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Blog: Marianne2.fr | le site de l'hebdomadaire Marianne

«Le goût de la vérité n'empêche pas de prendre parti» (Albert Camus) | URL | Flux
Date :: 23/3/2012 12:00:02 (Mettre à jour)

Régis Soubrouillard | 2008-02-03T00:05:00+01:00 | 1 lectures

Le porte-parole du gouvernement a tenté de définir dans le Monde, le concept de politique de civilisation. Périlleux, un peu confus, mais divertissant.


La « politique de civilisation » par Laurent Wauquiez : c'est loin mais c'est beau…


Laurent Wauquiez fait partie de la jeune garde sarkozyste. Dans la catégorie des surdoués : Sciences-Po, ENA, Normale-Sup. En général, dans les portraits taillés sur mesure que les médias font du porte-parole du gouvernement, l'intéressé doit démentir par avance être une sorte de «Juppé bis» : tête au carré, droit dans ses bottes, suffisant, chiant.


Tête bien faîte et bien pleine, trop parfait pour être complètement honnête, Wauquiez ajuste son image, se fait violence, s'invente des errements. Wauquiez, c'est le «parler jeune» qui sonne faux chez Fogiel, le vélo pour aller au ministère parce que les voitures «c'est mal», la politique expliquée aux enfants, façon «c'est simple comme un coup de fil», le tutoiement faussement spontané des peoples sur les plateaux télés : «On s'appelle Marco, y'a Nico et Carla qui viennent bouffer chez moi». A trop vouloir faire jeune et décontracté, le spectacle en devient pathétique. Les conseillers en com' devraient avant tout enseigner le sens de la mesure.





La politique de civilisation, c'est par où ?


Ce week-end, dans une tribune au Monde, le porte-parole du gouvernement, a tenté l'impossible : mettre en mots «la politique de civilisation». Gri-gri du moment. Un autre suivra. Tout passe, tout lasse. Rabâché tel un leitmotiv, le contenu du concept de « Politique de civilisation » version Sarkozy n'a, pour le moment, jamais été énoncé. Et, combler le vide des idées par la mécanique de répétition ne peut avoir qu'une efficacité de court terme. Chaque jour en apporte une nouvelle preuve. Sarkozy «le moderne» est en fait homme d'une autre époque, certains disent « trop en avance sur son temps ». Plutôt «homme des années 80», de ceux qui croient que les slogans publicitaires font un programme politique, que les mots n'ont pas de sens –il le dit, puis se dédit -, que la communication arrivera toujours à corriger les errements politiques, que la symbolique politique et la profondeur historique s'effacent devant le rouleau compresseur du marketing.





Beaudrillard convoqué


Après un utile rappel historique des moments clés de l'histoire de France, Laurent Wauquiez, dans sa tribune, en appelle à Jean Baudrillard pour nous dire que nous vivons actuellement dans un «climat marqué par la violence du mondial».


Stupeur, tremblements. Jean Baudrillard au secours de la mise en mot laborieuse des concepts incertains que l'exécutif sarkozyste entend user jusqu'à la corde. Le texte en question, paru en 2002 dans le Monde Diplomatique était une analyse de la violence que portait en elle la mondialisation : la guerre, le terrorisme, les menaces sur l'environnement autant «d'anomalies irrationnelles» que le regretté Baudrillard se refusait d'ailleurs à qualifier de formes de résistances négatives à la mondialisation, mais plutôt un «révisionnisme déchirant quant aux acquis de la modernité».


Laurent Wauquiez, semble-t-il n'a pas achevé ses saines lectures. Le propos de Jean Baudrillard visait à démontrer que les résistances à la mondialisation, « puissance homogénéisante et dissolvante », se nichent dans les principes de « singularités », « particularités », « spécificités ». Autant de mots bannis sous l'ère Sarko. Le rapport Attali en est encore une preuve flagrante. Tout n'est que « rattrapage », « alignement », « réajustement », « inspiration de modèles existants», « normalisation ».


La conclusion du texte du porte-parole du gouvernement relève du lyrisme, un moment de pur bonheur, une illusion, un ailleurs : «Ainsi, il y a toujours eu deux approches possibles du politique» essaye Laurent Wauquiez, «la première est une approche gestionnaire et étriquée. Elle consiste à faire avec ce que l'on a, au jour le jour». Sous entendu : pas de ça chez nous, jamais…Retour au principe de réalité : « les caisses sont vides !», Nicolas Sarkozy, le 8 janvier 2007. Comme aveu d'impuissance, difficile de faire mieux.








Le mirage du dépassement du politique



Nullement ébranlé par l'aspect burlesque de son propos, Wauquiez ne désarme toujours pas « la seconde, au contraire, invite à prendre de la hauteur, à revoir les fondamentaux sur des bases qui soient plus qualitatives que quantitatives » poursuit-il, «La politique de civilisation définie par le président de la République répond à cette exigence de dépassement du politique».


Le dépassement du politique envisagé comme une réponse qualitative aux dégâts inhérents au processus de la mondialisation : chimère théorisée en son temps par…Jean-Marie Messier lui-même, qui en faisait le pendant de la « gouvernance », comme principe d'autorégulation des rapports de concurrence sur le marché, mais aussi substitut efficace et suffisant du gouvernement politique.


Le propos devient labyrinthique tant il est contradictoire. Plutôt qu'à Messier, Laurent Wauquiez aurait mieux fait de s'en référer au philosophe Marcel Gauchet, lecture bien plus instructive, qui dans « la condition politique » développait que le politique continue d'être ce qu'il a toujours été : « ce qui tient les sociétés ensemble ». « Le mirage de l'extinction politique au nom de l'autonomie, l'illusion libérale que la société se suffit à elle-même.(…) C'est ce qui explique la «crise de conscience» des démocraties libérales : l'illusion de pouvoir faire l'économie du politique enlève aux hommes la possibilité de se concevoir comme participant à l'histoire née avant eux et destinée à se poursuivre au-delà d'eux » écrivait-il.





Barbelivien au secours des déficits publics


Alors, Sarkozy dans le rôle de celui qui prend de la hauteur, revoit les fondamentaux, dépasse le politique, va chercher la croissance avec les dents, décroche la lune, met du beurre dans les épinards, dessine des moutons au Petit Prince et que sais-je encore…Il fallait oser quand tout tend déjà à prouver que le président ne sera jamais qu'un éternel candidat en campagne, un guerrier méritant, motivé par la conquête du pouvoir, indifférent à son exercice, si ce n'est une fascination quasi-infantile à l'apparat afférant.


Point besoin de faire la litanie des bases présumées qualitatives sur lesquelles s'appuie l'exercice du pouvoir sarkozyste. Une seule suffira. L'anecdote est rapportée par l'Express cette semaine: « Le 19 décembre, le Premier ministre téléphone au président pour lui faire part de ses inquiétudes sur les déficits publics. «Viens dîner», lui répond le chef de l'Etat. Le soir, le chef du gouvernement emporte les dossiers nécessaires et se présente à l'Elysée. «Le dîner a lieu au Bristol», lui fait-on savoir. Il s'y rend et retrouve Sarkozy, entouré de... Carla Bruni, Rachida Dati, Julio Iglesias et Didier Barbelivien, ainsi que de l'ancien chef du gouvernement espagnol José Maria Aznar ».


Carla Bruni, Julio Iglesias et Didier Barbelivien au Bristol pour évoquer les déficits publics. A l'évidence en termes de « dépassement du politique », Sarko a déjà quelques longueurs d'avance. Peut-être, est-il même à des années-lumière…




Frédéric Moreau | 2008-02-03T00:04:00+01:00

Par Frédéric Moreau. La « nouvelle présidence » tant annoncée n'est pas au rendez-vous, et les Français commencent à s'en rendre compte. A moins que l'indécence, le fouillis politique et la fuite en avant ne soient des principes de gouvernement...


