pas un écrivain » mais la représentation d'un homme de publicité, simulant une lecture, habitué des talk-shows où il est parfois question de livres, familier des milieux de l'édition et des lieux imprégnés d'une symbolique littéraire. Le reste n'est même pas littérature…


C'est peut-être sur ce seul point que Beigbeder et Baudrillard feront un bout de chemin ensemble : et si Beigbeder n'était qu'une invention médiatique ? Et si Beigbeder n'existait pas ? Et si Beigbeder n'avait «jamais eu lieu» ?


Etreint d'angoisse par l'éventualité de son inexistence, l'homme-sandwich des Galeries s'empresse d'ajouter : «Merci de me donner enfin l'occasion de certifier que c'est bel et bien moi qui suis sur la photo, et pas un jeune mannequin de 20 ans comme on l'a prétendu».


Publicité de la misère. Misère de la publicité.




Marianne2.fr | 2008-04-18T01:01:00+02:00

Au sommaire : Après un an de bling-bling...la déglingue. Pourquoi la situation est plus grave qu'à la veille de Mai 68 ? ; La faillite du mythe progressiste, par Jean-François Kahn ; Pourquoi les Chinois ont déjà gagné les J.O. ; Beaux, heureux, minces, sexy, nourris bio... Le bien-être à tout prix !


Le numéro 574 de Marianne : La déglingue







Ce numéro sera en vente en kiosques à partir du samedi 19 avril au matin jusqu'au vendredi 25 avril inclus, au prix de 2,50 euros. Vous pouvez également acheter la version numérique ici dès vendredi 4 avril en fin d'après-midi.




Eric Decouty | 2008-04-17T15:53:00+02:00

L’instruction de l’affaire Clearstream est close mais avant que le procureur ne prenne ses réquisitions, Dominique de Villepin tire sa dernière salve. Il s'en prend, une dernière fois, à Nicolas Sarkozy. Marianne révèle le contenu de son ultime lettre aux juges.


Exclusif: Clearstream, la lettre de Villepin à ses juges !


«Toute l'instruction a été construite pour Nicolas Sarkozy» L'instruction de l'affaire Clearstream est close mais avant que le procureur ne prenne ses réquisitions et que les juges d'instruction ne décident du renvoi des différents protagonistes devant le tribunal correctionnel, Dominique de Villepin a tiré sa dernière salve.





Dans une longue lettre adressée, mercredi, aux juges Henri Pons et Jean-Marie d'Huy, et que Marianne s'est procurée, l'ancien Premier ministre se défend une fois de plus de toute implication dans l'affaire des listings falsifiés et souligne les immenses lacunes de l'instruction.





Surtout, il s'en prend une fois encore à Nicolas Sarkozy qui aurait selon lui, été le véritable inspirateur de l'enquête. «Nicolas SARKOZY ayant été présenté en victime quasi unique, va s'imprimer l'idée que les listings transmis au Juge VAN RUYMBEKE ont été élaborés dans la seule perspective de le salir et de brider ses ambitions. Dans l'un de ses rapports, la DST ne manque d'ailleurs pas de souligner ce fait étrange : l'entourage de Nicolas SARKOZY s'est activé dans les médias pour revendiquer ce statut de victime alors que Nicolas SARKOZY n'avait jamais été mis en cause nominativement», écrit ainsi Dominique de Villepin.





Et l'ancien chef de gouvernement de poursuivre : «Peu importeraient les thèses médiatiques, si elles n'avaient pas conditionné l'information judiciaire, jusqu'à en devenir un élément central (…) Nul ne le contestera : toute l'instruction n'a été conçue que sur l'idée qu'il n‘y avait qu'une seule victime, et partant, une unique partie civile. En réalité, l'affaire a été instruite comme si les faits ne pouvaient être compris qu'à travers la rivalité de deux hommes politiques, l'un devenu l'emblématique victime, et l'autre, pour les besoins de ce scénario, le coupable idéal.»





A la veille de son probable renvoi devant le tribunal, Dominique de Villepin, conclut sur cette évidence : «Qui pourrait sérieusement soutenir que la Justice aurait accordé à cette affaire une telle attention aussi disproportionnée, ciblée et pour tout dire sans précédent si, sur les listings, n'avaient figuré que des personnalités peu connues ?»