Sarkozy vulgaire président ou président vulgaire ?


La chute du président de la République dans les sondages se confirme, de même que la relative stabilisation du premier Ministre, qui se maintient de peu devant Nicolas Sarkozy. Dans ce changement qui s'opère au bout de huit mois, et qui sera peut-être durable, il y a l'évidente leçon que dans le rapport de force au plus haut sommet de l'Etat, l'agitation vibrionesque – on touche à tout pour n'avoir à s'occuper profondément de rien – semble pâlir devant le sérieux méthodique.


Ce ne serait pas une nouvelle bouleversante si elle ne mettait en lumière une nouveauté par rapport aux appréciations habituelles sur les comportements présidentiels. En effet, Nicolas Sarkozy s'est trouvé au pinacle, durant l'état de grâce, grâce à ses engagements que le temps n'avait pas encore permis de démentir. Le déclin ne tient pas seulement à cette déception que j'allais qualifier de presque inévitable en politique, quand le réel met en pièces les fanfaronnades du candidat. Il a sans doute une cause plus complexe qui se rapporte moins à l'action ou à l'inaction du président qu'à la nature même de celui-ci.


Il n'est pas évident que le retour si peu spontané de Nicolas Sarkozy dans la vie austère et revendicatrice de ses concitoyens suffise à reconquérir une opinion qui paraît désenchantée. Sortie d'un enchantement, d'une illusion d'autant plus vivement ressentis que, peut-être pour la première fois, beaucoup avaient cru à l'irruption du Nouveau dans l'espace public et la pratique présidentielle. Or on a du Vieux, sans l'élégance du conservatisme éclairé dans la démarche.





Cécilia avait raison



Hors de question, évidemment, d'énoncer des critiques vulgaires sur le physique du président de la République. Tout le monde ne peut pas être Dominique de Villepin, et l'esthétique n'a jamais garanti l'excellence. Il y a tout de même une certaine manière de présenter ce que l'on est, une façon d'accommoder ce que la nature a fait de nous qui peuvent nous conduire vers l'allure, quelle que soit notre apparence, ou vers la vulgarité, quelle que soit la bimbeloterie dont on se couvre.


Regardons une seconde, dans la double page que Paris Match consacre aux invités de Carla Bruni pour l'anniversaire du président, la photo de celui-ci en jean et lunettes noires. Il veut «faire décontracté», mais Cécilia a eu raison de souligner qu'il «ne fait pas président». Quelque chose en lui et sur lui vient sans cesse nous rappeler que la fonction ne le rehausse pas, parce qu'il refuse d'habiter la fonction. Et parce qu'il est obligé d'emprunter des chemins dérivés et peu dignes pour se -et nous- donner l'illusion d'une rupture. Quand, tout simplement, le beau et respectable classicisme lui est interdit.


Il reçoit trois intellectuels à l'Elysée – Jean-Claude Casanova, Marcel Gauchet et Alain Finkielkraut – et il fait son «show», selon l'un d'eux. Sympathique, chaleureux, il ne les laisse pas aller au bout de leur questionnement. Cela dure une heure et demie. On apprend aussi que le 19 décembre, alors que François Fillon veut s'entretenir avec lui des déficits publics, il est convié à déjeuner mais se retrouve au Bristol en compagnie de Rachida Dati, de Julio Iglésias, de Didier Barbelivien, de l'ancien premier Ministre espagnol Aznar et du président. Idéal pour évoquer les déficits publics ! Quelle étrange et choquante démarche qui détourne un vote en faveur d'une politique et d'un homme en une sorte de mélange très peu républicain où la chose publique est mêlée au divertissement, où l'ami chanteur vient côtoyer notre premier Ministre, où la futilité et l'amusement laissent peu de place à la mission !





Un amateurisme virevoltant



Nicolas Sarkozy, qui fait de la politique depuis très longtemps – sa saga ne cesse de nous le rappeler, mais apparemment il ne lui suffit pas de claquer des doigts pour que ses candidats parachutés bénéficient de la même chance… La démocratie est embêtante qui exige d'autres justifications ! – donne pourtant l'impression non pas d'un professionnalisme remarquable, mais d'un amateurisme virevoltant, d'une désinvolture qui a tellement peur de s'ennuyer qu'elle fait de la charge suprême un dérivatif comme un autre.


Ceux qui analysent cette dérive et affirment, comme Ali Magoudi, que Nicolas Sarkozy invente une nouvelle forme de présidence, se trompent à mon sens. Je ne ressens pas, derrière ces péripéties ostensibles, privées et publiques, nationales et internationales, la manifestation d'un dessein, la mise en œuvre d'une théorie, l'incarnation d'un projet. J'y vois l'expansion d'un être qui fait tout ce qu'il peut pour échapper à la part sombre, morose, crépusculaire, lucide de son être profond. Il n'a pas décidé une nouvelle présidence. Celle-ci, au mieux, surgit du désordonné qu'il offre, et au pire n'est qu'une synthèse médiocre entre ses appétits et ses devoirs. Nicolas Sarkozy se met en scène et en politique.


A la fin du quinquennat, comme il est de règle, portant un regard rétrospectif, on fera d'une surprenante équipée un destin.




Propos recueillis par Anna Topaloff et Sylvain Lapoix | 2008-02-02T00:11:00+01:00

Quatre uppercuts (éditions de la Table ronde), c’est le titre, le rythme et le thème du dernier ouvrage de Patrice Lelorain. Il y dépeint avec affection des boxeurs fragiles comme des «enfants blessés».


Roman : Patrice Lelorain fait boxer les anges


Auteur d'une biographie remarquée du boxeur Mohammed Ali (La table ronde), le romancier Patrice Lelorain signe un recueil de nouvelles consacré au « noble art ». Un livre coup de poing qui frappe le lecteur en plein cœur, en lui offrant les destins tragiques de ces pugilistes à la fois forts et fragiles !





Sobre et dépouillé, la plume de Lelorain fait jaillir le sang des arcades sourcilières, résonner le bruit de la corde à sauter cognant le sol de la salle d'entraînement, et humer la transpiration qui vient se nicher au fond des gants…








Patrice Lelorain, Quatre uppercuts, La Table Ronde,134 p., 15 €


























Jérôme Sage | 2008-02-02T00:10:00+01:00

Dans La France morcelée, Jean-Pierre Le Goff explore les nouvelles lignes de fracture d'une France toujours plus individualiste et portée à l'émotion. Au grand profit des politiques. Extraits.


60 millions de classes sociales


« Ces articles entendent décrypter et comprendre les raisons du sentiment de désorientation et du morcellement en portant l'accent sur les évolutions des idées, des représentations et des valeurs qui concernent tout autant le domaine politique que la société. » Le programme est ambitieux, et pourtant Jean-Pierre Le Goff le tiendra, au long de ces articles, publiés dans la revue Le Débat de Pierre Nora et Marcel Gauchet entre 2003 et 2007, qui couvrent les évènements sociaux majeurs de ces années, des émeutes de Clichy-sous-Bois au mouvement d'envergure nationale contre le Contrat première embauche (CPE), en passant par le rejet du Traité constitutionnel européen lors du référendum du 29 mai 2005, ou, et c'est le point de départ de l'ouvrage, la campagne présidentielle de 2007.