Plus rien ne devrait désormais changer et Dominique de Villepin aura à s'expliquer devant le tribunal. Nicolas Sarkozy y sera lui aussi, en sa qualité de partie civile, mais représenté par son avocat dévoué, le fidèle Thierry Herzog.




Voici, in extenso, la dernière lettre de Dominique de Villepin portée à l'instruction dans le cadre de l'affaire Clearstream :














Paris, le 16 avril 2008











« A défaut du voleur… il faut bien, n'est-ce pas, arrêter quelqu'un ?…


Au fait, peut-être est-on convaincu, à la Sûreté que c'est M. Guillaume Apollinaire qui a volé la Joconde. La Sûreté et le Parquet doivent au public des explications précises. M. Guillaume Apollinaire a été indignement cuisiné par des gens ignorants qui, dans l'impossibilité où ils sont de donner aux Parisiens la Joconde, jettent en pâture à leur propre appétit de répression un artiste et un homme de lettres. Même si l'inculpé obtient, et cela se doit, un non-lieu, c'en est déjà trop. »



Le Journal, 9 septembre 1911.








Messieurs les Présidents,








À l'heure où vous estimez votre instruction terminée, j'entends vous livrer les réflexions que m'inspire ce dossier. Je le ferai sans détour, non sans rappeler d'emblée, que je ressens comme une grande injustice ma mise en cause, d'abord médiatique, puis ensuite judiciaire.





Tant que j'ai été Premier ministre, me consacrant à ma tâche, j'ai ignoré maintes attaques, souvent très basses, lancées contre moi à l'occasion de cette affaire. Cette réserve n'avait rien d'une esquive : le service de l'Etat exigeait que je ne m'y abaisse pas. Le temps venu de m'expliquer devant vous comme témoin, j'ai souhaité, pendant les dix-sept heures de mon audition, vous présenter la réalité et la limite de mon intervention dans cette affaire qui s'inscrivait alors dans le cadre strict de mes responsabilités gouvernementales. Puis, mis en examen sept mois plus tard, j'ai renoncé à soulever votre incompétence au profit de la Cour de Justice de la République. Nombreux étaient pourtant ceux qui m'y poussaient et non moins nombreux ceux qui se sont étonnés de ma décision. Mais j'ai rejeté cette option procédurale, pour ne pas laisser croire que je choisissais mes juges et désireux que j'étais de m'expliquer le plus rapidement possible devant vous qui avez instruit cette affaire dès le départ.





Pour les mêmes raisons, j'ai écarté l'idée d'un débat sur la procédure et les vices qui l'affectent. La tentation était pourtant grande de contester dans sa forme une mise en examen qui malmène le fait unique sur lequel elle se fonde, à savoir l'instruction que j'aurais donnée à Jean-Louis GERGORIN d'aller voir le juge VAN RUYMBEKE pour lui dénoncer des faits que je savais faux.





Quand ce dernier la décrit, sans plus, comme l'instruction d'« aller voir un juge » pour lui montrer des listings dont il était persuadé de la véracité, les chefs de mis en examen, de manière éminemment contestable, transforment cette instruction prétendue, sèche et imprécise, en plusieurs instructions, toutes plus détaillées les unes que les autres : d'aller voir tel juge, de lui adresser des documents précis, de lui dénoncer des personnes dénommées au moyen de courriers anonymes pour leur imputer des opérations de corruption ou de blanchiment de fonds. Ce point de procédure n'est pas de détail puisqu'il semble fonder votre raisonnement. Qui s'y arrête conçoit que pour me mettre en cause judiciairement, il a fallu en rajouter, en complétant, pour l'enrichir, le récit de celui qui m'attribue un rôle que je n'ai jamais eu.





Avec la plus grande fermeté, j'entends rappeler la vérité dans ce dossier. Jean-Louis GERGORIN qui a été, je le rappelle, mon supérieur pendant deux ans au Centre d'Analyse et de Prévision du Ministère des Affaires étrangères, m'a informé le 1er janvier 2004 de l'existence éventuelle d'un circuit international de blanchiment sur lequel enquêtait le Général RONDOT, lui-même ancien conseiller du Centre d'Analyse et de Prévision. Je les ai invités tous les deux à une réunion le 9 janvier suivant. Quoi que l'on ait dit de cette initiative, je la revendique dès lors que les faits évoqués par Jean-Louis GERGORIN avaient d'abord une dimension internationale.





À l'issue de cette réunion, je n'ai demandé qu'une seule chose au Général RONDOT, et à lui seul : me tenir informé du résultat de ses investigations. Dans mon esprit, soit elles devaient confirmer l'existence de ce circuit, soit au contraire, elles devaient conclure à son inexistence. À ce stade je n'avais évidemment aucune certitude. Pas plus d'ailleurs que le Général RONDOT lui-même, déjà en charge du dossier depuis plusieurs mois.





Le 9 janvier 2004, il est exact que des noms ont été cités, notamment d'hommes politiques, d'industriels, et de hauts fonctionnaires. Que l'on veuille l'admettre ou non, ce ne sont pas ces noms qui ont principalement retenu mon attention. Pour moi, il s'agissait avant tout, d'évaluer si un tel système existait, avant de rechercher ceux qui, éventuellement, en auraient été les utilisateurs. Je me suis montré d'autant plus circonspect que dans d'autres affaires j'avais pu constater que les patronymes de noms de personnes connues étaient parfois utilisés à leur insu par des tiers, pour brouiller les pistes.





Est-il sérieux dès lors de me reprocher d'avoir recommandé au Général RONDOT la plus grande discrétion ? Qu'aurais-je pu, qu'aurais-je dû faire d'autre ? Que n'aurait-on dit si l'on avait prévenu les prétendus bénéficiaires de comptes étrangers ? Il est bien évident que tout responsable politique, soucieux de la réputation des personnes concernées, mais aussi pour permettre à l'enquête de se poursuivre, aurait recommandé, dans un cas semblable, la plus grande discrétion jusqu'à sa conclusion. N'est-ce pas d'ailleurs ce qui se passe actuellement dans les enquêtes menées dans plusieurs pays européens, comme en France, sur les bénéficiaires de comptes au Lichtenstein soupçonnés d'y avoir déposé les produits de fraude fiscale ?





Le Général RONDOT ne s'est alors pas manifesté et je n'avais aucune raison de m'en inquiéter, partant du principe qu'il serait revenu vers moi s'il avait disposé d'éléments nouveaux, intéressants, voire même probants. Il était pour moi le seul interlocuteur, compte tenu de ses fonctions de coordonnateur du Renseignement au Ministère de la Défense, et c'est pourquoi, le 14 avril 2004, quand j'ai décoré Jean-Louis GERGORIN et que ce dernier a essayé à cette occasion de m'entretenir du dossier CLEARSTREAM, je l'ai renvoyé vers le Général RONDOT.





Au mois de juillet 2004, lorsque est paru l'article du POINT consacré à CLEARSTREAM, j'ai alors pris, en tant que Ministre de l'Intérieur, deux initiatives. D'abord, j'ai saisi la Direction de la Surveillance du Territoire (DST), dépendant de mon Ministère. L'aurais-je fait si j'avais eu à craindre qu'elle ne découvre le rôle que l'on m'impute aujourd'hui ? Ensuite, j'ai demandé au Général RONDOT de me faire le point de ses investigations, ce que je n'aurais pas eu besoin de faire si, comme on le prétend, Jean-Louis GERGORIN m'avait régulièrement et précisément tenu informé. Et enfin, comment mieux démontrer ma bonne foi, en rappelant que j'ai alors demandé au Général RONDOT de prendre attache avec la DST pour lui confier, sans restriction, ce qu'il sait sur cette affaire.





A ce stade, je ne peux que souligner l'incohérence des accusations portées contre moi. Celui qui, à deux reprises, a demandé des vérifications à des services réputés compétents, aurait participé dans le même temps à une entreprise de falsification et de dénonciation calomnieuse, multipliant ainsi les risques d'être démasqué.





Pour achever de décrire ce qu'a été très précisément mon action, j'ajouterai qu'à partir du mois de juillet 2004, avec insistance, Jean-Louis GERGORIN s'est défendu d'être le corbeau. Il s'en est défendu énergiquement, tant par le biais d'interviews que dans les lettres qu'il m'a adressées les 8 et 15 novembre 2004 et que je vous ai demandé de verser au dossier de la procédure. Si j'avais été à l'origine de la rencontre de Jean-Louis GERGORIN avec le Juge VAN RUYMBEKE, pourquoi aurait-il alors éprouvé le besoin de se défendre auprès de moi d'être le « soi-disant corbeau » ?