Hors ces quelques chocs visibles où le malaise se hurle, ce sont des mouvements de fond qu'analyse Le Goff : la jeunesse et son idéalisme mâtiné de frilosité «bourgeoise», comme auraient dit les soixante-huitards en leur temps, l'emprise victimaire sur les comportements, le malaise des services publics dans une France qui ne les comprend plus, tout occupée qu'elle est à sa quête de glorieuses performances et d'efficacité rationaliste.


A l'en croire, la fracture est nouvelle, qui se révèle dans ces chocs. On opposait par exemple jusque-là le public au privé, en matière d'emploi. Or, la fonction publique s'est modernisée, a su intégrer les principes de rationalité, de performance. Pour le plus grand malheur des fonctionnaires eux-mêmes, tiraillés désormais entre un désamour toujours présent de la part des usagers (avec le renforcement d'un « poujadisme antifonctionnaires ») et des objectifs de travail dignes de ceux d'en face, du privé. D'où un malaise qui trouve à s'exprimer dans le registre de la « douleur », de la « souffrance », du « harcèlement moral ».





De la lutte des classes à la souffrance intime



C'est, d'ailleurs, le cœur du livre, le dénominateur commun de ces sujets à la fois proches, puisqu'ils révèlent chacun à leur manière le malheur d'une France qui ne se plaît plus, qui ne reconnaît plus ses semblables, et lointains puisqu'un monde sépare en apparence les aspirations des fonctionnaires des impôts de celles des étudiants. On touche le nœud du problème, ce malaise qui saisit chacun, et, nouveauté, ne se traduit plus seulement en termes de droit à» catégoriel, mais en termes d'exposition d'une souffrance légitime et individuelle. Ce que les médias ont bien compris, trouvant dans ce désespoir revendiqué de chacun la source d'un nouveau questionnement. Finis les grands combats syndicaux, finie la lutte des classes, finies à leurs yeux la gauche, la droite qui jouent leur partition d'intérêts de riches contre des intérêts de pauvres. L'heure est venue, pour eux, de traiter les problèmes de chacun l'un après l'autre, au cours de programmes dédiés à la psychologie, au bien-être, à la souffrance morale liée à des situations toujours plus particulières.


Ce que les politiques ont eux-aussi bien saisi, transformant la dernière campagne pour l'élection présidentielle en gigantesque foire à l'émotion, dédiée à la « France qui souffre », à la « défense des injustices », tête-à-têtes pathétiques à la clé. Ainsi Nicolas Sarkozy, au sens de Jean-Pierre Le Goff le plus doué des deux challengers de la victimisation, soumis qui plus est à un deuxième défi, dicté par son électorat, représenter la «France qui gagne» : être, dans un grand écart que les paillettes rendent crédible, « une combinaison vivante de fragilité et de grande motivation ».




Extrait





L'ÉNIGME SARKOZY



La personnalité du candidat vainqueur et son caractère largement atypique au sein de la droite n'ont pas manqué d'intriguer. On a souligné ses aspects «bonapartistes» et «populistes», son flirt avec certaines idées du Front national a réactivé le vieux réflexe antifasciste de la gauche… Son énergie et son agitation font penser à Chirac, mais la façon dont il malmène le protocole et s'affiche dans les médias rappelle fortement Valéry Giscard d'Estaing. Bonapartiste, mais aussi orléaniste, populiste, enfant rebelle de Chirac… Comment s'y retrouver? On projette sur lui des schémas passés qui ne lui correspondent pas complètement. Le personnage déborde toujours du cadre dans lequel on veut l'enfermer. De quelque côté que l'on se tourne, on ne trouve guère d'équivalent dans les hommes politiques du passé ou, plutôt, on en repère des aspects parcellaires sans jamais que l'on puisse les rattacher à une filiation unitaire et ordonnée. Il semble que nous ayons affaire à un nouveau composite étrange, semblable à celui de ses discours de campagne où s'alignaient au fil des phrases toutes les catégories de Français, avec la volonté appuyée de n'oublier personne. Nicolas Sarkozy a une façon bien à lui de vouloir tout prendre sur ses épaules, de vouloir tout assumer, comme il l'a fait dans ses discours sur l'histoire de France, avec cependant l'exception de Mai 68 qui s'insère mal dans le récit.


Ses discours sur les valeurs retrouvaient par moments les accents du retour à l'«ordre moral», mais son parcours, sa vie familiale, son langage et son style ne penchent pas vraiment de ce côté. Il a exalté les grands ancêtres et la nation, grâce à la plume d'Henri Guaino, mais le candidat élu est le premier dont la photo officielle comporte le drapeau français et le drapeau européen. Sa critique de l'héritage de Mai 68 à l'école s'est accompagnée d'une sorte d'apologie de l'école du passé. Mais il ne peut ignorer que les rappels de l'école de Jules Ferry, du respect et de la discipline, des textes classiques et des récitations… ne résoudront pas la crise que connaît l'enseignement. Après le temps de la campagne et de ses excès vient celui du «pragmatisme » qui signifie l'adaptation aux évolutions. La modernisation de l'enseignement a consisté à chercher à rapprocher l'enseignement de l'entreprise. Pédagogisme post-soixante-huitard mis à part, rien n'indique que le nouveau président rompra avec les orientations fondamentales de ses prédécesseurs. Les références emblématiques aux débouchés professionnels, à l'entreprise, à la performance…, pour nécessaires qu'elles puissent paraître, risquent de reléguer la culture traditionnelle au rang d'un musée de moins en moins fréquenté ou servir de supplément d'âme à une formation préoccupée avant tout par l'acquisition de compétences professionnelles et par la culture du résultat.


Les paroles, les gestes et les images de Nicolas Sarkozy se superposent sans que l'on comprenne la logique qui préside à leur ordonnancement. Le soir de l'élection, le candidat a fêté sa victoire dans un grand restaurant parisien. Des vedettes du show-biz entrent et sortent, en faisant des déclarations sur la confiance qu'ils accordent au candidat vainqueur qu'ils connaissent de longue date. Sur la place de la Concorde, Nicolas Sarkozy est entouré de ses partisans qui fêtent la victoire. Mireille Mathieu s'est remise à chanter La Marseillaise comme au temps du film Paris brûle-t-il? (1966), et personne ne semble pouvoir l'arrêter. À côté d'elle, on reconnaît l'animateur plus branché des «enfants de la télé». Quel est le plus significatif de ces deux soutiens? Quelques jours après s'être recueilli devant le monument du plateau des Glières, Nicolas Sarkozy est absent des cérémonies du 8 Mai: il est allé se reposer sur un yacht à l'étranger. Nostalgie et modernisme se trouvent ainsi réunis chez le candidat vainqueur, comme un symbole d'une réalité nouvelle difficile à cerner.


Son charisme est d'un genre particulier. Éric Besson, qui l'a rejoint comme d'autres, est fasciné: «Je suis intéressé, je n'ose pas dire attiré, par l'énergie qu'il dégage. Il a une énergie vitale énorme et un culte de l'action qui m'impressionnent, qui m'attirent, un espèce de franc-parler, assumer son ambition, dire les choses crûment, parfois trop crûment. Oui, ça me plaît.» Jean-Pierre Raffarin qui l'a vu fonctionner de près dans son gouvernement parle, quant à lui, d'une «vitalité impressionnante», d'une «boulimie d'action». S'adressant à Nicolas Sarkozy, il le décrit d'une formule saisissante: «Tu apprécies de vivre au coeur d'une fourmilière, au centre d'une essoreuse à idées.» Cette vitalité et cette énergie s'accompagnent d'un pragmatisme et d'un professionnalisme appuyés sur un entourage solide; le tout aboutit à une efficacité certaine. Résumant cette étrange alchimie, Jean-Pierre Raffarin le dit au candidat: «Il y a peu de filiation idéologique homogène qui pourrait expliquer ton fonctionnement.»