Les vérifications de la DST ont donné lieu à plusieurs rapports d'étapes et, le 9 décembre 2004, à un rapport conclusif, tous versés à la procédure. Le dernier d'entre eux établit sans ambiguïté que la DST, à cette époque encore, demeurait dans l'incertitude tant de l'identité du ou des auteurs des envois au juge, que des buts qu'il(s) poursuivai(en)t. À ce moment-là, la Justice ayant été saisie de ce dossier par la plainte de Monsieur DELMAS, je n'avais plus, en ma qualité de ministre, à me préoccuper de ce dossier et, dès avant cette date, le directeur de la DST était allé voir Yves BOT, le Procureur de Paris pour lui donner ses impressions sur cette affaire.








À la faveur de quelle construction, mon rôle marginal est-il devenu le pôle d'attraction de ce dossier ? Rappelons-nous qu'avant même l'ouverture de l'information judiciaire, a été distillée puis assenée la thèse d'un complot ourdi par moi-même et le Président de la République, Jacques CHIRAC, pour nuire à Nicolas SARKOZY.





Une question double se pose alors. Comment, et au profit de qui, cette thèse a-t-elle été imposée, avant même que l'instruction n'ait pu recueillir le moindre élément ?





Force est de l'admettre, Nicolas SARKOZY ayant été présenté en victime quasi unique, va s'imprimer l'idée que les listings transmis au Juge VAN RUYMBEKE ont été élaborés dans la seule perspective de le salir et de brider ses ambitions. Dans l'un de ses rapports, la DST ne manque d'ailleurs pas de souligner ce fait étrange : l'entourage de Nicolas SARKOZY s'est activé dans les médias pour revendiquer ce statut de victime alors que Nicolas SARKOZY n'avait jamais été mis en cause nominativement comme titulaire d'aucun compte, ni médiatiquement, ni judiciairement. Il faut rappeler qu'à l'origine, d'aucuns ont pu penser que c'était un familier de l'intéressé et non pas lui-même qui était visé.





Peu importeraient les thèses médiatiques, si elles n'avaient pas conditionné l'information judiciaire, jusqu'à en devenir un élément central.





Nul ne le contestera : toute l'instruction n'a été conçue que sur l'idée qu'il n‘y avait qu'une seule victime, et partant, une unique partie civile. Qu'importe si la falsification des listings a commencé dès février 2003, soit près d'un an avant que je n'aie été alerté sur CLEARSTREAM !





Qu'importe que d'autres hommes politiques de premier plan y aient figuré, dès 2003, sous leur véritable patronyme puisque les raisons pour lesquelles ils y apparaissent ont été jugées sans intérêt !





Qu'importe que Jean-Louis GERGORIN n'ait jamais évoqué les comptes NAGY et BOKSA avec le Juge VAN RUYMBEKE et que son premier envoi (qui devait dans son esprit être le dernier), consacré à la description d'un réseau uniquement industrialo-mafieux, ne les mentionnait guère plus !





En réalité, l'affaire a été instruite comme si les faits ne pouvaient être compris qu'à travers la rivalité de deux hommes politiques, l'un devenu l'emblématique victime, et l'autre, pour les besoins de ce scénario, le coupable idéal.





En effet, qu'est-ce qui justifie quarante et un tomes de procédure, plus de quatre mille deux cents cotes, dans une affaire de dénonciation calomnieuse ?


Qu'est-ce qui imposait des auditions marathon, peu compatibles, en ce qui me concerne, avec la maigreur des faits ?


Qu'est-ce qui légitimait cette mobilisation policière sans précédent dans ce type d'affaire ?


Qu'est-ce qui appelait la mise en branle inutile d'experts pour décrypter un CD ROM contenant mes archives personnelles ?





Rien, absolument rien, sinon cette évidence : la qualité d'une des parties civiles, seule considérée, et, par voie de conséquence, la nécessité de construire un coupable à sa hauteur.





Qu'on ne prétende pas le contraire. Qui pourrait sérieusement soutenir que la Justice aurait accordé à cette affaire une telle attention aussi disproportionnée, ciblée et pour tout dire sans précédent si, sur les listings, n'avaient figuré que des personnalités peu connues ?





Qu'on ne s'y trompe pas : quarante et un tomes de procédure n'ont pas pu combler le vide d'une construction qui ne repose sur aucun élément matériel sérieux et qui ne résiste pas à ses contradictions internes.








En voici quelques exemples topiques : le 9 janvier 2004, j'aurais indiqué que le Président de la République entendait que les services techniques de la Direction Générale des Services Extérieurs (DGSE) apportent leur concours au Général RONDOT dans le cadre de son enquête. Pourtant le Général, aussi obéissant et respectable fut-il, aurait pris immédiatement sur lui d'ignorer cet ordre et cela sans aucune conséquence !





Mieux encore, nous n'aurions eu de cesse, Jean-Louis GERGORIN et moi-même, d'insister pour que ces services techniques vérifient la fiabilité des informations recueillies par la source. Et cela serait bien entendu compatible avec l'intention délictuelle qui nous est prêtée !





Il faudrait encore croire, qu'ayant pour unique cible Nicolas SARKOZY, je n'aurais jamais invité Jean-Louis GERGORIN à centrer sur lui les courriers qu'il a adressés au juge.





Plus encore, animé d'un dessein très noir auquel j'aurais attaché la plus haute importance, je ne me serais pourtant jamais préoccupé de la suite donnée à ma prétendue instruction. Qu'on s'en souvienne : dans son récit incohérent, Jean-Louis GERGORIN serait revenu vers moi le 19 mai 2004, soit un mois, voire un mois et demi, après cette soi-disant instruction, non pas parce que je l'aurais convoqué mais parce qu'il aurait éprouvé le besoin de m'informer d'un élément nouveau ! Ce qui signifie implicitement mais nécessairement qu'en l'absence de fait nouveau, il ne serait pas revenu vers moi. C'est dire le peu d'intérêt que j'aurais ainsi porté aux suites de ma dénonciation !





Mieux encore, j'ai été mis en examen sur la foi du récit de Jean-Louis GERGORIN qui, ce même 19 mai, m'aurait vu « jubilant ». J'aurais en effet cru que la fermeture, un week-end ( !), de plus de huit cents comptes chez CLEARSTREAM, aurait été la conséquence de l'action du Juge VAN RUYMBEKE. Pourquoi, ceux qui veulent absolument croire à cette fable, ne tirent pas les conséquences de cette « jubilation » et n'en déduisent pas que celui qui « jubile » ignore nécessairement que les informations transmises au juge sont fausses ? Car s'il n'était pas de bonne foi, comment pourrait-il croire que l'action du juge a eu un impact sur des comptes inexistants ?





Avec le scalpel infecté du préjugé, on n'a retenu que ce qui permettrait de me mettre en cause dans les notes, carnets et abréviations du Général RONDOT, comme dans les déclarations successives de Jean-Louis GERGORIN pour occulter le reste, c'est-à-dire tout ce qui pouvait constituer des éléments à décharge susceptibles de contribuer à la pleine manifestation de la vérité. Construction schizophrène qui, au passage, fuit ces questions cruciales : le Général RONDOT, qui travaillait sur ce dossier bien avant qu'il ne soit porté à ma connaissance, n'avait-il pas intérêt à minimiser son rôle pour protéger au maximum son Ministère ? Quant à Jean-Louis GERGORIN, comme tout dans ce dossier en porte la marque, n'avait-il pas intérêt, à l'époque, à se servir de mon nom pour justifier ses initiatives personnelles et se couvrir ?





Je ne veux pas mettre en cause la bonne foi de Jean-Louis GERGORIN. Malheureusement, il est de ceux qui croient vrai tout ce qui va dans le sens de leurs obsessions. Il est celui qui a multiplié, seul, les initiatives. Seul, il a décidé de saisir le Général RONDOT, quand ce que lui transmettait sa source, selon lui, aurait été un sujet de crainte pour son entreprise qu'il n'a pourtant pas alertée. Seul, et sans en prévenir le Général RONDOT qui lui en a fait l'amer reproche, il m'a informé de cette affaire, estimant que l'enquête n'allait pas assez vite. Seul, il a décidé de voir un juge considérant que, malgré mon intervention, le Général RONDOT ne mettait toujours pas en œuvre les moyens nécessaires pour percer à jour ce système de corruption et de blanchiment auquel il croyait ardemment.