L'ensemble des traits qui viennent d'être décrits permettent d'esquisser un portrait qui n'est en fait pas propre à la personnalité de Nicolas Sarkozy. Son mode de structuration et de fonctionnement - que beaucoup de commentateurs analysent sous l'angle de la psychologie individuelle ou d'un tempérament politique particulier - se retrouve aujourd'hui dans l'ensemble de la société. Cela ne dissout pas la particularité individuelle, mais c'est en la reliant à d'autres phénomènes et en l'insérant dans le champ plus vaste des comportements sociaux que l'on peut y trouver une signification que les analyses de type psychologique ou politique semblent ignorer.


Constatant la «crise du processus identificatoire» et l'absence de noyau d'identité solide, Cornélius Castoriadis décrit la nouvelle individualité de la façon suivante: «L'individualité consiste désormais à piquer à droite et à gauche divers éléments pour “produire” quelque chose. […] L'individu de tous les jours vit en faisant des collages, son individualité est un patchwork de collages.» Ce qui peut apparaître pour les générations antérieures comme une absence de «colonne vertébrale» n'est pas vécu et pensé comme tel, mais est considéré au contraire comme un signe démocratique manifeste d'ouverture et de tolérance. C'est sur ce point également que se révèle le «nouveau fossé des générations», les anciennes ayant spontanément tendance à projeter sur les nouvelles des schémas de structuration individuelle et collective qui ne fonctionnent plus ou se réduisent de plus en plus.


Critiquer vertement le libéralisme tout en ayant une mentalité de client roi, tel est ce qui pouvait, il y a quelque temps encore, apparaître incohérent. Cette coexistence de deux aspects contradictoires se retrouve pourtant dans l'attitude consistant à critiquer la domination de l'État sur les individus et la société, tout en exigeant de lui qu'il réponde dans les meilleurs délais aux besoins individuels. Un sondage récent, «Les 18-25 ans et l'élection présidentielle », fait apparaître un type semblable de coexistence contradictoire: des jeunes de gauche peuvent en même temps adhérer à des valeurs nettement marquées à droite. Pour la majorité d'entre eux, les mots qui évoquent quelque chose de négatif sont «Medef», «capitalisme», «privatisation», «mondialisation », «Bourse»… Mais cela ne les empêche pas d'être majoritairement favorables à l'assouplissement des règles des contrats de travail des salariés (conditions d'embauche, durée des contrats, niveau de salaire…), à la mise en place du salaire au mérite dans la fonction publique, à la suppression des allocations familiales dans certains cas (délinquance, absentéisme à l'école), à la possibilité pour les parents de choisir l'école de leurs enfants… De quoi déconcerter les militants et les électeurs de gauche traditionnels.


Un autre trait étonnant de la période présente tient à la coexistence d'idées issues du passé et de celles qui collent au nouvel air du temps. Le passé qui paraît sans ressource n'est pas pour autant oublié, il se maintient sous une forme monumentale et sentimentale, et c'est de cette façon qu'il s'intègre à la sensibilité moderne. Ce passé sera d'autant plus mythifié et héroïsé qu'il n'a plus d'impact significatif dans le présent autre que celui d'une célébration mémorielle avec réminiscence et effusion pendant un court laps de temps. La façon dont fut évoquée la nation dans les discours de Nicolas Sarkozy au cours de la campagne électorale nous paraît marquée par cette monumentalité et ce sentimentalisme qui peuvent séduire le peuple ancien et une partie du nouveau peuple adolescent. Le gaullisme semble avoir subi ce même type de traitement.


On aurait tort d'y voir une simple manipulation visant à séduire les foules; la sincérité des maîtres de cérémonie n'est pas non plus en question. Pour que le processus fonctionne, il faut que la foule et l'orateur aient la même fibre sentimentale et puissent se conforter mutuellement. À sa façon, Nicolas Sarkozy a su capter ce nouvel «air du temps» contradictoire et instable, en même temps qu'il en est une illustration. Lui et son équipe ont fait preuve d'une grande capacité à coller au plus près à l'état d'esprit et aux demandes de l'opinion en s'y adaptant au plus vite, quitte à oublier le principe de cohérence. Beaucoup de choses qui ont été dites lors de cette campagne peuvent paraître contradictoires, elles ne le sont pas pour qui aime un peuple bariolé et entend le représenter.


Il est d'autres traits de la personnalité du candidat (énergie, pragmatisme, culture du résultat…) qui renvoient à une autre figure importante de la modernité, celle du manager dynamique et performant, entraîneur d'hommes et décontracté. Cette figure a pris son envol dans les années 1980 à l'époque où le gouvernement de gauche entendait réconcilier les Français avec l'entreprise sous les auspices de la modernisation. Bernard Tapie apparaissait alors comme un entrepreneur toujours gagnant.


Par sa formation première d'avocat, Nicolas Sarkozy travaille dossier après dossier avec un grand souci d'efficacité, mais son style et son mode de fonctionnement, la façon dont il mobilise ses équipes font écho à ces caractéristiques du management. À la différence du management post-soixante-huitard qui développe l'utopie d'un collectif horizontal sans hiérarchie, composé d'individus pareillement autonomes et responsables, Nicolas Sarkozy affirme son leadership et assume ses responsabilités. Jean- Pierre Raffarin, qui a travaillé pour un cabinet de conseil dans le domaine des ressources humaines et de la communication, détaille ses capacités managériales: «capacités stratégiques», «très bon dans l'art de l'exécution et très vif dans l'art de la décision », «réactivité sans égale», «capacité à accepter les bonnes idées et presser les bons citrons»… Il lui conseille de «ne pas être dans l'action permanente », de «sortir de l'immédiateté», de «prendre le temps de la décision» et de ne pas trop s'exposer. Ces conseils d'un spécialiste seront-ils entendus par le nouveau président?





Extrait de La France morcelée de Jean-Pierre Le Goff


Collection Folio Actuel,


©Editions Gallimard, 2008












Cyrille Gonzalves et Romain Scotto | 2008-02-02T00:10:00+01:00 | 1 lectures

Marianne2 présente les meilleurs articles d'un numéro Ecole de Marianne réalisé par les étudiants de l'Institut pratique du journalisme. Aujourd'hui, une enquête sur le marché des nutricosmétiques, aussi onéreux qu'inefficaces.


Des gélules amincissantes... pour le portefeuille !







Des gélules amincissantes... pour le portefeuille !


En pharmacie, parapharmacie, grandes surfaces, sur Internet. Les compléments alimentaires, disponibles sans ordonnance, envahissent les rayons réels et virtuels pour répondre à des missions aussi diverses qu'ambitieuses : effacer les effets de l'âge, redonner du tonus, lutter contre la chute des cheveux. Les possibilités sont infinies, à chaque problème son complément alimentaire.


La gamme amincissante, sous forme de gélules, comprimés ou ampoules, domine ce marché lucratif. Ces produits promettent de « réduire le tour de taille », de « déstocker les graisses », ou encore de révéler des abdominaux d'athlètes mis en sommeil par la pratique régulière du plateau-télé. Guerre aux bourrelets, sus aux kilos, à bas les grosses cuisses ! La minceur est une préoccupation - une obsession ?- pour de nombreuses femmes et, de plus en plus, d' hommes. Si certains optent pour un régime, la pratique du sport ou une alimentation équilibrée, beaucoup sont tentés d'éviter ces étapes fastidieuses en choisissant une méthode en apparence beaucoup plus simple : les compléments alimentaires spécial minceur.