Plutôt que de s'attacher à cet aspect de la personnalité de Jean-Louis GERGORIN, on a préféré croire à une dénonciation calomnieuse plus qu'improbable consistant, pour ma part, à vouloir rester dans l'ombre, tout en lui demandant de se présenter à découvert devant un juge !





La simplification du préjugé, l'absence de toute analyse, conduisent ceux qui m'accusent à oublier cette question essentielle : puisqu'à les entendre, j'aurais donné instruction à Jean-Louis GERGORIN, à quel moment aurais-je su que les listings étaient faux ? Le Général RONDOT me l'aurait-il dit le 9 janvier ? Non. Jean-Louis GERGORIN s'en était-il ouvert à moi ? Jamais, puisqu'il s'est toujours présenté à moi comme convaincu de leur véracité.





En effet, le Général RONDOT n'est jamais revenu vers moi, en dépit de ce que soutient fallacieusement la synthèse policière ubuesque de ce dossier. Non seulement, je ne l'ai pas vu du 9 janvier au 19 juillet 2004, mais plus encore, il n'aura eu de certitude quant à la fausseté des listings qu'après son ultime vérification : un voyage qu'il a effectué en Suisse, fin juillet 2004, auprès des services secrets de ce pays. Sinon comment aurait-il pu, convaincu de la fausseté des listings, associer la source qui les lui a fournis à un autre dossier, extrêmement sensible, traité en collaboration avec la CIA ?





Mais tout cela, encore une fois, il faudrait l'oublier. Ne pas se poser les bonnes questions, ne pas remettre en cause un schéma préétabli, simpliste et caricatural. Tout élément non conforme à ce schéma d'accusation est ignoré et l'on en arrive à ce résultat inéluctable : la montagne a accouché d'une souris au terme d'une longue fuite en avant alors que toutes les accusations portées contre moi sur la place publique ont été les unes après les autres démenties : ainsi, il a d'abord été fait état d'un prétendu rapport de la DST, que j'aurais demandé à mon arrivée au Ministère de l'Intérieur, dont il a été démontré qu'il n'existait pas. De même, les perquisitions spectaculaires à mon domicile et à mon bureau n'ont servi qu'à monter en épingle le mystérieux DVD crypté qui s'est avéré n'avoir aucun lien avec l'enquête. Puis certains ont voulu voir un nouveau rebondissement dans la découverte d'un ordinateur à Beyrouth, mais là encore l'affaire a tourné court.





S'il faut en croire la synthèse policière, les listings comportant de nombreux autres noms, n'ont été transmis au juge dans un seul dessein : celui d'empêcher Nicolas SARKOZY d'accéder à la présidence de l'UMP ! Heureusement que le ridicule ne tue point. Si les policiers en sont réduits à ce scénario, c'est pour des raisons évidemment chronologiques.





En effet, en avril 2004, l'échéance présidentielle est lointaine. Trop pour que la dénonciation qui viserait Nicolas SARKOZY ne soit pas éventée dans un délai incompatible avec cette échéance. Il fallait donc en trouver une plus proche et tenir pour acquis que je ne voulais pas que Nicolas SARKOZY accède à la tête de l'UMP. Alors qu'en réalité j'en ai soutenu l'idée ! Cette reconstruction hasardeuse en dit long sur le crédit que mérite cette enquête.





Ainsi donc je n'ai jamais donné d'instruction à qui que ce soit de dénoncer quelque fait que ce soit dont il aurait été prouvé que j'en connaissais la fausseté. Le délit dont on veut me charger nécessiterait pourtant une preuve irréfutable de ce que j'aurais donné une instruction précise de dénoncer des faits que je savais faux. Ce délit est inexistant sur le plan juridique et il l'est tout autant sur un plan politique et médiatique.





Je vous remercie, Messieurs les Présidents, de l'attention que vous porterez à ces quelques réflexions au moment de décider de l'avenir de cette procédure. Je demande à mes avocats de bien vouloir vous inviter à en tirer toutes les conséquences juridiques. C'est l'objet de la note qu'ils élaborent et qui vous sera transmise dans les jours qui viennent. Il va sans dire que je n'ai rien à craindre d'un éventuel procès, bien au contraire.





Je vous prie de croire, Messieurs les Présidents, en l'assurance de mes sentiments distingués.








Dominique de VILLEPIN












 

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