Cependant, un problème taille XXL accompagne ces amincissants à gober : un coût maximum pour une efficacité minimum. Inexistante même pour la grande majorité de ces produits. L'association Consommation logement et cadre de vie (CLCV) a communiqué début 2007 les résultats d'une étude comparant les compositions de 140 compléments alimentaires commercialisés en France à leurs promesses de résultats. S'appuyant sur les recherches du National institute of health, la principale agence de recherche américaine, et les avis de l'Afssa, le verdict est sans appel : « Les résultats montrent que les vertus des compléments alimentaires relèvent pour l'essentiel de l'affabulation ». Le CLCV dénonce « les preuves d'efficacité inconsistantes » de la caféine, des extraits de thé vert, et autre acide linoléique ou chitosan, les substances les plus utilisées dans la composition des compléments minceur. Le miracle vire à la débâcle.


Les maigres effets des gélules amincissantes, Serge Hercberg les fustige aussi. Ils sont en fait inexistants selon ce professeur de diététique de l'Université Paris XIII et chercheur à l'Institut National de la santé et de la recherche médicale (Inserm). « Tout ce qui est censé purifier, brûler les graisses, est fantaisiste. Aucune démonstration scientifique de l'efficacité de ces produits n'a été réalisée. Les chercheurs qui publient des travaux le font dans des revues sérieuses, ce ne sont pas les travaux mis en avant par les laboratoires qui justifient quoi que ce soit. A ce jour, aucune étude clinique n'atteste d'une quelconque efficacité ».





Un markesting agressif



L'enquête du CLCV n'a été contestée ni par l'Afssa, ni par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF). Les fabricants de compléments alimentaires ont eux préféré faire profil bas, sans doute pour ne pas donner d'écho à ce coup de canif dans leur juteux business.


Bien que commercialisés dans les pharmacies et parapharmacies, les compléments alimentaires ne sont pas des médicaments. Ils dépendent donc du code de la consommation et non de celui de la santé publique. L'autorisation de mise sur le marché (AMM) délivrée par le ministère de la Santé ne leur est pas nécéssaire. Les contrôles de ces produits ne sont menés qu'après leur commercialisation et portent principalement sur l'étiquetage. Une aubaine pour les groupes qui les fabriquent.


Concrètement, un complément alimentaire n'a pas le droit de s'approprier les vertus d'un médicament. Il ne peut garantir la guérison ou la prévention d'une maladie. Tout est alors question d'une savante sémantique que les services marketings des fabricants manient avec créativité pour rester dans la légalité. Interdit de garantir une perte de poids. Parade : on promet que le complément alimentaire peut favoriser la réduction du tour de taille. Subtile nuance qui permet d'appâter le consommateur en respectant la règlementation. « On vend du rêve à des gens qui sont parfois en situation de détresse », déplore le professeur Hercberg.


La détresse, le secteur des compléments alimentaires ne la connaît pas, merci pour lui. L'effet le plus réel de ces produits reste l'engraissement des profits des fabricants. En 2006, le marché français, dominé par Oenobiol, pesait près de 900 millions d'euros de chiffre d'affaire. Le milliard sera vite dépassé. Un Français sur cinq avoue avoir consommé des compléments alimentaires, soit trois fois moins qu'aux États-Unis. Chaque année, le secteur connaît une croissance comprise entre 10 et 20%. Une étude du cabinet d'expertise Eurostaf identifie deux causes à ce dynamisme. D'un côté, les fabricants développent des produits dont les promesses sont de plus en plus diversifiées et sophistiquées en y ajoutant une dose de marketing agressif. De l'autre, les consommateurs sont de plus en plus nombreux à se laisser tenter par celles-ci.


Effets invérifiés ou inexistants mais profits certifiés. Aucun laboratoire ne communique sur les marges réalisées. De 18 euros la boite de 60 pilules qui promet de « sculpter le corps » au coffret de 6 boîtes de gélules amaigrissantes pour 100 euros, on les imagine confortables. La directrice France du groupe d'Imedeen, une marque danoise de nutricosmétiques, reconnaît que le business se porte bien : « Le marché s'est dynamisé depuis 2003, on est dans une démarche de conquête. Pour nous développer nous avons une équipe de vente qui démarche les points de vente potentiels ». Signe de sa rentabilité, cet eldorado commence à attirer aussi des grands groupes pharmaceutiques, agroalimentaires ou cosmétiques. Novartis, Pierre Fabre, Akropharma, Nestlé et l'Oréal cherchent à se positionner sur ce marché.


Mais l'aubaine profite aussi aux pharmaciens. Le rayon des compléments alimentaires prend de plus en plus de place dans leurs officines. Libre à eux de fixer la marge qu'ils prennent sur ces produits. Martine Chauvé, membre de l'ordre des pharmaciens, se décharge sur le consommateur : « Nous ne faisons que répondre à la forte demande qu'il y a sur ce marché. Comme ce ne sont pas des médicaments, on ne peut pas exiger une obligation de résultat. Si ce n'est pas dangereux et que certains ont les moyens de se l'offrir... »


Inefficaces donc, mais pas dangereux. Alors les ventes continuent et les profits aussi. Comme elles le promettent, ces gélules, pilules et ampoules minceur réussissent des miracles... pour ceux qui les vendent.







Alain Monnier | 2008-02-02T00:06:00+01:00

Par Alain Monnier, écrivain, qui raconte son expérience des « gueules noires » de l'asphalte aujourd'hui glorifiées. Hilarant.


Artisan taxi, mon amour


Le chauffeur de taxi est aujourd'hui à l'honneur, et ce n'est que justice. Non pas le chauffeur de taxi qui est attaché, tel le serf à son seigneur, au volant d'une automobile d'un groupe financier et qui vit au quotidien les délices du libéralisme, mais l'artisan taxi ! Notre bon artisan taxi qui fleurit en province, mais aussi dans la capitale, et avec lequel nous avons tant de merveilleux souvenirs en commun.


Combien de délicieux discours, durant des trajets encombrés, sur les arabes, sur ces fainéants de fonctionnaire, sur les flics qui s'acharnent contre eux, sur les deux roues qui font n'importe quoi, sur les trente-cinq heures, sur ces types qui foutent rien et qui touchent des aides, sur tous ces privilégiés dont ils ne font pas partie… Et combien de savoureuses balades pleines de charmants détours pour nous faire découvrir sa ville dès lors que notre bon chauffeur a le pressentiment que vous ne la connaissez pas !


Il me revient aussi ce merveilleux moment récemment passé avec une trentaine d'autres personnes, au demeurant fort sympathiques, place du Châtelet à Paris, entre cinq heures et six heures et quart de l'après-midi, à attendre dans un froid glacial une voiture avec son enseigne allumée… Et nos petits cœurs de battre à l'unisson chaque fois que l'une d'entre elles apparaissait venant du quai de la Mégisserie, et nos âmes de se serrer de la voir filer vers le boulevard de Sébastopol sans s'arrêter.


Puis-je vous livrer un témoignage plus personnel : j'habite en province, à quinze minutes à pied de la gare, mais lorsqu'il pleut fort ou qu'une lourde valise m'encombre, j'ai tendance à prendre un taxi pour m'y rendre. Hélas, je ne le fais plus depuis longtemps, car je ne supporte plus de faire de la peine à notre excellent artisan et de voir sa mine déconfite. Et de l'entendre se lamenter. Une course de trois minutes, vous pensez, alors qu'il attend depuis demi-heure. Et ce moment pathétique où son compteur affichant 5 euros, il se voit obligé de vous réclamer 18 € en ronchonnant tant il est gêné… moi évidemment, stupide que je suis, je lui fais remarquer avec un étonnement poli que le compteur indique 5€, et de sa voix blanche de rage, il décrète, le brave homme, que ça fera 12 €, chose à laquelle je n'ose rien répliquer puisque là, ce serait vraiment chercher à le blesser.


Des souvenirs de cet ordre, si émouvants, j'en ai tant et tant que j'ai renoncé à prendre des taxis dans ma petite ville. Je ne m'offre ce plaisir singulier que lorsque je suis à Barcelone ou à Séville… La discussion est alors sympathique, j'apprends mille choses, je ne discute jamais le prix, je suis heureux de payer ce qui est convenu et de laisser un pourboire.





Bien sûr j'entends déjà le chœur des effarouchés jurer la main sur le cœur qu'il y a des brebis galeuses dans tous les troupeaux, qu'une infime -ô le bel adjectif- partie ne doit pas jeter l'opprobre sur l'ensemble, et que les nombreuses heures au volant usent les meilleures volontés. J'en conviens… tout en regrettant de tomber plus souvent qu'à mon tour sur l'infime partie. Qu'il doit être agréable de voyager avec la majorité ! Me laisserez-vous cependant ajouter pour finir, que j'ai pris un jour à Paris un taxi avec un chauffeur iranien qui me joua de la flûte durant un long embouteillage, et un autre avec un agrégé de math syrien à la belle humanité. Ni l'un ni l'autre n'étaient artisans. Il n'empêche, ce furent deux beaux moments.





Alain Monnier est écrivain, auteur en 2007 de Notre seconde vie, publié aux éditions Flammarion.





Retrouvez Alain Monnier sur le site qui lui est consacré




Catherine Kintzler | 2008-02-02T00:04:00+01:00

Par Catherine Kintzler, essayiste, qui voit dans les tentatives récentes de Nicolas Sarkozy de réduire à néant le principe de laïcité l'aboutissement d'un travail de sape de plusieurs décennies par des politiques soucieux de ne vexer personne.


La laïcité, une coquille vide ?


Les discours du Président de la République à Rome et à Ryad ont fait grand bruit : n'a-t-il pas, comme je l'écrivais moi-même dans ces colonnes, franchi une ligne rouge s'agissant de la laïcité? Bien des voix s'élèvent pour le condamner, y compris celles qui naguère optaient pour une « laïcité plurielle » ou « ouverte » - qualificatifs remis à leur place par la dernière invention lexicale d'une « laïcité positive » et surpassés par elle. C'est que Nicolas Sarkozy, fidèle à la technique de forçage et de provocation qui ne lui a pas toujours été défavorable, ose dire et faire ouvertement ce qu'une politique rampante, pratiquée de tous bords, a préparé de longue date.





Faut-il rappeler que le plat dans lequel il met si tapageusement les pieds est sur le feu et mijote depuis près de vingt ans ? Celui que nous ressert aujourd'hui la Halde, en imposant les signes religieux des accompagnateurs scolaires, n'est qu'un remake plutôt fade de la magistrale tarte infligée à la laïcité scolaire par Lionel Jospin en 1989 lors de l'affaire du voile à Creil ; rappelons-nous son habile coup de pied en touche vers le Conseil d'Etat. En matière de financement biaisé des cultes, on n'oubliera pas non plus de saluer Jack Lang et le musée de la cathédrale d'Evry, brillante application du « décloisonnement du cultuel et du culturel » dont parle Caroline Fourest (1).





Au-delà de ces mesures spectaculaires et plus profondément, le modèle politique dont la laïcité est constitutive a subi une érosion obstinée. La droite n'est pas la seule à avoir lancé et pratiqué avec le succès qu'on sait la thèse de « l'école lieu de vie » (en clair : lieu de garderie), à y avoir introduit la sacralité des « différences », à y avoir accoutumé chacun à s'inscrire dans une communauté. Elle n'est pas la seule à avoir pratiqué une politique d'abandon et de reculade devant une poignée d'indépendantistes corses. Est-ce seulement un manque de volonté politique qui depuis un quart de siècle a créé et étendu des zones de non-droit autour des grandes villes, et nous a mis sur la voie d'une ghettoïsation encourageant le communautarisme ? Le cortège des « discriminations positives » est un chantier de choix pour la déconstruction républicaine, puisqu'il s'agit de récuser l'égalité des droits au profit d'une stratégie statistique qui nie le corps politique pour lui substituer une représentation destinée à « refléter » une prétendue composition de la population, composition que celle-ci ne définit pas elle-même, mais qui lui est fournie par une expertise sans contrôle.





Car le règne des « experts » et des « évaluateurs » a commencé et se poursuit. Le tribunal victimaire qu'ils érigent volontiers ne se contentera pas de mettre les fumeurs, les amateurs de corrida et autres consommateurs de foie gras au ban d'une société propre. La question ne se réduit pas non plus à une opposition entre communautarisme et universalisme. Le modèle républicain est fondé sur la souveraineté d'individus réunis sur une base minimaliste. La laïcité est une expression exemplaire de ce minimalisme, puisqu'elle disjoint la formation du lien politique de tout lien religieux ou social préalable, puisqu'elle suspend au plan politique le principe des appartenances (sans bien sûr dissoudre les communautés réelles) et qu'elle assure la liberté civile par le silence de la puissance publique. A l'opposé un modèle pulvérulent se répand, fondé sur des groupes d'influence qui ne se définissent pas par le suffrage. A tel point que le mot « minorité » change de sens dans le champ politique : mis de préférence au pluriel, il désigne dans les revendications identitaires tout ce qui permet de détruire la généralité et l'aveuglement de la loi au profit de la norme sociale dans des regroupement collectifs qui supposent une obligation d'appartenance.





Restent du modèle républicain les formulations inscrites dans les textes. Après l'évacuation de son contenu, l'édifice offre encore la résistance d'une belle façade. Dans ces conditions, comment s'étonner que le Président Sarkozy ne résiste pas à l'envie de lui donner le coup de karcher qui en débarrassera l'espace politique dont il a besoin ? Effarouchés par leur propre travail de sape, les Diafoirus qui ont évidé la coquille républicaine et laïque font mine maintenant de vouloir la replâtrer : une fois sorties de leur trou, les taupes ont mal aux yeux.





(1) C. Fourest « Une laïcité de chanoine », Le Monde, 31 janvier 2008.





Retrouvez Catherine Kintzler sur son site





Catherine Kintler est l'auteur de Qu'est-ce que la laïcité ?, paru aux éditions Vrin, 2007)












Hervé Nathan | 2008-02-02T00:03:00+01:00

Par Hervé Nathan, rédacteur-en-chef à Marianne. Petit florilège des commentaires politiques sur la crise de la Société Générale. Beaucoup de verbe... et d'inconséquence.


Société Générale : la droite et la gauche s'agitent dans le vide


Il est des occasions où les hommes (et les femmes) politiques ont l'opportunité de se grandir. Lorsqu'ils sont à la mesure de l'évènement, qu'ils trouvent les mots justes et tracent des perspectives à la fois ambitieuses et crédibles.


Mais lorsqu'ils ne se montrent pas au niveau, ils sombrent dans le ridicule et la confusion. C'est ce qui est arrivé cette semaine à l'occasion du krach de la Société générale après l'annonce de ses pertes de 7 milliards d'euros. Le plus gros incident bancaire de l'histoire économique française.


Dimanche, Henri Guaino, conseiller spécial de l'Elysée, ouvre le feu; il prévient «les prédateurs», que «l'Etat ne restera pas les bras croisés» s'ils approchent de la Société générale, oubliant ainsi que la SocGen est privatisée depuis 1987 (par l'ancêtre de l'UMP, le RPR). Un peu plus tard, François Fillon insiste sur le « caractère français » de la Société générale. Une invitation conviant à mots couverts la BNP ou le Crédit agricole à croquer la Générale. Mais si c'est l'Unicredito, ou la HSBC, bas les pattes ! Rappel à l'ordre, très sec, le lendemain, de la Commission européenne : rien ne peut empêcher la libre circulation des capitaux, et la libre concurrence dans l'Union européenne. Et le vendredi 1er février, le Premier ministre mange son chapeau: «Le gouvernement n'a pas de préférence» affirme-t-il, devant les journalistes. David Martinon, le porte-parole de l'Elysée, la veille, l'avait précédé : «c'est une question qui regarde les actionnaires et les conseils d'administration». Fermez le ban !





Bouton émissaire


On comprend mieux cette palinodie lorsqu'on sait que le gouvernement vient d'autoriser EDF à lancer une offre sur l'électricien espagnol Iberdrola. Vérité en deçà des Pyrénées, mensonge au-delà ? La droite, Sarkozy en tête, en rajoute aussi sur la «responsabilité» de Daniel Bouton. Cela dure trois jours. Bouton fait une cible idéale. Pensez : un grand patron, avec stocks options (7 millions en 2007, selon le Parisien), et franchement personne, et surtout pas Marianne , n'a envie de le défendre. Les salariés et le conseil d'administration manifestent leur soutien, mercredi ? Les demandes de démission s'évanouissent. Car le problème de la SocGen, n'est pas Bouton, mais la désignation d'un successeur. Quel banquier d'envergure la droite pourrait-elle proposer ? Un autre inspecteur des finances ?


Au PS, le désarroi est très comparable. Certains, tel Pierre Moscovici, sont aussi tentés par le procès de Bouton débouchant sur l'exigence de sa démission. Ségolène Royal, elle, exige : «que la banque rende l'argent aux petits et aux moyens épargnants qui ont payé des tarifications bancaires insupportables». Rendre l'argent ? Lequel, celui que la Générale a perdu ? Comment ? Son plus proche compagnon d'arme, le député Jean-Louis Bianco, propose d'imposer «une taxe sur toutes les banques, qui effacerait le problème des surendettés». Et d'appeler cela, sans rire, la «taxe Tobin». A ce stade, on peut poser la question : sincèrement, Bianco et Royal feraient-ils les mêmes propositions s'ils siégeaient au gouvernement ?








Nationalisation provisoire ?



«Ils feraient mieux de s'inquiéter de l'état réel du secteur bancaire, plutôt que de chercher des boucs émissaires», lance, à l'intention de la droite comme de la gauche, le député UMP Bruno Le Maire, ex-villepiniste. Car c'est bien cela que l'on attend de la puissance publique : où en sont les engagements des banques sur les subprimes, que se passe-t-il aux Caisses d'épargne, qui rechercheraient 3,5 milliards d'euros de fonds propres ? Quelles mesures l'Etat pourrait-il prendre pour consolider le secteur bancaire ? Mais Nicolas Sarkozy, qui aime à pourfendre «le capitalisme financier», ne veut pas se doter des outils capables de le maîtriser : une taxe Tobin, une véritable régulation des marchés monétaires, la réduction de la puissance des marchés dérivés, etc. Résultat : il s'est rendu mardi à Londres pour rencontrer Gordon Brown, Angela Merckel, Romando Prodi et Manuel Barroso. Qu'en est-il sorti ? Rien, sinon l'affichage des désaccords entre Européens. S'agissant de la Société générale, Henri Guaino peut bien bander ses muscles contre les «prédateurs», le seul moyen d'éviter que la banque soit absorbée puis découpée en morceaux et revendue à ses concurrents, qu'ils soient français ou étrangers, est bien de procéder à une «nationalisation partielle temporaire», préconisée par DSK en 2006, et mise en application par Sarkozy (en 2004 !) pour sauver Alstom. Pourquoi, si l'Etat tient à ce joyau de l'industrie financière, ne souscrirait-il pas les 5 milliards d'euros d'augmentation de capital demandés par la SocGen, ce qui lui donnerait entre 20 et 30% des actions, quitte à les revendre très vite, après le redressement de la banque, et avec un bénéfice substantiel ? A ce moment-là, l'Etat aurait le droit de demander le départ du PDG…


Voici des décisions, un langage, une vision de l'économie, qui seraient au niveau de gouvernants, et des attentes des citoyens. Mais, à droite comme à gauche, on s'est entendu pour faire d'autant plus de bruit médiatique qu'on ne propose rien de sérieux. Rien surtout qui engage pour le futur. La critique du capitalisme est devenue d'autant plus commune à la droite et à la gauche qu'elle est désormais creuse. L'essentiel est de faire du bruit.




Philippe Cohen | 2008-02-01T16:35:00+01:00 | 1 lectures

Réunion exceptionnelle vendredi 1er février du Conseil de la Société des rédacteurs du Monde, actionnaire de référence. Le conflit avec les actionnaires extérieurs se poursuit.


Au Monde, Minc recule les échéances, la SRM cogite


Comme nous le laissions entendre mardi dernier, la bataille entre Alain Minc, Président en partance du Conseil de surveillance du Monde et Jean-Michel Dumay, Président démissionnaire de la Société des rédacteurs du Monde (SRM) ne sera pas terminée avec leur départ. Il est de bon ton, dans l'establishment parisien, de mettre en exergue l'affrontement de deux personnalités. Mais si c'était le cas, le départ programme des deux belligérants devrait se traduire par un apaisement. Or, tout indique que, dans les jours qui viennent, une guérilla feutrée et à gros risques juridiques risque de s'enclencher.


Côté Alain Minc, la violence de l'affrontement et la démission de Dumay ont poussé le président du Conseil de surveillance à reporter au 11 février la réunion du Conseil de surveillance convoquée pour le 1er février. Alain Minc, qui ne souhaite toujours pas répondre à nos questions, craignait sans doute une confrontation violente avec Jean-Michel Dumay et le rejet, par les actionnaires internes, d'un successeur susceptible d'écouter ses précieux « conseils ».





Des manquements au droit des sociétés ?


Par ailleurs, Alain Minc pourrait être confronté à plusieurs obstacles juridiques. Jean-Michel Dumay a déjà laissé entendre qu'il pourrait bien attaquer Jean-Louis Beffa au pénal pour extorsion de signature lors de la fameuse réunion du Conseil de surveillance du 25 janvier, où il avait dû signer sa reddition. Une autre menace se profile à travers le cas Médéric, groupe d'assurance. Le Monde Prévoyance, sociéte représentée au Conseil de surveillance du Monde, avait élu Régis de Larouillère pour représenter les compagnies d'assurance au sein du conseil. Or, ce dernier a été remplacé par Guillaume Sarkozy à la tête de Méderic depuis le 1er septembre 2006. Le nouveau patron de Médéric a souhaité, dans un premier temps, se concentrer sur ses nouvelles fonctions. Il a donc laissé Régis de Larouillère continuer à représenter Médéric au sein du Monde Prévoyance. Après le début de l'année 2007, Guillaume Sarkozy a demandé à Régis de Larouillère de lui céder sa place. Devant son silence, il a fini par envoyer du « papier bleu » à Larouillère lui-même, puis une lettre, également recommandée, à Alain Minc pour lui indiquer que Régis de Larouillère n'était plus en droit de représenter Médéric au sein du Conseil de surveillance du Monde. Sans réponse de ce dernier comme d'Alain Minc, Guillaume Sarkozy a donc dû se résigner à convoquer une Assemblée générale du Monde Prévoyance, pour lui permettre de remplacer Régis de Larouillère... La réunion s'est tenue le 24 janvier dernier. Mais après que Guillaume Sarkozy ait introduit la réunion, Régis de Larouillère a déclaré que, s'il démissionnait du Monde Prévoyance, il entendait continuer à s'occuper de la crise de gouvernance du Monde ! Ceci étant dit, l'impétrant a quitté l'Assemblée générale !


Incroyable situation, par laquelle un «manager» montre le peu de cas qu'il fait du droit sous prétexte qu'il bénéficie de la bienveillance d'Alain Minc… Le lendemain, la lettre de Guillaume Sarkozy a été portée à la connaissance des membres du Conseil de surveillance du groupe Le Monde … ce qui n'a pas empêché Régis de Larouillère de continuer à siéger ! Bref, ayant épuisé tous les recours, Guillaume Sarkozy, quoique très prudent sur ce dossier, pourrait bien se trouver contraint d'aller en justice pour faire appliquer la loi.


Cette entorse au droit n'est peut-être pas la seule. Les représentants des actionnaires internes au Monde déplorent le caractère très informel du fonctionnement du Directoire qui, durant des années, s'est réuni sans compte-rendu officiels. Et, comme Marianne2 l'avait évoqué, Jean-Louis Beffa et Etienne Pfimlin, respectivement présidents du Monde entreprises et de Claude Bernard participation, autres actionnaires du groupe Le Monde, se seraient permis de changer les statuts de ces sociétés sur la limite d'âge du Président après qu'eux-mêmes aient dépassé l'âge fatidique…





La SRM a-t-elle lâché Dumay
?


Du côté de Jean-Michel Dumay, le Conseil de gérance devait se réunir vendredi 1er février à 15 heures en sa présence. Le communiqué du Conseil de gérance a pu donner l'impression d'un lâchage en rase campagne de Dumay :


« Le conseil de gérance de la société des rédacteurs du Monde tient à saluer le courage et la vigilance dont a fait preuve son président, Jean-Michel Dumay, dans l'exercice de son mandat. Après avoir pris connaissance de la lettre qu'il a envoyée aux membres du conseil de surveillance du groupe, le conseil de gérance précise que celle-ci exprime un sentiment personnel. Il résulte du fait que Jean-Michel Dumay vient de vivre une épreuve d'une rare violence morale. La priorité du conseil de gérance est maintenant de travailler, notamment, avec le directoire et les membres du conseil de surveillance pour éviter qu'un éventuel projet de recapitalisation conduisant à la perte de contrôle du groupe par son actionnaire de référence ne soit mis en œuvre. »


En réalité, cette prise de distance apparente à l'endroit de Dumay s'explique par le contexte : la SRM est aujourd'hui obligée de continuer à soutenir Eric Fottorino, nouveau Président du groupe Le Monde que Dumay ne reconnait plus, car son départ replongerait le groupe dans un no man's land juridique aboutissant à la solution Minc, à savoir le recours au Tribunal de commerce.


Par ailleurs, les membres de la SRM craignent que les actionnaires externes n'osent contredire Alain Minc tant que ce dernier restera présent au Conseil de surveillance. Le communiqué ne vaut donc pas désaveu de Dumay, même si cela est difficile à comprendre à l'extérieur de l'entreprise.


QUel est l'enjeu de la réunion du conseil de gérance de la SRM ? Décider des moyens de s'opposer à « l'OPA de fait » des groupes Lagardère et Prisa sur le groupe, OPA symbolisée par l'incroyable interview du directeur général de Prisa dans l'Express, dans laquelle il annonce tranquillement que la SRM ne devra plus se mêler de gérer l'entreprise, son rôle devant désormais se borner à élire le directeur de la rédaction du quotidien.


Ce qui pose trois problèmes :


1) La situation financière du groupe Le Monde n'implique nullement une prise de contrôle par Lagardère et Prisa. La SRM a tout loisir d'imaginer d'autres solutions, et notamment la mise en œuvre d'un plan d'économie permettant de stabiliser l'actionnariat tel qu'il est, moyennant un pacte d'actionnaire permettant d'éviter de nouvelles crises comparables à celle d'aujourd'hui. Ses représentants pourraient tout à fait développer cette option au sein de la commission créée par Eric Fottorino pour envisager à la fois le plan d'économie et une éventuelle recapitalisation.


2) Quand bien même la SRM décidait de renoncer à son pouvoir de gestion, elle serait fonder à vendre à un prix bien supérieur à celui du rachat des Obligations remboursables en actions (ORA, soit 75 millions d'euros) un groupe qui comprend, outre Le Monde, Le Monde itneractif, les magazines Télérama, Courrier International et d'autres actifs.


3) Enfin, la SRM doit se prononcer sur le nom du successeur de Minc. Elle risque de récuser Jean-Louis Beffa, avec lequel la tension a été paroxystique lors du Conseil de surveillance du 25 janvier. Parviendra-t-elle à trouver un autre candidat indépendant de Minc et faisant consensus parmi les actionnaires extérieurs ?





Il sera délicat pour les membres du conseil de gérance de la SRM d'établir un accord sur ces questions. Mais il serait encore plus périlleux de convoquer une Assemblée générale de la SRM avec tous risques de division que celle-ci comporte ? Réponse dans quelques heures.




Anna Borrel | 2008-02-01T11:32:00+01:00

La plus célèbre des bimbos américaines a déjà reçu le soutien d'un grand nombre de Parisiens grâce à un programme révolutionnaire !


Paris Hilton candidate à la mairie de Paris


Avec Paris save Paris, c'est une petite révolution politique qui s'opère. Déjà près de 5000 Parisiens ont signé en ligne pour soutenir la candidature de la riche héritière américaine à la mairie de Paris. Pourquoi ? Sans doute parce que Paris Hilton, elle, propose de vrais changements. En elle-même, elle est déjà porteuse d'espoir auprès d'habitants souvent désabusés....









Alors que propose Paris ? Son programme mérite vraiment d'être lu. Ambitieux, il ne recule devant aucun défi... Il offre même de vraies perspectives pour le Paris-Saint-Germain (!!!). Au chapitre de la santé, Paris Hilton promet que plus aucun chirurgien esthétique malhonnête ne dormira tranquille. Une mesure nécessaire, voire incontournable, puisque, comme le rappellent ses partisans, « ceux qui se promènent dans les quartiers chics de Paris le savent : les dérives de la chirurgie esthétique font peur à voir ! Aucune réglementation ne permet de sanctionner des médecins sans scrupule, qui profitent de la naïveté d'une bimbo de 45 ans voulant garder la peau lisse, ou d'une adolescente trouvant que sa poitrine ne pousse pas assez vite. » Un vrai scandale. Au registre solidarité, un partenariat avec la ville de Saint-Tropez sera passé pour que tout un chacun puisse profiter des vacances, c'est le pari de Paris, avec le programme « Saint-Trop' pour tous ». Mais mieux que tout, dans le domaine des transports, Paris enfonce littéralement le Vélib', conplètement ringardisé par son programme... Bentlib' ! C'était simple, mais il fallait y penser : des bornes de location de Bentley (cabriolet ou limousine) jalonneront la capitale. Et avec Paris, plus aucune crainte de perdre son permis pour un petit verre de trop : la mairie organisera des stages de conduite en état d'ivresse ! A vos bulletins de vote !




Paris Hilton candidate à la mairie de Paris












 

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